Contenu du sommaire : C'est l'histoire d'un Arabe…

Revue Le Temps des Médias Mir@bel
Numéro no 28, printemps 2017
Titre du numéro C'est l'histoire d'un Arabe…
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  • Dossier : C'est l'histoire d'un Arabe…

    • C'est l'histoire d'un Arabe… - Isabelle Veyrat-Masson, Yvan Gastaut p. 5-14 accès réservé
    • Caricaturer l'Arabe au XIXe siècle - Sofiane Taouchichet p. 15-34 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      À partir de 1829, la presse satirique illustrée s'installe dans le paysage médiatique français. La caricature, la satire et le dessin d'humour s'associent à un support durable qui constitue la source première de l'humour illustré médiatique au XIXe siècle. Parallèlement, la conquête de l'Algérie occupe l'attention des médias. À l'instar du bourgeois ventripotent, du soldat gauche ou de la grisette, l'Arabe intègre peu à peu le répertoire des caricaturistes. Ignoré puis relégué, l'Arabe se caractérise progressivement comme une entité sauvage, au service des salles de rédactions.
      From 1829, the satirical illustrated press is developing established itself within the French media landscape. Caricature, satire and cartoon have combined with a durable medium to become primary source of illustrated humor in the media during the nineteenth century. Meanwhile, the conquest of Algeria drew media attention. Like the pot-bellied bourgeois, the gauche oldier or courtesan, the Arab gradually became part of the repertoire of cartoonists. Ignored and then marginalized, the Arab progressively became characterized as a savage being utilised by the newsrooms.
    • La cèggal è la fôormi de Pierre Péchin : quand la France rit des « Arabes » (1974-1977) - Yvan Gastaut p. 35-47 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Au milieu des années 1970 apparaît en France une forme d'humour dont les médias « grand public » vont se montrer friands : se moquer des accents de populations considérées comme étrangères. Aux temps de la crise économique, la France rit des populations immigrées et en particulier des « Arabes » au sujet desquels les représentations caricaturales fleurissent. La plus significative correspond au fulgurant succès du sketch de l'humoriste méconnu Pierre Péchin qui est une adaptation « populaire » de la « La cigale et la fourmi ». Rire raciste ? Rire au second degré ? L'histoire du succès entre 1975 et 1977 puis sa mise sous silence par la suite nous invite à réfléchir sur les ressorts du rire et ses temporalités médiatiques.
      In the middle of the sixties appears shape of humor of which the media mainstream is going to show itself fond : laugh at accents of populations considered as foreigners. In the context of the economic crisis, France laughs at immigrant populations and in particular at « Arabs» about whom the caricatural representations grow. The most significant correspond in lightning success of the sketch of the humorist underestimated Pierre Péchin who a « popular» adaptation of « La cigale et la fourmi ». Racist laughter ? To laugh in the second degree ? The story of the success between 1975 and 1977 then its putting under silence afterward invites us to think about the meanings of the laughter and its media temporality.
    • L'Émir préfère les blondes. La mise à distance des « Arabes » dans les comédies françaises (1973-1983) - Julien Gaertner p. 48-60 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      De 1973 à 1983, le cinéma français est pris d'une irrépressible envie de filmer les « Arabes » après avoir oublié ce personnage deux décennies durant. Alors que le premier choc pétrolier plonge l'économie dans une période d'incertitude, des dizaines d'Émirs prennent place sur le grand écran, princes de l'or noir aux mœurs frustes dont les frasques mettent en péril le destin du pays. Des Aventures de Rabbi Jacob à L'Émir préfère les blondes, c'est un moment de l'histoire du regard porté sur les « Arabes » qui se dessine.
      From 1973 to 1983, French cinema discovered an irrepressible urge to film “Arabs” after having forgotten about them for two decades. While the first oil crisis plunged the national economy into a period of uncertainty, dozens of Emirs appeared on the big screen, notably princes of black gold with unsophisticated habits whose escapades threatened France's destiny. From the Adventures of Rabbi Jacob to the movie The Emir prefers blonds, a new stage emerged in the history of cinematic depictions of “Arabs”.
