Contenu du sommaire : La linguistique cognitive : histoire et épistémologie

Revue Histoire, Epistémologie, Langage Mir@bel
Numéro vol.34, n°1, 2012
Titre du numéro La linguistique cognitive : histoire et épistémologie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Hommage

  • La linguistique cognitive : histoire et épistémologie

    • Introduction
    • Articles
      • Saussurean structuralism and cognitive linguistics - Els Elffers p. 19-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La linguistique cognitive (LC) est souvent vue comme une continuation du structuralisme saussurien. Cet article explore la relation entre les deux paradigmes, en se concentrant sur les connexions entre la sémantique et les différents points de vue sur la relation entre le langage et la pensée. Il se trouve que la similitude dans ce domaine est en fait seulement partielle. Saussure rejette de façon explicite le relativisme linguistique (RL) : sa vision purement différentielle du sens admet seulement une variante très affaiblie du RL. Au contraire, la LC défend des variantes bien plus puissantes du RL, en accord avec une conception très “ riche” du sens. Cette conception du sens se fonde, comme on peut le démontrer, plus sur les vues humboldtiennes du XIXe siècle que sur le structuralisme saussurien. Nous défendrons l'idée que ce retour à des approches plus anciennes peut être considéré comme positif (par exemple dans la mesure où se trouve réaffirmé le rapport du sens à la culture), mais aussi comme négatif (par exemple dans le recours naïf à l'étymologie).
        Cognitive linguistics (CL) is often regarded as a continuation of Saussurean structuralism. This paper explores the relationship between the two paradigms, focussing on the connection between semantics and views on the language-thought relationship. As it turns out, the similarity in this respect is, in fact, only partial. Saussure explicitly rejects linguistic relativism (LR) ; his purely differential view of meaning actually allows for only a weak variety of LR. Stronger varieties of LR are defended in CL, in agreement with a very “ rich” conception of meaning, which can be shown to build on 19th century Humboldtian views rather than Saussurean structuralism. It is argued that this return to earlier approaches can be regarded as both positive (e. g. in its sensitivity to culture-related aspects of meanings) and negative (e. g. in its naïve appeal to etymology).
      • « Signifié de puissance » et « prototype » : deux réponses à un problème analogue ? - Antoine Gautier, Thomas Verjans p. 41-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La psychomécanique du langage et la linguistique cognitive traitent chacune, à leur manière, des rapports entre pensée et langage. Cet article rapproche ces deux théories sous l'angle du problème de la conceptualisation et de la catégorisation, et examine les solutions qu'elles y apportent respectivement. Nous montrons que la psychomécanique, s'attachant prioritairement au signifié, est plus à même de traiter les cas de polysémie lexicale, tandis que la sémantique du prototype, qui occupe une place centrale en linguistique cognitive, s'attache davantage au concept dans une perspective non linguistique et s'avère plus convaincante dans son traitement des relations interlexicales.
        The Psychomechanics of language (PL) and Cognitive Linguistics both deal with the relationship between language and mind. This paper compares several aspects of PL (in particular the notions of potential significate and subduction) and of Rosch's Prototype Theory (PT) in regard to lexicon and categorization. The respective advantages and disadvantages of the two frameworks are discussed and evaluated. We will argue that the views under discussion are commensurable to the extent that they deal with the same kind of problem. However, as we will show, there is no equivalent to the notion of prototype in Guillaume's work, which still contains structuralist characteristics, whereas PT is unable to deal as efficiently as PL with some aspects of polysemy, mainly because of its psychological origin. By contrast, PT claims to reach into the structure of concepts, and therefore does not confine itself to the linguistic level. It also offers a more convincing account of interlexical relations.
      • Vers une sémiotique du sensible : des couleurs en discours et en pratiques - Danièle Dubois, Caroline Cance p. 63-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Nous examinons comment la linguistique cognitive aborde les relations entre langage et pensée à partir de l'exemple emblématique des couleurs. L'analyse linguistique des formes lexicales référant aux couleurs disponibles en langue et repérées dans différents types de corpus (dénominations de pastilles colorées, discours descriptifs de la qualité visuelle), couplée avec une théorie psychologique de la catégorisation, conduit à identifier une diversité de conceptualisations et de modes de référenciation de la couleur. Ceci nous amène à discuter la position naturalisante de la sémantique cognitive et à proposer une théorie linguistique cognitive «située » où s'articulent une sémantique des langues et de la construction du sens en discours, et une théorie psychologique des catégories du sensible dans une sémiotique cognitive des cultures.
