Contenu du sommaire : L'Europe après 60 ans

Revue Revue d'économie financière Mir@bel
Numéro no 125, 1er trimestre 2017
Titre du numéro L'Europe après 60 ans
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction. Traités de Rome et de Maastricht, deux anniversaires à célébrer - Hans-Helmut Kotz, Jean-François Pons p. 9-20 accès libre
  • De Rome à Maastricht et au-delà, des principes pour consolider et faire progresser le projet européen - François Villeroy de Galhau p. 21-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis la signature du traité de Rome en 1957, l'Europe a fait preuve d'une volonté collective remarquable pour construire ces actifs partagés que sont le marché unique et l'euro. Le chemin n'a pas toujours été facile et la crise a mis crûment en lumière les lacunes de l'Union européenne. Mais la façon dont l'Europe a su, par le passé, relever les défis auxquels elle a été confrontée nous livre des enseignements forts pour l'avenir. Pour maîtriser notre destin commun, ce dont nous avons besoin ce n'est pas de moins d'Europe, mais d'une meilleure Europe, recentrée sur ses priorités. Au plan économique, il nous faut compléter le succès de l'Union monétaire par une véritable union économique, seule à même de soutenir durablement la croissance. Trois projets concrets doivent permettre d'y parvenir. D'abord, et dès maintenant, l'Union de financement pour l'investissement et l'innovation pour mieux utiliser l'épargne abondante au service de l'investissement et de l'innovation. Ensuite, une stratégie économique collective en zone euro, avec davantage de réformes nationales là où elles sont nécessaires, comme en France, et davantage de soutien budgétaire là où des marges de manœuvre existent. Cet engagement mutuel des États pourra être appuyé par un ministre des Finances de la zone euro. Enfin, à terme, une capacité budgétaire de la zone euro permettrait de compléter définitivement notre union avec un outil de stabilisation et de solidarité.Classification JEL : F15, F36, F38, F55, G28.
    Since the signature of the Treaty of Rome in 1957, Europe has shown a remarkable collective determination in building the shared assets that are the single market and the euro. The path has not always been easy, and the crisis cruelly exposed the shortcomings of the European Union. But Europe's past successes in overcoming the challenges it faced stand as powerful lessons for the future. In order to control our common destiny, what we need is not less Europe, but rather a better Europe, a Europe that is more focused on its priorities. On an economic level, we need to complete the success of our monetary union with a genuine economic union, as this is the only way to provide lasting support for growth. This can be achieved through three concrete projects. The first immediate one is a Financing Union for Investment and Innovation, to better channel our abundance of savings towards investment and innovation. The second is a collective euro area economic strategy, with more national reforms where they are needed, such as in France, and more fiscal support where there is room for manoeuvre. This shared commitment by our Member States could be backed up by a euro area Finance Minister. Lastly, in the longer term, a euro area fiscal capacity would put the finishing touch to our union, by equipping it with a tool for stabilisation and solidarity.Classification JEL: F15, F36, F38, F55, G28.
  • Une réaction morale et intellectuelle est indispensable pour préserver et amplifier les acquis européens - Mario Monti p. 31-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Deux fois commissaire européen, en charge du Marché intérieur et de la Fiscalité dans la Commission Santer, et en charge de la Concurrence dans la Commission Prodi, Mario Monti retrace ici son engagement européen et met en avant les aspects positifs de la construction européenne. Dans un monde où la place de l'Europe se réduit pour des raisons internes et externes, il appelle à une réaction morale et intellectuelle afin de surmonter les disparités et la crise de confiance actuelle. Il milite également pour une refonte importante du budget de l'Union européenne tant du côté de son financement, vers plus de transparence et d'équité, que de ses dépenses à recentrer vers la sécurité des frontières extérieures et la lutte contre le changement climatique.Classification JEL : E61, F15, F45, F55.
    Mario Monti, twice a European Commissioner, explains his European commitment and highlights the positive realizations of the Economic Union. He urges that in a changing world with new and huge challenges, EU members must find the intellectual and moral strength to overcome their differences and put an end to the present confidence crisis. An important issue for the EU's future is the remodelling of its budget. This has to be done on the financing side with the implementation of a more transparent and democratic taxation. On the expenditure side, external security and climate challenges must be top priorities.Classification JEL: E61, F15, F45, F55.
