Contenu du sommaire : Laïcité – Diversité, sous la direction de Alain Seksig et Philippe Dewitte

Revue Hommes et migrations Mir@bel
Numéro no 1129-1130, février-mars 1990
Titre du numéro Laïcité – Diversité, sous la direction de Alain Seksig et Philippe Dewitte
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Creil et Berlin - Philippe Dewitte p. 3-4 accès libre
  • I - École, la laïcité à l'épreuve

    • École, la laïcité à l'épreuve - p. 5 accès libre
    • Au cœur de "l'affaire". Un professeur de Creil témoigne - Luis Cardoso p. 7-12 accès libre avec résumé
      Trois jeunes filles qui se rendaient en classe coiffées d'un foulard dit "islamique ont provoqué un débat national sur la laïcité française un siècle après Jules Ferry, sur la place de l'islam en France et même, plus généralement, sur l'intégration des populations immigrées ou issues de l'immigration. Luis Cardoso, qui au collège Gabriel-Havez a vécu "l'affaire" depuis ses prémices et qui avait à l'automne une des adolescentes dans sa classe, retrace les différentes étapes de ce qui est devenu une polémique à rebondissements. En encadré, Alain Seksig évoque un souvenir personnel, presque une fable intime dont la "morale" éclaire encore ses convictions et dont il tire la conclusion suivante : l'appartenance religieuse ressort du domaine privé.
    • Montfermeil, la ville dont le prince n'est pas un enfant. Un entretien avec Michelle Gazal - Alain Seksig, Hafid Mahfoudi, Michelle Gazal p. 13-18 accès libre avec résumé
      Une "affaire" peut en cacher une autre... A l'automne 1989, après des années de guérilla avec le ministère de l'Education nationale et les enseignants de la cité des Bosquets, le maire de Montfermeil décide de mettre hors service public les écoles maternelles qui accueillent contre sa volonté les enfants issus de l'immigration nouvellement installés sur le territoire de sa commune. Une affaire d'exclusion, cette fois-ci au vrai sens du terme. Michelle Gazal, institutrice à Montfermeil, décrit la situation dans laquelle se trouvent désormais les enseignants, et surtout les enfants, de Montfermeil. Elle relate également comment dans le passé elle a eu à faire face dans sa classe à des fillettes voilées. En encadré, Gérard Chauveau, chercheur à l'Institut national de recherche pédagogique (INRP), qui a longtemps travaillé dans la Zone d'éducation prioritaire (ZEP) des Bosquets, rappelle l'obligation pour tous de respecter la règle du jeu de l'école laïque.
    • Les perplexités d'une enseignante - Janine Kohler p. 19-22 accès libre avec résumé
      Entre l'interdiction pure et simple, au nom de la laïcité, de tout insigne religieux et l'acceptation de " petites nations" cohabitant tant bien que mal dans l'école de la République, il existe sans doute un moyen terme, fait de respect de la singularité et de laïcité "éclairée". Une enseignante et une inspectrice départementale de l'Education nationale tentent de comprendre les ressorts d'une "crise" qui a secoué tout le corps enseignant Janine Kohler met l'accent sur la signification profonde du foulard pour des adolescentes en pleine crise d'identité et en appelle au respect des consciences. Denise Guillaume (en encadré) pense, elle, que l'adaptation à l'école, qui ne doit pas se traduire par la négation de l'appartenance culturelle, suppose toutefois une certaine prise de distance avec le milieu d'origine.
    • À l'école, l'intégration : rassembler ou différencier ? - Alain Seksig p. 23-28 accès libre avec résumé
      Depuis une vingtaine d'années, l'Education nationale a expérimenté une série de mesures spécifiques destinées à la scolarisation des seuls enfants d'immigrés. Face à sa philosophie fondatrice (égalité de traitement pour une égalité des chances), le développement de ces structures particulières constituait, d'après Alain Seksig, une manière de défi de l'institution à elle-même... qu'elle n'a pas su maîtriser. Il convient donc de dresser un bilan, de lever les confusions nées des orientations passées, si perceptibles par exemple en ce qui concerne l'enseignement des langues et cultures d'origine.
    • La règle du jeu - Alain Pierrot p. 29-32 accès libre avec résumé
      L'école doit-elle s'interdire le domaine religieux ? Entre la transmission autoritaire d'une "culture laïque" intangible et la prétention des religions à prescrire ce qui peut être enseigné ou non, il y a place pour une éducation présentant les réalités naturelles et humaines de telle façon que chacun soit préparé à une autonomie de jugement. Les valeurs laïques sont destinées à apprendre aux élèves le respect des convictions d'autrui, à substituer la communication aux caricatures réciproques ; ces valeurs s'appellent connaissance, esprit critique, réflexion personnelle.
    • Touche pas à mon école ! - Serge Boulot, Danielle Boyzon-Fradet p. 33-36 accès libre avec résumé
      Contre toutes les idées reçues, l'école remplit sa mission d'intégration. Mais cette réussite va à rencontre des intérêts partisans, institutionnels ou corporatistes de certains secteurs de la société. Au-delà des arrière-pensées qui ont alimenté la polémique de l'automne 1989, les auteurs analysent la philosophie générale des projets qui ont jusqu'à présent présidé à l'élaboration d'une politique éducative en direction des enfants d'origine étrangère et dénoncent certaines pratiques susceptibles de pérenniser un enseignement "ghettoïsé"
    • Différences culturelles et laïcité - Carmel Camilleri p. 37-40 accès libre avec résumé
      La prise en considération, dans l'école, de l'identité et des différences culturelles a provoqué une réaction d'inquiétude chez certains, qui y ont vu une atteinte aux valeurs universelles que l'institution est censée transmettre. Tout en étant un partisan convaincu de l'interculturel, c'est-à-dire de formations où les relations entre individus sont méthodiquement organisées, Carmel Camilleri pense que l'irruption sauvage des différences communautaires reste lourde de menaces, tant qu'on en reste à la forme actuelle de la laïcité. Si une nouvelle laïcité, ouverte aux différences est souhaitable, il faut cependant au préalable intégrer dans la formation des maîtres une initiation à la "pédagogie interculturelle".
    • L'école pourrait être un laboratoire de civilité - Françoise Lorcerie p. 41-46 accès libre avec résumé
      Françoise Lorcerie rappelle qu'il existe à l'école, par nécessité , une pratique de la diversité, c'est-à-dire une "réélaboration" de la laïcité incluant simultanément acceptation des différences et visées universalistes. Parallèlement, Anne-Marie Franchi évoque les positions de la Ligue de l'enseignement concernant la laïcité (voir encadré). Plutôt que "dure" ou "molle", intransigeante ou œcuménique, celle-ci doit avant tout être authentique.
    • Droit à la différence, droit à l'universel, droit au sens - Bernard Charlot p. 47-50 accès libre avec résumé
      Le droit à la différence, credo des années 60-70, s'est révélé depuis lourd d'ambiguïtés. Par ailleurs, à l'heure où les grandes idéologies s'éteignent une à une, notre vision du monde souffre d'un déficit de sens. Or, les deux symboliques qui s'affrontent aujourd'hui, celle de la laïcité dans sa forme originelle et celle de l'injonction religieuse, ne satisfont guère le besoin de sens de nos sociétés modernes. Dans ce contexte, comment répondre à la question centrale suivante : quelle place peut-on reconnaître à la différence culturelle au sein d'une école et d'une société laïques ?
  • II - Intégration et droit à la différence

