Contenu du sommaire : Mémoire multiple

Certains jeunes des cités s'approprient la mémoire des crimes racistes et sécuritaires comme patrimoine à défendre contre l'oubli. Ils voient dans sa conservation une manière de dénoncer la désorganisation sociale et l'exclusion dont ils font l'objet. C'est aussi une façon de raviver la rage qui les habite contre l'ordre et la sécurité. Se rappeler les morts, c'est construire l'histoire de sa banlieue, c'est prouver aux yeux du monde des cités avoir payé l'impôt du sang. C'est enfin rester fidèle à son terroir ; à une banlieue qui fait à la fois son malheur et son identité.

En un an se sont multipliés les documentaires ou films de fiction sur deux guerres ou pays oubliés : l'Indochine et la guerre d'Algérie. Un phénomène qui tient à la fois à l'émergence d'un travail historique, à la volonté de la France de (re)découvrir son Empire, au désir de la jeunesse algérienne de savoir ce que fut réellement la guerre d'Indépendance. Reste qu'en France certains discours xénophobes laissent supposer que le travail pour retrouver la mémoire de la guerre d'Algérie n'est pas fini.

Certes la mémoire n'est pas l'histoire, mais l'exemple de la Shoah est révélateur de leur nécessaire conciliation. Seule la mémoire permet de connaître l'histoire des individus, leur réalité, car elle se nourrit de leur vécu, de leur expérience, des témoignages, du souvenir... En cela elle est indispensable à l'élaboration historique.

Plus de 5000 tirailleurs sénégalais et et malgaches, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers après l'armistice de 1940, ont choisi de rejoindre les rangs delà Résistance. Le récit, en particulier dans les Vosges et le Vercors, de quelques-unes de leurs actions trop souvent oubliées.

Si l'historiographie française s'intéresse depuis quelques années à l'histoire de l'exil espagnol en France, elle méconnaît encore l'exode qui se dirigea vers les colonies françaises d'Afrique du Nord. Pourtant ces réfugiés de la dernière heure (ils constituent la dernière vague d'émigration) n'y eurent pas un meilleur accueil qu'en métropole. Leur histoire est celle d'un long et pénible internement qui ne prendra fin qu'en 1943.

Le caractère définitif et irréversible de la migration arménienne, consécutive à la violence du génocide de 1915, a façonné en France des conduites sociales et des modes de vie singuliers, repérables entre autres dans la sphère du travail (spécialisation "ethnico-professionnelle "), dans les modes d'appropriation de l'espace résidentiel (regroupements géographiques). Dans ce contexte, la production d'une mémoire de l'exil témoigne de la volonté de maintenir un lien avec la tradition et le sol natal. Une mémoire revivifiée par les événements récents en Arménie "soviétique".

Pourquoi tant de familles, expulsées de leur domicile, se retrouvent-elles à la rue sans aucune solution de relogement ? Cet été, quelque deux mille personnes en détresse ont soulevé, par leur action, le douloureux problème du logement en Ile-de-France. Affaires à suivre.

Le nombre de travailleurs étrangers ne cesse de croître au Japon. Ce phénomène récent sur l'archipel soulève actuellement un véritable débat médiatique et politique. Le gouvernement nippon, tiraillé entre une pénurie chronique de main-d'œuvre et son refus de rendre légale la présence de travailleurs immigrés, cherche à définir une politique d'immigration.