Contenu du sommaire : Une autre Allemagne. Migrations et société multiculturelle en RFA, sous la direction de Suzanne Krause

L'immigration concerne aujourd'hui tous les pays au nord des Alpes et à l'ouest de l'ancien Rideau de Fer ; et les questions qui se posent à l'Allemagne (intégration, politique d'asile, lutte contre le racisme et la xénophobie) ne sont pas sans rappeler la situation française. Pourtant, le passé de l'Allemagne, la singularité de son identité nationale, sa vocation de terre d'asile proclamée depuis 1945 ou l'unification récente modifient sensiblement la nature des débats de l'autre côté du Rhin.

En un siècle, l'Allemagne est passée du statut de pays d'émigration à celui d'"importateur de main-d'œuvre". Sans jamais reconnaître officiellement, ni même percevoir, qu'elle était devenue une terre d'immigration, la RFA a pourtant accueilli des millions d'immigrés aux situations bien différentes : depuis les "personnes déplacées" (Umsiedler), les réfugiés d'origine allemande dans l'immédiat après-guerre, jusqu'aux demandeurs d'asile des années 80-90, en passant parles "travailleurs invités" (Gastarbeiter) turcs, italiens ou yougoslaves des années 50-60.

La construction nationale allemande a été le fait du Prince ou de ruptures historiques que le peuple allemand a eu l'impression de subir. Aussi, la conscience nationale est empreinte d'incertitudes et s'est repliée sur l'idée de "peuple naturel". C'est cette conception que l'on retrouve dans le droit relatif à l'acquisition de la nationalité, fondé encore en grande partie sur le "droit du sang". C'est aussi cette conception qui dicte l'attitude politique à l'égard des immigrés "non allemands

L'ancienne RDA n'a pas le monopole de la xénophobie, ni en Allemagne ni dans le reste de l'Europe. Mais une série de facteurs font qu'elle a pris dans les cinq nouveaux Länder une tournure particulièrement inquiétante. L'écroulement d'un système de valeurs connues et rassurantes, l'insécurité sociale qui découle de l'effondrement économique, le complexe d'infériorité des Allemands de l'Est, favorisent la recherche de boucs émissaires, particulièrement chez les jeunes. Et le racisme est encore attisé par la "visibilité" des étrangers, pourtant beaucoup moins nombreux que dans la partie ouest du pays, mais qui étaient restés isolés du reste de la population jusqu'en 1989.

Le témoignage recueilli par Karin Hopfmann, d'un couple de Vietnamiens habitant dans une cité ouvrière de Hohenschönhausen (Berlin "Est"). Q. est arrivé en RDA il y a dix ans, il est traducteur dans une entreprise depuis 1988. H., en RDA depuis 1987, est au chômage depuis 1990. Ils viennent d'avoir un enfant. Ils racontent leur quotidien, leurs craintes, leurs espoirs.

Un bilan - critique - de la politique d'immigration menée de 1980 à 1991, une analyse de la situation actuelle, en particulier de la montée de la xénophobie, et les perspectives qui, selon Liselotte Funcke, devraient être envisagées.

La loi, votée le 26 avril 1990 et entrée en vigueur le 1er janvier 1991, reflète toutes les controverses qui traversent la société allemande par rapport aux étrangers. S'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de cette loi, on peut dès à présent analyser les améliorations apportées à celle de 1965 et réfléchir à ses inconvénients.

La République fédérale d'Allemagne s'enorgueillit de posséder le droit d'asile le plus libéral du monde. Pour Nora Räthzel, la vérité n'est pas aussi rose. Un historique de la remise en cause de ce droit et des arguments avancés par ses détracteurs.

L'économie des pays industrialisés a profondément changé depuis la fin des années 70, elle a engendré une demande de nouveaux travailleurs immigrés et le développement d'un vaste marché du travail illégal. Face à cette nouvelle donne, la politique traditionnelle d'immigration n'est plus en mesure de contrôler les flux de populations, tandis que les tensions xénophobes s'exacerbent au sein de la société, de plus en plus fragmentée socialement et culturellement. Dès lors, comment concilier les impératifs du marché du travail, du devoir d'asile, de l'intégration et de la lutte contre le racisme ?

Initiées par les associations, mes Eglises ou les syndicats, des structures se sont mises en place un peu partout dans le pays pour lutter contre la xénophobie et le racisme, pour venir en aide aux immigrés et aux réfugiés, pour favoriser l'intégration ou pour les représenter auprès des pouvoirs publics. Ici, un panorama critique des initiatives munichoises.

La réussite "littéraire" de Jamais sans ma fille, de Betty Mahmoody, a pris en Allemagne l'ampleur d'un phénomène social. L'IAF, une association de femmes qui défend les intérêts des couples mixtes (cf. encadré p. 49), analyse les fantasmes sous-jacents à cette "fièvre Mahmoody".

Après trente ans d'immigration turque en Allemagne, la scène littéraire et artistique - reflet de la scène politique - ignore la présence d'artistes turcs. Sauf à faire dans la littérature "exotique" ou "l'orientalisme", les auteurs étrangers n'intéressent pas les grands médias. La plupart des publications, œuvres théâtrales, artistiques..., à de rares exceptions, restent dans l'ombre. Une méconnaissance que vivent aussi les autres minorités.

La "société multiculturelle" - une notion en vogue, reprise par les politiques et les journalistes - ne risque-t-elle pas de faire l'impasse sur l'essentiel : la reconnaissance des droits des minorités ethniques, l'accès à la naturalisation et la possibilité de la double nationalité... ? Un plaidoyer pour la citoyenneté et pour une véritable promotion des cultures d'ailleurs.

Préservation du droit d'asile, réforme du code allemand de la nationalité, promotion sociale, culturelle et politique des populations immigrées, lutte contre la xénophobie : le conseiller municipal de Francfort dresse le bilan de son action à la tête du bureau aux Affaires multiculturelles, et défend ses conceptions concernant les flux migratoires et l'intégration.