    • Intégration et droit à la différence - p. 51 accès libre
    • La méthode Coué appliquée à l'immigration - Albano Cordeiro p. 53-58 accès libre avec résumé
      Un événement apparemment "anecdotique" a révélé la profonde ambiguïté des débats de la dernière décennie sur l'intégration (un vocable qui ne revêt pas la même signification pour tout le monde) ; sur la laïcité (un concept qui semblait "aller de soi" il y a encore quelques mois) ; sur l'islam (qu'est-ce que l'islam de France ? Comment est-on musulman dans un pays laïc ? Combien sont-ils ?) ; sur "l'immigration" enfin (un terme qui est devenu pour beaucoup synonyme de "Maghrébin"). Les quatre grands volets qui ont alimenté la querelle de l'automne 1989 sur les "foulards islamiques" (laïcité et école, intégration, islam et intégrisme, droits de l'homme et statut de la femme), sont réexaminés par Albano Cordeiro à la lumière d'un constat simple : il est urgent de définir clairement des notions floues et sujettes à toutes les interprétations, à tous les fantasmes.
    • Cultures dévoilées - Catherine Quiminal p. 59-60 accès libre
    • À propos de l'intégration - Sami Naïr p. 61-64 accès libre avec résumé
      Il ne peut y avoir d'intégration s'il n'y a pas reconnaissance et légitimité des minorités — sociales, culturelles ou religieuses — perçues comme allogènes. Dans le cas des Maghrébins, cette reconnaissance et cette légitimité s'avèrent difficiles pour trois raisons : à cause de l'histoire coloniale encore non réglée dans l'inconscient collectif français ; du fait de la trop grande marginalisation économique de populations qui appartiennent aussi aux couches sociales les plus pauvres ; en raison, enfin, de la différence religieuse qui sépare l'islam d'un Etat laïque dont les principes se sont construits en référence au catholicisme. Travailler sur la mémoire coloniale des Français et des Maghrébins ; lutter contre les ghettos et la marginalisation sociale ; faire en sorte que l'islam s'adapte et s'intègre à la société laïque ; telles sont donc les tâches auxquelles l'Etat, mais plus encore la "société civile" devront s'atteler dans les années à venir.
    • Retours d'un refoulé ? - Suzanne Citron p. 65-68 accès libre avec résumé
      Pour comprendre les enjeux de "l'affaire des foulards" il n'est pas inutile d'effectuer un retour en arrière et de rappeler quelles représentations du monde ont présidé à la construction de la Nation française. Avant les Juifs ou les Italiens, les paysans du Languedoc et les ouvriers parisiens ont dû renoncer à tout ce qui n'était pas la culture dominante. Pour Suzanne Citron, c'est cette idéologie assimilatrice, née sous l'ancien régime, confortée par la tradition jacobine et récemment "refoulée", qui est à nouveau à l'œuvre aujourd'hui.
    • Territoires occupés de la gauche française - Jacques Tarnero p. 69-70 accès libre avec résumé
      L'attitude de la gauche française à l'égard de la "question immigrée" a jusqu'ici été trop souvent dictée par une mauvaise conscience paralysante, par un angélisme aveuglant Les formules incantatoires et la démagogie doivent céder la place à la lucidité, à la mise à plat du passé colonial, à la pédagogie active, si on veut éviter les réveils brutaux qui ont pour nom intégrisme et "tribalisme" d'un côté, racisme et fascisme de l'autre.
  • III - Islams en France, Islam de France

