Contenu du sommaire : Les cultures des sciences en Europe

Revue Questions de communication Mir@bel
Numéro no 17, 2010
Titre du numéro Les cultures des sciences en Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier. Les cultures des sciences en Europe

    • (Re)penser les sciences et les techniques en Europe - Philippe Chavot, Anne Masseran p. 7-18 accès libre
    • Splendeur et décadence de la vulgarisation scientifique - Bernadette Bensaude-Vincent p. 19-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La vulgarisation scientifique est un concept daté, ancré dans un contexte précis de rapports entre sciences et sociétés. Tel est l'argument développé dans cet article qui souligne le contraste entre la vulgarisation – caractéristique du XXe siècle – et le grand élan de science populaire qui anime le XIXe siècle, d'une part, le modèle émergent de science citoyenne, d'autre part. Ainsi cette contribution tente-t-elle de dégager les présupposés ainsi que les enjeux des différents régimes de communication scientifique et de comprendre le changement de paysage qui s'esquisse à l'aube du XXIe siècle.
      This paper argues that science popularisation is an historical notion, rooted in a specific context of relations between science and society. « Vulgarisation », a notion characteristic of the twentieth century is contrasted with the nineteenth-century movement of popular science, on the one hand, and the emerging model of citizen science, on the other hand. Their respective assumptions and interests at stake will be outlined in order to identify various regimes of science communication and to understand the changes under way in the early twenty-first century.
    • Vers la construction d'un public européen ? - Ulrike Felt p. 33-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant du constat que la politique scientifique et technologique européenne est devenue un acteur clé dans la construction de la société de connaissance, cette contribution étudie le discours politique concernant le complexe « science et société ». Sur la base d'une sélection de documents européens couvrant les dernières décennies, l'analyse repère quatre phases dans le débat : l'information du public ; la sensibilisation des citoyens ; la participation et la gouvernance ; la science dans la société. Pour chacune, l'espace politique sera considéré en termes de champ de luttes cherchant à faire exister « un public » qui correspondrait au projet de l'Europe technoscientifique. Enfin, il s'agira d'identifier les transformations majeures et les continuités implicites ainsi que de s'interroger sur la prise en compte de la diversité culturelle en Europe dans un contexte d'harmonisation.
      Starting from the assumption that science and technology policy have become a key actor in the construction of European knowledge society, this contribution investigates the political discourse on « science and society ». On the basis of a selection of European policy documents covering the last decades, the analysis has made us identify four major discursive strands : informing the public ; raising awareness ; participation and governance ; and finally science in society. In each of these strands, the policy space is considered as a battle ground for giving shape to « a public » that corresponds to the project of a technoscientific Europe. Finally, we will identify major shifts and often implicit continuities and we will wonder how far, in this context of harmonisation, Europe cultural diversity is considered in an adequate way to ensure a stable development.
    • L'optique du sustainable : territoires médiatisés et savoirs visibles - Yves Jeanneret p. 59-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article considère une série de formes de communication qui propagent une formule mondialisée, le sustainable development. Celles-ci sont analysées du point de vue de leur pouvoir de représentation des rapports entre savoirs, espaces et pratiques. La circulation d'une formule-inscription et des panoplies de dispositifs qui la prolongent, l'élaboration d'une vision synoptique des savoirs et de leurs relations, le primat de savoirs gestionnaires et l'omniprésence des outils favorisent la mise en série des initiatives singulières et créent un régime de visibilité associant l'ancrage contextuel des actions à leur visée planétaire. Mais la médiatisation du planétaire – que les événements audiovisuels assurent de façon spectaculaire – concurrence cette approche très pragmatique des outils d'information.
      The paper considers a set of communicational devices that are spreading around the world a mediatic formula, sustainable development. Those communicational tools are analyzed in the eyes of their ability to represent the relations between knowledge, space and practice. The dissemination of a linguistic formula, as a written inscription, the outfit of communicational devices which carry it, the working out of a synoptic view of several kinds of knowledge and the privilege given to management based methods foster a global alignment of individual initiatives in a planetary perspective. But recent media events give a new spectacular style to the public consecration of the planet, to the point of competing with that very pragmatic use of the information tools.
