Contenu du sommaire : Trésor-Éco (rapport professionnel)
Revue | Economie et prévision |
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Numéro | no 208-209, 2016/1 |
Titre du numéro | Trésor-Éco (rapport professionnel) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les politiques de l'environnement : présentation générale - Katheline Schubert
- La France peut-elle atteindre l'objectif du Facteur 4 ? Une évaluation à l'aide d'un modèle stylisé énergie-économie - Fanny Henriet, Nicolas Maggiar, Katheline Schubert p. 1-21 Nous construisons, calibrons, et simulons un modèle stylisé de l'économie française, conçu pour évaluer le niveau de la taxe carbone qui permettrait d'atteindre l'objectif du Facteur 4, c'est-à-dire de diviser par quatre les émissions de CO2 à un horizon de quarante ans. Nous estimons les possibilités de substitution entre l'énergie fossile et les autres facteurs, du côté à la fois de la consommation des ménages et de la production des entreprises. Nous montrons que si le taux de progrès technique permettant d'économiser l'énergie reste à sa valeur historique récente, le niveau initial de la taxe carbone recommandé par le rapport Quinet est tout à fait insuffisant.Can France Reach the Factor 4 Objective? An Assessment Based on a Stylised Energy-Economy Model We build, calibrate and simulate a stylised energy-economy model designed to evaluate the level of carbon tax that would allow the French economy to reduce its CO2 emissions by a factor of four over a forty-year horizon. We estimate the substitution possibilities between fossil energy and other factors for households and firms. We show that if energy-saving technical progress continues at its recent historical pace, the initial level of the carbon tax recommended by the Quinet report is totally inadequate.
- Politiques de R&D, taxe carbone et paradoxe vert - Mauricio Bermúdez Neubauer, André Grimaud, Luc Rouge p. 23-37 Nous étudions une économie dans laquelle un bien final est produit grâce à deux secteurs. L'un utilise une ressource non renouvelable et polluante, l'autre une ressource renouvelable et propre. À chacune est associé un type de recherche spécifique. Les pouvoirs publics prélèvent une taxe carbone et, simultanément, subventionnent les deux secteurs de recherche. Nous étudions l'impact de ce dispositif sur le rythme d'extraction de la ressource et les émissions polluantes. La subvention à la recherche dédiée au secteur propre va à l'encontre des effets de la taxe carbone. Si cette taxe génère un paradoxe vert, la subvention le modère ; si la taxe ralentit l'extraction de la ressource, la subvention crée un paradoxe vert.R&D Policies, Carbon Tax and Green Paradox We study an economy in which a final good is produced by two sectors. One uses a non-renewable and polluting resource, the other a renewable and clean resource. A specific type of research is associated with each sector. The public authorities levy a carbon tax and simultaneously subsidise both research sectors. We study the impact of such a policy scheme on the rate of resource extraction and emissions. In the clean sector, the research subsidy and the carbon tax have opposite effects. If the tax creates a green paradox, the subsidy moderates it; if the tax slows resource extraction, then the subsidy generates a green paradox.
- Des modes de capture du carbone et de la compétitivité relative des énergies primaires - Jean-Pierre Amigues, Gilles Lafforgue, Michel Moreaux p. 39-55 Nous caractérisons les sentiers optimaux d'exploitation de deux énergies primaires (charbon et solaire). Ces ressources approvisionnent les besoins énergétiques de deux secteurs, le premier pouvant recourir au CSC pour abattre ses émissions carbonées et le second n'ayant accès qu'à une technologie de capture atmosphérique nettement plus coûteuse. En imposant un seuil critique de pollution à ne pas dépasser, nous montrons qu'il est optimal de commencer à capturer pleinement les émissions du secteur 1 avant l'atteinte de ce seuil. La capture des émissions du secteur 2 n'intervient qu'une fois le plafond de pollution atteint et n'est que partielle. Enfin, la taxe carbone optimale doit être croissante durant la phase avant plafond, puis décroître par paliers jusqu'à zéro.Carbon Capture Methods and Relative Competitiveness of Primary Energies We characterise the optimal exploitation paths of two primary energies (coal and solar) that supply the energy needs of two sectors. Sector 1 can reduce its carbon emissions at a reasonable cost thanks to a CCS device. Sector 2 has access only to air capture technology, but at a significantly higher cost. We assume that the atmospheric carbon stock cannot exceed a given ceiling. We show that the optimal approach consists in, first, fully capturing sector-1 emissions before the ceiling is reached and, second, deploying air capture to partially abate sector-2 emissions. The optimal carbon tax should increase in the pre-ceiling phase then decline in stages to zero.
