Contenu du sommaire : Menaces sur l'Europe
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 164, 1er trimestre 2017 |
Titre du numéro | Menaces sur l'Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Béatrice Giblin p. 3-10 Jamais les menaces sur l'Union européenne (UE) n'ont été aussi nombreuses. Depuis 2005, année de la non-ratification de la « Constitution » de l'UE par les Français, les Irlandais et les Néerlandais, la méfiance envers l'UE n'a fait que croître. Le Brexit en a été le signe le plus évident : jamais le scénario de la sortie d'un État membre n'avait été sérieusement envisagé.Deux facteurs majeurs alimentent la méfiance envers l'UE : une situation économique atone depuis la crise de 2008, contrecoup de la crise américaine des subprimes qui a provoqué en Europe une récession brutale aux conséquences désastreuses pour les pays économiquement les plus fragiles – et rendue encore plus difficilement supportable par la rigueur économique imposée principalement par l'Allemagne ; un sentiment d'insécurité né d'une crise des migrants et réfugiés à l'ampleur imprévue et qu'ont encore aggravé les attentats terroristes, la liberté de circulation dans l'espace Schengen apparaissant comme un risque supplémentaire. Le projet audacieux de l'UE ne fait plus rêver mais inquiète.Never have the threats surrounding the European Union (EU) been so many. Since 2005, when the French, the Irish and the Dutch rejected ratifying the EU « constitution », distrust of the EU has kept escalating. Brexit is the most obvious sign to date : never had the exit scenario of one of the member states ever been seriously considered.Two key factors fuel the mistrust of the EU. First, since the 2008 financial crisis – which is an aftermath of the US subprime crisis – that caused the brutal European downturn with its disastrous economic consequences for the most economically fragile countries, we see is a lacklustre economic situation, made all the more unbearable by the mostly German-imposed austerity. Second, there is a feeling of insecurity born from an unexpectedly huge migrants and refugees crisis, which the terrorist attacks have further worsened, turning the free circulation of people within the Schengen area into yet another risk. Far from inspiring dreams, the EU's daring scheme is now a cause of major concern.
- L'Union européenne, un territoire en construction. Réflexions sur la crise des réfugiés de 2015 - Barbara Loyer p. 11-42 La construction de la figure de l'étranger est un élément de la genèse d'un territoire géopolitique européen. L'article aborde cette hypothèse à travers trois sujets de réflexion : (1) la limite Schengen et l'impact de la crise des réfugiés, notamment dans le cas hongrois ; (2) la représentation de la citoyenneté au Royaume-Uni qui est, à ce jour, dans l'Union européenne (UE) et hors Schengen ; et (3) les débats internes à la Suisse sur l'appartenance du pays à l'espace Schengen. Ces exemples relativisent ce qui pourrait être décrit comme une évolution linéaire vers l'apparition d'un peuple européen car la notion de citoyen européen est encore bien floue. L'article étudie également la frontière externe de l'UE qui est un objet plus complexe que celui que dessinent les grillages et les lieux de naufrages. Les accords bilatéraux de gestion de la frontière avec des pays situés au-delà de l'Union européenne, Partenariat oriental et accords avec les États africains, suggèrent l'idée que celle-ci est une marche idéologique autant qu'une ligne de front.The concept of foreignness is at the genesis of the construction of a European geopolitical territory. This article develops this hypothesis through three topics of reflection : 1) the Schengen area and the impact of the refugee crisis, especially in the case of Hungary ; 2) the representation of citizenship in the United Kingdom, which for now is in the EU and outside the Schengen area ; 3) the internal debates in Switzerland on the country's membership within the Schengen area. These examples put into perspective what could be described as a linear evolution towards the emergence of a « European people » because the notion of European citizenship is still very vague. This article also looks at the EU's external border, which is more complex than the fences and shipwreck sites. Bilateral border management agreements with countries beyond the European Union, such as the Eastern Partnership and agreements with African States, suggest that the frontier is an ideological march as well as a frontline.