    • Engagement et citoyenneté scientifique : quels enjeux avec quels dispositifs ? - Philippe Chavot, Anne Masseran p. 81-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les espaces de « rencontre science-société » sont animés par des paradigmes de communication qui ordonnent et façonnent les rôles et les relations des acteurs. On pourrait imaginer que le passage d'une approche centrée sur la compréhension et l'éducation aux sciences et aux technologies vers un modèle se focalisant sur l'engagement du citoyen entraînerait une redéfinition de ces rôles et de ces relations. Dans cet article, nous interrogerons la manière dont les paradigmes de communication s'accommodent de ce changement. Pour ce faire, nous nous appuierons sur le matériel recueilli et analysé dans le cadre d'un programme européen, ce qui permettra de dégager des tendances qui traversent plusieurs types de dispositifs de médiation.
      The places of encounter between science and society are driven by communication paradigms that construct and shape the roles of actors and their relations with each other. One may think that the move from an approach based on the understanding and the education to science and technology to the model of citizen engagement would lead to a redefinition of these roles and relations. This paper will question the way the communication paradigms adapt to this change. It is based on data collected and analysed in the frame of a European program. Several tendencies that are visible in different communication apparatus will be described.
    • Se confronter à l'engagement : discussion autour de trois perspectives critiques - Alan Irwin p. 107-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant du constat que les pratiques de « communication des sciences » et de « gouvernance scientifique » tendent progressivement à se recouvrir, cette contribution se propose d'explorer les réponses que les chercheurs en sciences sociales – et d'autres acteurs – apportent aux projets européens d'engagement public dans le domaine de la science. Trois initiatives britanniques sont brièvement présentées : le débat national sur les aliments génétiquement modifiés, l'inclusion de « profanes » dans des comités scientifiques consultatifs, et les tentatives d'anticipation des réactions de la société face aux nanosciences et à la biologie de synthèse. Trois perspectives analytiques et politiques sont ensuite exposées : l'analyse « sceptique » aux yeux de laquelle de telles initiatives seraient surtout symboliques et légitimatrices ; la perspective « transitionnelle » pour laquelle elles constitueraient une étape nécessaire mais insuffisante dans le développement de la culture scientifique et politique ; enfin, nous proposons une interprétation « performative ». On conclura par une réflexion plaidant contre l'évaluation réductionniste des initiatives d'engagement.
      Starting from the observation that “science communication” and “scientific governance” have become partly merged processes, this paper sets out to explore how social scientists and others might respond to current European initiatives in public engagement with science. Three British initiatives are briefly presented: national debate over genetically modified foods, the inclusion of lay members on scientific advisory committees, and attempts to anticipate societal responses to the nanosciences and synthetic biology. Three analytical and policy perspectives are then presented. Firstly, the “sceptical” view that such initiatives are essentially tokenistic and legitmatory. Secondly, the “transitional” perspective that these are a necessary but insufficient stage in the development of scientific and political culture. Finally, a “performative” interpretation is proposed. The paper concludes with an argument against the reductionist evaluation of engagement initiatives.
    • Le réseau des cellules souches : une installation pour communiquer les sciences sociales - Maja Horst p. 129-150 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution rend compte de l'élaboration d'une installation (spatial installation) ayant pour objet la médiation de la recherche d'un groupe d'étude danois spécialiste des aspects sociaux, culturels et éthiques des recherches sur les cellules souches. Cette installation a été imaginée comme un jeu de société de 80 m2 où les visiteurs traversent un ensemble des salles conceptualisant de façon particulière les recherches sur les cellules souches. Dans chacune des salles, les visiteurs sont confrontés à différents dilemmes et questions et s'impliquent physiquement pour indiquer leurs préférences ou apporter leurs réponses. Cette installation a été conçue pour que les visiteurs expérimentent les principes de base de la théorie de l'acteur-réseau. Seront d'abord présentées les raisons qui ont conduit à concevoir cette installation comme une tentative de médiation dialogale de la recherche. Ensuite, l'installation sera décrite et, dans une dernière partie, les résultats et enseignements tirés de cette expérience seront discutés.
