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Revue Revue d'économie politique Mir@bel
Numéro volume 126, novembre-décembre 2016
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Débats/Opinions

    • Le chaînon manquant ? Les modèles institutionnels pour expliquer l'évolution du 1 % le plus riche - Nicolas Zorn, Nicolas Zorn p. 991-1021 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le milieu des années 1980, la part des revenus captée par le 1 % le plus riche des pays développés a connu deux tendances distinctes ; les pays anglophones ont vécu une hausse importante alors que les pays non anglophones ont plutôt connu une hausse modérée et parfois même un recul. Les facteurs institutionnels (sans lien avec l'aspect linguistique) permettent le mieux d'expliquer ces différentes évolutions. Or, l'importance des institutions dans l'économie serait avant tout de nature combinatoire. Comme le soulignent les théories des modèles/variétés de capitalisme, une même institution n'aura pas nécessairement le même impact dans un contexte institutionnel différent, et deux combinaisons différentes d'institutions peuvent produire des effets similaires. Nous postulons que les modèles institutionnels permettent d'expliquer l'évolution du 1 % le plus riche. Ce texte examine la compatibilité des facteurs institutionnels identifiés par la littérature avec quatre théories de modèles institutionnels différenciant les pays anglophones des autres pays développés. Cette approche ajoute un élément important dans la compréhension de l'évolution des hauts revenus.
      The Missing Link? Institutional Models to Explain the Evolution of the Top One Percent in Developed Countries Since the middle of the 1980s, the top one percent in developed countries took one of two different directions; in English-speaking countries they saw a sharp rise of income earned, while the top one percent in other developed countries only had a moderate or no increase at all. Institutional factors best explain these divergent patterns. Yet the importance of institutions in the economy is above all of a combinatorial nature. As underlined by the Varieties of capitalism and other institutional model approaches, xinstitutions will not necessarily produce the same results in different institutional contexts, and two different institutional combinations can produce similar results. These theories add an important element to understand the evolution of top incomes.
  • Bilan/Essai

    • Recent Economic Developments and the Implications for Fiscal Policy in Open Economy Macroeconomics - İrem Zeyneloğlu, İrem Zeyneloğlu, Gilbert Koenig, Gilbert Koenig p. 1023-1056 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente et commente les apports récents de la macroéconomie internationale à l'analyse de la politique budgétaire face à trois évolutions économiques de ces dernières années : l'intégration internationale croissante des marchés, la crise de la dette publique et l'émergence d'une union monétaire, comme celle de l'Europe. Ces apports se placent dans le cadre de modèles d'équilibre général à deux pays. Le processus d'intégration internationale croissante des marchés financiers et des marchés de biens a suscité des travaux qui reconsidèrent l'impact de ce processus sur les incidences économiques de la politique budgétaire. En second lieu, la crise de la dette publique qui se manifeste dans la plupart des pays développés a conduit à une analyse de la politique budgétaire fondée sur une meilleure gestion des dépenses publiques et à la spécification d'une expansion budgétaire qui internalise la nécessité de préserver le caractère soutenable du déficit et de l'endettement public. En troisième lieu, la création de l'Union monétaire européenne et la récente crise économique globale ont suscité l'intérêt pour les gains potentiels que peuvent générer la stabilisation et la coopération budgétaires et stimulé les recherches sur la combinaison optimale des politiques budgétaires et monétaires dans un cadre dynamique et stochastique.
      The paper provides a discussion of the most recent developments in the open economy macroeconomics literature on fiscal policy which has grown rapidly in recent years. This growth is stimulated by three recent economic trends which are likely to influence the efficiency and the management of fiscal policy. First, the increasing integration in international financial and goods markets led researchers to reconsider its impact on the effects of fiscal policy by relaxing the purchasing power and the interest rate parity assumptions which are retained in the early open-economy general equilibrium models. Second, the public debt crisis seen in most of the developed countries led to the analysis of a fiscal policy based on a better management of government expenditures and to the specification of a debt-financed fiscal policy that internalizes the necessity of a sustainable deficit. Third, the creation of European monetary union and the recent global economic crisis raised interest on the gains from fiscal stabilization as well as cooperation and stimulated research on the optimal combination of dynamic fiscal and monetary policies.