- Comprendre le vote pour le Brexit : de l'utilité d'une analyse territoriale - Mark Bailoni p. 43-64 Le vote pour le leave au référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne (UE) est souvent décrit comme l'expression d'une révolte de classes populaires qui se sentent déclassées et délaissées par les forces politiques traditionnelles, une réaction anti-immigration dans un contexte de crise migratoire dans une Europe de la libre circulation, le rejet d'une UE trop technocratique et trop coûteuse pour le budget britannique, et l'affirmation d'un Royaume-Uni qui se perçoit encore comme une puissance de classe mondiale.Certes, ces éléments sont les motivations premières des électeurs du leave. Toutefois, pour comprendre les fondements et les origines de ce vote, il apparaît nécessaire de le contextualiser dans une approche territoriale, à une échelle nationale mais aussi à un niveau local, et dans les évolutions électorales récentes du pays et de quelques territoires locaux significatifs. En effet, le vote leave est certes l'expression d'un euroscepticisme britannique ancien et ancré, mais aussi la conséquence de certains ressentiments identitaires, d'une colère sociale et de certaines problématiques locales. L'analyse locale du vote est ainsi essentielle pour en comprendre les fondements, comme le montrent les exemples de ces espaces conflictuels à l'ouest de Londres, de Clacton ou de Boston.The victory for « leave » on the referendum on the UK's membership of the EU is often described as an expression of a revolt of working classes that feel degraded and neglected by traditional political parties, as an anti-immigration reaction in a context of a migrant crisis in Europe, as the rejection of an overly technocratic and too costly EU for the British budget and as the expression of the United Kingdom which still sees itself as a world power.Certainly, these elements are the primary motivations of the leave voters. However, to understand the reasons and the origins of this vote, a territorial approach is necessary to contextualize it at a national level but also at a local level. Indeed, the vote for leave is certainly the expression of an old and anchored British euroscepticism, but it is also the consequence of identity resentments, social anger and specific local issues. The local analysis of the vote in conflicting areas in Home Counties, in Clacton or in Boston, is thus essential to understand the reasons of this vote.
- Le référendum britannique sur la sortie de l'Union européenne et ses conséquences - Pauline Schnapper p. 65-78 Le choix des électeurs britanniques de quitter l'Union européenne lors du référendum du 23 juin 2016 soulève une série de questions qui relèvent non seulement de la situation politique et économique du Royaume-Uni mais aussi plus généralement nous interrogent sur l'avenir de l'Union européenne. Cet article analyse les raisons de l'échec de David Cameron et la position difficile dans laquelle se trouve la nouvelle Première ministre, Theresa May, au moment de négocier le Brexit. Il envisage enfin les conséquences potentielles de ce scrutin pour l'Union européenne dans son ensemble.The British voters'decision to leave the European Union in the referendum on the 23rd of June 2016 raises a number of questions related to the British political and economic situation as well as more generally to the future of the EU. This article examines the reasons why David Cameron failed to convince the voters to stay in the EU and the difficult position in which his successor, Theresa May, now finds herself as she starts negotiating Brexit. Finally, it looks at potential consequences for the EU as a whole.
- Les enjeux de la crise européenne - Sylvain Kahn p. 79-100 L'Union européenne traverse sa crise la plus grave. C'est en effet une crise multiregistre et cumulative : politique et démocratique, économique et sociale, géopolitique et géographique. Elle débouche non pas tant sur une déconstruction européenne que sur la confrontation entre deux futurs politiques et territoriaux pour l'Union européenne.The European Union is currently undergoing an unprecedented crisis, which is both multi-faceted and ongoing. It has affected a variety of spheres : political and democratic, economic and social, geopolitical and geographic. While many have argued this crisis may lead to European deconstruction, it is perhaps more a confrontation between two European visions.
- Peut-on penser les finalités européennes sans la Russie ? - Pierre-Emmanuel Thomann p. 101-122 L'Union européenne se rapproche d'une puissance civile dans les relations internationales et cultive son propre modèle distinct de diplomatie et de gestion civilo-militaire. L'absence de réflexion géopolitique au sein de l'UE a pourtant pour conséquence une aggravation de ses relations avec la Russie dont les objectifs s'accordent mal à ceux de l'UE, et de sa propre sécurité dans le contexte d'un couple franco-allemand en panne après le Brexit.The European Union is closer to a civilian power in international relations and foster its own model of civil and military management and diplomacy. However, the absence of geopolitical reflection inside EU leads to a worsening of its relations with Russia, whose objectives do not match EU ones, and its own security, in the context of a Franco-German couple deadlock after Brexit.
- La stratégie d'influence informationnelle et numérique de la Russie en Europe - Maxime Audinet, Kevin Limonier, Maxime Audinet p. 123-144 Le présent article s'intéresse à la stratégie informationnelle et numérique mise en place par la Russie à l'égard de l'Europe. Il étudie son contenu, ses instruments, ses infrastructures et ses techniques. Cette stratégie se divise en deux catégories complémentaires. D'une part, la diplomatie publique médiatique déployée par le gouvernement est représentée par deux réseaux multimédias internationaux, RT et Sputnik. Mobilisant anciens et nouveaux médias, ces organismes se conçoivent comme des sources « alternatives » visant à influencer les populations européennes à partir d'un discours souverainiste, illibéral et anti-atlantiste favorable aux intérêts de Moscou. D'autre part, la Russie s'appuie désormais fortement sur les réseaux numériques pour peser dans les jeux politiques européens. À l'heure où les États-Unis s'interrogent sur le rôle joué par Moscou dans l'élection présidentielle de 2016, il sera ici question des instruments économiques, politiques et techniques que la Russie possède pour exercer en Europe une véritable « cyberinfluence ».The article discusses Russia's informational and digital strategy towards Europe. It focuses on its content, instruments, infrastructures and techniques. This strategy can be divided into two complementary parts. On the one hand, Russia's state-controlled mediated public diplomacy is represented by two international multimedia networks, RT and Sputnik, which mobilize both traditional and social media and identify themselves as « alternative » and non-mainstream broadcasters. Their main purpose is to affect European populations in a way favorable to Moscow's interests, by relying on a pro-sovereignty, illiberal and anti-atlanticist discourse. On the other hand, Russia now relies heavily on digital networks to become a key player in internal European political debates. While the United States are wondering about the role played by Moscow in the 2016 presidential elections, this paper will attempt to discuss the economic, political and technical instruments that Russia possesses to develop a concrete « cyberinfluence » in Europe.
