Contenu du sommaire : Gouverner (avec) l'opinion au niveau européen
Revue | Politique européenne |
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Numéro | no 54, 2016/4 |
Titre du numéro | Gouverner (avec) l'opinion au niveau européen |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Gouverner (avec) l'opinion au niveau européen
- Gouverner (avec) l'opinion au niveau européen - Céline Belot, Laurie Boussaguet, Charlotte Halpern p. 8-23
- Public opinion in the EU institutions' discourses on EU legitimacy from the beginnings of integration to today - Claudia Sternberg p. 24-56 Cet article développe une perspective historique de longue durée sur les références, changeantes et concurrentes, à l'opinion publique et à “ce que veut le peuple” dans les discours de légitimation de l'UE et des institutions communautaires, des années 1950 à nos jours. Il rend compte du passage d'une première séquence, où le consensus permissif de l'opinion publique à l'égard de l'intégration européenne est tenu pour acquis, tout en insistant de plus en plus sur la nécessité d'agir sur cette opinion publique et de la façonner, à une deuxième séquence, suite à un tournant important à partir du milieu des années 1970 et surtout des années 1980, durant laquelle toutes les revendications relatives à la légitimité communautaire se fondent sur les attentes des citoyens. Le chapitre suivant dans l'histoire des discours sur l'opinion publique a été marqué par une politisation et une polarisation croissante et incontestable de cette opinion publique. Cette tendance est apparue flagrante dans le contexte des diverses crises – constitutionnelle, de l'Euro, des réfugiés, et plus récemment du Brexit – qui traversent l'UE même si elle commençait à être visible dès le traité de Maastricht et le traité constitutionnel. Désormais, l'équilibre discursif penche irrévocablement en faveur des discours reconnaissant la nature profondément politique des enjeux de la politique de l'UE, plutôt que de ceux visant à les dépolitiser. Le défi consiste alors à développer des mécanismes permettant de canaliser et de concilier des préférences, des intérêts et des identités contradictoires, en reconnaissant ces différences, sans pour autant prétendre les harmoniser.This article offers a long-term historical account of changing and competing references to public opinion and “what the people want”, and of the projected relationship between the two, in legitimation discourses by EU or Community institutions from the 1950s to today. It describes shifts from taking a generally permissive public opinion for granted, over an increased emphasis on the need to act upon and shape it, to a distinct turn, starting in the mid-1970s and in full swing by the 1980s, towards centring any claims regarding Community legitimacy on citizen expectations. The next chapter in the history of discourses around public opinion was marked by the growing and incontrovertible politicization and polarization of public opinion. This came to a head in the context of the constitutional, euro, refugee, and most recently Brexit crises, but was already beginning to show at the times of the Maastricht and constitutional treaties. By now the discursive balance of plausibility has irrevocably been tilted in favour of discourses acknowledging the political nature of the stakes of EU politics, as opposed to de-politicising them. The challenge is to develop mechanisms of channelling and reconciling clashing preferences, interests, and identities, recognising differences without claiming to harmonise them.
- La production d'une opinion publique dans l'espace européen : Le cas du référendum grec de 2015 - Teresa Pullano p. 58-83 Cet article propose une contribution théorique autour de la question du rôle des politiques de citoyenneté européenne dans la formation des préférences des citoyens quant au processus d'intégration européenne. Les politiques de la citoyenneté de l'UE sont ici lues comme un ensemble de processus juridiques et politiques qui produisent un espace politique différentiel à l'échelle de l'Union. À partir de ce modèle théorique, l'article développe des pistes de recherche autour du cas du référendum grec du 5 juillet 2015 concernant les politiques d'aide au gouvernement Tsipras proposées par la Commission européenne.This paper is a theoretical contribition to the question of the role of EU citizenship policies in shaping the preferences of citizens on the process of European integration. EU citizenship policies are here interpreted as a set of legal and political dynamics that produce a differential political space at the scale of the Union. Starting from this theoretical model, the paper develops some research hypothesis on the case of the Greek referendum held on July, 5, 2015, on the economic aid plan proposed by the European Commission to the government of Alexis Tsipras.
