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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 416, janvier-février 2017
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  • Editorial : Le goût de l'avenir - Hugues de Jouvenel p. 3 accès libre
  • Le prix de l'énergie demain. Une analyse du système, des acteurs et des facteurs d'évolution - Jean-Marie Chevalier p. 5 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    S'il est un secteur emblématique, ces dernières décennies, de la difficulté à anticiper la façon dont il va évoluer à l'échelle mondiale, c'est bien celui de l'énergie. Alerte sur les risques de pénurie d'hydrocarbures, annonce de la survenue du peak oil, boom du gaz et du pétrole de schiste… : les prévisions reposant sur les tendances lourdes ont été révisées à l'aune de l'émergence de sources non conventionnelles, avec un impact conséquent sur le niveau des prix. S'ajoute à cela la nécessité de faire face au réchauffement climatique, et donc de revoir les modes de production énergétique pour renforcer le recours aux énergies renouvelables.Dans un tel contexte, comme le souligne ici Jean-Marie Chevalier, il est bien délicat de se prononcer sur ce que sera l'évolution des prix de l'énergie et d'envisager la façon dont se transformeront les systèmes de production énergétique. C'est pourquoi au-delà du panorama des évolutions possibles des prix du pétrole, du gaz naturel et du charbon, que propose dans un premier temps cet article, celui-ci insiste aussi tout particulièrement sur les nombreux éléments d'incertitude qui dominent en la matière. Jean-Marie Chevalier montre ainsi la pluralité des facteurs et des acteurs impliqués dans l'évolution des prix de l'énergie et des systèmes énergétiques, et met en exergue les éléments clefs qui joueront un rôle moteur ou frein dans cette évolution à moyen-long terme. S.D.
    If one sector in recent decades has been a byword for how difficult it is to anticipate future developments at the global level, it has been the energy sector. We have seen fears over the dangers of a hydrocarbon shortage, the announcement of “peak oil” and a boom in shale gas and oil. Forecasts based on major trends within the field have been revised as non-conventional sources with a substantial impact on price levels have emerged. Added to this is the need to confront climate change and hence to revamp our modes of energy production to give an enhanced role to renewables.In such a context, as Jean-Marie Chevalier stresses here, it is quite tricky to say how energy prices will develop or how energy production systems will change. This is why, in addition to the overview of possible developments in the prices of oil, natural gas and coal which this article provides, it particularly stresses the many elements of uncertainty that still prevail. Chevalier demonstrates the multiplicity of factors — and actor — involved in the way energy systems and prices develop and highlights the key elements that will play a role in enhancing or curbing those developments in the medium-to-long term.
  • Les prévisions énergétiques et leurs aléas - Rodolphe Greggio, Benoît Mafféï p. 23 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Comme le souligne Jean-Marie Chevalier dans ce même numéro, il est bien délicat de se prononcer aujourd'hui sur ce que sera l'évolution des prix de l'énergie et d'envisager la façon dont se transformeront les systèmes de production énergétique. C'est bien ce que confirment ici Rodolphe Greggio et Benoît Mafféï, qui se sont intéressés à la façon dont sont élaborées les prévisions énergétiques à long terme et dont la conclusion est qu'en l'état, elles sont vouées à l'échec.Ceci résulte en particulier de la difficulté à faire des prévisions fiables en termes d'évolution de la demande d'énergie, celle-ci résultant d'évolutions exogènes et opaques à long terme (croissance démographique, croissance économique, productivité, efficience énergétique…). Cela tient également à un certain nombre d'erreurs d'anticipation de ruptures technologiques : un « âge d'or » du gaz naturel anticipé trop tôt, la valse du pic pétrolier, un pic minéralier n'ayant pas eu les incidences envisagées initialement, un déclin du nucléaire à relativiser, etc. Cela résulte enfin de divers facteurs d'ordre politique et géopolitique en lien avec les atouts respectifs des pays en matière énergétique et leur stratégie d'indépendance en ce domaine : États-Unis et gaz de schiste, France et nucléaire, Allemagne et renouvelables, par exemple. Bien évidemment, le contexte actuel laisse à penser que l'heure est à une transition progressive des énergies carbonées vers les énergies renouvelables, mais de là à prévoir précisément à quel horizon, dans quelles proportions et selon quelle ampleur géographique, il y a un pas qui paraît encore difficile à franchir. S.D.
    As Jean-Marie Chevalier stresses in this issue, it is currently quite tricky to pronounce on how energy prices will move over time or to predict how energy production systems will change. Further support for that view comes from this article by Rodolphe Greggio and Benoît Mafféï. They have looked into the way long-term energy forecasts are made and their conclusion is that, as things stand, they are doomed to fail. The main underlying reason for this is the difficulty of making reliable predictions about how energy demand will evolve, since it is the product of exogenous developments that are unknowable in the long term (demographic growth, economic growth, productivity, energy efficiency etc.). A number of forecasting errors with regard to technological breaks have also played a role: a “gold en age” for natural gas was forecast too early; the date of “peak oil” has shifted around wildly; a peak with regard to ore deposits has not had the impact originally anticipated; and the decline of nuclear power has turned out to require qualification. Ultimately, all this is the product of various political and geopolitical factors linked to the respective energy assets of the different countries and their strategies for achieving energy independence: e.g. the USA and shale gas, France and nuclear power, Germany and renewables. Quite clearly, the current context suggests that a gradual transition from carbon-based to renewable energies is the order of the day, but it is far from easy to predict on precisely what timescale, in what proportions and on what geographical scale this might occur.
