Contenu du sommaire : Police et jeunes issus de l'immigration, sous la direction de Juliette Minces

Comment la justice des mineurs, la police et l'Éducation surveillée conçoivent et appliquent une politique de prévention, comment évaluer l'efficacité des actions menées, telles sont les questions que pose le rapport du CRN dont nous publions des extraits. On trouvera en annexe l'exemple de deux départements - le Nord et la Seine-Saint-Denis - où la prévention a trouvé un terrain favorable à son développement, et une étude comparative de l'attitude opposée de deux communes de la Seine-Saint-Denis vis-à-vis des Tziganes.

Dans certaines cités de banlieue où règne "un ordre non inscrit dans les principes de la légalité républicain, le risque de déviance vers le non-droit existe. Cette situation résulte de choix, d'une part en matière d'urbanisme - le tissu urbain a été brisé par la concentration en périphérie d'immenses cités à logements sociaux -, d'autre part du fait de l'usage de la force publique. Pour y remédier, la CFDT préconise une utilisation et une répartition différentes des policiers, ainsi que la définition par tous les partenaires d'une ville des besoins en matière de sécurité...

La FASP, Fédération autonome des syndicats de police , a toujours plaidé pour une police respectueuse des droits fondamentaux des personnes. Dans cette optique, dans l'entretien qu'il a accordé à Juliette Minces, Jean-Pierre Bordier évoque quelques mesures annoncées par cette Fédération pour mettre un terme à l'incompréhension et à l'agressivité qui souvent caractérisent les relations entre policiers et administrés, quelle que soit leur origine. Traitement en profondeur des causes de l'insécurité, comme cela a déjà été fait avec les conseils de prévention, généralisation des conseils de sécurité où doivent être représentés tous les acteurs de la vie publique, immigrés compris, lutte contre les "bavures" et la xénophobie par une meilleure formation, une réelle responsabilisation et une plus grande professionnalisation, mise en place d'un conseil supérieur de l'activité policière indépendant du pouvoir afin de faire la lumière sur toutes les affaires qui touchent à la police, telles sont quelques-unes des propositions de la FASP, destinées à "faire évoluer la police d'ordre vers une police de sécurité".

Nous avons souhaité réunir autour d'une table ronde policiers et jeunes issus de l'immigration. Il nous semblait qu'ainsi pourrait s'ouvrir un débat qui a trop rarement lieu, où chacun pourrait s'exprimer ouvertement. C'est ce qui s'est produit, au cours d'un entretien dont nous publions ici des extraits et qui a permis aux intéressés, non seulement de se mieux connaître, mais encore d'envisager de nouvelles rencontres dans un proche avenir. Les trois policiers, dont le plus âgé a vingt-sept ans, sont tous militants actifs de la Fédération autonome des syndicats de police (FASP) et responsables ou correspondants, dans leurs secteurs respectifs, de groupes "Jeunes" de la police. Quant aux deux "Beurs", ils ont créé une association de jeunes d'origine maghrébine dans une cité de banlieue qui semble connaître un certain nombre de problèmes. Les uns et les autres ont préféré garder l'anonymat. Nous appellerons les policiers : Frédéric, René, Denis et les jeunes Beurs : Karim et Hamadi.