- La fabrique d'une opinion publique européenne : Sélection, usages et effets des instruments - Céline Belot, Laurie Boussaguet, Charlotte Halpern p. 84-125 Enquêtes quantitatives et qualitatives, sondages délibératifs, consultations de citoyens, droit d'initiative citoyenne. L'éventail d'instruments permettant de faire surgir une « opinion publique européenne » est aujourd'hui très développé. À partir d'une interrogation sur la production, les usages et les effets des instruments de fabrique de l'opinion publique européenne, cet article entend contribuer aux débats en cours sur le gouvernement de l'UE. L'hypothèse centrale est que ces formes d'instrumentation relevant de la démocratie d'opinion contribuent à la production et la mobilisation de ressources d'informations propres à l'UE. Ces formes d'instrumentation, en sus et en parallèle des dispositifs de participation institutionnelle à destination des citoyens, lui permettent de se doter d'outils de « connaissance de soi » et de développer sa propre capacité de gouvernement, participant ainsi à l'autonomisation de ce système politique par rapport à ses États membres.Quantitative and qualitative surveys, deliberative surveys, citizen consultations, the European Citizens' Initiative... The array of policy instruments allowing the emergence of a « European public opinion » is widely used. This article examines the logics through which it is produced from a public policy perspective, by exploring the development of the European public opinion policy, its usages and effects. In doing so, this paper contributes to current debates about the government of the European Union. It paper assumes that forms of instrumentation in the European public opinion policy domain contribute over time to the production of a specific type of governing resources that is, information resources. These forms of policy instrumentation, combined with institutionalized forms of citizens'participation and representation, enable EU institutions to draw on “self-knowledge” tools which are considered critical for developing the EU's own governing capacity distinct from that of the Member States.
- La réactivité démocratique de l'Union européenne : Plaidoyer pour une approche sectorielle - Renaud Dehousse, Nicolas Monceau p. 126-151 Si de nombreuses études ont été consacrées au lien entre opinion et politiques publiques sur le plan national, notamment aux États-Unis, très peu semblent en revanche s'être penchées sur la question de la réactivité de l'Union européenne. Dans quelle mesure les politiques européennes prennent-elles en compte l'opinion des citoyens ? Les rares études consacrées à ce thème ont mis en évidence un lien entre le volume général de la production législative et l'évolution du soutien à l'intégration. Nous plaidons pour une approche différenciée par secteur, qui nous paraît plus susceptible de mettre en évidence une éventuelle sensibilité aux fluctuations de l'opinion, et mettons en lumière un relatif manque de réactivité dans les secteurs que nous étudions.Whereas a vast literature has focused on the relationship between opinion and public policy at the national level, in particular in the USA, comparatively little attention has been given to the issue of the democratic responsiveness of the European Union. To what extent do EU policies take into account the preferences of citizens? The few studies that have focused on this issue have highlighted a relationship between the overall volume of legislation and the evolution of public support to integration. In this article, we plead in favor of a differentiated approach by policy area, which would allow a more subtle assessment of reactions to opinion shifts, and provide evidence of a lack of responsiveness in the areas under study.
- Comment l'Union européenne fabrique (ou pas) sa propre légitimité : Les politiques européennes et leurs effets-retours sur les citoyens - Claire Dupuy, Virginie Van Ingelgom p. 152-187 Cet article s'inscrit dans la longue lignée des travaux qui s'intéressent à la légitimité de l'Union européenne, mais le fait à partir d'une approche centrée sur les politiques publiques : les politiques européennes contribuent-elles à légitimer l'UE aux yeux des citoyens ? Il suggère que les caractéristiques des politiques européennes permettent d'éclairer l'existence même d'effets de légitimation de l'UE aux yeux des citoyens ainsi que la nature de cet effet, définie en termes de légitimation ou de délégitimation de l'UE. Les résultats nous amènent également à insister sur la non-systématicité de ces effets-retours. L'article repose sur la comparaison des politiques sociales, environnementales et agricoles dans cinq pays de l'UE : l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas.The paper tackles the much-debated issue of the European Union legitimacy but adds a twist: it focuses on the public policy-public opinion nexus. Do European policies contribute to building EU legitimacy in citizens' eyes? The paper suggests that EU policies' design partly explains the very existence of a legitimation effect as well as its legitimating or de-legitimating nature. The results lead us to stress on the non-automaticity of these policy feedbacks as policies can have no effect at all. Empirically, the paper is based on the comparison of EU social, environmental and agricultural policies in five countries: Germany, Spain, France, Italy and the Netherlands.
Lectures
- Emmanuel Mourlon-Druol and Federico Romero (eds.), International Summitry and Global Governance. The Rise of the G7 and the European Council, 1974-1991. Cold War History Series, Londres et New York, Routledge, 2014, 256 pages. - Christophe Bouillaud p. 190-195
- Selma Bendjaballah, Des illusions perdues ? Du compromis au consensus au Parlement européen et à la Chambre des représentants américaine, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2016, 172 pages. - Nathalie Brack p. 196-199