Contenu du sommaire : Fragments d'Amérique. Migrants et minorités aux USA, sous la direction de Sylviane Diouf-Kamara
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1162-1163, février-mars 1993 |
Titre du numéro | Fragments d'Amérique. Migrants et minorités aux USA, sous la direction de Sylviane Diouf-Kamara |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- D'un modèle à l'autre - Philippe Dewitte p. 3
Fragments d'Amérique
- Une nation de nations - Sophie Body-Gendrot p. 6-7 Tout oppose apparemment les traditions française et américaine en matière d'intégration des migrants et des minorités. Au credo français de la nation unitaire, répond l'ethnicisation des minorités et la prégnance du concept de race aux USA. Tandis que la société française intègre des individus, la société américaine, elle, négocie l'adaptation de groupes ethniques hétérogènes. De même, les Français se méfient beaucoup des effets pervers de l'Affirmative Action, une politique qui prend pourtant tout son sens dans le contexte américain, marqué par de très fortes discriminations, au moins jusqu'aux années 60.
- Chronique américaine : De l'Immigration Act à l'affaire Zoe Baird - Mark J. Miller p. 8-15 La loi de 1990, dite Immigration Act, a sensiblement modifié les conditions d'entrée des étrangers aux Etats-Unis. Par ailleurs , une chronique de la vie politique de 1990 à 1993 montre que, malgré des différences notables et évidentes, les questions relatives à l'immigration commencent à se poser en termes similaires en Europe et aux USA. L'Amérique doit, elle aussi, faire face aux entrées illégales et au travail clandestin ; aux frustrations des classes défavorisées, et en particulier des Noirs, face à la «concurrence» des immigrés sur le marché du travail... C'est dans ce contexte que les émeutes de Los Angeles ont éclaté. Dans le même temps, l'Accord de libre-échange nord-américain annonce à court terme un nouvel afflux de migrants mexicains aux USA. L'affaire Zoe Baird, quant à elle, consacre l'entrée en scène spectaculaire d'une opinion publique qui, jusqu'à présent, était restée absente des débats «techniques» sur l'immigration.
- La crise contemporaine de l'Amérique noire - Manning Marable, ISM-TI p. 16-21 Si trente après le combat de Martin Luther King pour les droits civiques, les Afro-Américains ont enregistré certains succès politiques, ont joué un rôle non négligeable aux élections présidentielles de 1992, en revanche leur statut social, économique et culturel n'a cessé de se détériorer. Un paradoxe qu'analyse Manning Marable et qui le mène à définir ce qu'il appelle «un projet progressiste noir».
- Multiculturalisme : union ou division ? - Sylviane Diouf-Kamara p. 22-28 Depuis quelques années, le multiculturalisme vise à recentrer la culture américaine en tenant compte de ses apports «non européens - non masculins - non blancs - non hétérosexuels». Reste que le multiculturalisme c'est avant tout l'afrocentrisme et que celui-ci se contente parfois d'inverser les schémas ethnocentristes des Européens. C'est ainsi que le multiculturalisme, dans ses aspects les plus positifs, contribue à rétablir la juste place des minorités dans l'histoire américaine et, dans ses aspects les plus extrémistes, tend à devenir un facteur supplémentaire de divisions et de morcellement de la société.
- La politique d'«Affirmative Action» dans le système américain - Martin Kilson, Clement Cottingham, ISM-TI p. 29-35 Par un système de traitement préférentiel, la politique d'Affirmative Action mise en place dans les années 60 vise à permettre un accès égalitaire aux institutions politiques et sociales des groupes qui en étaient exclus jusque là - les Noirs , les Hispaniques... ainsi que les femmes. Un bilan, en forme de défense et illustration, de cette politique.
- La haine en faillite - Sylviane Diouf-Kamara p. 36-39 Ils étaient 5 millions en 1925 ils ne sont «plus que» 5 000 aujourd'hui. Le Ku Klux Klan a perdu un grand nombre de ses membres mais depuis une vingtaine d'années il a aussi gagné un ennemi implacable : le Southern Poverty Law Center.
- L'intégration socio-économique des Hispano-Américains - Marta Tienda, ISM-TI p. 40-47 La population hispanique, en pleine expansion aux Etats-Unis, est loin d'être monolithique : malgré leurs racines linguistiques et religieuses communes, les Hispano-Américains représentent plus de dix-huit nationalités, appartiennent à des milieux sociaux très différents, ne forment pas une force politique unifiée... D'où l'intérêt d'examiner très précisément la diversité socio-économique, démographique et culturelle de cette population ainsi que son impact politique passé et futur.
- Saint-Domingue sur l'Hudson - Jean-Pierre Tailleur p. 48-50 Washington Heights, le quartier nord de Manhattan, à New York, est depuis deux décennies le centre de l'immigration dominicaine aux USA. Devenu la plus grande enclave hispanophone de cette ville , c'est également l'illustration la plus frappante que le melting pot est un mythe plus qu'une réalité pour certains groupes d'Hispano-Américains qui émigrent aujourd'hui aux Etats-Unis.
