Contenu du sommaire : L'Europe du Sud (Espagne, Portugal, Grèce) : nouvelles approches historiographiques des dictatures et de la transition démocratique (1960-2000)
Revue | Histoire@Politique |
---|---|
Numéro | no 29, mai-août 2016 |
Titre du numéro | L'Europe du Sud (Espagne, Portugal, Grèce) : nouvelles approches historiographiques des dictatures et de la transition démocratique (1960-2000) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'Europe du Sud (Espagne, Portugal, Grèce) : nouvelles approches historiographiques des dictatures et de la transition démocratique (1960-2000). Introduction - Anne Dulphy, Victor Pereira, Matthieu Trouvé p. 1-8
- Comment la connaissance historique de l'Espagne permet-elle de dépasser les contraintes idéologiques : le legs historiographique de José María Jover Zamora et Manuel Tuñón de Lara - Benoît Pellistrandi p. 9-24 L'histoire contemporaine en Espagne s'est construite sous la double contrainte d'une interprétation essentialiste de l'histoire nationale héritée des combats idéologiques du XIXe siècle et d'un régime franquiste attaché à combattre le libéralisme. Sous l'impulsion de pionniers, l'étude de l'Espagne contemporaine a acquis sa réputation scientifique et sa qualification universitaire. Cet article, par l'exemple de Jover Zamora (1920-2006) et de Tuñón de Lara (1915-1997), tend à montrer comment le développement de cette discipline qu'est l'histoire contemporaine constitue une étape culturelle et scientifique pré-politique essentielle à la création des fondements d'une culture pour la démocratie espagnole.“How Spain's Historical Knowledge Allows It to Overcome Ideological Constraints : The Historiographical Legacy of José María Jover Zamora and Manuel Tuñón de Lara”. Contemporary history in Spain has been constructed under the double constraint of an essentialist interpretation of national history inherited from the ideological battles of the 20th-century and a Francoist regime committed to fighting liberalism. Inspired by the work of pioneering historians, the study of contemporary Spain has stood out for its scholarship and academic standing. Drawing upon the examples of Jover Zamora (1920-2006) and Tuñon de Lara (1915-1997), this article seeks to show how the development of the discipline of contemporary history constituted an essential, pre-political cultural and scientific step towards laying the foundations of a culture for Spanish democracy.
La diversité des approches mémorielles
- Qui sont les Grecs ? Traces de guerre, vestiges d'Empire et mémoires en conflit - Anne Couderc p. 25-40 Cet article présente les débats en Grèce autour de l'identité nationale, complexe parce que partagée entre l'héritage impérial ottoman et l'appartenance à l'Europe. Il fait état des conflits de mémoire liés aux traces de guerre matérielles et psychiques laissées par l'échange massif de populations gréco-turque de 1923 et par la guerre civile de 1945-1949 et il prend aussi la mesure du récent renouvellement historiographique sur ces questions et son impact sur un débat public devenu intense depuis les années 2000.“Who Are the Greeks? Traces of War, Vestiges of Empire and Conflicting Memories in a European Nation State”. This article examines the debates that have taken place in Greece regarding national identity, a complex phenomenon given the respective roles of the Ottoman imperial heritage and membership in Europe. It notes the memory conflicts that have been born of the material and psychological traces of war left by the massive exchange of Greco-Turkish populations in 1923 and the 1945-49 civil war. It also considers recent historiographical developments regarding these questions and their impact on what has since 2000 become a very intense public debate.
- Les reconfigurations de la mémoire du colonialisme portugais : récit et esthétisation de l'histoire - Nuno Domingos, Victor Pereira p. 41-59 L'empire colonial est un élément central de la construction officielle de l'identité nationale portugaise. Le processus d'indépendance des anciennes colonies après le 25 avril 1974 a conduit à la reconfiguration des manières de raconter le passé. Basé sur deux études de cas, cet article prétend analyser comment des nouvelles médiations et des nouveaux récits ont été utilisés pour reconfigurer cette mémoire. Le cas de la construction biographique du joueur de football mozambicain Eusébio da Silva Ferreira, le grand héros du football portugais, et l'analyse de l'héritage de l'architecture coloniale moderne portugaise visent à démontrer le rôle que ces récits produits dans des champs d'activités spécifiques ont joué dans le maintien d'un discours portant sur la grandeur coloniale, discours qui est lui-même une dimension de l'institutionnalisation de ces champs.“The Reconfiguration of the Memory of Portuguese Colonialism: Narrative and the Aestheticization of History”. The colonial empire is a central component of the official version of Portuguese national identity. In the aftermath of 25 April 1974, the independence process in the country's former colonies led to a reconfiguration of the manner in which the past is discussed. This article seeks to examine how new mediations and narratives were used to reconfigure this memory. To that end, it draws upon two case studies: the biographical construction of Eusébio da Silva Ferreira, a Mozambican football player and national hero; the heritage of modern Portuguese colonial architecture. The author seeks to show how these narratives, which were produced in specific fields of activity, played a role in preserving a discourse of colonial grandeur – itself a reflection of the institutionalization of these fields.