    • « Je suis pas raciste hein ! » Racisme et masculinité blanche dans le comique des années 1970-1980 - Nelly Quemener p. 61-74 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'attache à l'évocation des rapports sociaux de race dans la bouffonnerie des années 1970-1980 en France. Définie par une position d'extériorité par rapport aux sphères du pouvoir, cette bouffonnerie est le moyen d'une satire de la France populaire, à travers la moquerie à l'égard d'un Français moyen, incarnant un mélange de fierté nationale et de racisme. L'analyse de cette figure permet d'en montrer les effets ambivalents, dans la personnalisation excessive du racisme et une mise à distance immédiate produite par la position d'altérité. Elle défend l'idée qu'à défaut d'être un véritable lieu de mise au jour de la production sociale de la race, cette figure est avant tout un terrain de négociation de la masculinité blanche.
      This article sheds light on the criticism of race in the comedy of the 1970s and 1980s in France. Caracterized by an oustider position in relation to spheres of power, this buffoonery was meant to develop a satire of popular France through mocking the average French person. The analysis of this typical French figure, characterized by national pride and racism, reveals ambivalent effects in the excessive individualization of racism as well as its otherness. It argues that the construction of this ‘‘other'' racist is primarily a site of negotiation of white masculinity.
    • Les deux rires de La Zoubida. Catégories et frontières ethno-raciales au sein d'un forum de discussion - Gilles Frigoli p. 75-87 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La lecture des commentaires déposés sur les sites de partage de vidéos peut contribuer à l'étude de la réception des objets médiatiques et, au delà, nourrir une réflexion sur des processus d'appréhension du monde social qui dépassent le cadre d'interaction local que constitue un forum de discussion. Ainsi, l'analyse de commentaires consacrés récemment à La Zoubida, une chanson humoristique à succès du début des années 1990, nous éclaire-t-elle sur les frontières ethno-raciales qui traversent aujourd'hui la société française.
      The qualitative content analysis of messages posted on video sharing websites contributes to the study of social responses to media objects. It reflects how social perceptions are framed beyond local interactions such as those provided by internet discussion forums. Thus, the analysis of recent comments about La Zoubida, a humorous hit song of the early 1990s, sheds light on the ethno-racial boundaries that exist in today's French society.
    • L'arabité de l'humoriste Jamel Debbouze : marque, atout et piège - Constance Desloires p. 88-99 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Jamel Debbouze, humoriste arabe, de banlieue, musulman, français, a su à la fois imposer son univers par son talent, revendiquer visibilité et égalité pour toutes les figures minoritaires qu'il incarne, et rendre aux discriminés le contrôle de l'humour raciste, qu'il s'est réapproprié. Il représente une frange de la population que la Marche pour l'égalité de 1983 avait fait émerger. Il a été une figure du bouffon, qui dit les maux d'une société qui n'a pas accepté son immigration maghrébine. Puis il est devenu porte-parole de plusieurs catégories sociales, d'ailleurs mal définies, et s'y est parfois empêtré, aculé par les diktats télévisuels. Il est allé plus loin que ses prédécesseurs humoristes qui avaient ouvert la voie et a bouleversé en vingt ans l'image des Arabes en France.
      Jamel Debbouze, an Arab humorist, from a suburban housing estate who is Muslim and French, has been able to establish his vision of life thanks to his talent, and been able to demand visibility and equality for all minority characters he embodies. He has also given victims of discrimination control of the racist humor that he has re-appropriated. He represents a fringe of population that was rendered more visible by the 1983 March for Equality. He has played the figure of the fool, who evokes the evils of a society which has not yet accepted its immigrants from North Africa. Then he became the spokesperson of several somewhat ill-defined social groups-, and he has sometimes become trapped in that position, restricted by the constraints of television. He has gone further than his comedy predecessors, who had opened the way, and, in 20 years, he has had a dramatic effect on the image of Arabs in France.
    • Vers un humour ethnicisant : les comédies de banlieue (1999-2013) - Jean-Philippe Blanchard p. 100-112 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le sillage du succès de La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz, plusieurs films dramatiques français ont pris la banlieue pour décor et pour sujet. Puis, à partir de la fin des années 1990, les grands ensembles ont servi de point d'ancrage à plusieurs comédies légères décrivant un espace social pluriethnique et sympathique. En reprenant avec humour des thématiques généralement traitées avec gravité (comme la petite délinquance ou la violence verbale), ces comédies de banlieue sont venues composer un sous-genre du cinéma hexagonal. Les nombreuses implantations de multiplexes périurbains conjuguées à la popularité du symbole black-blanc-beur ont favorisé la production de fictions aux sujets « décentrés ». Au fil des sorties, les personnages représentant l'immigration maghrébine (notamment les figures de l'»Arabe», du « Maghrébin» ou du « Beur») sont devenus centraux dans la plupart des comédies de banlieue dont l'humour s'est progressivement ethnicisé. Dans ce texte, nous questionnons les dimensions créatives, économiques et politiques de ces évolutions.
