Contenu du sommaire : Migrants acteurs du développement. Extraits d'un colloque organisé par l'Institut Panos et neuf associations de développement, Evry, 13-14 juin 1992, sous la direction de Rochdy Alili et Institut des médiations culturelles

Le colloque d'Evry de juin 1992 sur le thème Immigration et développement de la vallée du fleuve Sénégal a été co-organisé par l'Institut Panos et neuf associations et fédérations représentant 175 villages. Pour la première fois dans l'histoire de l'immigration de la vallée, Maliens, Mauritaniens et Sénégalais se retrouvaient et leurs associations réalisaient une manifestation commune. Pour la première fois, aussi, ces mêmes associations rassemblaient leurs partenaires, qu'ils soient issus des organisations non gouvernementales, des villes jumelées, des pouvoirs publics du Nord et du Sud.

Les associations de développe ment des villages d'origine nées dans l'immigration sont à un tournant. Aujourd'hui , elles se posent en partenaires à part entière des ONG et des Etats , du Sud comme du Nord. Ces derniers pourront-ils ignorer encore longtemps le travail d'aménageurs de terroirs effectué par ces "développeurs" d'un type nouveau ?

Les ressortissants de la vallée du fleuve Sénégal immigrés en France présentent une caractéristique importante : ils sont organisés sur une base associative en vue d'initier des réalisations destinées aux villages d'origine. L'activité de ces associations est très intense ; pourtant, elles sont peu connues et reconnues en France. Ceci ne les a pas empêchées d'organiser ; avec l'Institut Panos, un colloque où elles ont dégagé des propositions tout à fait novatrices en matière de développement des régions de départ.

Deux tendances majeures structurent aujourd'hui les immigrés de la vallée du fleuve Sénégal ; les projets collectifs de transformations villageoises et le regroupement familial. Ces deux dynamiques mettent en jeu des parcours migratoires parfois contradictoires , parfois complémentaires. Les immigrés africains vont-ils suivre une trajectoire similaire à celle des migrants d'autres nationalités, consistant à passer d'une immigration temporaire à une immigration de peuplement ? Ou bien , en raison de la nature des liens qu'ils ont tissés avec leur village , vont-ils mettre en œuvre de nouveaux rapports avec les deux espaces entre lesquels ils partagent leur vie : le pays d'origine et le pays d'accueil ?

Quelles possibilités d'insertion pour des populations marginalisées socialement, économiquement, culturellement et politiquement, comme le sont celles originaires du Sahel ? Leur dénuement leur laisse-t-il d'autre choix , dans un premier temps, que celui de la solidarité communautaire ?

Le jumelage est une des voies de la coopération Nord-Sud. En France , il permet aux diverses populations d'une même commune d'apprendre à mieux se connaître ; il donne le goût de travailler ensemble ; il offre des possibilités d'entraide et de solidarité directes ; il favorise , enfin, l'insertion des populations étrangères dans les villes d'accueil. Ils sont trois à dire, chacun de leur point de vue, que tout le monde à tout à gagner des jumelages entre villes du Nord et du Sud.

Un exemple parmi d'autres, celui de l'association Diombougou, née dans l'immigration en France et regroupant 37 villages d'origine. Comment communiquer correctement et rapidement avec l'association "bis", celle du Mali (voir encadré), pour que les idées ou les propositions, et plus encore les fonds des immigrés, ne se perdent pas dans les sables ?

Des difficultés financières aux questions logistiques, des obstacles administratifs aux problèmes d'approvisionnement en médicaments, l'histoire d'un centre de santé créé par une association d'immigrés, aujourd'hui confrontée à la formation, à l'éducation sanitaire et à l'élaboration d'une "charte de santé" destinée à coordonner l'action des associations du cercle de Kayes.

Le Centre d'échange et de forma tion pratique de Bakel (Sénégal) organise, sur les trois pays de la vallée du fleuve, l'animation, l'information et la formation des militants associatifs et coopératifs. Un rôle qui consiste aussi à coordonner les initiatives et à permettre la viabilité des projets.

Après plus d'une dizaine d'années d'expériences associatives consacrées principalement à ce qu'on peut appeler l'auto-assistance, les associations d'immigrés sont en passe de devenir des partenaires à part entière de la coopération internationale pour l'aide au développement. Le colloque Immigration et développement fut l'occasion pour les immigrés du fleuve Sénégal de faire le point concernant leur impact sur le terrain , et leurs rapports avec les autres partenaires de la coopération internationale. Aujourd'hui, un réseau des associations est en train de se mettre sur pied.

Cinquante-cinq millions de Chinois vivent à l'extérieur de la Chine. Chinois de la diaspora, de Hong Kong ou de Taïwan, ils conservent sous diverses formes des liens familiaux et culturels avec le pays de leurs ancêtres. Et, depuis une dizaine d'années, ils ont tissé des relations économiques extrêmement prospères et jouent ainsi un rôle prépondérant dans l'intégration de la Chine à l'économie mondiale.

Actuellement, environ 50 000 Haïtiens vivent au Québec, surtout sur l'île de Montréal. Venus de différentes régions de Haïti, dès leur installation dans leur pays d'adoption ils ont créé des associations régionales pour venir en aide à ceux restés au pays. Depuis 1984, une quinzaine de ces associations se sont regroupées en confédération : une union qui leur permet de travailler en partenariat avec l'Agence canadienne pour le développement international. Une expérience unique de coopération au Canada.