      The paper reports from the creation of a spatial installation designed to communicate the research of a Danish group of social scientists investigating the social, cultural and ethical aspects of stem cell research. The installation was designed as a 80 m² « gaming board », where visitors would pass through a number of different rooms each contextualizing stem cell research in a particular way. In each of these rooms, visitors would encounter different dilemmas and questions and be asked to engage by physically marking their preferences or answers. Theoretically, the installation was based on Actor-Network-Theory and the installation was designed to let visitors experience the basic axioms of this theoretical framework. The paper starts with an account of the motivation for making the installation as an effort to do dialogical research communication. Subsequently, the paper describes the installation and the last section discusses the outcomes and learning points of the experimental work with the installation.
    • Thinking (afresh) about Science and Technology in Europe - Philippe Chavot, Anne Masseran accès libre
  • Echanges

    • La mondialisation culturelle par-delà le prisme de la diversité culturelle - Jean Tardif p. 151-168 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La mondialisation pose un défi à la pensée et à l'action. Cette rupture instauratrice se laisse difficilement saisir dans sa complexité par les spécialisations disciplinaires, tout comme elle semble ne pouvoir être maîtrisée par les instruments politiques et économiques adaptés aux réalités antérieures. La crise actuelle en fournit un révélateur par son caractère multidimensionnel. À cet égard, les échanges publiés dans les livraisons 13 et 14 de Questions de communication est instructif : tout en présentant une diversité de points de vue, il illustre la difficulté de croiser des perspectives différentes. La culture fournit un référentiel intéressant : invoquée trop souvent en termes de qualificatifs qui permettent de se replier sur des aspects singuliers concernant les beaux-arts, les industries culturelles, « l'exception culturelle », le divertissement, etc. Lorsque l'on accepte de la considérer comme le système symbolique qui constitue une société et la distingue des autres, c'est dans la mesure où elle épouse le moule « national » qui en serait la seule expression politiquement acceptable. La diversité culturelle est invoquée pour défendre la légitimité des politiques nationales. Ces prismes ne permettent pas de déchiffrer le paradigme du nouvel écosystème symbolique émergeant de la mondialisation culturelle qui affecte la capacité de socialisation de toutes les cultures existantes. On peut en voir les incidences dans le débat sur l'identité nationale amorcé en France et qui ne pourra être fructueux sans expliciter les liens dialectiques entre identité et culture, ainsi que la façon dont ces processus symboliques sont affectés par la mondialisation culturelle. Pour comprendre et vivre la mondialité, il faudra sans doute sortir de la perspective occidentalo-centrée, soi-disant universelle, pour connaître et intégrer d'autres points de vue – asiatiques notamment – qui permettront de composer avec les exigences du pluralisme culturel comme seul fondement réaliste du vivre ensemble.
      Globalization poses great challenges for thought and action. This is because it is a multidimensional process of creative destruction that cannot easily be understood through the prisms of individual academic disciplines. Moreover, because it cannot be regulated by traditional political and economic tools alone, it cries out for inventive new politics. The current economic crisis is simultaneously political and cultural. The collection of articles on cultural globalization published in issues 13 and 14 of Questions de communication presents different perspectives which illustrate these difficulties and the barriers to real discussion and exchange on the subject. Debate about culture very often shifts grounds to consider very specific aspects of culture such as fine arts, the cultural industries, the « exception culturelle », entertainment, etc. Considering a broader concept of culture as the symbolic system which constitutes a society and differentiates it from others,seems to be possible and politically acceptable, only by looking at the « national » mold. However, this multitude of prisms and definitions of culture do not allow us to decipher the deeper paradigm of the new symbolic system that is being generated by cultural globalization which affects the socializing power of every localized culture and consequently the ways in which they in turn constitute basic identities. In fact, because of globalization, culture is now a matter of realpolitik. Thus it is quite impossible to understand the world from a western-centered perspective on its own. We need also to acknowledge other perspectives, notably Asian, to make sense of and cope with the complexities of today's cultural pluralism which constitutes the political foundation of living together.
    • Féminin/masculin : question(s) pour les SIC - Marlène Coulomb-Gully p. 169-194 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Venant provisoirement clore le débat engagé par la revue Questions de communication sur le développement actuel des études de genre, cette contribution revient sur quelques points fondamentaux de cette réflexion : ainsi du binôme « sexe et genre » qu'il confronte à celui de « genre et sexualités », et de l'apport de la pensée du genre à la théorie des savoirs, l'exemplarité de la démarche intellectuelle mobilisée par cette approche constituant une contribution décisive à toute réflexion épistémologique. Il s'efforce enfin de poser quelques jalons méthodologiques pour l'étude des médias définis comme une « technologie de genre ».