- L'Espagne entre deux transitions ? De la mémoire de la guerre civile à celle de l'après-guerre (1975-2007) - Stéphane Michonneau p. 60-72 À la mort de Franco, en 1975, la mémoire de la guerre civile occupe une grande part de l'espace public de débat, dans le sens d'une légitimation du régime dictatorial mais aussi d'une réévaluation de la tradition de gauche. La transition démocratique sanctuarise rapidement la mémoire de la guerre civile hors du champ de la lutte politique, organisant une forme de silence des politiques mémorielles qui contraste avec la vigueur des souvenirs encore vivaces dans la société. Ce compromis perdure jusqu'à ce que les comptes de l'après-guerre civile viennent à se régler : la redécouverte de l'intensité de la répression franquiste rend caduc le pacte transitionnel qui avait troqué la justice rendue aux victimes du franquisme contre la paix sociale. Pour autant, peut-on parler de « seconde transition », comme le soutinrent les acteurs ? Le surgissement de la revendication sociale pour la « récupération de la mémoire historique » est-il parvenu à clarifier le rapport ambigu que les Espagnols entretiennent avec le conflit civil et ses conséquences ?“Spain between Two Transitions ? From the Memory of the Civil War to that of the Post-War (1975-2007)”. Upon Franco's death in 1975, the memory of the civil war occupied a major place in public debate, both in terms of the legitimation of the dictatorial regime and the reevaluation of the left's tradition. The democratic transition led the memory of the civil war to be withdrawn from the field of political struggle, establishing a type of silence within memory policies that contrasted with the vigorous and still enduring memories of the larger society. This compromise persisted until post-civil war scores were settled; the rediscovery of the intensity of Francoist repression rendered null and void the transitional pact that had traded justice for the victims of Francoism in exchange for social peace. For all that, were the actors right in characterizing this as a “second transition”? Did the appearance of social demands for the “recuperation of historical memory” succeed in clarifying the ambiguous relationship that the Spanish entertained with the civil conflict and its consequences?
- Qui sont les Grecs ? Traces de guerre, vestiges d'Empire et mémoires en conflit - Anne Couderc p. 25-40
Nouvelles perspectives historiques
- « Le peuple portugais est contre-révolutionnaire. » La perspective de la presse espagnole sur la révolution portugaise de 1974-1975 - Rita Luís, Victor Pereira p. 73-87 Le rapport de l'Espagne avec la révolution de 1974-1975 au Portugal a été profondément marqué par la situation dans laquelle se trouvait le régime franquiste : à mi-chemin entre la libéralisation défendue par le secteur technocratique, palpable dans la rhétorique « aperturista » (de l'ouverture), et le maintien du statu quo, dans le discours « inmovilista » opposé. L'information audiovisuelle étant le monopole de l'État, la presse écrite était le lieu de l'émergence de la dissension possible à l'intérieur de la sphère publique du régime. Avec les caractéristiques de cette sphère publique, la défense de la modération s'impose comme consensuelle. En ce sens, nous prétendons aborder l'opposition entre les catégories de « peuple » et de « masses » dans le discours dominant de la presse espagnole, car cette opposition définit, dans une certaine mesure, la couverture médiatique du processus révolutionnaire au Portugal.“ ‘The Portuguese People Is Counter-Revolutionary': The Perspective of the Spanish Press on the Portuguese Revolution of 1974-1975”. Spain's relationship with the Portuguese Revolution of 1974-75 was profoundly influenced by the situation of the Francoist regime. The latter found itself torn between the technocratic sector's support for liberalization and the associated rhetoric of “aperturista” (openness) and the maintenance of the status quo, as reflected in the discourse of inmovilismo. Since the state held a monopoly over audio-visual information, the press provided the only possible forum for dissent within the regime's public sphere. Given the latter's characteristics, there was a consensus regarding the need for moderation. In this sense, I consider the contrast – at the time, a recurrent feature of the dominant discourse of the Spanish press – between the “people” and the “masses” as categories. To a certain degree, this contrast defined media coverage of the revolutionary process in Portugal.