        We examine the relations between cognitive psychology and linguistics, restrictively tracked through the precise analysis of colour terms and colour categories, as an emblematic issue in cognitive semantics. We first proceed to a precise exploration of the lexical resources involved in referring to colours (in French), within the diversity of technical devices representing colours, and then explore the diversity of syntactic inscriptions of colour terms in French in descriptive discourses. The diversity of linguistic devices involved in colour naming and their syntactic inscriptions in discourse allow us identifying a diversity of colour conceptualisations. Connecting a semantic theory of languages and a psychological theory of categorisation challenges the mainstream of cognitive linguistics by proposing a semiotic theory of cultural cognition.
      • Réel, contexte et cognition. Contribution à une histoire de la linguistique cognitive - Guy Achard-Bayle, Marie-Anne Paveau p. 97-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article interroge, dans une perspective historique et épistémologique, la manière dont la linguistique cognitive du demi-siècle passé a pris en compte (ou non) le contexte dans les opérations mentales de réception/ interprétation et de production langagière auxquelles elle s'est, dès son fondement, attachée. L'axe de réflexion est l'opposition internalisme vs externalisme et la question posée est celle de la prise en compte du poids et de l'existence de ce qui relève, dans la cognition linguistique, de la réalité (matérielle et culturelle). Sont abordés le traitement du contexte dans les linguistiques cognitives depuis Chomsky et celui du mind-body problem dans les courants hétérodoxes de la cognition située à partir des années 1990. Des propositions sont faites pour une meilleure intégration des environnements de la production verbale aux analyses linguistiques dans une perspective cognitive.
        The object of this study is to ask how cognitive linguistics has addressed, over the course of the last half century, the role of context in the mental operations of reception/ interpretation and language production (operations which are the core foci of its key concerns from the very outset of cognitive linguistics). The more specific focus of our study is the conflict between internalism and externalism, in other words the significance given to (material and cultural) reality in linguistic cognition. We will discuss the treatment of the notion of context in cognitive linguistics since Chomsky, and the way the mind-body problem has been presented from the 1990s, namely in the heterodox models of situated cognition. Thus we make proposals for a better integration of verbal production environments to linguistic analysis in a cognitive perspective.
      • De la grammaire générative à la linguistique cognitive : retour sur un basculement théorique - Jean-Michel Fortis p. 115-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article décrit la naissance de ce conglomérat théorique que constitue la linguistique cognitive. Les termes de linguistique cognitive renvoient aujourd'hui à un mouvement né aux États-Unis dans les années 1970, et qui a pris forme dans les travaux de linguistes qui souhaitaient rompre avec la grammaire transformationnelle syntactocentrée. Cette rupture a été dans une large mesure préparée au sein de la sémantique générative, qui avait déjà réorienté certains linguistes vers des considérations sémantiques. Les raisons de l'avènement de la sémantique générative et sa contribution à la linguistique cognitive sont analysées dans la première partie. La seconde partie décrit l'émergence des thématiques et des positions caractéristiques de la linguistique cognitive. Quatre thématiques font l'objet d'un examen particulier : la notion de métaphore conceptuelle, la résurgence d'idées localistes, les questions liées à la théorie du prototype et à la catégorisation, et, pour finir, le concept de cadre (frame). En conclusion, on souligne que la linguiste cognitive doit son unité au fait d'avoir construit autour d'un noyau central empiriste un réseau de thématiques et de positions théoriques interconnectées.
        This paper describes the birth of this theoretical conglomerate known as cognitive linguistics. In today's parlance, “ cognitive linguistics” refers to a movement that was born in the United Sates in the 1970s and progressively took shape in the work of linguists who wished to break away from syntaxcentered tranformational grammar. This split was to a large extent prepared by the movement of generative semantics, which had steered a number of linguists in a more semantically oriented direction. Generative semantics is given its due in the first part of the paper, in which I analyze the motivations of this movement, and the ways in which it may have prepared the ground for cognitive linguistics. The second part recounts how topics and positions characteristic of cognitive linguistics have emerged and gained momentum. Four central themes are given special emphasis : the notion of conceptual metaphor, the revival of localist ideas, questions related to prototype theory and categorization, and, finally, the concept of frame. In conclusion, it is pointed out that cognitive linguistics gained its unity by weaving together themes and theoretical views of various origins around an empiricist core.
    • Lectures et critiques