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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 419, juillet-août 2017
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  • Les moteurs du changement - Hugues de Jouvenel p. 3 accès libre
  • Ralentissement chinois : vers une crise ou un rééquilibrage ? - Jean-Raphaël Chaponnière p. 5 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Ce printemps 2017, on a pu lire à plusieurs reprises des commentaires assez optimistes sur le regain d'activité en Chine, où la croissance économique annuelle flirte de nouveau avec les 7 %. Pour autant, les trois dernières années ont plutôt été celles du ralentissement de l'économie chinoise qui, après avoir bien résisté à la crise mondiale de la fin des années 2000, a marqué le pas. Quelles sont réellement les perspectives d'évolution de l'économie chinoise à moyen et long termes ?Au-delà des annonces conjoncturelles, Jean-Raphaël Chaponnière propose ici un regard rétrospectif sur le retour de la Chine dans l'économie mondiale, son adaptation à l'économie de marché, les moteurs de sa croissance (main-d'œuvre, consommation, investissement) et les limites auxquelles ces moteurs sont aujourd'hui confrontés. Il montre comment la Chine a fait face à la crise, répondant au ralentissement de son activité par un certain nombre de rééquilibrages (vers son marché intérieur, notamment) et une transformation de sa structure de production. Jean-Raphaël Chaponnière présente enfin, en s'appuyant sur diverses analyses disponibles et un certain nombre de constats ou faits récemment observés, les perspectives d'évolution possible de l'économie chinoise : comment les différents moteurs de son activité économique peuvent-ils se comporter ? Connaîtra-t-elle une crise financière et quelles pourraient en être les conséquences ? Deviendra-t-elle la première puissance mondiale et selon quel modèle ? S.D.
    In this spring of 2017, we have on several occasions seen rather optimistic commentaries on an economic upturn in China, where annual growth is again edging toward the 7% mark. And yet the last three years have actually been a time of Chinese economic slowdown. After holding up well in the global crisis of the late 2000s, China's economy has been marking time. What are the actual prospects for economic development in the mid- and long-term ? Going beyond short-term assessments, Jean-Raphaël Chaponnière offers a retrospective of China's return to the world economy, its adaptation to the market economy, its engines of growth (labour, consumption, investment) and the current limits these face. He shows how China has confronted the crisis, responding to the slowdown of its activity with a number of re-balancings (towards its internal market, among other things) and a transformation of its production structure. Lastly, drawing on various available analyses and a number of recently observed facts and findings, Chaponnière outlines the prospects for the possible development of the Chinese economy, asking how the various engines of economic activity will perform; whether it will experience a financial crisis (and what the consequences of such a crisis might be); whether it will become the leading global power and, if so, on the basis of what economic model.
  • Pour moderniser l'action publique. Les leviers du changement social - Marjorie Jouen p. 23 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis quelques années, l'action publique est amenée à s'adapter à un certain nombre d'évolutions dans les usages et les demandes des bénéficiaires de ses services. S'appuyant sur de nouvelles méthodes et innovations sociales, ce mouvement de modernisation semble plutôt bien engagé en France. En revanche, lorsqu'il s'agit de transformer l'action publique parce que certaines pratiques ou certains services ne répondent plus à l'intérêt général ou sont devenus néfastes pour la collectivité, l'État semble éprouver plus de difficulté à s'adapter, souligne ici Marjorie Jouen. Pourtant, l'analyse des transformations sociales et des moteurs à l'origine de ces transformations offre de nouvelles opportunités aux acteurs publics en vue de moderniser leur action. Après avoir présenté les différentes motivations et les leviers du changement social, Marjorie Jouen montre comment ces outils pourraient être transposés au service de la modernisation de l'action publique, afin d'en améliorer l'efficacité et de développer les instruments permettant de répondre concrètement aux objectifs visés. S.D.
    For some years now, public action has had to adapt to a number of changes in the habits and demands of service-users. Drawing on new methods and social innovations, this move toward modernization seems to be quite well advanced in France. By contrast, as Marjorie Jouen stresses here, when it comes to transforming public action because certain practices or services have ceased to meet the general interest or have become detrimental to the community, the state seems to have more difficulty adapting. However, the analysis of social change and its drivers offers new opportunities for public actors to modernize their activity. After running through the various different motivations and levers of social change, Marjorie Jouen shows how these tools could be transposed to subserve the modernization of public action, so as to improve its efficiency and develop instruments that would enable it concretely to meet its desired objectives.