- Transition écologique et investissements verts - Dominique Bureau p. 57-75 L'introduction dans un modèle de croissance de type AK d'un actif non renouvelable permet d'analyser les besoins en capital vert, comme l'investissement dans les énergies renouvelables, et ses conditions d'insertion dans le processus général d'accumulation du capital. Le rôle du capital vert dans la transition vers une économie bas-carbone dépend notamment des valeurs des élasticités relatives à la demande pour les services dont la production dégrade l'environnement et de la substituabilité entre capital vert et ressources naturelles. L'impact sur le taux d'épargne souhaitable dépend aussi de la productivité du capital vert et des possibilités d'adapter le capital existant.Ecological Transition and Green Investment By introducing an exhaustible resource into an AK growth model, we can identify the determinants of the scale of green investment needs and its impact on capital accumulation dynamics. The role of green capital in the transition to a low-carbon economy depends, in particular, on the relative magnitudes of the elasticities of demand for polluting goods and of the substitutability between green capital and natural resources. The impact on the optimal savings rate also depends on the productivity of green capital and on the ability to adapt existing capital.
- Élaboration et analyse macroéconomique d'un scénario bas carbone « acceptable » - Ruben Bibas, Sandrine Mathy, Meike Fink p. 77-104 Un double constat motive cette recherche : le déficit d'acceptabilité des politiques climatiques et le déficit de crédibilité, légitimité et appropriation des scénarios bas carbone. Ces déficits constituent un frein à la prise de décision politique. Pour dépasser ces limites, nous avons co-développé un scenario au travers d'une concertation associant 30 parties prenantes issues des ONG et des secteurs public et privé. Celles-ci ont largement contribué à la méthodologie en requérant transparence des données, tests de sensibilité et la clarification des impacts économiques et financiers. L'ensemble des politiques considérées comme acceptables est intégré dans le modèle technico-économique Imaclim-R France. Le scénario résultant permet de réduire de 68 % les émissions de CO2 en 2050, résultat proche de l'objectif de Facteur 4. Les mesures sont bénéfiques pour l'emploi et la croissance économique, sauf à court terme. Ce résultat constitue un socle solide sur lequel construire l'acceptabilité des trajectoires Facteur 4.Design and Macreconomic Analysis of an “Acceptable” Low-Carbon Scenario Two observations motivate our research: the lack of acceptability of climate policies and the deficit of credibility, legitimacy and ownership of low-carbon scenarios. Both constitute a barrier to decision-making and slow the energy transition. To overcome these limitations, we have scripted a scenario using a co-development method involving 30 stakeholders from civil society and the private and public sectors. Stakeholders contributed significantly to the methodology by requesting data transparency, sensitivity tests and the clarification of economic and financial impacts. We incorporated the set of policies regarded as acceptable into the Imaclim-R model. The resulting scenario cuts CO2 emissions by 68 % in 2050, an outcome close to the 75 % reduction target. The measures are beneficial to employment and economic growth, except in the short term. These findings provide solid foundations to build acceptable decarbonisation pathways.
