Contenu du sommaire : Printemps perdus de Méditerranée (1991-2017)

Revue Confluences Méditerranée Mir@bel
Numéro no 100, printemps 2017
Titre du numéro Printemps perdus de Méditerranée (1991-2017)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Naissance d'une revue - Jean-Paul Chagnollaud p. 9-11 accès libre
    • Méditerranée, Moyen-Orient : les trois états d'une génération - Pierre Blanc p. 13-25 accès libre avec résumé
      25 ans. Une génération. C'est aussi l'âge de Confluences Méditerranée. Nous sommes heureux de cette aventure partagée, stimulante et durable. En 25 ans, la revue n'a jamais manqué une sortie trimestrielle. Avec le présent numéro, nous en sommes donc rendus au centième. Le premier fut publié à la fin 1991, c'est-à-dire à un tournant historique pour le monde et la région : celui de la fin de la guerre froide et du début des négociations de Madrid entre Israéliens et Arabes qui pouvaient permettre d'envisager un avenir meilleur. 25 ans après, nous avons voulu consacrer le numéro 100 au bilan de cette période. Si au début de cette ère nombre de commentateurs et politologues purent imaginer l'avenir en des termes favorables, et si beaucoup de citoyens pouvaient se réjouir d'entrevoir la guérison des fractures du monde, l'espoir né de quelques promesses semble avoir malheureusement laissé la place à l'amertume du constat. En particulier en Méditerranée et au Moyen-Orient où la violence politique, loin d'avoir disparu, a gagné en intensité tandis que les arènes du conflit n'ont jamais été aussi nombreuses.
    • Système politique et paix civile en Algérie - Lahouari Addi p. 27-39 accès libre avec résumé
      Depuis la fin de la guerre civile des années 1990, la situation de l'Algérie demeure précaire en raison de l'incapacité des institutions à accepter l'opposition comme protagoniste du champ de l'Etat dans les Assemblées élues. Refusant de négocier avec les représentants légitimes de la population, l'administration s'enferme dans des pratiques bureaucratiques qui, souvent, mènent à la protestation violente et à l'émeute.
    • Israël : colonisation, brutalisation, radicalisation - Dominique Vidal p. 41-52 accès libre avec résumé
      Relisons les commentaires suscités, voici vingt-cinq ans, par les accords d'Oslo : la paix était à portée de main. Illusion. Après l'assassinat d'Itzhak Rabin, les gouvernements israéliens successifs ont transformé le processus de paix en processus de colonisation. Parallèlement, ils ont fait de leur pays le meilleur élève de la classe néo-libérale, accroissant considérablement les inégalités et contribuant ainsi à la radicalisation à droite d'Israël.
    • 1987-2011 : la résistance populaire non-violente en Palestine prélude au printemps arabe - Bernard Ravenel p. 53-63 accès libre avec résumé
      Entre 1987, début de l'Intifada palestinienne et 2011, déclenchement du « printemps arabe », pendant ce quart de siècle qui correspond presque parfaitement à la période d'existence de Confluences-Méditerranée, la centralité de la cause palestinienne pour le monde arabe s'est traduite par la généralisation d'une Intifada à l'échelle de cette région et même au-delà. Le peuple palestinien avait mis au point et en œuvre une sorte de modèle insurrectionnel non armé, souvent appelé par les Palestiniens eux-mêmes « résistance populaire non-violente », qui fut de fait adopté par des millions de citoyens arabes. Il en résulta un soulèvement populaire sans précédent qui a démontré la volonté des peuples d'accéder à une modernité démocratique.
    • Retour sur vingt-cinq ans de relations incertaines entre Israéliens, Egyptiens et Palestiniens - Dima Alsajdeya p. 65-77 accès libre avec résumé
      L'Égypte a toujours préconisé son rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien pour satisfaire ses intérêts nationaux et faire prévaloir son image de puissance régionale et sa place d'interlocutrice auprès des Américains. De ce fait, elle opte depuis 1991 pour des postures qui oscillent entre paix froide, médiation et paix stratégique. En effet, d'une relation de méfiance à une coopération stratégique, les rapports égypto-israéliens ne cessent de s'améliorer tandis que le lien, pourtant historique, entre les Égyptiens et les Palestiniens ne fait que s'affaiblir. Afin de mieux comprendre cette mutation quasi-constante des postures égyptiennes vis-à-vis des Israéliens et des Palestiniens, cette contribution se propose d'en dresser une vue d'ensemble sur les vingt-cinq dernières années.