  • L'Europe doit s'attaquer de front au défi anthro-politique - Pascal Lamy p. 39-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après avoir retracé ses expériences européennes et les évolutions qu'il a pu observer, tout d'abord comme chef de cabinet de Jacques Delors puis comme commissaire au Commerce dans la Commission Prodi, Pascal Lamy expose les principaux enjeux auxquels est aujourd'hui confrontée l'Union européenne (UE). Il identifie aussi les faux problèmes mis en avant dans le débat public qui seraient à l'origine de ses difficultés actuelles. Le premier grand défi est de renouer avec la croissance, ce qui nécessite que l'UE comble impérativement son retard technologique et continue la mise en œuvre du marché unique, qui n'est, dans les faits, effectif que pour la moitié des biens et services. Mais le plus grand défi est de nature anthro-politique, l'UE doit s'atteler à la création d'un véritable démos européen et cette responsabilité incombe avant tout aux dirigeants politiques. Ceci est d'autant plus urgent en ces temps de Brexit.Classification JEL : E61, F15, F45, F55.
    Pascal Lamy, former chef de Cabinet of Jacques Delors and European Commissioner for Trade, first relates his European experiences and the evolution of the functioning of the European institutions overtime. He then highlights the main present challenges facing Europe and also stresses the fallacies found in the public debate. The first main challenge - to renew with growth as Europe lags behind the US - means investing heavily in technology and pursuing the implementation of the European Single Market Policy. Second, and most important, is the absolute necessity to create a European demos whose absence is a major obstacle on the road to a well-functioning and world-respected Europe. This anthro-political challenge needs to be tackled urgently in times of Brexit.Classification JEL: E61, F15, F45, F55.
  • Le marché intérieur : du traité de Rome à aujourd'hui

    • Prudentes et courageuses : les tentatives de l'Europe en faveur de l'intégration - Hans-Helmut Kotz, Charles S. Maier p. 55-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À l'heure des soixante ans du traité de Rome, cet article retrace les grandes étapes de la construction européenne à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui peut apparaître aujourd'hui comme une construction bien ordonnée est en fait le résultat d'une série d'avancées successives, fonctions de circonstances contingentes. Ainsi l'intégration plus poussée de l'Europe, de la CECA au traité de Rome et au-delà, peut être comprise comme « la somme des solutions apportées à ces crises » (Monnet). Aujourd'hui, alors que l'Europe est confrontée à des crises majeures en particulier dans la périphérie de la zone euro, la méthode Monnet a-t-elle atteint ses limites ? Une chose est sûre : l'autonomie dans un monde interdépendant est une illusion réactionnaire.Classification JEL : F02, F55.
      This paper relates the main steps of the European Union building from the end of WWII. What may today look like a coherent and well-defined project is in fact the result of numerous steps owing much to contingent circumstances. From ECCS to the treaty of Rome and beyond, the integration of Europe, is in fact as Monnet put it « the sum of the solutions adopted to crises ». Today Europe faces major crises again, especially in the euro zone periphery. Has the step by step Monnet method reached its limits? Nevertheless, it is true that autonomy in an interdependent world is a reactionary illusion.Classification JEL: F02, F55.
    • Un marché, une monnaie : un argument erroné (post factum) ? - Daniel Gros p. 69-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pourquoi l'Europe devait-elle opter pour une union monétaire ? « Un marché a besoin d'une monnaie ! » : voici, à première vue, l'argument clé du rapport influent de la Commission européenne intitulé « Un marché, une monnaie », publié en 1990. Une étude plus détaillée de ce rapport laisse toutefois entrevoir une situation assez différente. Le long sous-titre est plutôt agnostique : « Une évaluation des avantages et des coûts potentiels liés à la formation d'une union économique et monétaire ». Une analyse approfondie du rapport révèle que l'argument clé fonctionnait plutôt dans l'autre sens : une monnaie unique créerait un marché unique. Malheureusement, en 1990, les auteurs ne se rendaient pas compte qu'une « monnaie unique » encouragerait d'importants flux financiers transfrontaliers, lesquels conduiraient, un jour, à une crise financière très coûteuse.Classification JEL : F15, F36, F45, G28.
