Contenu du sommaire : La modernité littéraire dans l'Allemagne divisée

Revue Germanica Mir@bel
Numéro no 59, 2016
Titre du numéro La modernité littéraire dans l'Allemagne divisée
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • ‪Modernité Est/Ouest : réceptions et résistances‪ - Bénédicte Terrisse, Werner Wögerbauer p. 7-17 accès libre
  • ‪Le Nouveau Roman, pierre de touche de la modernité littéraire‪ - Solange Arber p. 19-32 avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine la réception du Nouveau Roman dans l'Allemagne divisée. Rupture radicale avec les formes romanesques traditionnelles, le Nouveau Roman s'est tôt fait connaître au-delà des frontières de la France comme un phénomène à la pointe de la modernité littéraire. Sa réception en RFA est marquée par le désir de s'associer au mouvement, comme le montrent les tentatives du Feuilleton de trouver le « nouveau romancier allemand » en la personne d'Uwe Johnson. En RDA, les œuvres de Nathalie Sarraute, Michel Butor, Alain Robbe-Grillet et Claude Simon rencontrent un écho tardif et limité ; on constate néanmoins que le pays du réalisme socialiste se saisit du Nouveau Roman pour poser la question de la modernité littéraire. La comparaison des réactions en Allemagne de l'Est et de l'Ouest met en lumière ce qui réunit les deux pôles de l'espace germanophone, puisqu'ils reprochent tous deux au Nouveau Roman une vision du monde manquant d'humanisme.

    ‪This article examines the reception of the Nouveau Roman in East and West Germany. The radical way these authors broke with the traditional forms of the novel ensured them early on to be known outside of France as leading figures of literary modernism. The reception of the Nouveau Roman in West Germany is characterized by a wish to join the movement as shown by the attempts of the ‪

    ‪Feuilleton ‪

    ‪to find in Uwe Johnson the « German Nouveau Romancier ». In the GDR the works of Nathalie Sarraute, Michel Butor, Alain Robbe-Grillet and Claude Simon met with a late and limited response, but this response reveals that the country of socialist realism dealt with the Nouveau Roman in order to confront the question of literary modernism. A comparison between the reactions in West and East Germany sheds light on what unites the two German states, since they both take issue with the Nouveau Roman's lack of humanism.‪
  • ‪Quelques aspects des relations entre avant-garde et modernité dans le contexte de l'Allemagne divisée : le cas des dadaïstes vieillissants‪ - Agathe Mareuge p. 33-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette contribution porte sur les liens entre modernité et avant-garde dans l'espace germanophone après 1945, plus exactement sur les phénomènes d'auto-historicisation auquel se livre l'avant-garde dada dans sa production tardive. Ce geste historiographique contradictoire – Dada était contre toute histoire et contre toute théorie – se double d'un second paradoxe : la réappropriation de la modernité littéraire par ces mêmes dadaïstes vieillissants, alors que toute tradition était « taboue » dans les années dix et vingt au nom d'un principe de table rase. Ce phénomène a lieu principalement à l'Ouest, non par affinité politique ou idéologique, mais par désir d'accéder à un plus large lectorat, sans pour autant donner lieu à une institutionnalisation ou à une canonisation de l'avant-garde dada : on constate plutôt, dans un mouvement inverse, une avant-gardisation de l'institution littéraire. La perspective des dadaïstes est complétée par un aperçu de leur réception par la nouvelle génération, notamment en RDA, largement méconnue par rapport à la réception de Dada à l'Ouest dans les années cinquante et soixante. L'avant-garde dada (mais aussi surréaliste, futuriste et constructiviste) est reçue conjointement à la modernité poétique et permet la transmission d'un avant-gardisme compris comme travail critique et subversif de la langue.