  • Science et science-fiction, un duo détonant - Roland Lehoucq p. 39 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Futuribles a lancé, dans son numéro de juillet-août 2016 (n° 413), une « saga » sur les relations et apports de la science-fiction à la prospective, afin de discerner si, et dans quelle mesure, les auteurs de science-fiction ont eu une influence sur les imaginaires collectifs et sur les réflexions prospectives. Après avoir traité ces questions sous l'angle sociopolitique et environnemental, nous reprenons cette série en abordant la science et la technologie : quels sont les rapports entre la discipline scientifique et la science-fiction ?Roland Lehoucq montre ainsi comment, au fil du temps, la science-fiction accompagne la science, permettant d'exposer des idées parfois pionnières sous l'angle de l'imaginaire et d'en tirer le fil pour explorer leurs conséquences possibles pour les sociétés humaines. La science-fiction dispose aussi de la liberté de créer des innovations techniques ou scientifiques pour les besoins du récit, ces innovations pouvant se révéler totalement farfelues, devenir réalité ou ne jamais se concrétiser. Elle contribue enfin à explorer le réel et à poser des questions essentielles en lien avec les évolutions techniques et scientifiques en cours ou envisagées ; à ce titre, elle constitue un véritable laboratoire d'expérimentation et d'exploration du champ des possibles, et de leurs conséquences pour l'humanité. S.D.
    In issue 413 of July-August 2016, Futuribles launched an extended series on the contributions made by science fiction to foresight studies and the relations between the two, in order to discern whether, and to what extent, science-fiction writers have influenced foresight thinking and the collective imagination. After examining these questions from the socio-political and environmental angles, we are resuming this series with a look at science and technology: what have relations been like between science as a discipline and science fiction?For example, Roland Lehoucq shows how science fiction has run alongside science, enabling what are at times pioneering ideas to be presented from an imaginary angle and to be spun out so that their possible impact on human societies can be explored. Science fiction also has the freedom to create technical or scientific innovations to meet the needs of a story line, innovations that may turn out to be totally fanciful or may actually become reality (or may, alternatively, have promise but fail in the end to materialize). Lastly, it plays its part in exploring reality and raising essential questions about technical or scientific developments that are ongoing or in the pipeline. In that sense, it represents a genuine arena of experimentation in — and exploration of — future possibilities and their consequences for humanity.
  • Science-fiction et innovation - Thomas Michaud p. 55 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Futuribles a lancé, dans son numéro de juillet-août 2016 (n° 413), une « saga » sur les relations et apports de la science-fiction à la prospective, afin de discerner si, et dans quelle mesure, les auteurs de science-fiction ont eu une influence sur les imaginaires collectifs et sur les réflexions prospectives. Après avoir traité ces questions sous l'angle sociopolitique et environnemental, nous reprenons cette série en abordant la science et la technologie : quels sont les rapports entre la science, la technologie et la science-fiction ?Thomas Michaud s'intéresse ici au rôle de la science-fiction dans la recherche et l'innovation, en particulier au sein des centres de R&D (recherche-développement), publics ou privés. S'appuyant sur les cas spécifiques de l'Agence spatiale européenne, de la Nano Regions Alliance (NANORA), des Orange Labs, et d'Intel et Microsoft, il montre ainsi comment la science-fiction a pu nourrir (et nourrit encore) certains projets de recherche futuristes, mais aussi comment elle peut être utilisée pour susciter des investissements ou la confiance de l'opinion afin de promouvoir certaines recherches ou technologies spécifiques. Thomas Michaud souligne enfin comment certaines entreprises stimulent ou sponsorisent les auteurs de science-fiction (SF) afin de développer un imaginaire SF en phase avec leur propre stratégie de long terme et les innovations sur lesquelles elles travaillent. Autant d'interactions que les prospectivistes doivent examiner avec un regard critique, de sorte de tracer des lignes d'avenir plausibles. S.D.
    In its July-August 2016 issue (no. 413), Futuribles began an extended series on science fiction's relations with, and contribution to, foresight studies, in order to discern whether and to what extent science-fiction writers have had an influence on the collective imagination and on foresight thinking. After examining these questions from the socio-political and environmental angles, we resume this series here, looking now at science and technology: how do science, technology and science fiction relate to one another ?In this article Thomas Michaud looks at the role of science fiction in research and innovation, particularly within public or private R&D centres. Drawing on the specific cases of the European Space Agency, the Nano Regions Alliance (NANORA), Orange Labs, and Intel and Microsoft, he shows how science fiction has fostered — and still fosters — certain forward-looking research projects, and also how it can be used to generate investment or inspire trust among the public to promote specific research or technology. Michaud emphasizes, lastly, how some companies encourage or sponsor science-fiction (SF) writers in order to develop an SF mindset that chimes with their own long-term strategy and the innovations they are working on. So many interactions over which those engaged in foresight studies must cast a critical eye if they are to determine plausible lines of future development.