      Why should Europe opt for monetary union? “One Market needs one Money!”: This is, at first sight, the key argument of the influential report of the European Commission entitled “One Market, One Money”, published in 1990. Closer examination reveals a somewhat different picture, however. The extended subtitle is rather more agnostic: “An evaluation of the potential benefits and costs of forming an economic and monetary union.” A closer inspection of the report reveals that the key argument was the other way round: one money would create one market. Unfortunately, the authors in 1990 did not recognise that “one money” would foster huge cross-border financial flows that would one day lead to a very costly financial crisis.Classification JEL: F15, F36, F45, G28.
    • De la première directive bancaire à l'Union bancaire : l'Europe bancaire en construction - Pierre-Henri Cassou p. 85-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis l'adoption, il y a quarante ans, de la première directive de coordination, trois décisions importantes ont plus particulièrement contribué au projet de construction de l'Europe bancaire : le traité de Luxembourg, qui a permis de garantir la liberté d'établissement et la libre prestation de service à partir de 1993, le traité de Maastricht, qui a fondé l'Union économique et monétaire et servi de base à la création de l'euro en 1999, et enfin le lancement, en 2012, de l'Union bancaire dans la zone euro.Aujourd'hui, ce projet est en large mesure devenu réalité. Tous les établissements de crédit de l'Union sont ainsi soumis à une réglementation prudentielle unique et peuvent proposer à leurs clients un système commun de paiements scripturaux (le système SEPA). Mais c'est au sein de la zone euro que cette construction est la plus avancée, puisque le refinancement et la surveillance des banques y sont désormais totalement unifiés.Pour achever l'édification de l'Europe bancaire, de nouveaux progrès demeurent toutefois nécessaires, notamment la mise en œuvre de la proposition d'Union des marchés de capitaux.Classification JEL : E58, F36, G21, G28.
      Since the enactment, 40 years ago, of the First Banking Coordination Directive, three main decisions contributed particularly to the project of building up a European banking market: the Luxemburg Treaty which ensured the freedom of establishment and that of service offerings from 1993 on, the Maastricht Treaty, which founded the Economic and Monetary Union and on which was based the creation of the Euro in 1999, lastly the launching, in 2012, of the Banking Union in the Eurozone.Today, this project is, by and large, a reality. All credit institutions within the European Union are now subject to a single prudential regulation and may offer to their clients a common system of payment means (the “SEPA” system). But, within Europe, the Eurozone is the place where the building up of a banking market is the most advanced, since both the refinancing and the supervision of the banks are there totally unified.To complete this project, new steps are nevertheless still needed, inter alia the setting up of the proposed Capital Market Union.Classification JEL: E58, F36, G21, G28.
  • Les défis de l'Europe financière

    • Les banques européennes se retirent-elles de la scène internationale ? - Dirk Schoenmaker p. 105-118 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après la crise, il semblerait que les banques européennes se retirent du système bancaire international. Elles délaissent par ailleurs le marché des activités de banque d'investissement au profit des grandes banques d'investissement américaines. Mais ce constat est-il juste ? Nos résultats montrent que les banques asiatiques ne subissent pas les effets des crises tandis que les activités des grandes banques américaines ont repris après une recapitalisation rapide et décisive en mars 2009. En Europe, la situation est contrastée. Les banques britanniques et suisses ont subi d'importantes restructurations et une diminution de leurs activités internationales. Les banques de la zone euro sont dans une position intermédiaire : elles ont subi de légères restructurations tout en préservant leur présence à l'international.Les responsables politiques doivent faire un choix. Nous préconisons d'achever l'Union bancaire et de confier la surveillance prudentielle à la BCE et le mécanisme de soutien budgétaire au MES. Cela placerait la zone euro sur un pied d'égalité avec les États-Unis et la Chine qui disposent d'un mécanisme de soutien budgétaire crédible pour leur système bancaire. À la suite du Brexit, nous suggérons que l'Autorité européenne des marchés financiers assume la fonction de superviseur central des marchés pour soutenir la création de marchés de capitaux dynamiques sur lesquels les banques d'investissement américaines mais également européennes pourraient jouer un rôle.Classification JEL : F36, F38, G21, G23, G28.