  • Les comportements, levier de la transition écologique ? Comprendre et influencer les comportements individuels et les dynamiques collectives - Solange Martin et Albane Gaspard p. 33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La mise en œuvre de la transition écologique — qui consiste principalement à réduire fortement les consommations d'énergie et de matières premières dans nos sociétés — nécessite, au-delà des politiques en énonçant les grands axes, de substantiels changements à l'échelle collective, mais aussi, bien évidemment, à l'échelle individuelle. Or, si le principe de s'engager sur la voie de la transition fait en général consensus, lorsqu'il s'agit de faire évoluer nos usages et pratiques, les choses se compliquent. Peut-on — et comment — agir sur les comportements individuels et sur les dynamiques collectives, en particulier dans cette optique de transition écologique ?Solange Martin et Albane Gaspard se sont penchées sur cette question pour le compte de l'ADEME et nous livrent ici le fruit de leur travail. Elles soulignent l'apport des sciences sociales et humaines pour comprendre les comportements à l'échelle individuelle et dans leur dimension collective, et présentent différentes voies d'actions possibles pour les infléchir. Mais compte tenu des intrications entre les différentes échelles, il est essentiel, pour agir efficacement sur les comportements, de combiner les approches, les outils et les acteurs, et de bien analyser et comprendre les pratiques sociales avant la mise en œuvre de projets ou mesures politiques. S.D.
    Beyond broad policy declarations, the implementation of ecological transition — which consists mainly in curbing consumption of energy and raw materials in our societies — requires substantial behavioural change at the collective, but also, quite obviously, the individual level. Yet, though there is general consensus around the principle of embarking on the path to transition, things get more complicated when it comes to changing our practices and habits. Can we act on individual behaviour and collective dynamics in respect of this particular aim of ecological transition, and, if so, how are we to go about it ? Solange Martin and Albane Gaspard have examined this question for the French Environment and Energy Management Agency (ADEME) and offer us the fruit of their labours here. They show, for example, how the social and human sciences help to understand behaviour both at the individual level and in its collective dimensions, and they outline different possible lines of action to modify it. But, given the entanglement between various levels, it is essential, if we are to act effectively on behaviour, to combine approaches, tools and actors, and to analyse and understand social practices thoroughly before implementing political projects or measures.
  • Technique et société : l'irrésistible évolution - Thierry Gaudin p. 45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le mois de mai 2017 a été marqué par une cyberattaque d'ampleur internationale qui a touché à la fois des entreprises, des organisations publiques, etc., et montré la grande vulnérabilité de nos contemporains au système technique actuel. Le rapport de l'homme à la technique est un élément structurant de notre civilisation, et ce depuis des siècles sinon des millénaires. Néanmoins, les progrès fulgurants auxquels nous assistons depuis le milieu du XXe siècle en matière scientifique et technique, ainsi que l'élargissement de leur champ d'action aux communications, aux relations humaines, voire au corps humain lui-même, suscitent de plus en plus de questionnements. D'où l'intérêt de l'analyse ici proposée par Thierry Gaudin sur les relations technique / société dans une optique de long terme : que nous dit le passé de ces relations et de la façon dont s'élabore et se diffuse la culture technique ? Quels ont été et quels sont aujourd'hui les moteurs du progrès technique, et que révèlent-ils de nos organisations humaines ? Comment envisager l'évolution à venir du progrès technique, qui repose désormais plus sur les multinationales de l'information que sur les États, et dont le ressort principal consiste en la manipulation des esprits ? Dans un tel contexte, sommes-nous irrémédiablement condamnés à suivre l'évolution du système technique, ou reste-t-il des voies de sortie « par le haut », pour la société, de ce système qui bouscule les échanges économiques et les relations humaines ? S.D.
    The month of May 2017 was marked by a cyber-attack of international dimensions that affected companies and public organizations, demonstrating how vulnerable our contemporaries are to the current technical system. The relationship between human beings and technology is a structuring element of our civilization and has been so for centuries, if not millennia. Nonetheless, the staggering progress we have seen in science and technology since the mid-20th century, as well as the broadening of the scope of technology to communications, human relations and even the human body itself, has raised a wide range of questions. Hence the importance of the long-term analysis of the relations between society and technology offered here by Thierry Gaudin: what does the past tell us about those relations and the way technical culture is developed and disseminated? What have the engines of technical progress been, what are they today, and what do they reveal about our human organizational structures? How are we to envision the future evolution of technical progress, which depends more now on IT multinationals than it does on states, and whose major driver is the manipulation of minds? In this context, are we irremediably condemned just to go along with the evolution of the technical system, or can society still find positive, progressive solutions for a system that is disrupting both economic exchange and human relations?