  • Un regard sur la genèse de la prospective. À propos de l'ouvrage d'Elke Seefried, “Zukünfte. Aufstieg und Krise der Zukunftsforschung 1945-1980” - Corinne Roëls p. 67 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    L'histoire des réflexions sur le futur et de la prospective a donné lieu à plusieurs livres et articles émanant essentiellement d'auteurs américains et français. Mais, sauf erreur de notre part, nul ne s'était attaché autant qu'Elke Seefried à exposer comment cette « indiscipline » avait été perçue en Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, le compte rendu de son livre par Corinne Roëls apporte un éclairage intéressant, y compris en raison des controverses qu'il peut susciter. H.J.
    The history of foresight studies and of thinking on the future has given rise to many books and articles, largely by American and French authors. However, unless we are much mistaken, no one has paid such attention as Elke Seefried to showing how this “non-discipline” was perceived in Germany in the aftermath of World War II. For that reason, this review by Corinne Roëls sheds interesting new light on the question — not least for the controversies to which it may give rise.
  • Futurs d'antan

    • Bon anniversaire, Thomas More ! - Nicole Morgan p. 73 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Nous avons fêté, en décembre dernier, le cinq-centième anniversaire de la parution de L'Utopie de Thomas More, qui renoua avec un genre littéraire initié par Platon : la description, avec un grand souci du détail, d'une société jugée idéale par son auteur. Nicole Morgan, spécialiste de Thomas More, revient sur cette œuvre devenue un classique et son auteur, grand érudit et homme d'État qui livre ici sa vision de la meilleure forme de gouvernement selon lui et ses amis humanistes de l'époque. Une vision qu'il ne pouvait, dans le contexte du XVIe siècle, que proposer sous cette forme narrative empreinte d'humour qui donna d'ailleurs naissance au mot « utopie ». S.D.
      Last December we celebrated the five-hundredth anniversary of the publication of Thomas More's Utopia, which revived a literary tradition begun by Plato — the detailed description of a society that its creator views as ideal. Nicole Morgan, a leading Thomas More specialist, takes a fresh look at this now classic work and its author, a great scholar and statesman, who in it outlines his vision of the optimal form of government as he and his humanist friends of the time saw it. A vision which, in the context of the 16th century, he could serve up only in the form of this humorous narrative that gave us the term “utopia”.
  • Tribune européenne

    • Le casse-tête de la fiscalité en Europe. Apple et l'Irlande : un cas exemplaire - Jean-François Drevet p. 87 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Jean-François Drevet analyse, dans cette tribune, les enseignements à tirer de la décision rendue fin août 2016, par la Commission européenne, concernant les aménagements fiscaux dont Apple a bénéficié en Irlande, exigeant de la multinationale le paiement d'une amende de 13 milliards d'euros au profit de Dublin. Comme il le montre bien ici, d'une part le montant de cette amende est loin d'être aberrant au regard de ce qui se pratique en matière fiscale en Europe ou aux États-Unis ; d'autre part la réaction (hostile) de l'Irlande à l'égard de cette décision témoigne du poids des enjeux économiques et sociaux sous-jacents aux pratiques fiscales des États membres de l'Union à l'égard des grandes entreprises. Dans un contexte de concurrence et de surenchère en matière d'attractivité fiscale, on en arrive à des situations tellement inégalitaires à l'égard de l'impôt entre les ménages européens et les entreprises, voire entre les entre prises elles-mêmes, qu'elles pourraient faire douter de la volonté des gouvernements de privilégier le bien commun. Afin d'enrayer ces pratiques et de faire en sorte que les entreprises qui font des bénéfices sur le sol européen versent des contributions fiscales normales, en rapport avec ces bénéfices, il est indispensable que l'Union s'attache à mettre de l'ordre dans la fiscalité européenne. S.D.
      In this column, Jean-François Drevet analyses the lessons to be learnt from the European Commission's decision of late August 2016 on Apple's taxation arrangements in Ireland, which required the multinational to pay a fine of 13 billion euros to the Dublin government. On the one hand, he shows that the size of the fine is far from abnormal in terms of fiscal practice in Europe and the USA and, on the other, that the (hostile) reaction of Ireland to the decision says much about the economic and social issues underlying the fiscal practices of EU member states towards major companies. In a context of competition and one-upmanship around “fiscal attractiveness”, we are getting into situations with regard to tax that are so unequal between European households and companies — and indeed between companies — that they cast doubt on the will of governments to prioritize the common good. In order to tackle these practices and ensure companies that make profits on European soil pay normal taxes proportionate to those profits, the EU must imperatively commit itself to sorting out taxation across Europe.