      After the crisis, European banks seem to be retreating from global banking. Moreover, they leave the investment banking market to the large US investment banks. But are these reports correct? Our findings show that the global Asian banks are not affected, while the large US banks resumed business after a swift and decisive recapitalisation in March 2009. The European picture is mixed. Global banks from the UK and Switzerland experienced a major downsizing and reduction in global reach. Euro-area banks have an intermediate position: they show a moderate downsizing but upheld their geographical reach.Policy-makers face a choice. We recommend completing Banking Union with the ECB as prudential supervisor and the ESM as fiscal backstop. That would bring the euro-area at par with the US and China, which can provide a credible fiscal backstop to their banking system. Following Brexit, we suggest that the European Securities Markets Authority should become the central markets supervisor to support vibrant capital markets, where not only US investment banks but also European banks can play a role.Classification JEL: F36, F38, G21, G23, G28.
    • L'Europe de l'assurance et ses challenges - Denis Kessler p. 119-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La construction de L'Europe de l'assurance a modifié radicalement le paysage de l'assurance européenne en permettant la pénétration des marchés nationaux par des concurrents européens et en favorisant une diversification internationale, surtout européenne, des portefeuilles de placement. Elle a également renforcé la sécurité des entreprises d'assurances au moyen d'exigences prudentielles adaptées. Pour achever ce marché unique de l'assurance européen, des progrès restent toutefois à faire notamment sur le plan réglementaire et de la supervision.Classification JEL : F36, G22, G28.
      The construction of the Europe insurance has dramatically changed the landscape of the European insurance market with the penetration of national insurance markets by European competitors and the diversification of investment portfolios through holdings of foreign, mainly European, assets. It has also strengthened the security of the European insurance companies thanks to customized prudential requirements. But the final achievement of this insurance single market still requires new advances on the regulatory and the supervision sides.Classification JEL: F36, G22, G28.
    • L'Union des marchés de capitaux : progrès réalisés et prochaines étapes - Olivier Guersent p. 137-150 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'une des priorités de la Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker, est d'établir un véritable marché unique de capitaux – une Union des marchés de capitaux (UMC) pour tous les États membres – afin de renforcer l'économie européenne et stimuler l'investissement et la création d'emplois. Malgré les progrès réalisés en matière de libre circulation du capital – un objectif de longue date de l'Union européenne –, les marchés de capitaux européens demeurent fragmentés en fonction de frontières nationales, et les économies européennes restent fortement dépendantes du secteur bancaire pour leurs besoins de financement. Plus de la moitié des trente-trois mesures initiales ont déjà été réalisées par la Commission dans la première année suivant la publication du Plan d'action de l'UMC qui détaillait les éléments constitutifs de ce projet d'ici à 2019. Toutefois l'environnement économique actuel nécessite de renforcer les efforts entrepris. En conséquence, la révision à mi-parcours du Plan d'action de l'UMC permettra de faire un bilan de ce qui a été accompli, d'évaluer son efficacité à répondre aux défis politiques et de déterminer comment davantage progresser sur ses premières fondations.Classification JEL : F36, F38, G15, G18, G23.
      One of European Commission President Juncker's key priorities is to build a true single market for capital – a Capital Markets Union (CMU) for all Member States – in order to strengthen Europe's economy and stimulate investment to create jobs. Despite the progress that has been made on the free movement of capital – a long-standing objective of the European Union – Europe's capital markets remain fragmented along national lines and European economies remain heavily reliant on the banking sector for their funding needs. More than half of the initial 33 initiatives have been completed by the Commission in the first year since the publication of the CMU Action Plan providing the building blocks of a CMU by 2019. However, the current economic environment necessitates stepping up the efforts. As such, a CMU Mid-Term Review will allow taking stock of what has been done, its effectiveness in addressing policy challenges, and how to build on these foundations.Classification JEL: F36, F38, G15, G18, G23.
    • Le Brexit et le secteur financier en Europe : bye bye London ? - Jean-François Pons p. 151-166 avec résumé avec résumé en anglais
      Le 23 juin 2016, le peuple britannique a voté pour la sortie de l'Union européenne (UE). Le Brexit va donner lieu à des négociations « de divorce » complexes et difficiles sur de nombreux sujets. Ces négociations risquent de traîner en longueur et devront être suivies d'une autre négociation sur un nouvel accord de coopération. Les répercussions pour le secteur financier en Europe vont être fortes. Londres, première place financière d'Europe, bénéficie pleinement du système de « passeport financier » européen, qui est remis en cause. La City tentera de préserver son accès au Marché unique, mais a peu de chance d'y parvenir car Theresa May privilégie le scénario d'une sortie du marché unique (dit « hard Brexit »). Le secteur financier britannique garde tout de même l'espoir de bénéficier, après le Brexit, d'une période transitoire et d'un régime d'équivalence, permettant à ses entreprises de continuer à vendre leurs produits financiers sans devoir les faire agréer par tous les pays de l'UE. Néanmoins, devant l'incertitude des négociations, les entreprises basées à Londres ont amorcé un mouvement de relocalisation de certaines activités sur le Continent.Classification JEL : F15, F55, G20.