- La Pologne en Europe au début du xxie siècle : à la croisée des chemins ? - Jan Misiuna, Marta Pachocka p. 145-162 Centre ou périphérie ? En choisissant tel ou tel positionnement de la Pologne en Europe, les gouvernements successifs déterminaient – parfois inconsciemment – la forme de la politique extérieure, et souvent celle de la politique intérieure, y compris de la politique économique. La question de la perspective, qui détermine les agissements au plan international, connaît un nouvel essor pendant les périodes de réévaluations et de changements rapides. Nous traversons justement une telle période, au niveau du continent entier et des différents États à la fois, y compris la Pologne. C'est pourquoi il est utile de se pencher sur les problèmes concernant toute l'Europe, l'UE et la Pologne à partir d'une perspective moins évidente. Le but de cet article est de familiariser les lecteurs francophones avec la position de la Pologne à l'égard de l'Union et de certains problèmes fondamentaux qui se posent à elle (entre autres choses : les crises des migrants et des réfugiés en Europe).More than 25 years after the fall of communism, Poland, until recently considered Eastern European systematic transformation success story, seems to stand at the crossroads. The 2015 general elections gave power to the populist Law and Justice party (PiS), which immediately embarked on an ambitious project to completely transform Poland's foreign policy. In less than a year the Visegrad Group was once again brought to a standstill, Poland backed out of European Union's refugees'resettlement and relocation programs and decided to forego years of meticulous work aimed at building strong international position with other European Union member states. The aim of this paper, in addition to updating on the changes in Poland's foreign relations, is to provide explanatory background to the present situation in the early 21st century.
- Les pays baltes et la « nouvelle guerre froide », géopolitique des États « duels » - André Filler p. 163-178 L'article examine le positionnement des trois États baltes dans le contexte de tension grandissante entre la Russie et l'Otan. Anciennes républiques soviétiques, membres depuis 2004 de l'Union européenne et de l'Otan, les républiques baltes, porteuses de nombreux traumatismes dans leurs relations avec la Russie, représentent de par leur déterminisme géographique et leurs contingences géopolitiques un cas particulier dans l'affrontement russo-occidental. L'auteur se propose d'apprécier le risque d'un conflit militaire, avec la Baltique orientale comme théâtre potentiel des hostilités, d'étudier le rôle que jouent ces État dans la « nouvelle guerre froide », et d'élaborer un concept d'« État duel », défini par une incompatibilité géopolitique avec un État adjacent, tout en y étant lié commercialement, culturellement, linguistiquement, et par les présences de diasporas et de flux migratoires, touristiques ou économiques.The article examines the position of the three Baltic States in the context of growing tension between Russia and NATO. Former Soviet republics, members since 2004 of the European Union (UE) and NATO, the Baltic republics, carrying many traumas in their relations towards Russia, represent by their geographical determinism and their geopolitical constraints a particular case study in the Russian confrontation with the West. The author proposes to evaluate the risk of military conflict involving the Eastern Baltics as a potential theater of hostilities, to study the role of these states in the « New Cold War », and to develop a concept of a « Dual state », defined by geopolitical incompatibility with an adjacent power, while being linked to it commercially, culturally, linguistically, and by the presence of diasporas and migratory, tourist or economic flows.