    ‪This paper addresses the relationship between modernism and avant-garde in the German-speaking area after 1945, especially the self-historicization of the Dadaists themselves in their late work. This contradictory historiographic practice – originally, Dada was against history as well as against theory – is combined with another paradox: the reappropriation of literary modernism by the ageing Dadaists, while the reference to a tradition was still a taboo in the 1910s and 1920s. This phenomenon occurs mainly in the West, neither for political nor ideological reasons, but because the Dadaists wanted to reach a larger readership. However, it did not lead to an institutionalisation or a canonisation of the Dadaist avant-garde, but rather to an avant-gardisation of the literary institutions. The perspective of the Dadaists is completed by an overview of Dada's reception by the new generation of poets in the GDR, which is less studied than in West Germany. The literature of the Dada avant-garde (as well as surrealism, futurism and constructivism) is received together with poetic modernity and allows the transmission of avant-gardism as a critical and subversive work on language.‪
  • ‪Lectures marxistes de La Mort de Danton (Büchner) : interprétations de Georg Lukács et Hans Mayer autour de 1935 et leur réception en RDA‪ - Laetitia Devos p. 51-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine la réception du Nouveau Roman dans l'Allemagne divisée. Rupture radicale avec les formes romanesques traditionnelles, le Nouveau Roman s'est tôt fait connaître au-delà des frontières de la France comme un phénomène à la pointe de la modernité littéraire. Sa réception en RFA est marquée par le désir de s'associer au mouvement, comme le montrent les tentatives du Feuilleton de trouver le « nouveau romancier allemand » en la personne d'Uwe Johnson. En RDA, les œuvres de Nathalie Sarraute, Michel Butor, Alain Robbe-Grillet et Claude Simon rencontrent un écho tardif et limité ; on constate néanmoins que le pays du réalisme socialiste se saisit du Nouveau Roman pour poser la question de la modernité littéraire. La comparaison des réactions en Allemagne de l'Est et de l'Ouest met en lumière ce qui réunit les deux pôles de l'espace germanophone, puisqu'ils reprochent tous deux au Nouveau Roman une vision du monde manquant d'humanisme.

    ‪This article presents the interpretations of Georg Büchner's play, ‪

    ‪Danton's Death‪

    ‪ (1835), by two leading Marxist philologists named Georg Lukács and Hans Mayer. Grappling with a play of surprising modernity for its time and whose relevance continues to this day, both urge readers to reflect not only on the dawn of the French Revolution in 1789, but also its demise a decade later. In light of the antifascist climate, the critical analyses of exiled party intellectuals Lukács and Mayer aim to “right” the image of a writer they deem to have been “wronged” by the Nazis, as well as reveal the breadth of his works. Withstanding all overly rigid interpretations, Büchner's drama caters to a tee to the curiosity of the period's intellectual community in pursuit of a dialectical view of history. Despite East Germany's attempt in vain to keep these two interpretations at bay, Lukács and Mayer enabled Büchner to emerge, yet again, the spiritual father of Modernity in the decade preceding the collapse of the GDR.‪
  • ‪Karl Wolfskehl et la modernité poétique‪ - Sonia Schott p. 67-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En 1892, après que Karl Wolfskehl a rencontré Stefan George, le chef de file du symbolisme allemand, il publie des poèmes et des textes en prose dans Les Feuilles pour l'art (Die Blätter für die Kunst), la revue que Stefan George édite avec C. A. Klein, et il est également l'un des premiers membres du cercle autour de Stefan George, le « George-Kreis ». Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, Wolfskehl part en exil en Italie puis en Nouvelle-Zélande où il demeure jusqu'à sa mort en 1948. L'objet de cet article – qui traite de l'ensemble de l'œuvre avant l'exil – est de mettre en lumière les textes poétologiques et les poèmes de Wolfskehl afin de cerner sa compréhension de la modernité poétique que l'on peut dans son cas assimiler au symbolisme. On s'efforcera ce faisant de dégager les principales caractéristiques de l'art poétique wolfskehlien.

    ‪The poet Karl Wolfskehl was a well-assimilated German-Jew but he had to move to Italy then to New Zealand when Hitler was appointed Chancellor of Germany in 1933. He was a friend of Stefan George and belonged to the George-Circle. In literary history and literary criticism, the early George-Circle belongs to symbolism. This paper will focus on Wolfskehl's poetological texts and poetry and intends to explore how the poet understood and experienced the literary modernity.‪
  • ‪Paul Celan ou les affres de la modernité‪ - Clément Fradin p. 83-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Paul Celan (1920-1970) ne figure pas, loin s'en faut, au panthéon des « modernes ». Ce n'est pourtant pas faute d'avoir engagé un dialogue exigeant avec les auteurs dits de la « modernité », comme l'a montré R. Colombat dans une suite d'études sur ce point qui concluent à la complexité de la position poétologique celanienne si on s'en tient aux coordonnées usuelles de la critique littéraire. On peut légitimement espérer retrouver le fil plus immédiat de la perception de la « modernité » celanienne en remontant aux recensions journalistiques de deux de ses œuvres – Mohn und Gedächtnis (1952) et Atemwende (1967) – situées aux extrêmes de sa vie d'auteur. En montrant que celles-ci tendent finalement dans les deux cas à nier la charge de réalité portée par les poèmes, que ce soit par l'assignation au surréalisme ou à l'obscurité congénitale de la poésie, nous en arrivons à dégager un principe poétique celanien qui y répond : « l'actualité ». Loin de refuser la réalité, Celan développe une poésie profondément référentielle et ancrée dans l'époque, au point qu'on peut y retrouver un aspect réellement « moderne », la réflexivité, ce que deux poèmes non-publiés de janvier 1969 viennent souligner, faisant suite à la lecture par Celan d'une critique, sérieuse, de son œuvre.