- Les politiques climatiques nationales : viser le « Facteur 4 » en 2050 ? : Implications des positionnements cognitifs et éthiques - Olivier Godard p. 105-133 L'article s'intéresse à la manière dont les gouvernements de pays développés de taille moyenne peuvent définir une stratégie nationale de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre en supposant qu'une telle stratégie est le produit de choix cognitifs et éthiques touchant aux scénarios climatiques mondiaux et à la règle d'imputation de la part des dommages climatiques planétaires qui revient à chaque État. Au terme d'une évaluation des différentes configurations « cognitivo-éthiques », sont identifiées celles qui peuvent justifier l'objectif d'une division par 4 des émissions nationales entre 1990 et 2050 (le « Facteur 4 »), et déterminées les contraintes qui en résultent pour l'allure de la trajectoire de maîtrise des émissions y conduisant.National Climate Policies: Aiming at the Factor 4 Target by 2050? Implications of Cognitive and Ethical Positions The paper considers how the governments of midsize developed countries could define national strategies to control greenhouse gas emissions, assuming that such strategies are the product of cognitive and ethical choices relating to global climate scenarios and the rule for allocating shares of expected global climate damage to individual States. After evaluating the carbon value linked to each cognitive-ethical configuration, I identify the configurations that justify the target of dividing national emissions by 4 between 1990 and 2050 – a goal known as “Factor 4”. Lastly, I examine the resulting constraints on the shape of the control trajectory leading to that target.
- Réduire au-delà de 20 % les émissions de gaz à effet de serre dans l'Union européenne : quelles conséquences sur les secteurs intensifs en énergie européens ? - Stéphanie Monjon p. 135-156 Le système communautaire d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre constitue une pièce maîtresse de la politique climatique européenne. La récente crise économique a fait plonger le signal-prix généré par l'instrument et fait craindre que les investissements nécessaires à la transition vers une société sobre en carbone soient retardés. La Commission européenne a alors proposé de renforcer l'objectif du système, ce qui pourrait augmenter les fuites de carbone dans les industries exposées à la concurrence internationale. L'objectif de ce papier est d'analyser l'impact du durcissement de la contrainte, à partir d'un modèle statique d'équilibre partiel représentant le système. Différents modes d'allocations sont analysés, notamment leur impact sur les fuites de carbone sectorielles et la production industrielle.Should the EU Move Beyond 20 % GHG Emissions Reduction by 2020? Addressing Sectoral Carbon Leakage Concerns The greenhouse gas emissions trading scheme (EU ETS) is a cornerstone of European climate policy. The recent economic crisis has led to a significant reduction in the price signal produced by the instrument and may delay the investments needed for the transition to a low-carbon society. The European Commission has proposed a more stringent emission reduction target for the scheme, but this could increase carbon leakage in the industrial sectors exposed to international competition. We analyse the impact of this increased carbon constraint using a static partial equilibrium model representing the EU ETS. Different allocation modes are evaluated, focusing on their impact on sectoral carbon leakage but also on industrial production.
- L'impact de la production d'énergie sur les pathologies respiratoires : le cas de la raffinerie des Flandres - Emmanuelle Lavaine p. 157-175 Cet article examine l'impact du dioxyde de soufre (SO2) dans le département du Nord de la France sur les pathologies respiratoires à l'échelle de la commune pour la période de 2007 à 2011. L'arrêt des activités de la raffinerie des Flandres dans le nord de la France, en septembre 2009, est utilisé comme expérience naturelle. Cette étude montre, tout d'abord, que l'arrêt de l'activité de raffinage, suivi en 2010 par la fermeture définitive de la raffinerie, diminue la concentration en SO2. Ce choc exogène sert ensuite à étudier l'impact sanitaire d'une importante concentration en SO2 qui résulte de la production d'énergie. Les estimations suggèrent que la diminution de la concentration en SO2 a réduit significativement la sévérité des pathologies respiratoires. L'arrêt des activités de la raffinerie entraîne par ailleurs des effets significatifs sur le revenu des communes.Impact of Energy Production on Respiratory Outcomes: Evidence from the Flandres Refinery in France This article examines the impact of sulphur dioxide (SO2) concentration on respiratory admissions in the north of France at municipal level from 2007 to 2011. The Flandres refinery closure in the north of France, in September 2009, is used as a natural experiment. First, this study shows that the halt in the refinery's operations, followed by its closure in 2010, reduces SO2 concentration. We then use this exogeneous shock to analyse the health impact of the high SO2 concentration generated by energy production. Our estimates highlight that the reduction in SO2 concentration has significantly reduced the severity of respiratory outcomes. Additionally, the refinery closure has had statistically significant effects on the revenue of municipalities in the area.