    • Le Liban 27 ans plus tard : sortie de guerre ? - Karam Karam p. 79-88 accès libre avec résumé
      Il y a bientôt trente ans, le Liban sortait de façon incertaine d'une guerre meurtrière. A un moment où le Proche Orient est en prise à de multiples conflits, K. Karam revient sur la trajectoire que le pays connait depuis lors, d'abord sous tutelle syrienne puis, depuis 2005, dans un contexte de blocages politiques et institutionnels multiples. Alors que le Liban est touché au premier chef par la guerre en Syrie, pour la première fois dans l'après-guerre est élu un Président de la République bénéficiant d'une base partisane (octobre 2016). Ceci le conduit à mettre l'accent sur trois logiques faussement paradoxales : d'une part, derrière le regain de langages communautaires, il met plutôt l'accent sur le renforcement d'une formule de gouvernement « de consensus », où les partis politiques accentuent leur mainmise sur les communautés ; d'autre part, alors que l'époque est à l'oraison funèbre des Etats, il montre au contraire comment l'Etat libanais se consolide, y compris dans des fonctions régaliennes classiques ; enfin, au lieu de considérer les mobilisations souverainistes de 2005 comme le prélude des printemps arabes, il souligne comment l'entente de ceux qui s'affrontent dans l'arène partisane – et parfois à l'échelle régionale – joue comme un plafond de verre tant pour les mots d'ordres civils que pour les revendications sociales qui traduisent la détérioration des conditions de vie des libanais et des syriens, irakiens, palestiniens qui ont pu y trouver refuge.
    • L'échec du nationalisme kurde : fragmentation, partisanisation, milicisation - Adel Bakawan p. 89-100 accès libre avec résumé
      Cet article ne cherche pas tant à examiner les diverses théories du nationalisme, ni les circonstances dans lesquelles les acteurs nationalistes kurdes sont arrivés au pouvoir, que d'étudier l'expérience étatique de ces acteurs. En 2017, le nationalisme kurde en Irak souffle la vingt-sixième bougie de son expérience au pouvoir. Pour mettre en perspective ces vingt-six années, nous proposons une grille d'analyse à trois niveaux : la fragmentation politique, la partisanisation sociétale et la milicisation des forces armées. Notre hypothèse est celle d'une implosion du Gouvernement Régional du Kurdistan à moyen terme.
    • 25 ans de politique extérieure turque : la quête de sens stratégique - Didier Billion p. 101-110 accès libre avec résumé
      La Turquie est indéniablement l'un des pays qui s'est affirmé dans la région au cours des vingt-cinq dernières années. Poursuivant la longue quête d'identité qui caractérise l'élaboration de sa politique extérieure, différentes séquences se sont succédées sans pour autant jamais remettre en cause la sourcilleuse détermination d'Ankara de toujours préserver son indépendance et sa souveraineté nationales et d'utiliser la rente stratégique procurée par sa situation géopolitique. Les évolutions observées ne semblent pas remettre en cause ces fondamentaux.
    • Chypre : trop de négociations ont-elles tué la négociation ? - Gilles Bertrand p. 111-121 accès libre avec résumé
      En dépit de 41 « initiatives de paix » entre 1955 et 2014 – et d'une 42e depuis mai 2015 – et de trente-sept années de négociation (sur cinquante-trois) depuis 1964, les négociations pour une paix durable à Chypre n'ont pas abouti. Six Secrétaires généraux de l'ONU (sans compter l'actuel) et leurs nombreux représentants et envoyés spéciaux ont échoué sur ce dossier. Pourquoi ? Le conflit est-il trop complexe voire insoluble ? Les acteurs (et pas seulement les décideurs) chypriotes, grecs et turcs sont-ils trop attentistes, maximalistes voire bloqueurs ou gâcheurs des négociations ? Le Secrétariat général de l'ONU est-il trop insistant voire obstiné à vouloir qu'un accord soit conclu ?
    • Les Balkans ne sont pas guéris - Christophe Chiclet p. 123-133 accès libre avec résumé
      En 1991, les Balkans ont commencé à connaître un nouveau séisme comme ils en ont connu d'autres avant. Les premières élections libres dans l'espace yougoslave ont conduit progressivement à la guerre civile. Depuis la fin de la guerre en 1995 qui sera suivie par un nouvel épisode tragique au Kosovo en 1989-1999, rien n'a vraiment été solutionné, sinon le retour à une très fragile stabilité. Les économies et les institutions demeurent souvent livrées aux prédateurs. Qui plus est le repli communautaire est marqué. Le risque de nouvelle explosion est loin d'être écarté.
    • Pays arabes du Golfe : deux décennies de basculements - Agnès Levallois p. 135-146 accès libre avec résumé
      Les pays du Golfe ont connu d'importants changements depuis 1990 date de l'invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein et ils sont confrontés à de nombreux défis. Sur le plan intérieur, la baisse du prix du pétrole remet en question l'Etat providence tandis que les groupes radicaux tels qu'al-Qaïda dans la péninsule arabique et Daesh mettent en cause la légitimité de ces pouvoirs. Inquiètes des mouvements de contestation qui se sont exprimés en 2011, les pétromonarchies ont craint des répercussions sur leur stabilité et s'inquiètent du rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans la région et se rapprochent de la Russie.