    ‪Paul Celan (1920-1970) does not belong, by far, to the pantheon of « modern » authors, and this despite his efforts towards a demanding dialogue with the presumed « moderns » as stressed by R. Colombat in a series of articles on this precise matter which conclude to the complexity of Celan's poetological position in regard of the usual coordinates of literary criticism. One can rightly expect to find a more immediate perception of Celan's alleged « modernity » when going back to the journalistic reviews of two of his books – ‪

    ‪Mohn und Gedächtnis‪

    ‪ (1952) and ‪

    ‪Atemwende‪

    ‪ (1967) – which are situated at the far extremities of his author's life. In both cases those reviews eventually tend to deny the load of reality carried by the poems as they assign them either to surrealism or the congenital obscurity of poetry which finally leads us to bring out a celanian poetical principle in answer to it : “actuality”. Far from escaping reality, Celan develops a deeply referential poetry which roots in its time so that one can find a truly “modern” aspect in it, reflexivity, as shown in two unpublished poems of 1969 which follow Celan's reading of an academic critic of his work.‪
  • ‪‪Eine Kiste, deren Inhalt nicht mehr zugänglich ist – Wolfgang Hilbigs Roman ‪ ‪Das Provisorium‪ ‪ und sein Umgang mit der Shoah‪‪ - Florian Gödel p. 99-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À maints égards, la shoah joue un rôle central dans Das Provisorium de Wolfgang Hilbig, elle semble même être la condition de l'existence provisoire du protagoniste tiraillé entre la RDA et la RFA. Même après la chute du Mur, il ne parviendra plus à retrouver la sérénité. La Shoah représente une tache obscure derrière les souvenirs d'enfance lointains, derrière les idéologies qui l'ont utilisée pour interdire toute critique, et en même temps le protagoniste voit en elle la seule vérité du xx e siècle qui, pour le reste, est un siècle de mensonges. Elle devient ainsi pour l'écrivain la légitimation de son écriture. Il en résulte que la shoah occupe une fonction poétologique dans Das Provisorium de Hilbig. Avec Adorno, elle devient la justification nouvelle des écritures de la modernité littéraire. Hilbig ne reprend pas simplement à son compte ce raisonnement, il le soumet lui aussi à la critique. Mais c'est par là qu'il trouve un nouvel accès au mythe, même si son contenu ne lui est plus accessible. De même que la shoah est remplacée par le monde de mensonges qui lui succède mais sur lequel elle continue de diffuser ses effets subversifs par sa simple présence, de même Hilbig parvient à écrire une littérature autoréférentielle qui peut et doit rappeler de manière critique à la société les problèmes qu'il lui reste à résoudre.