- Du « British Exit » à l'« American Brexit » : les perspectives incertaines d'une défense européenne autonome - Jean-Sylvestre Mongrenier p. 179-198 Le 23 juin 2016, le vote du « Brexit » (British Exit) a provoqué un choc. Selon certaines analyses, le départ des Britanniques ouvrirait la possibilité de nouvelles avancées sur le plan de la Politique de sécurité et de défense commune de l'UE (PSDC). Un « noyau dur » d'États regroupés autour de Paris et Berlin pourrait instituer une Europe politique et militaire. La thèse suscite le doute. L'opposition de longue date du Royaume-Uni à une défense européenne susceptible de concurrencer l'Otan ne doit pas dissimuler les contradictions entre les autres États membres. À bien des égards, l'atlantisme demeure le point de référence. Certes, les incertitudes ouvertes par l'élection de Donald Trump (un American Brexit ?) incitent à un plus grand effort militaire commun, mais le projet de défense européenne bute sur une vérité mise en évidence par la théorie des biens publics : sans acteur hégémonique, un but collectif ne débouche pas toujours sur une action collective. Dans l'immédiat, l'objectif est donc de développer une Europe des capacités militaires plutôt qu'une défense européenne. Cela permettrait aussi de renforcer le pouvoir de négociation des alliés européens dans la relation transatlantique.On the 23rd of June 2016, the Brexit caused a shock in Europe. According to some analyses, the departure of the United Kingdom would open up the possibility of a new step for the European Union Common Security and Defense Policy (CSDP). Paris and Berlin could form a core group and shape a political and military Europe. This theory should be questioned. The long-standing opposition of the United Kingdom to a European Defense that might challenge NATO must not hide contradictions and conflicts among the other EU member states. In many ways, Atlanticism still constitutes the essential reference point. Surely, the uncertainties linked to the election of Donald Trump (an « American Brexit » ?) incite to a bigger joint military effort but the project for European defense is undermined by what the theory of public goods puts into evidence : without a hegemonic actor, a collective purpose does not always means a collective action. In short term, the goal is to develop a Europe with military capabilities rather than a European defense. This would also strengthen the negotiating power of the European allies in the transatlantic relationship.
- Le Parlement européen : tensions entre efficacité institutionnelle et démocratie - Nathalie Brack, Olivier Costa p. 199-212 La montée en puissance du Parlement européen (PE) est un phénomène abondamment étudié, notamment en lien avec le déficit démocratique de l'Union européenne (UE). Toutefois, on sait peu de choses sur l'organisation du travail parlementaire et son impact pour la démocratie au sein de l'institution. Cet article se penche sur l'évolution du règlement intérieur du PE et ses enjeux. L'analyse révèle qu'un train constant de réformes a pris place depuis le milieu des années 1980, au nom de l'« efficacité » du travail parlementaire. Les organes de direction ont vu leur pouvoir s'étendre, ce qui a renforcé l'influence des deux grands groupes politiques au PE tandis que le rôle individuel des députés a été réduit de manière significative. Les modalités de la délibération en séance plénière ont été de plus en plus encadrées, jusqu'à ne laisser qu'une faible marge de manœuvre aux députés. Ces évolutions sont considérées par leurs tenants comme un moyen d'accroître la capacité du PE de profiter de ses pouvoirs formels, mais aussi de garantir sa « crédibilité » dans les négociations interinstitutionnelles. Toutefois, elles ont aussi porté atteinte à la représentativité de l'institution et à la lisibilité de la politique européenne pour les citoyens.The empowerment of the European Parliament (EP) has been extensively studied, notably in relation to the democratic deficit of the European Union (EU). However, the organization of parliamentary work and its impact for the democratic nature of the EU have been largely overlooked so far. This article aims therefore at analyzing the reforms of the rules of procedure and what is at stake during those reforms. We show that there have been numerous reforms since the 1980s, justified by the so-called « efficiency » of parliamentary work. With those reforms, the EP's President and the conference of the presidents as well as the main political groups have been empowered whereas the role of individual members in the European parliament (MEP) has been significantly reduced. Debates in plenary and MEPs'behavior have been more strictly regulated, leaving MEPs with a restricted room for maneuver. The advocates of these reforms have argued that it is the best way for the EP to use the full potential of its formal power and to ensure the credibility of the EP in the interinstitutional negotiations. At the same time, the analysis reveals that these reforms jeopardize the representativeness of the institution and make it more difficult for citizens to understand what is at stake in the parliamentary debates in the EU.
- À quoi sert la Turquie en Europe ? - Nora Seni p. 213-226 La Turquie est au cœur de la politisation de l'enjeu « Union européenne » en France et en Allemagne, tandis que le projet de la Turquie d'adhérer à l'UE a été instrumentalisé par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan pour contourner la méfiance de l'armée et des chancelleries occidentales. Cet article s'attache à présenter cette double instrumentalisation. Il tente également de repérer les différences – en termes de cultures politiques postérieures à la Seconde Guerre mondiale – entre la Turquie obnubilée par l'homogénéité de sa population et l'Union européenne guidée par le souci de la paix.This article deals with the role played by Turkey to politicize the process of European Union as an issue in France and in Germany. It also deals with the way the integration of Turkey to the EU has been instrumental to overcome army's opposition to Mr. Erdogan's Islamic party. It tries to show the differences between Turkey and EU political cultures during post Second World War era, the first one being very much concerned by maintaining the homogeneity (racially and ethnically) of the population and the second one being obsessed by maintaining peace.
- Hérodote a lu - p. 227-230