    • L'Iran depuis la fin de la Guerre froide : l'impossible quête d'une « démocratie islamique » - Clément Therme p. 147-157 accès libre avec résumé
      Après la fin de la Guerre froide (1991), on assiste à un premier aggiornamento des révolutionnaires iraniens islamistes sur la question de l'identité de leur Révolution. Plusieurs raisons expliquent ce questionnement : d'abord, la fin de la Guerre froide pose la problématique de la légitimité populaire de la théocratie islamiste dans une ère où la démocratisation apparaît comme l'horizon indépassable des systèmes politiques ; ensuite, avec la fin de la Première Guerre du Golfe (1980-1988), l'indispensable reconstruction économique du pays requiert une large participation de la population ; enfin, la réussite des réformes nécessite une détente dans les relations internationales du pays : ce sera donc la promotion du dialogue des civilisations à partir de 1997. Finalement, le fonctionnement autoritaire va perdurer ensuite. Cet article vise à clarifier les caractéristiques du paradoxe iranien : échec de la démocratisation du système politique théocratique et persistance d'un libéralisme persan.
    • Les islamistes ont-ils évolué ? Retours critiques sur une idéologie résiliente - Haoues Seniguer p. 159-175 accès libre avec résumé
      L'islamisme, qui est une forme exacerbée de politisation de l'islam, a généralement pour synonyme islam politique. Ce courant idéologique, aussi bien de l'islam sunnite que de l'islam chiite, a connu des mutations plus ou moins importantes depuis ses origines (première moitié du XXe siècle), et ce, suivant les acteurs individuels et collectifs concernés, les contrées et les périodes données. Si évolution(s) il y a par rapport à certaines questions et modes d'actions autrefois employés (renoncement dans bien des cas à la lutte armée et acceptation de l'ordre institutionnel établi), l'islamisme comporte cependant des invariants qui n'ont pas complètement disparu, y compris au sein des mouvements légalistes. Aussi, leur pragmatisme politique, consistant à s'adapter aux contraintes systémiques, n'équivaut pas ipso facto à un renoncement effectif à l'exercice d'une forme d'hégémonie culturelle et religieuse là où ils prospèrent, au premier chef dans les sociétés majoritairement musulmanes. C'est pourquoi il est possible encore à ce jour de repérer quelques intersections idéologiques entre mouvements islamistes légitimistes et mouvements islamistes plus radicaux.
    • Projet euro-méditerranén, une nécessaire reconstruction - Jean-François Coustillière p. 177-188 accès libre avec résumé
      Vingt ans après le lancement du processus de Barcelone, la Méditerranée souffre d'une situation qui s'est régulièrement dégradée pour connaître aujourd'hui conflits armés, déroutes économiques et régimes enkystés. Seule au Sud la Tunisie, peut-être, poursuit son rêve démocratique. Le projet d'un partenariat global aux ambitions partagées de paix et de prospérité n'est plus de mise. Confrontée à de multiples ingérences de puissances étrangères à son espace, la Méditerranée est-elle en mesure d'imaginer de nouvelles voies de coopération et de progrès vers une croissance inclusive et sereine ?
    • Les réfugiés palestiniens depuis 1991 : entre marginalisation et vicissitudes - Sylviane de Wangen p. 189-200 accès libre avec résumé
      Depuis 1991, la situation des réfugiés palestiniens dans les pays arabes du Moyen-Orient n'a cessé de se dégrader. Apatrides pour nombre d'entre eux, sans statut protecteur, leur place dans la société d'accueil, leur perception par la société palestinienne et au niveau international, leur niveau de vie et leurs perspectives personnelles semblent aujourd'hui dans une impasse. Cet article revient sur des événements qui ont jalonné ces 25 dernières années tendant à marginaliser de plus en plus les réfugiés palestiniens au Moyen-Orient et mettant en lumière leur extrême vulnérabilité. Il reprend une réflexion ouverte depuis longtemps par des responsables palestiniens et des chercheurs sur cette question des réfugiés. Après la reconnaissance de l'État de Palestine dans les frontières sur les lignes d'armistice de 1949 par l'assemblée générale de ONU en décembre 2012 et de plusieurs de ses organisations spécialisées dont en premier lieu l'Unesco (dès 2011), des perspectives nouvelles peuvent-elles s'ouvrir pour ces réfugiés ?
  • Variations

    • La pensée politique arabe : profane ou religieuse ? - Georges Corm p. 203-225 avec résumé
      Cet essai constitue une tentative de présentation de la grande diversité de la culture arabe et des différentes étapes à travers lesquelles la pensée politique arabe s'est développée depuis le règne de Mohamed Ali en Égypte au début du XIXe siècle, jusqu'à nos jours. Ce panorama des différentes écoles de pensée politique montre l'impact de l'environnement géopolitique, en constante évolution, sur les penseurs arabes. Il montre également que les tentatives d'analyse de type essentialistes et de compréhension des « structures de l'esprit arabe », sous le prisme d'un seul facteur, à savoir la structure de la théologie musulmane et de ses lois (charia), sont vouées à l'échec et tendent à appauvrir la richesse, tant de la culture, que de la pensée arabe.
  • Note de lecture - p. 229-234 accès libre