  • Les compétences de l'Union européenne. Perceptions et réalités - Gabriel Arnoux p. 61 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Les récentes élections présidentielles en France ont confirmé l'incompréhension et le rejet de nombre de citoyens vis-à-vis des politiques menées depuis plusieurs décennies, mais aussi des dirigeants en charge de ces politiques. Elles ont aussi rappelé la méfiance sinon le rejet de ces mêmes citoyens à l'égard de l'Union européenne, souvent prompte à être élevée en bouc émissaire des problèmes nationaux. Pourtant, comme le montre cet article de Gabriel Arnoux, ce rejet de l'Europe repose sur une méconnaissance — très souvent entretenue par les gouvernements nationaux — des compétences effectives de l'Union européenne.En effet, il existe une réelle différence entre la perception qu'ont bon nombre de citoyens européens du rôle de l'Union dans l'orientation et la détermination des politiques nationales, et la réalité de ce rôle. Les compétences exclusives de l'Union européenne sont en fait assez limitées (respect de la concurrence, monnaie, politique douanière et commerciale, principalement) et dans la plupart des domaines, l'Union n'intervient qu'en appui aux États ou en collaboration avec eux. Cette clarification des compétences réelles de l'Union européenne est primordiale car la Commission vient d'engager une réflexion sur l'avenir de l'Europe, sur la base de cinq scénarios visant à déterminer comment pourraient évoluer l'Union et les compétences qui sont les siennes. Mais également parce que le flou entretenu autour des compétences et responsabilités effectives des institutions européennes et nationales est révélateur d'un malaise plus général quant à la manière dont sont présentées et évaluées les politiques publiques, qui contribue aussi pour une grande part à la désaffection des citoyens à l'égard du politique. S.D.
    The recent French presidential elections have confirmed a lack of understanding and disapproval on the part of many citizens of policies that go back several decades, and also of the leaders who carried out those policies. They have also reminded us of how these same citizens distrust — or even reject — the European Union, which is often quick to figure as a scapegoat for national problems. Yet, as this article by Gabriel Arnoux shows, this rejection of Europe is based on a misunderstanding — very often maintained by national governments — of the EU's actual areas of competency. There is, in fact, a real difference between the perception many European citizens have of the role of the Union in shaping and determining national policies and the reality of that role. The exclusive areas of competency of the European Union are actually rather limited (relating mainly to compliance with competition rules, currency, and customs and trade policy). In most areas, the EU intervenes only to support member states or in collaboration with them. This clarification of the EU's real areas of competency is vital, since the Commission has just begun a process of reflection on the future of Europe, based on five scenarios aimed at determining how the Union might develop and what its proper areas of competency should be. It is also essential because the vagueness around the actual responsibilities and legal competencies of European and national institutions is an indicator of a more general malaise regarding the way public policies are presented and evaluated, which also plays a considerable role in the citizenry's general disaffection with politics.
  • Tribune européenne

    • Le Royaume- (dés) Uni et ses frontières - Jean-François Drevet p. 73 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Dans la foulée du référendum britannique de juin 2016 ayant donné une majorité de voix en faveur du Brexit, l'article 50 du traité sur l'Union européenne (UE) a été déclenché le 29 mars 2017 en vue d'organiser le départ du Royaume-Uni de l'UE. Londres et les 27 autres pays membres de l'Union disposent de deux ans pour préparer la sortie effective du Royaume-Uni.Au-delà de ses conséquences économiques et sociales, régulièrement évoquées et commentées, le Brexit pourrait aussi déboucher sur un retour de la conflictualité en Europe, comme le souligne cette tribune de Jean-François Drevet. Car si l'un des paris les mieux tenus par l'UE depuis sa création est sans conteste la préservation de la paix sur le continent européen, il ne concerne pas seulement les relations entre les États membres fondateurs (à commencer par la France, l'Italie et l'Allemagne), mais également le règlement de plusieurs différends territoriaux impliquant le Royaume-Uni dans sa structure plurinationale et dans ses relations avec d'autres États européens. La mise en œuvre du Brexit pourrait réveiller un certain nombre de ces conflits que l'UE avait permis d'apaiser, en particulier à Chypre, Gibraltar ou en Irlande du Nord. C'est ce que montre cette tribune, et c'est aussi ce que les négociateurs britanniques et européens doivent garder à l'esprit lors de l'établissement des modalités de sortie du Royaume-Uni. S.D.
      Following the British referendum of June 2016, which saw a majority of votes cast in favour of Brexit, on 29 March 2017 Article 50 of the European Union (EU) Treaty was triggered in order to settle the terms of the UK's departure from the EU. London has two years to work with the 27 other member countries on the UK's effective exit from the Union. Above and beyond its economic and social consequences, which have received copious mention and comment, Brexit could also lead to a return of conflict in Europe, as is highlighted in this column by Jean-François Drevet. One of the challenges the EU has risen to most effectively since its creation has undoubtedly been the maintenance of peace on the European continent, yet that pertains not only to relations between the founder members (beginning with France, Italy and Germany) but also to the settling of a number of territorial disputes involving the United Kingdom, both in its multi-national structure and in its relations with other European states. Brexit could revive a number of these conflicts which EU membership had helped to ease — particularly disputes over Cyprus, Gibraltar and Northern Ireland. This point, illustrated in this column, is one that British and European negotiators will have to keep in mind when the details of the UK's exit are being worked out.