  • Articles

    • Politiques éducatives et évasion fiscale dans les pays en développement - Florence Arestoff, Florence Arestoff, Jean-François Jacques, Jean-François Jacques p. 1057-1075 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de cet article est de mettre en évidence les conséquences que peut avoir l'évasion fiscale sur la durée de la scolarisation et les dépenses allouées à l'éducation. Nous ne faisons pas d'hypothèse particulière sur l'origine de l'évasion fiscale. Nous supposons simplement une société composée de deux catégories d'agents hétérogènes, les riches et les pauvres. Parmi les riches, certains déclarent l'intégralité de leur revenu alors que d'autres déclarent percevoir le revenu des pauvres. Faute de moyens de contrôle, l'État n'est pas apte à différencier les riches fraudeurs et les pauvres. De plus, nous introduisons des complémentarités dans la fonction d'accumulation de capital humain en termes de financement de l'éducation. Notre modèle est décliné en deux cas correspondant chacun à des politiques éducatives différentes c'est-à-dire des modes différents de financement de l'éducation. Dans un régime public, l'État collecte des impôts pour financer l'éducation et, dans un régime mixte (privé-public), l'État finance l'éducation par l'impôt tandis que les parents les plus riches peuvent compléter ce financement de manière privée. Nous montrons que la taxation dépend positivement de l'ampleur de l'évasion fiscale mais que cette sous-optimalité peut être compensée, dans le régime mixte, par une durée de scolarisation obligatoire plus importante.
      Education Policies and Tax Evasion in Developing Countries The goal of this article is to highlight the consequences that tax evasion could impact on schooling duration and expenditures in education. We don't make any specific assumptions as regards the origin of the tax evasion. We simply consider a society made up of two categories of heterogeneous agents, the rich and the poor. Among the rich people, some declare their total income whereas the others declare the same income as the poor. While the government is unable to control this factor, it can't distinguish the wealthy tax evaders from the poor ones either. Moreover, in the human capital accumulation function, we have introduced complementarities between personal tax contributions. Our model is declined in two cases, each corresponding to different education policies characterized by different ways of education funding. In the public education regime, the government collects income tax. Tax revenues are used to finance education. In the mixed education regime (public and private), the government finances education by collecting income tax whereas the richest parents can complete this education privately. We show that taxation depends positively on how large the tax evasion is but we also show that, in the mixed education regime, this sub optimality can be corrected by a longer compulsory length of schooling.
    • Instabilités politiques, guerre et croissance économique : le cas du Liban et des pays du Moyen-Orient - Jean-François Verne, Jean-François Verne p. 1077-1103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse à l'influence des guerres et des instabilités politiques sur l'évolution du taux de croissance du PIB dans quinze pays du Moyen-Orient et plus particulièrement au Liban durant la période 1970-2013. Il analyse ainsi l'asymétrie dans la variation du taux de croissance du PIB de ces quinze pays et détermine de manière endogène un seuil de croissance autour duquel les guerres ou les instabilités politiques exercent deux niveaux d'impact sur le taux de croissance. Il en résulte que les économies des quinze pays passent brutalement d'un régime de récession à un régime de croissance et que le seuil de croissance est relativement élevé. Ce constat est particulièrement pertinent pour le Liban qui, de plus, affiche une certaine résilience puisque l'évolution de son PIB, très erratique notamment durant la guerre civile de 1975-1990, revient rapidement vers sa valeur de long terme suite à un choc.
      Political Instabilities, War and Economic Growth: The Case of Lebanon and Middle-East Countries This paper displays the war and political instabilities impact on the rate of the GDP growth concerning fifteen Middle-East countries and particularly Lebanon during the period of 1970-2013. It analyses the asymmetries in the variation of the rate of GDP growth of these fifteen countries and estimates endogenously a threshold of growth from which the political instabilities or war enhance two levels of impact on GDP growth. In this paper, we show that the economies of the fifteen countries go quickly from recession regime to growth regime and that the threshold of growth is seen to be high. This phenomenon concerns Lebanon specially that records also a certain resilience since its GDP evolution, which is very erratic notably during the civil war of 1975-1990, returns towards its long-run value rapidly after an exogenous shock.