      On 23 June 2016, the British People voted out of the EU. Brexit will trigger long and complex “divorce” negotiations on a wide range of topics. These negotiations are likely to drag on and will be followed by another negotiation on a new cooperation agreement. There will be substantial consequences for the European financial sector. As number one financial centre in Europe, London benefits fully from the European financial “passport” system, that is being put into question. The City is going to try and preserve its access to the Single Market, with few chances of success as PM Theresa May is leading Britain towards a “hard Brexit” – which means taking the country out of the Single market. Britain's financial sector still hopes to benefit from a transitory period and an equivalence regime after Brexit, allowing its companies to sell financial products without the need of having every EU member States authorising them. In the meantime, in response to the uncertainty surrounding negotiations, London based companies started to relocate some of their activities on the Continent.Classification JEL: F15, F55, G20.
    • La finance, un enjeu stratégique pour l'Union européenne dans le monde - Sylvie Goulard p. 167-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que l'économie mondiale connaît des mutations profondes, l'Union européenne (UE) est menacée de marginalisation. L'élection de Donald Trump fait peser des doutes sur la coopération transatlantique et, avec le Brexit, l'UE perd un État membre et une place financière de premier plan. Dans ce contexte, il s'agit pour l'UE de conserver un secteur financier européen compétitif pour préserver sa capacité à piloter ses choix d'avenir. La crise de 2008 a cependant montré que les flux financiers ne peuvent être efficacement régulés qu'à une échelle globale. Pour défendre ses intérêts, comme pour porter des réformes stratégiques, l'UE doit s'efforcer d'améliorer son influence.Classification JEL : E44, F15, G20.
      While the global economy is experiencing profound changes, the European Union (EU) is threatened with becoming marginalised. Donald Trump's election raises doubts about transatlantic cooperation and, with Brexit, the EU is losing a Member State and a leading financial centre. In this context, for the EU it is a question of maintaining a competitive European financial sector in order to conserve its ability to control its choices for the future. The 2008 crisis did however show that financial flows can only be effectively regulated at the global level. In order to defend its interests, as well as to bring about structural reforms, the EU must strive to improve its influence.Classification JEL: E44, F15, G20.
  • L'Europe 60 ans après Rome : inachevée, à reconstruire, des nouveaux champs pour rebondir

    • Les conséquences économiques de Mrs May et Mr Trump - Jacques Mistral p. 181-194 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'interroge sur les conséquences prévisibles des événements marquants intervenus en 2016, le vote en faveur du Brexit et l'élection de Donald Trump, qui rompent de manière spectaculaire avec le monde libéral et ouvert qui a caractérisé les soixante dernières années. S'il est trop tôt pour tirer des conséquences définitivement négatives de ces changements politiques, on doit au minimum mesurer les défis nouveaux auxquels se heurte la poursuite de la coopération internationale en matière monétaire et commerciale. Il est urgent de relever ces défis sauf à laisser le monde glisser, de dérapages en représailles, vers une guerre économique dont on a fait l'expérience catastrophique dans le passé. Notre génération sera comptable auprès de nos petits-enfants de l'usage qui sera fait de l'héritage que nous avons reçu avec les traités de 1957 et 1992, le succès du projet européen dans ce nouveau contexte géopolitique est plus nécessaire que jamais.Classification JEL : F13, F15.
      This article starts from the unexpected events that happened in 2016; the decision of British voters to exit the EU and the election of Donald Trump mark a dramatic rupture with the large adhesion, in particular in the anglo-saxon world, to an open world economy all over the last 60 years. It is too early to anticipate dramatically negative consequences of these political changes but it is at least urgent to evaluate the new challenges facing future international cooperation on trade, finance and the international monetary system. This requires urgent attention to avoid ill inspired commercial or monetary decisions that could, from provocations to reprisals, degenerate and finally push the world into an economic war of which the past gives a tragic picture. With the 1957 and 1992 Treaties, our generation received a precious heritage of which we are responsible vis à vis our grandchildren. It is, in this context, more necessary than ever to exit the euro-immobilism that is so discouraging for the European nations and adapt the EU and the eurozone to a challenging and dangerous future.Classification JEL: F13, F15.