- Les victimes oubliées de la transition espagnole - Sophie Baby p. 88-104 Dans le paysage victimaire espagnol, en pleine effervescence depuis le début du XXIe siècle, les victimes de la transition démocratique peinent à faire entendre leur voix. Longtemps oubliées, écrasées par le poids du mythe d'une transition sans effusion de sang, et donc sans victime, elles font aujourd'hui irruption dans le débat public. L'analyse des dynamiques de ce processus de victimisation montre néanmoins à quel point elles sont incapables de constituer un collectif efficace : écartelées entre plusieurs causes victimaires, celles du terrorisme, du franquisme et du conflit basque, elles portent en elles un brouillage des perceptions victimaires emblématique des situations où les conflits se sont superposés les uns aux autres. Dans ce cadre, les évidences acquises perdent pied et viennent se heurter à une tension encore non résolue en Espagne, celle qui se noue entre historicité et morale, entre prise en compte des temporalités du réel et universalisation de la condition victimaire.“The Forgotten Victims of the Spanish Transition to Democracy”. In the Spanish victim landscape, which has radically changed since the early 21stcentury, victims of the transition to democracy struggle to make their voices heard. Long forgotten, suffocated under the weight of the myth of a bloodless – and, thus, victimless – transition, they have today burst upon the public stage. By examining the dynamics of this process of victimization, the present article nevertheless seeks to show the extent to which they are incapable of constituting an effective collective. Torn between several victim causes – that of terrorism, Francoism and the Basque conflict, respectively – they are associated with a blurred victim perception typical of situations in which multiple conflicts have been superimposed upon one another. In this framework, received understandings lose their footing and collide with a tension that remains to be resolved in Spain – that between historicity and morality, a consideration of the temporalities of the real and the universalization of the victim's condition.
- Femmes espagnoles émigrées dans la seconde moitié du XXe siècle. Discours et vie quotidienne - Ana Fernández Asperilla p. 105-124 Cet article analyse la trajectoire des émigrantes espagnoles en Europe pendant deux décennies, au cours de la période allant de la création en 1956 de l'Institut espagnol d'émigration (Instituto Español de Emigración) jusqu'à la fin de la dictature franquiste en 1975. Notre attention se porte sur la vie quotidienne des émigrantes et sur l'étude de leurs processus migratoires. Après avoir examiné puis comparé les discours sur l'émigration féminine et masculine, deux aspects essentiels du discours quotidien tenu par les émigrantes dans les pays d'accueil seront examinés : celui relatif à l'insertion dans la vie active et celui qui relève du suivi de l'éducation des enfants. Dans les deux domaines, leurs expériences leur permirent à la fois de rendre possible le modèle féminin de « l'ange du foyer » et d'atteindre des niveaux d'autonomie personnelle inenvisageables dans l'Espagne franquiste. Enfin, sera suggérée une série d'aspects qui doivent être pris en compte dans l'étude de l'histoire des migrations afin de discerner les spécificités de l'émigration des femmes espagnoles dans la seconde moitié du XXe siècle.“Spanish Emigrant Women in the Second Half of the 20th-Century: Discourse and Everyday Life”. This article examines the trajectory of Spanish emigrant women in Europe over two decades: from the time of the creation of the Spanish Institute of Emigration in 1956 (Instituto Español de Emigración) to the end of the Francoist dictatorship in 1975. I focus on the everyday life of emigrants and the study of their migratory processes. To this end, I begin by examining discourse relating to feminine and masculine emigration, comparing them between themselves. I then consider two essential aspects of the everyday discourse employed by emigrants in their host countries: that relating to their integration into the working world and that relating to the ongoing education of children. In both domains, their experiences allowed them to simultaneously observe the feminine model of the “angel in the house” and achieve levels of personal autonomy unthinkable in Francoist Spain. In the final section of this article, I identify a number of aspects that must be taken into consideration in studying the history of migrations if one is to discern the specificities of the emigration of Spanish women in the second half of the 20th-century.