    • Rueff, Allais, et le chômage d'équilibre - Georges Prat, Georges Prat p. 1105-1147 avec résumé avec résumé en anglais
      Le concept de chômage « permanent » proposé par Rueff [1925, 1931] représente une forme de chômage d'équilibre attribuable à une rigidité salariale à la baisse conduisant à un excès persistant du salaire réel par rapport à sa valeur correspondant à un équilibre concurrentiel. Eu égard à cet aspect connu des travaux de l'auteur sur le sujet, cet article montre que Rueff considérait aussi la possibilité d'un chômage « temporaire » dû à un niveau insuffisant de l'activité économique et d'un chômage « minimal » de type frictionnel prévalant dans le fonctionnement normal de toute économie. Sur la base d'une étude empirique, l'auteur soutenait que le chômage « permanent » constituait la cause majeure du chômage dans l'Angleterre des années 1920 (« loi de Rueff »). Nous présentons des tests économétriques simples sur les données utilisées par Rueff confirmant cette conclusion, tout en montrant que le relâchement de l'hypothèse d'une productivité du travail constante (admise par Rueff) permet d'améliorer la précision de la « loi de Rueff ». Dans le droit fil de ces résultats, nous montrons que l'analyse théorique d'Allais [1943] repose sur les trois types de chômage évoqués par Rueff, qualifiés désormais respectivement de « chronique », « conjoncturel » et « technologique ». Bien plus tard, Allais [1980] a proposé une équation économétrique méconnue intégrant ces trois composantes du chômage et montré que cette dernière décrit l'évolution du chômage français au cours des années 1952-78. Nous montrons que cette équation peut aussi représenter les grands traits des évolutions du chômage anglais des années 1920 et du chômage français des années 1970-2008, mais aussi qu'elle présente un défaut de spécification. Enfin, sous certaines conditions restrictives, nous suggérons que les trois types de chômage distingués par Rueff et Allais peuvent être vus sous le prisme du taux de chômage d'équilibre déduit d'une version simple du modèle de concurrence imparfaite WS-PS (Layard-Nickel-Jackman [1991]), cet exercice indiquant des raisons plausibles au défaut de spécification constatés sur l'équation simple d'Allais, mettant ainsi en évidence les importants progrès scientifiques accomplis depuis.
      Rueff, Allais, and the Equilibrium Unemployment The “permanent” unemployment concept of Rueff [1925, 1931] represents a form of equilibrium unemployment due to a downward wage rigidity leading to a persistent excess of real wage compared to its value corresponding to a competitive equilibrium. Relative to this known aspect of the Rueff's contribution, this paper shows that the author considered also a “temporary” unemployment due to an insufficient level of the economic activity, and a “minimum” frictional unemployment prevailing in the normal functioning of any economy. Using empirical data in England during the 1920's, Rueff suggested that the “permanent” component was the main explanation of the unemployment (this is the so-called “law of Rueff”). We conduct simple econometric tests using Rueff's data that confirm this conclusion, and we show that releasing the assumption of a constant labor productivity (that was supposed by Rueff) improves the accuracy of the “law of Rueff”. In line with these results, we show that the theoretical approach proposed by Allais [1943] joins the three types of unemployment pointed out by Rueff, renamed as “chronic”, “conjonctural” and “technological”, respectively. Much later, Allais [1980] proposed an unrecognized straightforward econometrical equation comprising these three types of unemployment to represent the french unemployment over the period 1952-78. We confirm that this equation describes a large part of the evolution of unemployment in England during the 1920's and in France during the period 1970-2008, but the properties of residuals show that this equation is misspecified. Finally, we suggest that, under some restrictive conditions, the three types of unemployment distinguished by Rueff and Allais can be seen through the equilibrium unemployment defined by the imperfect competition WS-PS model (Layard-Nickel-Jackman [1991]), hence allowing to indicate why the Allais' equation is misspecified, thus highlighting the important scientific advances that have been made since.