    • Le défi des migrations : quelles options pour l'Europe ? - Amélie F. Constant, Klaus F. Zimmermann p. 195-208 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine la question des migrations et de la mobilité des travailleurs dans l'Union européenne (UE) et souligne leur importance pour la pérennité de l'UE. En dépit de tous les indicateurs de réussite, le débat public actuel semble révéler que le consensus politique selon lequel les migrations sont bénéfiques est rompu. Cela coïncide avec une crise des institutions européennes en général. Les migrations et la mobilité des travailleurs ne sont pas à l'origine du changement culturel perçu. L'UE, dans sa forme actuelle et avec les ambitions qui sont les siennes, pourrait parfaitement survivre ou s'effondrer même si elle surmontait le défi des migrations. Il est toutefois plus que probable qu'elle s'effondrera si elle ne parvient pas à résoudre la question des migrations en favorisant la mobilité des travailleurs dans l'UE et en établissant une politique migratoire extérieure commune.Classification JEL : D01, D02, D61, F02, F16, F22, F66, J60.
      This paper examines the migration and labor mobility in the European Union and elaborates on their importance for the existence of the EU. Against all measures of success, the current public debate seems to suggest that the political consensus that migration is beneficial is broken. This comes with a crisis of European institutions in general. Migration and labor mobility have not been at the origin of the perceived cultural shift. The EU in its current form and ambition could perfectly survive or collapse even if it solves its migration challenge. But it will most likely collapse, if it fails to solve the mobility issue by not preserving free internal labor mobility and not establishing a joint external migration policy.Classification JEL: D01, D02, D61, F02, F16, F22, F66, J60.
    • La zone euro en quête de coordination - Agnès Benassy-Quéré p. 209-224 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La crise de la zone euro a révélé trois erreurs majeures de conception : (1) une union monétaire sans union bancaire, (2) une incohérence entre les trois interdits que sont la monétisation des dettes publiques, le renflouement d'un État par ses partenaires et le défaut souverain, et (3) la quasi-absence de coordination des politiques macroéconomiques. Si les deux premières erreurs sont en voie de correction, la troisième – l'objet de cet article – résiste aux réformes car elle met en cause la souveraineté des États membres. La coordination des politiques budgétaires pourrait se révéler plus difficile encore que la mise en place d'un budget commun reposant sur des stabilisateurs automatiques, seuls aptes à véritablement atténuer les cycles d'activité. Quant à la coordination des autres politiques macroéconomiques, les dispositifs existants (procédure pour déséquilibres macroéconomiques, lignes directrices de la stratégie de croissance Europe 2020) gagneraient à être recentrés chacun sur un objectif précis et évalués selon un calendrier adéquat.Classification JEL : F45.
      The Eurozone crisis has revealed three major design errors: (1) a monetary union without a banking union, (2) an inconsistency between three prohibitions, namely monetization of public debts, bail-out of a Member state by its partners, and sovereign default, and (3) the virtual absence of coordination of macroeconomic policies. Although the first two errors are being corrected, the third – the purpose of this article – is resistant to reforms because it concerns the sovereignty of the Member states. The coordination of fiscal policies could in fact prove more difficult than the introduction of a common budget based on automatic stabilizers to mitigate business cycles. As for the coordination of other macroeconomic policies, the existing schemes (macroeconomic imbalances procedure, Europe 2020 integrated guidelines) would benefit from being refocussed each on a specific objective, and assessed according to an appropriate timetable.Classification JEL: F45.
    • Rendre la mondialisation viable : les leçons de l'Europe - Benoît Cœuré p. 225-238 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La mondialisation suscite aujourd'hui de graves inquiétudes alors que des signes de démondialisation apparaissent. Or nombre des critiques reposent sur des idées reçues. Pour rendre la mondialisation viable - plus efficace, plus durable et plus équitable -, il importe que les États soient forts et œuvrent dans le cas d'une gouvernance solide. Sur le plan économique, un libre-échange bénéfique suppose que les gouvernements en gèrent correctement les conséquences sociales, environnementales et celles qui touchent à la répartition des revenus. Dans l'ensemble, l'intégration européenne, tentative la plus élaborée mise en œuvre pour gérer les arbitrages politiques d'un environnement mondialisé, est une réussite et peut donc servir d'exemple. Toutefois, pour qu'elle soit elle-même viable, plusieurs actions doivent être menées : la rendre plus durable en améliorant la qualité des flux financiers et également la rendre plus équitable. Enfin il est nécessaire que l'Europe prouve pleinement sa capacité à se faire entendre dans les institutions internationales.Classification JEL : F02, F55, F60, F65, F68.