      In the wake of the success of Mathieu Kassovitz's La Haine, several dramatic French dramatic films have taken the suburbs as set and subject. Then, starting from the 1990s, the large housing projects have served as an anchor point for several light comedies depicting a multi-ethnic and sympathetic social space. By using humor to approach themes that are generally treated seriously (such as petty crime or verbal abuse), these housing estate comedies soon formed a sub-genre of french cinema. The many installations of out-of-town multiplex cinemas, coupled with the popularity of the black-blanc-beur symbol, have encouraged the production of fictions with off-center subjects. As the films were released, characters representing the Maghrebian immigration (notably the figures of the « Arab», the « Maghrebi» or « Beur») became central in most housing estate comedies, whose humor has progressively been ethnicized. In the following text, we assess the creative, economic and political dimensions of these evolutions.
    • « Quand il y en a un… » : l'humour ethnique au petit écran - Alec G. Hargreaves p. 113-122 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Face au risque d'accusations de racisme, une importante technique à la disposition des humoristes à la télévision réside dans la mise en scène de publics ou récepteurs modèles servant à indiquer la façon dont il faut entendre telle ou telle blague. Les aléas de ce mécanisme herméneutique sont explorés ici à travers trois études de cas concernant deux professionnels de l'humour – Smaïn et Patrick Sébastien – et un ancien Ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
      To guard against the risk of accusations of racism, television comedians are able to signal the intended meaning of their jokes through the representation of model audiences. The different ways in which this technique can be used are explored here through three case studies. Two of these – Smaïn and Patrick Sébastien – concern professional comedians, while the third concerns former Interior Minister Brice Hortefeux.
    • Les vidéos humoristiques de l'internet à l'assaut du traitement médiatique de l'« Arabe » (2005-2013) - Sophie Gebeil p. 123-143 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      La démocratisation de l'internet dans les années 2000 a ouvert un nouvel espace d'expression humoristique portant sur l'arabité. Les sites Dailymotion et Youtube constituent un observatoire privilégié pour l'étude de la fabrique de l'image de « l'Arabe » sur le web français de 2006 à 2013. Des extraits du cinéma de banlieue mis en ligne aux podcasteurs maghrébins, cet article propose une première approche historiographique de ces vidéos satiriques à partir des archives du web français gérées par la BnF et l'Ina.
      Since the 2000s, the democratisation of the internet has opened a new space for satirical expressions of Arab identity. The websites Dailymotion and Youtube are vantage points for studying the construction of the image of the “Arab” on the French web from 2006 to 2013. From film clips of banlieue cinema to North African podcasters, the article focuses on how these satirical videos can be study by historiography, founded on the web archives managed by the BnF and the INA.
    • L'Islam et l'humour : un rire communautaire ou un rire universel ? - Jonathan Ervine p. 144-157 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analysera ce que l'humour et ses rapports avec l'Islam peuvent nous apprendre sur les représentations médiatiques des Arabes en France. On se concentrera sur les sketches humoristiques du site-web À part ça tout va bien – qui a pour slogan « qui a dit que les musulmans n'avaient pas d'humour » – que l'on comparera aux spectacles du trio américain Allah Made Me Funny. On examinera jusqu'à quel point ces projets sont à l'origine d'une sorte de rire libérateur plutôt qu'un rire communautaire, et les leçons que l'on peut tirer concernant les discours médiatiques sur les Arabes.
      This article analyses what the relationship between humor and Islam demonstrates about media representations of Arabs in France. It concentrates on the humorous French website À part ça tout va bien – which has the slogan « who said that Muslims did not have a sense of humor » – and compares it to the performances of the American trio Allah Made Me Funny. It will examine to what extent these projects are a source of a liberating form of laughter rather than a community-specific laughter, and the conclusions that one can draw from them about media discourses concerning Arabs.
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