      This paper reconsiders a number of points that appear fundamental to the reflection on gender studies which has featured in the journal Questions de communication and to which it offers a provisional conclusion. It compares and contrasts the two binomials « sex/gender » and « gender/sexualities » and examines the important contribution of gender theory to epistemology. Finally, it seeks to pave the way for a methodological approach to the study of the media as a « technology of gender ».
    • Pour une interdisciplinarité « focalisée » dans les sciences humaines et sociales - Patrick Charaudeau p. 195-222 accès libre avec résumé
      À une époque où il est beaucoup question de pluridisciplinarité ou d'interdisciplinarité alors que, parallèlement, le système institutionnel et une certaine corporation de chercheurs ne prennent en considération que des études monodisciplinaires technicistes au nom de la scientificité, je propose d'interroger la notion même d'interdisciplinarité à la lumière de certains travaux qui s'en réclament. La question est abordée par le biais de quelques problématisations qui sont susceptibles de rendre compte de la façon dont peuvent être décrits les phénomènes sociaux à travers certaines pratiques analysantes. M'interrogeant d'abord sur ce qui constitue une discipline, je voudrais tenter de pointer, en tant que sémiologue et analyste du discours, ce que devraient être les conditions d'une interdisciplinarité, et montrer comment celle-ci peut être mise en œuvre dans le champ de l'analyse des phénomènes de communication.
  • Notes de recherche

    • La panique médiatique entre déviance et problème social : vers une modélisation sociocognitive du risque - Divina Frau-Meigs p. 223-252 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La contribution analyse les paniques médiatiques à partir de la théorie du risque (Ulrich Beck, Anthony Giddens, Zygmunt Bauman) et des approches cognitives sur la socialisation des jeunes aux médias (Divina Frau-Meigs). Elle place les paniques médiatiques en relation avec des modèles plus amples de paniques morales et montre leur spécificité dans les cadrages de la déviance et de la construction publique des problèmes sociaux. En s'appuyant sur quatre exemples universels de paniques médiatiques – autour de la violence, la pornographie, la publicité et l'actualité – elle offre un nouveau modèle, « l'amplification de dilemme et l'engagement médiatique » qui prend en compte les diverses communautés d'interprétation et les stratégies des acteurs impliqués dans le processus de panique. Elle examine le rôle spécifique des médias et examine le processus « cosmopolitique » (Ulrich Beck) qui provoque ces « peurs liquides » (Zygmunt Bauman) que sont les paniques, dans la mondialisation. Elle conclut en soulignant le besoin d'une gouvernance médiatique globale.
      This paper analyzes media panics from the social perspective of risk theory (Beck, Giddens, Bauman) and the cognitive perspective of media socialization (Frau-Meigs). It sets media panics within the larger models of moral panics and shows their specificity within frameworks of deviance and public construction of social problems. Taking four universal examples of media panics, around violence, pornography, advertising and news, it offers a new model, « the amplification of dilemma and media engagement » that takes into account the different communities of interpretation and the strategies of the various actors implicated in the panic process. It examines the specific role of media and concludes with an examination of the cosmopolitical process at work with such liquid fears as media panics, within globalization. It concludes with a need for global media governance.
    • « La forme, c'est le fond  ». La « Une  » comme outil marketing de « modernisation  » de la presse quotidienne - Nicolas Hubé p. 253-272 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis les années 90, la presse quotidienne française multiplie les rénovations graphiques. En soi, pourtant, une nouvelle formule n'est pas quelque chose d'inédit. Mais, ces « adaptations  » sont désormais réalisées dans un but stratégique  : gagner des nouveaux lecteurs. Ce n'est qu'à partir de ces réformes que la première page d'un quotidien devient, en France, la « Une  », véritable vitrine du journal, chargée d'attirer le lecteur par sa diversité, par le choix des photos ou des illustrations, par des titres plus courts. La « Une  » apporte désormais une « valeur ajoutée  » à la qualité du journal. « La forme, c'est le fond1  » explique la direction de la rédaction du Monde en 1996. Pour faire face à la crise, les rédactions font appel à deux groupes de professionnels qui vont amener avec eux ce discours  : des managers de presse et des professionnels du graphisme. Mais ces changements de forme ont aussi des effets sur l'organisation du travail de ce journalisme de communication.