    ‪In Wolfgang Hilbig's ‪

    ‪Provisorium‪

    ‪ the Shoah attains a central role in many different ways. It seems to be one condition of the provisional life the protagonist bears. He is stuck up between the GDR and the FRG and he cannot get stable even after the German reunification. The Shoah is a gleaming mark behind the distant childhood memories, behind the ideologies that abused it as a prohibition of any criticism. Simultaneously the protagonist identifies it as the only truth of 20th century which apart from that has been a century of lies. Consequentially, the Shoah becomes the legitimation of literary producing and attains thus a poetological function within Hilbig's novel. According to Adorno, the Shoah justifies once again the way of modernist writing. Nevertheless, Hilbig does not simply copy this argument but he interrogates it critically. Therefore he earns a new approach to the myth even though its content is no longer available for him. In the way as Shoah has isolated from the successive century of lies without losing a certain subversive effect by its mere presence, Hilbig is able to create a self-referential literature that still confronts the society with its unsolved challenges.‪
  • ‪‪„‪ ‪und müde bin ich, bin mir selbst / entflohn“. Negative Identitätskonstruktion in Wolfgang Hilbigs Gedichtband ‪ ‪abwesenheit‪ ‪ - Jonathan Scholbach p. 115-127 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le premier volume de poésie de Wolfgang Hilbig, abwesenheit, on rencontre différentes formes d'identités négatives. Notre contribution analyse les moyens poétiques par lesquels le texte construit l'identité de manière négative. On prêtera une attention particulière aux esquisses de l'identité que l'on peut décrire comme la scission cartésienne du moi (et l'aliénation mutuelle) entre une res extensa et une res cogitans. La res cogitans est représentée chez Hilbig par le moi lyrique, qui (pour ainsi dire comme res loquens, « chose parlante ») décrit son corps comme quelque chose de complètement étranger. Des procédés d'ambiguisation servent à Hilbig à potentialiser sur un plan métapoétique les paradoxes d'un Je présent-absent. Le constat d'une construction d'identité négative permet d'élargir le regard vers une poétologie négative implicite selon laquelle la parole poétique est toujours une parole aliénée. La scission duale entre poétique et physique n'est pas résolue chez Hilbig mais exposée comme problème insoluble.
    In Wolfgang Hilbig's first volume of poetry abwesenheit different forms of negative ways of identity concepts are present. The article analyses the poetic means the text is using to construct identity in a negative way. In particular the article sheds light on those conceptualizations of identity which can be described as a Cartesian decomposition (and mutual alienation) of the I into res extensa and res cogitans. The Cartesian res cogitans, which comes as a res loquens, a “speaking thing” in the poetry of Hilbig, is represented by the lyrical I which describes its physical body like an alien. By designing ambiguities Hilbig exponentiates the paradox of the present-absent lyrical I on a metapoetical level. The analysis of the negative ways of constructing identity sets the focus on an implicit negative poetology of Hilbig in which poetical speech is alienated speech. The dualistic decomposition of the poetical and the physical sphere is not dissoluted by Hilbig, but rather issued as an irresolvable problem.
  • La modernité française en RDA : un séminaire au Bundesarchiv

    • ‪Avant-propos‪ - Bénédicte Terrisse p. 131-134 accès libre
    • ‪Paul Verlaine und die Rezeption der französischen Moderne in der DDR‪ - Tilman Schreiber p. 135-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Parmi les auteurs de la première modernité française, Paul Verlaine est le premier dont l'œuvre fasse l'objet d'une édition en RDA en 1970. Cette date de publication précoce, de même que la constance avec laquelle Verlaine est publié dans l'État est-allemand, peut à première vue paraître étonnante, d'autant que l'auteur de Art poétique et de Mon Dieu m'a dit s'écarte des normes poétologiques du réalisme socialiste. Cet étonnement disparaît lorsque l'on associe l'histoire de la réception de Verlaine en RDA avec celle d'avant 1949. À travers ce rapprochement, il apparaît qu'aucune tentative sérieuse n'a été faite dans l'État de RDA pour remettre en cause le statut de classique que le poète français possédait déjà lors de sa fondation. Verlaine était trop solidement ancré dans les histoires culturelles des auteurs et lecteurs de RDA. Les éditions Insel, par exemple, firent certes paraître en 1977 une édition dont l'ambition affichée était de rendre un peu plus objective l'image du poète. Dans de nombreux jugements fondamentaux cependant l'ouvrage restait fidèle à l'image d'un Verlaine « bourgeois », ne faisant, de surcroît, son entrée dans le discours officiel tout au plus comme hypothèse d'interprétation. Au regard de la réception de la modernité en RDA, le « cas Verlaine » montre très clairement qu'il n'est possible de répondre à cette question qu'en se fondant sur une analyse chronologique différenciée de la réception des auteurs.

