Contenu du sommaire : Les Africains Noirs en France. Deuxième partie : La vie culturelle, sous la direction de Philippe Dewitte

Vivre en France, lorsqu'on vient de l'Afrique sub-saharienne et donc lorsqu'on a un taux de mélanine supérieur à la moyenne des habitants de ce pays, c'est tout d'abord affronter le regard de l'Autre. Et le miroir déformant tendu aux Africains par l'autochtone de France ne peut être assimilé à n'importe quel racisme : ce n'est ni l'antisémitisme dans sa version anti-dreyfusarde, ni le racisme anti-arabe, avoué, «franc » et parfois violent et ce n'est pas non plus le ségrégationnisme des Américains. Le racisme anti-noir — au début du siècle on disait la «négrophobie» — est plus un subtil mélange de complexe de supériorité, de paternalisme «bon enfant», de préjugés, parfois contradictoires, issus en grande partie de l'histoire française.

Depuis les regroupements nationaux, fondés dans les années soixante et souvent proches des gouvernements des pays d'origine, jusqu'aux petites associations villageoises de ces dernières années, en passant par les fédérations transnationales, les organisations de défense des travailleurs ou de solidarité des résidents de foyer, Moustapha Diop dresse un panorama historique du mouvement associatif négro-africain.

Les Murid sont des membres d'une confrérie sénégalaise initiée au début de ce siècle par shaykh Ahmadou Bamba (1852-1927). Estimé à une centaine de personnes dans les années vingt, le mouvement n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis lors, et regroupe au Sénégal près d'un million de personnes. Depuis trente ans les Murid émigrent en Europe pour des raisons à la fois économiques et «initiatiques».

L'émigration murid ne s'est pas arrêtée en Europe ; en contrepoint de l'article de Moustapha Diop, Victoria Ebin décrit l'installation à New York, au début des années 80, de la confrérie sénégalaise. Celle-ci a trouvé un écho particulièrement favorable auprès des Black Muslims de New York, mais des divergences entre les uns et les autres n'ont pas tardé à voir le jour.

L'accès à l'écrit est un vecteur essentiel de l'intégration, cela semble évident. Mais la participation de stagiaires africains à des cours d'alphabétisation répond aussi à un désir de promotion sociale qui peut parfois entrer en contradiction avec l'attachement à la culture d'origine.

L'expatriation, l'exil en Europe, sont des thèmes récurrents de la littérature contemporaine africaine. Le voyage initiatique ou l'émigration forcée ont ainsi marqué des dizaines d'écrivains. Combat de la tradition et de la modernité, affrontement de deux mondes, de deux logiques, ces aller-retour littéraires reflètent l'état du continent noir et de ses relations avec l'Europe.

Comment le cinéma français a-t-il représenté le Noir, et notamment l'Africain ? Un premier article (Hommes & Migrations n° 1131, avril 1990) explorait les stéréotypes — encore bien vivants pour certains — de la bonne conscience coloniale. Un seul film , mais quel film ! Dainah la métisse de Jean Grémillon, s'écarta à cette époque des sentiers battus de l'idéologie dominante (encadré dans ce numéro p. 4). D'autres évocations plus récentes sont proposées dans le présent article : depuis le regard porté par les cinéastes africains sur l'immigration en France, jusqu'à la manière dont le cinéma français métropolitain envisage les personnages «de race noire».

«Une fois n'est pas coutume. Trois fois pourraient créer une heureuse habitude.» On connaît le récent engouement hexagonal pour la musique africaine, il est plus surprenant de voir cette saison le succès à des titres divers, de trois spectacles ayant «l'Afrique pour théâtre».