      Since the 1990s, French quality press has been considerably modifying its design and content. “New formulas” are realized with audience oriented and managerial goals. French quality journalism changes its discourse. The frontpage becomes a showcase for the newspaper, not made-up to inform the readers but, on the contrary, supposed to attract them with the diversity of the news offer and of the illustrations. “Design is content”, as the former chief editor of Le Monde wrote in a comment in 1995. But these design modifications have also impacts in the news production. Non-journalistic staffs (managers and marketing experts) have been employed to face the crisis and to propose new solutions. These design reforms have changed the organization of the newsgathering in order to “rationalize” the copy-flow. This rationalization has also impact on the way journalists work.
    • Journalisme et études culturelles : de nouveaux positionnements de la recherche française ? - Nicolas Pélissier p. 273-290 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir défini les fondements et champs d'application d'une analyse culturelle du journalisme, nous montrons comment un courant de recherche en sciences humaines et sociales inspiré par cette approche s'est développé outre-Atlantique puis outre-Manche depuis les années 30. Dans les pays anglo-saxons, l'expansion de ce courant a conduit à une convergence épistémologique, mais aussi à un rapprochement institutionnel entre media and journalism studies et cultural studies. Cette convergence a suscité un réel dynamisme des travaux académiques. En France, la recherche inspirée par l'analyse culturelle du journalisme apparaît moins développée et plus disparate, mais elle a le mérite d'exister, notamment sous d'autres appellations et portée par des auteurs qui ne la revendiquent pas en tant que telle. Mais, si son développement peut être perçu comme lent et inégal, il semble inopportun d'évoquer un « retard français », dans la mesure où les contextes culturels et politiques dans lesquels évoluent les deux sphères académiques sont très différents. Certes, la recherche française pourrait utilement s'inspirer des expériences académiques menées dans d'autres pays comparables qui réfléchissent, depuis plus longtemps et de façon plus active, aux interactions « médiaculturelles » mais elle gagnerait aussi, en sens inverse, à mieux se valoriser dans une communauté scientifique internationale qui la connaît mal ou de façon caricaturale.
      Having defined foundations and fields of application of a cultural analysis of the journalism, we show how a trend of inquiry in social sciences inspired by this approach developed across the Atlantic then across the Channel since the 1930s. In the anglo-american countries, the expansion of this paradigm drove to an epistemological convergence but also an institutional linkage beetween Media and Journalism Studies and Cultural Studies. This convergence aroused a real dynamism of the academic works. In France, the works inspired by the cultural analysis of the journalism seems less developed, but it has the merit to exist, in particular under other naming by authors who do not claim it as such. But if its development can be perceived as slow and unequal, it seems inconvenient to talk about a « French delay », as far as the cultural and political contexts in which evolve both academic spheres are very different. Certainly, the French inquiry could usefully be inspired by academic experiments led in the other comparable countries, which have thought about the issue for a longer period of time and in a more active way about the media-culture interactions. But it would so, the other way around, win to value better in an international scientific community which knows it badly or in a caricatural way.
    • Gustave Courbet, reporter ? - Denis Ruellan p. 291-312 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article examine la thèse selon laquelle le journalisme d'information se serait annoncé dans d'autres espaces, en particulier dans la peinture de Courbet, avant d'envahir la presse. Il repère chez le peintre cinq caractères qui peuvent aussi être mobilisés pour désigner l'invention du reportage : une licence civique (il ose dire), la présence de l'auteur dans le discours de l'œuvre, l'insertion de la pratique dans un marché concurrentiel, le travail d'intelligibilité laissé au récepteur, et une relation à la fois proche et lointaine au politique.
      This article examines the proposition that journalism would have been announced in other areas, especially in the painting by Gustave Courbet, before invading the press. It identifies five traits in his work that can be mobilized to describe the invention of reporting. Civic license (he dares to speak), the presence of the author contained in the speech of the work, the inclusion of practice in a competitive market, the intelligibility work left to the receiver, and a relationship both near and distant from politics.
  • Notes de lecture