- La politique extérieure espagnole de la fin du franquisme et son héritage sur la transition démocratique - Rosa María Pardo Sanz, Matthieu Trouvé p. 125-140 Au cours de la dernière décennie, l'historiographie consacrée à la politique étrangère espagnole du franquisme et de la transition démocratique a élargi ses thèmes, ses approches et sa chronologie. L'article propose d'abord une révision des principaux apports et des nouvelles perspectives de recherche. Son objectif final est d'approfondir l'étude de la politique extérieure de la fin du franquisme, plus nationaliste et pragmatique, pour pouvoir expliquer quelques-unes des clés de la politique étrangère de la transition démocratique. L'hypothèse défendue ici est que, malgré l'isolement final de la dictature, les principales lignes de force de la diplomatie franquiste ont été conservées après 1975 : engagement européen, politiques de soutien aux mondes latino-américain et arabe, et lien de sécurité avec les États-Unis. S'il y eut bien une démocratisation des principes, des moyens et du processus de prise de décision, jusqu'en 1986 les grands axes de l'action extérieure espagnole n'ont pas été fondamentalement modifiés.“Spanish Foreign Policy in the Late Francoist Period and Its Legacy in the Democratic Transition”. In the past decade, the themes, approaches and chronology of the historiography of Spanish foreign policy under the Franco dictatorship and the period of democratic transition have expanded. This article seeks first to review the main contributions of this historiography and the new research perspectives it has opened up. Its ultimate aim is to contribute to more in-depth study of the more nationalist and pragmatic foreign policy that characterized the final years of the Franco regime in order to explain several key aspects of the foreign policy of the democratic transition. Despite the ultimate isolation of the dictatorship, I argue that essential aspects of Francoist diplomacy were retained after 1975 : European engagement; policies of supporting the Latin American and Arab worlds; and the security relationship with the United States. While its guiding principles, resources and decision-making processes were indeed democratized, the main orientations of Spanish foreign policy were not fundamentally modified until 1986.
- « Quel pays plus que la Grèce ? » La place de la Grèce dans la construction de l'Europe : une mise en perspective historique - Víctor Fernández Soriano p. 141-157 En juillet 1961, à l'occasion de la signature d'un accord d'association entre la Grèce et la CEE, le vice-président de la Commission européenne Jean Rey se demandait dans son allocution : « Quel pays plus que la Grèce, quel peuple plus que le peuple hellénique était digne de devenir le premier associé de la Communauté ? ». Cet article dresse un panorama de la participation de la Grèce au processus de construction européenne. Il tente de vérifier l'hypothèse selon laquelle cette participation revêt une signification politique non seulement pour la Grèce elle-même, mais aussi en ce qui concerne certains aspects de la configuration politique de l'Europe. Pour ce faire, il s'appuie sur l'historiographie actuelle, compte tenu du fait que celle-ci s'intéresse depuis quelques années de plus en plus au cas grec. Cette synthèse inspirée des réflexions contenues dans les études les plus récentes contribue à évaluer en termes historiques quelle a été la place de la Grèce dans le processus d'intégration européenne depuis la signature de son accord d'association en 1961.« "What Country other than Greece?" The Place of Greece in the Construction of Europe : An Historical Appraisal”. In a speech delivered on the occasion of the signing of an association agreement between Greece and the EEC in July 1961, the Vice President of the European Commission, Jean Rey, asked “What country more than Greece, which people more than the Greek people were worthy of becoming the Community's first associate?” This article offers an overview of Greece's participation in the European construction process. It seeks to assess the claim according to which this participation had political significance, not just for Greece itself, but also in what concerned some aspects of Europe's political configuration. To this end, it draws upon current historiography, which has in recent years increasingly taken an interest in the Greek case. An overview inspired by the discussions contained in the most recent studies allows one to historically evaluate the place occupied by Greece in the process of European integration since the signature of its association agreement in 1961.