      ‪Paul Verlaine was the first French poet of the modern age whose works were published in the GDR. On first sight this early publication (1970) and the persistence with which his poems were available in the East German state seem surprising as the author of ‪

      ‪Art poétique ‪

      ‪and ‪

      ‪Mon Dieu m'a dit ‪

      ‪does not fit the esthetical guidelines of the so-called ‚socialist realism'. This circumstance becomes understandable as soon as the history of Verlaine's reception in the GDR is connected with his literary status before 1949. Since the French author was already too firmly established in the educational histories of the East German writers and readers, there were no serious efforts made to deprive him of his status as a classical author. In fact there was an anthology of the ‚Insel' publishing house in 1977 which had the aspiration to ‚objectify' the public perception of Verlaine, but even this edition was based on the ‚bourgeois' image of the French poet at that time. Above that the ‚Insel'-publication became just one equal interpretation within the official discourse concerning the writer. Regarding the East German reception of modern literature in general the ‚case' of Verlaine thus illustrates that this question can only be answered when it is based on a chronological distinction between the authors.‪
    • ‪Die Rezeption des Surrealismus in der DDR: die Anthologie Surrealismus in Paris‪ - Thomas Magnan p. 143-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article présente la réception de l'avant-garde littéraire en RDA à partir d'une anthologie du Surréalisme parue en 1986. L'étude se base sur les expertises préalables à l'autorisation de publication. Elle replace la réception du Surréalisme dans le contexte de la RDA et montre les stratégies et arguments utilisés dans la postface et dans les expertises pour légitimer la publication de l'anthologie.

      ‪The paper presents the reception of the literary avant-garde in the GDR from an anthology of Surrealism published in 1986. The study is based on the expertises for the publishing licence. It replaces the reception of Surrealism in the context of the GDR and shows the strategies and arguments used in the afterword and expertises to justify the publication of the anthology.‪
    • ‪Horizon d'attente et élargissement d'horizon. Réception de l'œuvre de Paul Éluard en ZOS/RDA 1946-1991‪ - Jérôme Okecki p. 149-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On se propose ici d'étudier les tendances qui dominent la réception de l'œuvre de Paul Éluard en RDA, à partir des éditions de ses poèmes, de leur paratexte, et des « Gutachten » (expertises) recommandant leur publication. Cette réception est polarisée par une double focalisation, sur le caractère novateur de la partie surréaliste de son œuvre, et sur le caractère politique de la partie communiste : ce mode de réception présent en France est exacerbé en RDA, où Éluard est condamné sous l'étiquette de « moderniste », et valorisé comme poète du Parti Communiste. La tension entre reconnaissance et condamnation se résout de 1946 à 1953 au profit de la reconnaissance, qui prend la forme d'une canonisation ; par la suite, le « modernisme » est perçu comme une erreur du poète à justifier. La cohérence d'un parcours ainsi polarisé devient un problème. Les critères de valorisation du poète engagé, élaborés pendant sa canonisation (1946-1953), participent de cette manière à la constitution d'un horizon d'attente, dont les acteurs de la réception se voient obligés de satisfaire les exigences, et à partir duquel ils peuvent présenter une vision personnelle d'Éluard en faisant référence à la dimension révolutionnaire de son langage poétique ou en l'intégrant à un projet politique.

      ‪The main tendencies in the reception of Paul Éluard's work in the Soviet Occupation Zone and in the German Democratic Republic (1946-1991) are the object of this study, led on editions of Éluard's poems, their paratext, and ‘‪

      ‪Gutachten‪

      ‪' (assessments) concerning their publication. This reception is polarised by a double focalisation, on the one hand on the innovating dimension of his surrealist work, on the other hand on the political dimension of the communist part. Already present in France, this mode of reception is exaggerated in the GDR, where Éluard is denounced as a “modernist”, and highlighted as the poet of the Communist Party. The tension between this condemnation and this valuation is resolved from 1946 to 1953 in favour of the valuation, taking the form of a canonization; later the poet's “modernism” is perceived as an error that must be legitimized. The coherence of a path to this point polarized becomes a problem. The valuation criteria of the poet's work, developed during his canonization (1946-1953), take part in the construction of a horizon of expectation, of which those taking part in the reception try to meet the requirements, and on the basis of which they may present a personal view on Éluard, by referring to the revolutionary dimension of his poetic language or by making it part of a political project.‪
    • ‪Der tragische Held des Realismus‪ : Zur Rezeption von Louis Aragon in der DDR - Florian Gödel p. 161-170 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Peu d'autres écrivains de la modernité française ont été liés comme Louis Aragon à la RDA pendant toute la durée de son existence. Son œuvre protéiforme, oscillant entre surréalisme, réalisme socialiste et un réalisme dit expérimental, a donné matière à une confrontation vivante, riche et variée dans l'État socialiste allemand. Cela tient entre autres à la personnalité controversée d'Aragon ainsi qu'aux contacts étroits qu'il entretenait avec les élites communistes de la France. Il faut attendre jusque dans les années 1980 pour que, de phénomène politique, Aragon devienne de nouveau un écrivain sur lequel on porte un jugement littéraire largement exempt de considérations idéologiques. Les réactions à son œuvre et à ses apparitions publiques vont de l'analyse objective de son concept de réalisme à la satisfaction presque indifférente à l'égard des attraits littéraires de son œuvre de jeunesse dadaïsto-surréaliste, en passant par le doute émis sur son intégrité personnelle. Notre article entend présenter de manière chronologique les étapes et ruptures principales dans l'histoire de la réception d'Aragon. Pour ce faire, nous aurons en particulier recours aux imprimaturs par lesquels le ministère de la culture a tenté de contrôler le marché du livre en RDA. Le fait que ce soit souvent les mêmes personnes qui interagissent avec les maisons d'édition, les organes de la censure et la recherche scientifique constitue une particularité de cette réception est-allemande.

