Contenu du sommaire : Addictions

Revue Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions Mir@bel
Numéro vol. 8, 2002/2
Titre du numéro Addictions
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial

  • Articles

    • Processus de marginalisation et risque pour le VIH chez les utilisateurs de drogues par injection - Nancy Côté, Lina Noël, Gaston Godin, Michel Alary p. 7-27 accès libre avec résumé
      L'objectif de l'étude visait l'exploration des situations à risque pour l'emprunt du matériel d'injection ainsi que les représentations sociales du partage dans la vie quotidienne des utilisateurs de drogues par injection (UDI). Les données ont été recueillies auprès de 16 UDI du programme d'échange de seringues de Québec à l'aide de la technique d'entretien semi-directif. L'analyse de contenu, centrée sur l'affiliation à un réseau de consommateurs, sur la proximité du milieu de la consommation, sur la dépendance rapportée face à sa consommation ainsi que sur l'insertion relationnelle et les représentations du partage, a permis d'identifier des caractéristiques d'UDI et des zones de risques pour la transmission du VIH dans un parcours marqué par la double problématique de la désaffiliation et de la toxicomanie. L'article souligne le fait que tous les UDI ne s'exposent pas aux mêmes risques de transmission du VIH et n'ont pas la même motivation à se protéger. Aussi, les interventions en prévention du VIH devraient cibler les UDI selon leur niveau de risque et leur motivation à adopter des comportements préventifs.
    • Les analyseurs d'un symptôme antisocial : Proposition de traitement psychodynamique du lien causal dans le passage à l'acte violent lié au passage à l'acte toxique - Daniel Derivois p. 29-46 accès libre avec résumé
      À partir des modèles causals, des modèles corrélationnels et du modèle conceptuel intégratif (S. Brochu) qui expliquent la relation drogue/crime dans une perspective phénoménologique et systémique, l'auteur propose de faire du passage à l'acte violent sur l'autre lié au passage à l'acte toxique sur soi un seul et même symptôme antisocial. Ce symptôme est décomposé en différents analyseurs (l'agir, l'addictif ou le répétitif, le transgressif, l'agressif, le toxique, le culturel) qui font chacun apparaître un aspect spécifique de la problématique et qui préfigurent les prémisses d'un nouveau modèle psychodynamique complémentaire axé sur le lien originaire.
    • Alexithymie et substances psychoactives : revue critique de la littérature - Florent Farges, Servane Farges p. 47-74 accès libre avec résumé
      Le concept d'alexithymie (étymologiquement: absence de mots pour exprimer les émotions), depuis sa description par Sifneos en 1973, suscite un intérêt croissant chez les cliniciens et les chercheurs. Depuis une quinzaine d'années de nombreux travaux s'intéressent aux liens entre alexithymie et consommation de drogues et alcool. Néanmoins, le statut de l'alexithymie est l'objet de controverses et ce concept n'a pas, à l'heure actuelle, de positionnement théorique et clinique clairement défini. Cet article propose, dans une première partie une synthèse du concept d'alexithymie, puis dans un deuxième temps, au travers d'une revue critique de la littérature, précise les données épidémiologiques actuelles concernant les rapports entre alexithymie et substances psychoactives.
    • Le test des comportements addictifs - David Vavassori, Sonia Harrati, Anne-Marie Favard p. 75-96 accès libre avec résumé
      Alors qu'autrefois les addictions ne concernaient que des comportements liés à une substance, aujourd'hui les travaux tendent vers l'étude d'un certain nombre de comportements dits addictifs. Malgré les avancées théoriques et empiriques, les outils dont dispose le chercheur ou le psychologue pour évaluer les addictions restent très spécifiques et s'appliquent seulement à l'évaluation de la dépendance à une substance. Nous avons alors construit un outil «général» standardisé à partir des critères de la définition de Goodman (1990) et du DSM-IV afin d'évaluer la dépendance soit à une substance soit à un comportement, le Test des Comportements Addictifs (T.C.A). Applicable quel que soit le comportement de dépendance, le Test des Comportements Addictifs présente comme avantage l'utilisation combinée d'une échelle standardisée, d'un entretien semi-structuré et du graphe dimensionnel afin d'avoir une approche tridimensionnelle à la fois quantitative, qualitative et graphique. L'objectif de cet article consiste à présenter la construction et l'utilisation de cet outil.
    • Complexité psychopathologique du phénomène d'addiction réévalué avec des concepts psychosomatiques et métapsychologiques - Gérard Pirlot p. 97-118 accès libre avec résumé
      L'on ne peut, aujourd'hui, se passer d'une théorie psychosomatique (psychanalytique) des conduites addictives. D'une part parce que les addictions mettent en jeu le corps, comme les somatisations, d'autre part parce que dans chacune de ces pathologies le fonctionnement psychique se trouve être assez proche: défaut du préconscient, difficultés de représentation verbale des émotions, dépression essentielle, défaut de constitution des autoérotismes (psychiques). La différence majeure est, bien souvent, dans une attitude d'inhibition de la violence agressive dans les somatisations (répression) alors que cette inhibition (répression) peut être levée par le recours aux comportement d'addiction. Enfin, la présence de «Pathologie organique post-abstinence» (POPA) sera la preuve clinique de cette nécessaire théorisation psychosomatique des addictions.
    • Améliorer la qualité de la prise en charge des usagers de drogues en prison ? : Le difficile équipement d'une innovation - Christelle Stupka, Jean-Yves Trépos p. 119-138 accès libre avec résumé
      S'appuyant sur l'idée que les dépendances tirent profit des différentes formes de cloisonnement entre les catégories d'acteurs intervenant en prison, un petit groupe de travailleurs sociaux a mis sur pied un réseau transfrontalier qui s'est fixé pour objectif de réduire le développement de la toxicomanie en prison par la réduction des principaux malentendus entre les acteurs concernés (surveillants, psychologues, psychiatres, infirmiers, travailleurs sociaux, etc.). On peut décrire cette initiative comme une innovation, fondée sur des ressources psychosociologiques (le but est la constitution d'une «équipe», comme conséquence d'une philosophie systémique) et soutenue par un équipement de formation original. Au cours de leurs rencontres, les participants belges, français, luxembourgeois et néerlandais de ce réseau découvrent les problèmes culturels et professionnels que posent les aspects sécuritaires, sanitaires et sociaux de leur travail. C'est ainsi que l'équipe, comme métaphore devant ultérieurement se traduire concrètement dans des situations locales, doit faire face à des questions inattendues de politesse, de confiance et de secret. C'est peut-être là que réside l'aspect le plus innovateur de ce réseau: croire que des changements sont possibles par l'«activation» de personnes qui ne s'y destinent pas.