- « Le peuple portugais est contre-révolutionnaire. » La perspective de la presse espagnole sur la révolution portugaise de 1974-1975 - Rita Luís, Victor Pereira p. 73-87
Pistes & débats
- Du local au transnational, puis au national. Les apports des archives de l'OCDE en histoire urbaine - Cédric Feriel p. 158-170 Concernant le second XXe siècle, le changement urbain en France est souvent imputé à l'action déterminante de l'État. Cette lecture centralisatrice, dominante en histoire urbaine, peut être nuancée. L'article se propose d'explorer cette piste en envisageant la circulation de l'idée de piétonnisation des centres-villes qui constitue l'une des transformations marquantes des quartiers anciens au cours des années 1970. Dans l'Hexagone, l'État ne joue qu'un rôle secondaire dans ce processus. La découverte d'un fonds d'archives de l'OCDE consacré au phénomène des rues piétonnes a permis de proposer une interprétation de la diffusion de cette idée. Le changement urbain apparaît dans ce cas comme issu d'expériences menées localement par des municipalités, en France et dans d'autres pays. Identifié par l'OCDE, ce phénomène donne lieu à une enquête internationale qui informe dans un dernier temps des initiatives étatiques centralisées. Loin d'impulser le mouvement, l'État s'y raccroche tard, qui plus est en réutilisant opportunément un matériau préparé par une organisation internationale. Dès les années 1970, la question piétonne montre la complexité des problématiques urbaines contemporaines, entre local, national et transnational.“From the Local to the Transnational and then the National: The Contributions of the OECD's Archives to Urban History”. The urban changes that took place in France over the second half of the twentieth-century are often understood in terms of decisive state action. This centralizing reading, which has dominated urban history, can be qualified. The present article seeks to explore this prospect by considering the manner in which the idea of pedestrian zoning in city centers spread over the course of the 1970s. In metropolitan France, the state only played a secondary role in this process. The discovery of an OECD archival collection devoted to the phenomenon of pedestrian streets allows one to offer an interpretation of the spread of this idea. In this case, urban change appears to have resulted from experiments conducted in France and other countries at the local level by municipal governments. Identified by the OECD, this phenomenon gave rise to an international study that ultimately informed centralized state initiatives. Far from giving impetus to the movement, the state was a latecomer, one that, what's more, made opportunistic use of material that had been prepared by an international organization. From the 1970s onwards, the pedestrian question shows the complex interplay of local, national and transnational considerations in contemporary urban questions.
- Du local au transnational, puis au national. Les apports des archives de l'OCDE en histoire urbaine - Cédric Feriel p. 158-170
Sources
- Conflits de mémoire et usages (très) politiques de l'histoire : le cas des archives du franquisme - Amélie Nuq p. 171-189 Depuis le début des années 2000 en Espagne, le mouvement associatif dit de « récupération de la mémoire historique » revendique la réhabilitation de la mémoire des vaincus de la guerre civile (1936-1939) et du franquisme (1939-1975). Dans ce contexte, la conservation et la communication des archives constituent un enjeu politique et juridique dans lequel interfèrent mémoire, histoire et désir de justice. Cette question a reproduit, durant toute la période franquiste, les divisions nées de la guerre civile ; une fois le dictateur disparu, elle est devenue un enjeu de la démocratisation du pays. Si en l'état actuel des choses, les archives de la dictature ne sont pas toutes accessibles, classées et recensées, l'article s'attache néanmoins à présenter quelques outils qui peuvent faciliter la tâche des chercheuses et des chercheurs.“Conflicting Memories and the (Very) Political Uses of History: The Case of the Archives of Francoism”. In Spain, what is referred to as the “recovery of historical memory” associational movement has since the start of the 21st-century sought to rehabilitate the memory of those defeated in the civil war (1935-1939) and under Francoism (1939-1975). In this context, archival conservation and availability are legal and political issues in which memory, history and the desire for justice compete with one another. During the Francoist period, this issue reflected divisions born of the civil war; once the dictator had died, it became an issue in the country's democratization. Although the archives of the dictatorship are not at present fully accessible, classified and catalogued, this article seeks to present several tools that may facilitate the researchers' task.