    • Islams en France, Islam de France - p. 71 accès libre
    • Musulmane de France. Un entretien avec Khadra Dilmi - Khadra Dilmi, Alain Seksig, Hafid Mahfoudi p. 73-76 accès libre avec résumé
      «La foi, chacun la porte dans son cœur et quand on est croyant , le principal c'est de pratiquer sa religion le mieux possible. On dit bien que l'habit ne fait pas le moine.» Pour la grande majorité des musulmans de France, l'islam au quotidien est avant tout une règle de conduite, une foi respectueuse des autres. Khadra Dilmi rappelle que tout en étant musulmane pratiquante, on peut vivre pleinement et tranquillement l'islam en adaptant sa pratique religieuse à la société française. En revanche, celle-ci ne semble pas avoir pris en compte un fait sociologique d'évidence : l'islam est désormais la deuxième religion de France. En encadré, Catherine Wihtol de Wenden s'inquiète du rôle joué par les médias. Depuis quelques années, "l'imaginaire de l'immigration" s'est principalement construit autour de l'islam, dont on présente trop souvent les seuls courants les plus intolérants.
    • Immigration : entre l'ignorance et l'incapacité - Hamadi Essid p. 77-79 accès libre avec résumé
      Les rapports entre l'immigration d'origine arabo-musulmane et la population française "de souche" sont marqués par une série de malentendus et d'obsessions récurrentes, liés à notre histoire commune. Hamadi Essid, au nom de la Ligue des Etats arabes, remarque que si les Français connaissent très mal l'Islam, la culture de l'Occident judéo-chrétien — depuis la Bible jusqu'à l'utilisation de la langue française — fait en revanche partie du patrimoine culturel et religieux des Arabo-musulmans, et singulièrement des Maghrébins. Claude Liauzu (en encadré) revient sur cette idée et en conclut que, si l'on veut parfaire l'intégration des populations venues du Maghreb, les représentations fantasmatiques de l'Islam doivent céder la place à une reconnaissance de l'altérité.
    • Y a-t-il place en France pour la culture islamique ? Questions écrites posées à Jacques Berque - Jacques Berque p. 80 accès libre
    • Une autre voix de l'islam - Jacqueline Costa-Lascoux p. 81-86 accès libre
    • Sous le foulard la laïcité - Augustin Barbara p. 87-90 accès libre avec résumé
      L'islam de rite malékite, pratiqué majoritairement par les Maghrébins, s'accommode depuis des siècles des contextes les plus divers pour ses pratiques. C'est avec cet islam-là que la société française doit pouvoir dialoguer, si on veut contenir les extrémismes qui de part et d'autre exploitent les tensions xénophobes à leur profit
    • Vers un Islam français - Michel Roux p. 91-96 accès libre avec résumé
      D'une part l'islam ne connaît pas la laïcité comme principe juridique de séparation entre l'Etat et la religion et d'autre part le mode d'intégration communautaire — tel qu'il existe par exemple aux USA — heurte de front la tradition assimilationniste française. Est-ce à dire qu'il n'y a pas de place pour une représentation sécularisée des musulmans de France ? Michel Roux donne ici son point de vue ponctuel sur "l'affaire des foulards" avant de nous livrer les bonnes feuilles d'un livre à paraître, intitulé : La citoyenneté dans tous ses états.
    • Des voiles ? Mieux, des bandeaux ! - Florence Montreynaud p. 97-100 accès libre avec résumé
      Et si on bandait les yeux des hommes ? De ceux qui ne peuvent pas supporter la vue des cheveux de femmes ? Qui exigent qu'elles portent un voile ? Sur le mode ironique on peut poser des questions graves. C'est ce que fait Florence Montreynaud dans ce récit en forme de fable, où les rôles masculin/féminin sont inversés. En encadré, Juliette Minces analyse les différentes significations du voile. Vestige de la tradition préislamique , instrument de la domination masculine mais aussi moyen de pression politique pour quelques-uns, refus du mode de vie et de pensée des Occidentaux pour d'autres, le voile n'est pas toujours un symbole religieux.
  • Chronologie

  • Annexes

  • La France plurielle. Chronique de la vie associative

  • Livres

  • Théâtre

  • Cinéma/vidéo

  • Colloques

  • Errata : numéro 1127 de décembre 1989 et numéro 1128 de Janvier 1990 - p. 127 accès libre