      The many concerns expressed by globalisation are coinciding with recent signs of deglobalisation. But many of these concerns are in fact political and economic fallacies. It is urgent to make globalisation sustainable, consequently more efficient, more enduring and more equitable. To achieve this, global markets must be underpinned by strong states and firm governance. On the economic side, a welfare bringing free trade requires that governments manage adequately its distributional, social and environmental consequences, Globally the European construction can be regarded as the most elaborate attempt ever to mitigate the inevitable political trade-offs arising in a globalised world. Its real success should be an example. Nevertheless its sustainability implies making it more enduring with a better control of financial flows and also more equitable. Finally, when heading for sustainable globalisation in Europe, the European voice must be heard in international bodies which shape international economic rules.Classification JEL: F02, F55, F60, F65, F68.
    • Vers un marché unique numérique : faire de la révolution numérique une opportunité pour l'Europe - Roberto Viola, Olivier Bringer p. 239-254 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les technologiques numériques transforment radicalement l'économie mondiale avec des répercussions sur le commerce, l'industrie, le marché du travail et les services publics. L'Europe a de nombreux atouts pour bénéficier de ces changements, mais reste confrontée à la fragmentation de son marché intérieur. Dans cette perspective, la Commission européenne, pleinement supportée par les États membres, a placé parmi ses grandes priorités politiques la réalisation du marché unique numérique. On estime que le marché unique numérique pourrait contribuer à hauteur de 415 milliards d'euros à l'économie européenne et créer des centaines de milliers d'emplois.Cet article décrit comment la stratégie pour un marché unique numérique contribue à renforcer la dimension numérique du marché unique, à stimuler l'investissement dans les réseaux très haut débit, à transformer notre système productif et créer une économie européenne de la donnée, à créer les conditions de l'émergence de la société de la connaissance (compétences numériques et infrastructures de données), et à sécuriser et renforcer la confiance dans le marché unique numérique.Classification JEL : F15, L80, L86, L88.
      Digital technologies are radically transforming the world's economy, with significant impact on trade, industry, labour markets and public services. Europe is well placed to benefit from these changes, but remains confronted to the fragmentation of its internal market. In this context, the European Commission, with the full support of the Member States, has identified the creation of a Digital Single Market as one of its top political priorities. A fully functional Digital Single Market could contribute €415 billion to the European economy and create hundreds of thousands of new jobs.This article describes how the Digital Single Market Strategy contributes to reinforcing the digital dimension of the single market; stimulating investment in high speed broadband networks; transforming our productive system and building a European data economy; creating the framework conditions for a knowledge society (digital skills and data infrastructures); and securing and reinforcing trust in the Digital Single Market.Classification JEL: F15, L80, L86, L88.
    • La Grèce dans une union monétaire : les leçons à tirer de cent ans de régime de taux de change - Matthias Morys p. 255-260 accès libre
  • Articles divers

    • Finance et politique : la bourse préfère-t-elle la gauche ? - Gérard Charreaux p. 263-278 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Aux États-Unis, les performances boursières semblent significativement plus élevées lorsque les Démocrates sont au pouvoir. Bien que les tests soient plus rares, il semble qu'une telle prime partisane existe également en France sous la gauche. L'objectif de cet article est de vérifier si l'existence d'une telle prime se confirme sur la période 1981-2016 lorsqu'on recourt à une méthode permettant de neutraliser l'incidence de la conjoncture internationale. Le point de vue considéré est celui d'un investisseur américain qui gère un portefeuille diversifié internationalement. Les résultats confirment l'existence d'une prime partisane en faveur de la gauche.Classification JEL : E44, G11, G12, G15.
      In the United States, stock market performance seems to be significantly higher when the Democrats are in power. Although tests are rarer, it seems that such a partisan premium also exists in France under the Left. The objective of this article is to verify whether the existence of such a premium is confirmed over the period 1981-2016 when the method used allows neutralizing the impact of the international conjuncture. The point of view is that of a US investor who manages an internationally diversified portfolio. The results confirm the existence of a partisan premium in favour of the Left.Classification JEL: E44, G11, G12, G15.