      ‪During the entire time of its existence, Louis Aragon was probably more intensely in contact with the GDR than the majority of French modernism authors. His oeuvre oscillating between Surrealism, Socialist Realism and a so-called experimental Realism provided the opportunity for a vivid and extensive debate in the Socialist German State. This results also from his pugnacious personality and his close relationship to the communist elites of France. It takes until the 80th that the political issue Aragon again becomes the poet Aragon, who is appreciated for his poetical qualities rather than his ideology. The responses to his work and his public appearance range from factual debates about his concept of Realism and doubts concerning his personal integrity to an almost uninterested pleasure for the literary refinement of his early Dadaist and Surrealist texts. The article tries to show the important steps and breaks within this reception history in the character of a chronological overview. Therefore it investigates in particular the procedure of imprimatur with whom the Ministry of Culture tried to control the book market. The peculiarity of reception in the GDR is the personal overlap between the publishing houses, the institutions of censorship and the scientific research.‪
    • ‪Georges Perec in der Literaturlandschaft der DDR, oder: Die Leerstelle der Shoah in Poetik und Erinnerungspolitik‪ - Gloria Freitag p. 171-179 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution examine la constellation historico-politique qui forme le contexte dans lequel quelques œuvres de Georges Perec sont intégrées au paysage littéraire de RDA, tandis que d'autres ne parviennent pas à obtenir l'imprimatur nécessaire. Dans un premier temps, on mettra en évidence les critères à l'aune desquels les textes sont expertisés. Puis, on considérera ces critères dans le rapport qu'ils entretiennent avec le discours politico-historique de la RDA. Avec Georges Perec, on assiste à la rencontre entre un auteur dont le travail exigeant sur la forme tente de trouver une forme d'expression de la Shoah et un discours du souvenir dans lequel l'expérience de la résistance communiste est privilégiée et où l'assassinat des Juifs d'Europe, au contraire, constitue un blanc. Par son esthétique du blanc, Perec sonde la possibilité de rendre présente dans la forme même la négativité de l'expérience. Ce sont aussi ces formes négatives de l'expérience que la politique culturelle de RDA rejette dans son refus de la littérature de la modernité. Sa conception de la modernité est par conséquent indissociable d'une certaine politique du souvenir, comme on le montrera à partir de la critique du récit autobiographique W ou le Souvenir d'enfance.

      ‪This essay examines the politico-historical constellation in which a part of Georges Perecs' writing was able to become part of the literary landscape of the GDR, while the publication of other parts of his work was not recommended in the so called ‪

      ‪Druckgenehmigungsverfahren‪

      ‪ (“imprimatur process”). Firstly, the criteria, in accordance to which the texts were examined, will be analysed. These criteria will then be put in the context of the politico-historical discourse of the GDR. Georges Perec is an author, whose elaborate work on aesthetic form attempts to give the Shoah a literary expression, and who encountered a discourse of remembrance, which granted a privileged position to the communist resistance, but in which the extermination of the European Jews constituted a void. With his aesthetics of the void Perec attempts to provide a possibility for grasping the negativity of experience through form. It was, however, the GDR's cultural policy to rejected any such negative experiences in its modern literature. The GDR's conception of modern literature cannot be uncoupled from its very specific conception of the politics of remembrance. This will be shown by an analyse of the argumentation within the examination of the autobiographical novella ‪

      ‪W or the memory of childhood‪

      ‪.‪
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