Contenu du sommaire : Europe horizon 2000

Dans les grands pays européens d'immigration, la présence de populations immigrées venues du Sud et de culture musulmane, ajoutée à la difficulté des pays d'accueil à maîtriser les flux d'entrée, est tenue par des franges croissantes de l'opinion publique pour un nouveau danger. Dans les pays européens du Sud, anciens pays de départ devenus récemment pays d'accueil, l'inquiétude est souvent à la mesure de l'inexpérience du contrôle de l'immigration. Dans le même temps, avec l'ouverture de l'Europe de l'Est, d'autres modèles migratoires se dessinent, suscitant une interrogation croisée sur le double phénomène migratoire Est-Sud. Cette nouvelle donne est à l'origine d'un questionnement nouveau sur l'espace méditerranéen face à une Europe communautaire qui, par ailleurs, se construit.

Pour Albano Cordeiro, la "tradition républicaine française", qui lie citoyenneté et nationalité, fait obstacle à l'élaboration d'une citoyenneté européenne compatible avec des appartenances nationales multiples, ainsi qu'à l'instauration d'une citoyenneté ouverte à tous les résidents, communautaires ou non.

Si la Suède n'a eu recours que tardivement à l'immigration elle a pourtant mis en place rapidement - dès 1975 - une politique originale et novatrice pour l'intégration des minorités. Premier pays européen à accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers, elle a aussi favorisé la promotion des associations immigrées, décidé l'introduction à l'école de l'apprentissage de la langue maternelle... Cette politique en relation avec le modèle de société suédois a permis d'éliminer certaines formes de discrimination. Des mesures dont l'effet pourrait cependant être limité parla dégradation de l'emploi.

La Finlande - qui a toujours été un pays d'émigration - compte au sein de l'Europe l'une des plus faibles populations d'immigrants et de réfugiés : sur 5 millions d'habitants, seulement 0,8 % ne sont pas citoyens de ce pays, soit au total 40 000 personnes, dont 6 000 réfugiés. Une situation qui s'explique par une politique conservatrice envers les étrangers et les réfugiés, et un attrait économique limité.

Dans le fait migratoire européen, l'Autriche occupe une place marginale, d'autant plus qu'elle-même ne se considère guère comme un pays d'immigration. Longtemps elle fut vécue par les migrants comme un premier pays d'accueil ou de transit. Mais force est de constater qu'elle est devenue un lieu d'installation définitive et qu'elle connaît actuellement un accroissement de sa population étrangère. Une réalité dont l'Autriche devra tenir compte bien plus qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent.

L'exemple de l'Australie, pays traditionnel d'immigration, est à tous égards riche d'enseignements : privilégiant dès l'origine une immigration blanche, l'Australie s'est décidée, dans les années 70, à ne plus pratiquer de discrimination raciale et ethnique ; constatant l'échec d'une politique assimilationniste, elle a choisi de s'appuyer sur le multiculturalisme. Ainsi l'expérience australienne, si elle n'apporte pas de réponses toutes faites, peut suggérer des voies possibles, profitables aux Européens.