- Jamaïcains à New-York : Une ethnicité en devenir - Nancy Foner, ISM-TI p. 51-53 Depuis trente ans, de nombreux Jamaïcains se sont installés aux Etats-Unis et en particulier à New York. Découvrant ce que signifie être noir dans ce pays, n'acceptant pas pour autant d'être assimilés aux Afro-Américains, ils sont amenés à développer une nouvelle perception de leur «jamaïcanité», et à affirmer leurs particularismes ethniques.
- Réfugiés haïtiens : le refus. Entretien - Jocelyn Mc Callan, Sylviane Diouf-Kamara p. 54-56 vis des réfugiés haïtiens s'est caractérisée ces dix dernières années par le refus. Notamment celui des boat people qui bravent la mer des Antilles pour se réfugier ou tenter de se réfugier en Floride. Pour essayer de faire changer cette politique s'est créée en 1981 la National Coalition for Haitian Refugees (Coalition nationale pour les réfugiés haïtiens). Son directeur exécutif, Jocelyn Mc Callan, fait ici le point.
- Anciens et nouveaux migrants chinois - Bernard P. Wong, ISM-TI p. 57-62 Si la première vague migratoire des Chinois aux États-Unis date de la fin du XIXe siècle, c'est surtout avec l'adoption en 1965 du New Immigration Act que les Chinois arrivèrent massivement. Ces derniers immigrants diffèrent considérablement des premiers : ils viennent des zones urbaines, arrivent avec leurs familles, ont pour certains une bonne formation scolaire ou professionnelle, pour d'autres - en particulier ceux originaires de Hong Kong ou de Taïwan - des fonds à investir. Des atouts qui expliquent la réussite économique de cette communauté que certains n'hésitent pas à qualifier de «minorité modèle».
- Les Indo-Américains, un groupe en pleine expansion - Murugappa C. Madhavan, ISM-TI p. 63-67 résidant aux Etats-Unis, 815 000 personnes en 1990, est globalement plus diplômée et plus active que les autres groupes de migrants, et même que la moyenne nationale américaine. Très concentrée dans quelques Etats, majoritairement constituée de citadins, fortement présente au sein des professions libérales, son insertion économique et sociale est en très bonne voie, tandis que son intégration politique et culturelle reste en partie à faire.
- Juifs «soviétiques» : une adaptation réussie - Rita J. Simon, ISM-TI p. 68-70 La récente immigration des Juifs soviétiques représente une nouvelle «success story» pour les Etats-Unis. Les réfugiés soviétiques y sont arrivés riches d'un grand capital humain et se sont révélés être un atout considérable pour leur pays d'adoption. Un bilan qui découle de trois enquêtes menées au cours des années 80, et qui s'intéresse aussi bien à l'intégration économique et sociale qu'à l'adaptation culturelle des nouveaux venus.
- L'ethnicité symbolique : Un supplément d'âme pour l'Amérique blanche - Mary C. Waters, ISM-TI p. 71-74 Selon le recensement de 1990, 90 % d'Américains déclarent avoir des racines ethniques. Pour les Américains blancs d'origine européenne, cette affirmation d'une identité ethnique est considérée comme positive. En effet, se dire d'ascendance irlandaise, italienne ou grecque... est vécu comme un «supplément d'âme» par ces Américains de la classe moyenne parfaitement intégrés. Un choix individuel dans lequel ne se reconnaissent pas toutes les minorités, pour qui l'ethnicité n'est pas sans répercussion sociale, n'est pas toujours choisie délibérément, autrement dit n'est pas que symbolique.
- Amérindiens : la nouvelle donne - Sylviane Diouf-Kamara p. 75-78 Ce fut la révélation du recensement de 1990 : le nombre des Indiens des Etats-Unis a augmenté de près de 38 % en dix ans. Ils sont aujourd'hui deux millions, membres de 493 tribus et sous-groupes. Signe de vitalité, de «bonne santé» physique, économique et culturelle ? Tant s'en faut. La réalité est plus complexe et moins optimiste que les statistiques ne le laissent penser.
- Une nation de nations - Sophie Body-Gendrot p. 6-7
Hors dossier
- La presse libanaise exilée à Paris - Amir Abdulkarim p. 80-85 La France a toujours été un pôle d'attraction pour la presse libanaise. Aussi avec le déclenchement de la guerre en 1975, de nombreux journalistes libanais sont-ils venus à Paris et y ont créé toutes sortes de publications. Mais contrairement aux autres journaux étrangers, cette presse s'intéresse peu à la communauté libanaise vivant en France, elle est surtout destinée à un marché extérieur : le monde arabe. Une presse en exil, donc, plus qu'une presse de l'immigration, mais qui, par son importance (une quinzaine de titres qui tirent de 15 000 à 90 000 exemplaires), par les relations qu'elle entretient avec la France et les pays arabes, mérite qu'on s'y attarde.