- Impacts macroéconomiques sur la croissance et l'emploi à court-moyen terme des investissements associés au Grenelle de l'Environnement - Marie-Laure Guillerminet, Philippe Briard, Pierre Fery, Élodie Galko, Caroline Klein, Timothée Ollivier p. 177-195 L'objectif de cette étude est d'examiner ex ante les effets sur l'emploi et la croissance des principales mesures économiques du Grenelle de l'Environnement à court et moyen termes. D'après les simulations réalisées à partir du modèle macroéconométrique Mésange, ces mesures auraient un impact positif sur le PIB et l'emploi à court terme, principalement lié au multiplicateur de l'investissement. L'impact devient ensuite négatif à partir de 2020 à cause du ralentissement des investissements et de la hausse des prélèvements obligatoires nécessaires à leur financement. Ces résultats sont robustes pour différentes hypothèses en matière d'évolution des prix du pétrole, de comportement d'épargne des ménages, de mode de financement des mesures et de gains de productivité associés aux nouveaux projets de transports. Ils ne prennent toutefois pas en compte les effets du Grenelle sur l'environnement, la compétitivité et le bien-être.Short/Medium-Term Macroeconomic Impact of Investment Associated with “Grenelle de l'Environnement” Investments on Growth and Employment The “Grenelle de l'Environnement” is a French policy aimed at achieving the objectives defined in the EU climate and energy package. This study evaluates the short- to medium-term impact of the main economic measures of “Grenelle” on employment and growth. The simulations run with the macroeconometric model Mésange show a positive impact of these measures on GDP and employment in the short run, mainly via the investment multiplier. The impact turns negative from 2020 on because investment slows and taxes increase to finance the latter. These results are robust to different assumptions on oil prices, household saving behaviour, public funding, and productivity gains associated with new transport projects. However, they do not factor in the impact of “Grenelle” on the environment, competitiveness, and well-being.
- Le secteur financier face à la transition vers une économie bas-carbone résiliente au changement climatique - Jean Boissinot, Doryane Huber, Isabelle Camilier-Cortial, Gildas Lame p. 197-206 La lutte contre le réchauffement climatique nécessite une action déterminée qui passe par une réallocation du capital et des flux financiers cohérents avec les 2˚C. La mise en place de politiques climatiques adéquates sera cruciale pour faire émerger ce processus. Parallèlement, le secteur financier peut jouer un rôle complémentaire et renforcer leur efficacité dans la mesure où la reconnaissance des risques et opportunités climatiques par le secteur financier contribue à cette réallocation. La compréhension des mécanismes à l'œuvre, la disponibilité d'informations sur les conséquences financières du changement climatique ainsi qu'une appropriation des enjeux climatiques par les institutions financières en sont des facteurs clés. Plusieurs initiatives ont été mises en place en ce sens par les pouvoirs publics, notamment en France.The Financial Sector Facing the Transition to a Low-Carbon Climate-Resilient Economy Successfully addressing global warming requires decisive actions and hinges on a 2˚C-consistent reallocation of capital and financial flows. The implementation of adequate climate policies will be decisive to foster this process. The financial sector can play a complementary role to enhance the effectiveness of these policies, as the recognition of the risks and opportunities related to climate change contributes to this reallocation. Understanding the issues at play, the availability of data on the financial consequences of climate change as well as an appropriation of climate issues by the financial sector are key factors for risk management. Several policy measures have been implemented in this respect, particularly in France.