- Conflits de mémoire et usages (très) politiques de l'histoire : le cas des archives du franquisme - Amélie Nuq p. 171-189
Vari@rticles
- André Ferrat et la création du Parti communiste algérien (1931-1936) - Céline Marangé p. 190-219 Cet article retrace le parcours politique d'André Ferrat entre sa nomination à la tête de la section coloniale centrale du PCF en 1931 et son exclusion du parti en 1936. Il explore, à partir des archives du Komintern, ses relations avec les premiers communistes algériens, les dirigeants français du PCF et les responsables du Komintern. Il établit que Ferrat a joué un rôle crucial à la fois dans la naissance du parti communiste algérien et dans l'émergence du premier « Front anti-impérialiste musulman » à Alger en 1936. Mais il révèle aussi que ses ambitions révolutionnaires ont souvent été en décalage avec les attentes des militants algériens pour qui la lutte anticoloniale était prédominante et, par ailleurs, que son action politique en Algérie était indissociable de son aliénation progressive vis-à-vis du PCF et du Komintern. Il démontre ainsi qu'en dépit de la centralisation et de la hiérarchie de l'appareil communiste, l'initiative individuelle restait possible pour qui connaissait les arcanes du système et qui maîtrisait l'art de la manœuvre.“André Ferrat and the Creation of the Algerian Communist Party, 1931-1936”. This article traces the political career of Andre Ferrat from his appointment as head of the Central Colonial Section of the French Communist Party in 1931 to his expulsion from the party in 1936. Drawing upon Comintern archives, it explores Ferrat's relations with the first Algerian communists, the French leaders of the PCF and Comintern officials. It shows that Ferrat played a crucial role in both the birth of the Algerian Communist Party and the emergence of the first "Muslim anti-imperialist Front" in Algiers in 1936. But it also reveals that his revolutionary ambitions were often at odds with the expectations of Algerian militants, for whom the anti-colonial struggle came first, and that his political action in Algeria was inseparable from his gradual alienation from the PCF and Comintern. It thus demonstrates that, despite the centralization and hierarchy characteristic of the communist apparatus, individual initiative was still possible for someone who knew the intricacies of the system and mastered the art of maneuvering.
- Histoire du logo de deux « partis frères » entre France et Italie (1972-2016) - Valérie Igounet, Pauline Picco p. 220-235 Quarante ans d'histoire de gestion d'un logo par deux « partis-frères », le Movimento Sociale Italiano (MSI) et le Front national (FN) : entre mimétisme et rejet, émancipation et assujettissement d'un modèle politique et idéologique, dépendance et autonomie financière. Certes, l'appropriation de la flamme italienne par le FN témoigne, avant tout, de la filiation idéologique et financière qui existe entre les deux partis d'extrême droite. Mais les évolutions graphiques du logo du MSI et du FN s'adaptent également à la stratégie politique respective des deux formations et à l'évolution de leur positionnement réciproque. Les logos mettent ainsi au jour, entre hier et aujourd'hui, les enjeux symboliques, identitaires et mémoriels représentés par la flamme tricolore.« History of a two “sister parties” logo between France and Italy (1972-2016) ». 40-year history of a logo management by two « sister parties », Movimento sociale italiano (MSI) and Front National (FN) : between imitation and rejection, emancipation and domination of a political and ideological model, dependency and financial autonomy. Clearly, the adoption by the FN of the Italian flame firstly demonstrates the ideological and financial filiation that exists between the two far right parties. But the graphic modifications of the MSI and FN's logo have also been adapting to the two formations' respective political strategy and to their ideological positioning changes. Thus, the logos bring to light, between then and now, the symbolic, memory and identity issues embodied by the tricolour flame.
- Engagement et connaissance historique selon René Rémond - Charles Mercier p. 236-249 Cet article cherche à explorer comment l'engagement peut nourrir la production scientifique des historiens, à travers l'analyse des écrits de René Rémond (1918-2007). Ce spécialiste reconnu de l'histoire politique et religieuse de la France contemporaine n'a eu de cesse, au cours de son existence, d'assumer des responsabilités dans des champs très différents : mouvements d'action catholique, enseignement supérieur, médias, commissions gouvernementales... Ces différentes expériences ont influé sur sa conception de l'activité historienne et sur le choix de ses axes de recherche. Elles ont donné naissance à des projets d'études et lui ont permis de comprendre, par empathie et par analogie, les phénomènes qu'il observait.“Engagement and Historical Knowledge according to René Rémond ». Via an analysis of the writings of René Rémond, this article seeks to explore the manner in which engagement can inform the scholarly production of historians. A well-known specialist of the political and religious history of contemporary France, over the course of his existence Rémond constantly assumed responsibilities in very different fields: Catholic action movements, higher education, media and government commissions. These various experiences influenced his conception of the historian's activity and his choice of research orientations. They inspired his choice of objects of study and allowed him to understand the phenomena he observed by means of empathy and analogy.
- André Ferrat et la création du Parti communiste algérien (1931-1936) - Céline Marangé p. 190-219