- Dénomination et identité : le cas de la diaspora tamoule en France - Geetha Ganapathy-Doré p. 86-91 Le nom — ce qu'il signifie, le moment de son attribution, son mode de transmission — sont des éléments essentiels de l'identité culturelle. Or, les Tamouls, Franco-Pondichériens ou réfugiés du Sri Lanka, sont confrontés en France à un mode de dénomination tout à fait différent du leur. D'où une acculturation brutale et les chocs psychologiques qui peuvent en découler.
- Exclusion et insertion sociales - Dan Ferrand-Bechmann p. 92-94 Comment France, pays de la solidarité et des politiques sociales, a-t-elle pu produire tant d'exclus ? Si les acteurs du social — professionnels, militants, élus, enseignants... —, tentent de remédier à cette situation, ceux qui devraient être les premiers intéressés par la lutte contre l'exclusion - les usagers des services sociaux, les immigrés, les entreprises, ... - sont trop souvent laissés en marge de la réflexion et de l'action quotidienne.
- La presse libanaise exilée à Paris - Amir Abdulkarim p. 80-85
Chroniques
Vie associative
- A Montreuil, des femmes-relais - Elisabeth Chikha p. 96-101 Dans la salle d'attente de la consultation de gynécologie de l'hôpital de Montfermeil, une femme maghrébine va et vient. Elle salue les patientes, entame la conversation, prépare les entretiens avec le médecin, les accompagne parfois dans le cabinet de consultation. Elle est une des femmes-relais qui avec plusieurs autres, dans la cité des Bosquets, assurent des permanences non seulement à l'hôpital mais aussi au centre de PMI. Le grand mot pour qualifier leur travail, c'est l'accompagnement. De l'accompagnement en matière médicale, cette aide s'est rapidement étendue à toute une gamme de services, allant des démarches administratives au dialogue avec l'institutrice... 2 700 actions d'accompagnement en 1992... Elles réalisent à la fois un travail d'aide sociale et d'interprétariat, de la langue comme des usages français. Elles sont les intermédiaires indispensables entre les interlocuteurs français et leurs consœurs immigrées.
- A Montreuil, des femmes-relais - Elisabeth Chikha p. 96-101
Livres
Romans
- Mohammed Berrada, Abdellatif Ghouirgate et Yves Gonzales-Quijano (trad. arabe) : Le jeu de l'oubli, 1993 - Dhoukar Hédi p. 102-103
- Georges Corm : La mue : Récit fantastique, 1992 - Dhoukar Hédi p. 103-105
Nouvelles
- David Mourao-Ferreira ; M.-C. Vromans et Françoise Laye (trad. portugais) : Soleils masqués - da Silva Gérard p. 105-106
Poésie
- Tahar Bekri : Les Chapelets d'attache, 1993 - Déjeux Jean p. 106
Bibliographie
- Alec G. Hargreaves : La littérature Beur. Un guide bio-bibliographique, 1992 - Déjeux Jean p. 107
Histoire
- Benjamin Stora : Ils venaient d'Algérie. L'immigration algérienne en France, 1912-1992, coll. «Enquêtes», 1992Aide-mémoire de l'immigration algérienne. Chronologie. Bibliographie, 1992Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962), «Repères», 1992 - Dewitte Philippe p. 107-108
- Jean-Pierre Biondi, Gilles Morin (collab.) : Les anticolonialistes (1881-1962), (Les hommes et l'histoire), 1992 - Dhoukar Hédi p. 108-110
- Charles Rizk : Les Arabes ou l'histoire à contresens. Le monde arabe aujourd'hui, 1992 - Dhoukar Hédi p. 110
- Suzanne Citron : L'histoire de France autrement, 1992 - Dewitte Philippe p. 110-111
Catalogue
- Anne-Claude Lelieur (dir.), Kofi Yamgnane (préf.) : Négripub. L'image des Noirs dans la publicité, 1992 - Dewitte Philippe p. 111-112
Islam
- Connaissance de l'Islam, 1992 - Dhoukar Hédi p. 112-114
Maghreb
- Ahmed Moatassime : Arabisation et langue française au Maghreb, 1992 - Déjeux Jean p. 114-116
Cinéma
Écrans noirs
- Finzan. Film malien de Cheick Oumar Sissoko - André Videau p. 117
- Djembéfola. Film franco-guinéen de Laurent Chevallier - André Videau p. 118
- Toubab Bi. Film sénégalais de Moussa Touré - André Videau p. 118-119
- Les Blancs ne savent pas sauter. Film américain de Ron Shelton - André Videau p. 119
- Décembre 1992 - janvier 1993 en France. Chronologie établie à l'aide du "Panorama de la presse" de l'ADRI - Christiane Cheyron p. 120-121