    • La politique de taux bas et de taux négatifs : raisons et conséquences pour les banques - Olivier Klein p. 279-286 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La politique monétaire en zone euro menée depuis la crise financière, ayant conduit à des taux très bas, voire négatifs, a permis de raviver, même faiblement, la croissance. Elle a permis de soutenir la consommation et l'investissement et de relancer la demande de crédit par les agents économiques qui le pouvaient. Les taux d'intérêt inférieurs au taux de croissance nominal ont également facilité la possibilité de se désendetter pour les agents qui s'étaient fortement endettés avant la crise. Ils ont avant tout évité un risque de crise systémique, puis de déflation. Mais ces taux d'intérêt ne sauraient longuement encore être maintenus à des niveaux si bas, car ils risqueraient de déclencher une bulle de l'immobilier, voire des actions. En outre, en réduisant fortement et durablement à l'avenir la rentabilité des banques, alors que celles-ci doivent augmenter leur ratio de solvabilité, une telle politique contraindrait finalement l'offre de crédit, voire mettrait en danger le système bancaire, et serait in fine très défavorable à la croissance.Classification JEL : E43, E61, G21.
      The purpose of the Eurozone monetary policy adopted since the financial crisis, which led to very low or even negative interest rates, was to stimulate growth, which was successfully achieved, albeit slightly. It supported consumption and investment and revival of the demand for credit by economic agents who were able to. Interest rates below the nominal growth rate also facilitated the opportunity for deleveraging for agents who were heavily indebted before the crisis. They also avoided, first and foremost, the risk of a systemic crisis and deflation. These interest rates cannot, however, be kept at such low levels for much longer, given that they could trigger a real estate, or even a stock market, bubble. Moreover, by significantly and persistently reducing the profitability of banks in the future, while they must increase their solvency ratio, such a policy would eventually restrict the supply of credit, or even put the banking system at risk, and would ultimately be very unfavourable to growth.Classification JEL: E43, E61, G21.
    • Les banques islamiques sont-elles si islamiques que cela ? Conséquences en matière de fonds propres réglementaires - Mohammad Bitar, Philippe Madiès p. 287-312 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En théorie, les banques islamiques sont des institutions qui appliquent le concept de partage de profits et de pertes (PPP). Néanmoins, la littérature montre que, dans la pratique, les banques islamiques reposent essentiellement sur des opérations commerciales (non-PPP) et marginalement sur les instruments PPP. Dans cet article, nous démontrons que le type d'intermédiation privilégié par les banques islamiques n'est pas très différent de celui des banques conventionnelles. Tout d'abord, nous analysons les activités pratiquées par les banques islamiques à la lumière d'un modèle d'intermédiation pur et d'un modèle hybride. Ensuite nous montrons que les banques islamiques pratiquent le concept de PPP au passif du bilan, mais les opérations commerciales non-PPP à l'actif du bilan. Ainsi le contrat mourabaha représente à lui seul près de 80 % du total des activités des banques islamiques. Enfin nous démontrons à partir d'un échantillon de 656 banques dont 116 islamiques que le type d'intermédiation privilégié par les banques islamiques les rend plus capitalisées en matière de fonds propres réglementaires pondérés et non pondérés par le risque que leurs homologues conventionnelles.Classification JEL : G20, G21, P43.
      In theory, Islamic banks are profit-and-loss-sharing (PLS) institutions. Nevertheless, literature shows that, in practice, Islamic banks rely mainly on mark-up financing techniques compared to a marginal share of PLS instruments. In this paper, we demonstrate that the Islamic banks intermediation model is not very different from the conventional banks model. First, we report pure and hybrid models to reflect the activities practiced by Islamic banks. Second, we show that Islamic banks use PLS arrangement at their liability side but mark-up financing techniques at their assets side. Islamic banks financing modes are driven by Mourabaha contract that represent almost 80% of their activities. Finally, we employ a sample of 656 banks – including 116 Islamic ones – to examine the impact of their preferred intermediation model and find that Islamic banks have higher capitalization in the form of risk-based and non-risk-based capital ratios than conventional counterparts.Classification JEL: G20, G21, P43.