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Revue Gérer et comprendre (Annales des mines) Mir@bel
Numéro no 129, septembre 2017
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Réalités méconnues

    • La conception-réalisation : une mutation profonde du secteur de la construction ? Étude des cas britanniques et français - Flora Aubert p. 3-12 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De nouvelles contraintes (techniques, environnementales, de délais et de coûts) imposent au secteur de la construction des changements organisationnels. Le processus de conception-réalisation, qui consiste à superposer en partie la phase de conception avec celle de construction, semble s'imposer comme mode constructif efficient. Permettant la perméabilité des savoirs et des compétences des différents acteurs, ce procédé plébiscité au Royaume-Uni est quelque peu controversé en France. À l'aide de cas concrets britanniques, cet article propose d'étudier les possibilités d'évolution de la conception-réalisation dans le secteur français de la construction. Nous montrerons que la révolution de la conception-réalisation peut réellement s'opérer de par la flexibilité de ce processus qui suscite un renouveau d'intérêt organisationnel plutôt que technique.
      Build-design: a thoroughgoing change in the construction industry? The British and French cases
      New technical and environmental requirements, along with the exigencies of delivery schedules and costs, are changing the organization of the building industry. The build-design process, under which the phases of designing and building overlap, compels recognition as an apparently efficient method. Through the permeability of the know-how and qualifications of various actors, this process, a tremendous success in the United Kingdom, has aroused a degree of controversy in France. Concrete British cases serve to explore the possibilities opened to build-design in the French construction industry. The build-design revolution is operational thanks to this project delivery system's flexibility, which is of interest for organizational rather than technical reasons.
    • L'élaboration d'une politique publique environnementale, le Bilan Carbone® - Frédérique Pallez, Morgane Le Breton, Thomas Gourdon p. 13-19 accès libre
  • L'épreuve des faits

    • Les atouts d'une compréhension fondée sur le travail réel et les attentes des salariés Les « carrières immobiles » : un challenge pour le management ! - Lætitia Pihel p. 21-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour le management, les carrières immobiles constituent un défi qui met à l'épreuve la stratégie RH, les outils de gestion des carrières et, au-delà, les représentations qui les portent. L'immobilisme se caractérise par la recherche de stabilité dans les fonctions actuellement occupées et par l'absence d'appétence pour la mobilité. Notre contribution s'appuie sur une étude de cas ethnographique de 17 mois réalisée au sein d'une clinique privée. La Direction de l'établissement dit faire face à un « immobilisme contagieux ». Pourtant inspiré de bonnes pratiques, le programme de gestion des carrières proposé ne rencontre pas le succès escompté auprès des Infirmières diplômées d'État (IDE). Notre étude a été portée par trois grandes questions : 1) Quelles sont les origines de l'immobilisme de carrière ? 2) Quels sont les mécanismes qui le sous-tendent ? 3) Au-delà, quels sont les angles morts de la réflexion managériale qui mettent en échec les politiques RH en matière de carrières ? Les résultats montrent que l'immobilisme est le produit d'une dynamique complexe engageant plusieurs dimensions : la formation initiale suivie, l'organisation du travail et l'individu (attaché à son projet de carrière). Notre étude a mis au jour les mécanismes d'emboîtement et d'enchevêtrement de ces dimensions au cœur du travail, du collectif, des relations, d'un quotidien qui accapare. Elle témoigne d'une réalité turbulente qui impose des mobilités à l'intérieur même du métier d'IDE et qui permet, à d'autres, de bénéficier de promotions informelles. Elle rend compte de la nécessité d'approcher les conduites de carrière au plus près du contexte et des trajectoires. Elle démontre également que l'immobilisme ne va pas de pair avec une absence de projet et d'ambition professionnels, mais que tout à l'inverse, et contre toute attente, leur présence peut le nourrir. Au-delà des préconisations managériales qu'elle formule, cette contribution livre au débat les réflexes partagés en matière de gestion des carrières tant sur le plan de la pratique que sur celui de la recherche académique.
      “Immobile careers”: A challenge for management! The advantages of an understanding based on actual work and wage-earners' expectationsImmobile careers of persons looking for stability in the position currently held and not being attracted by mobility are a challenge to human resources, its strategy, tools and, more broadly, conceptions. This article is based on seventeen months of field work in a private clinic, where management claimed it had to cope with “contagious immobility”. The program for managing careers, though based on good practices, had not had the hoped-for results among registered nurses. Our research tried to answer three main questions : a) What were the origins of this immobility ? b) What processes underlaid it ? c) What were the blind spots in management's way of thinking that led to this blockage ? This immobility came out of a complex, dynamic process with several dimensions : initial training, the organization of work, and the individual (their attachment to their own career plans). These factors were chained and overlapped in actual, everyday work activities and relations at the workplace. The turbulence of work, with its demands on time and energy, imposed mobility but within this job category and allowed some nurses to benefit from informal promotions. Behaviors related to career management must be handled as closely as possible to the context and individuals' backgrounds and plans. Immobility is not coupled with the absence of career plans or ambitions, which, quite contrary to expectations, can bolster immobility. Besides the recommendations formulated for management, this article shifts academic and practical discussions of this topic toward shared reflexes in career management.
  • En quête de théorie

    • Cahier des charges et relation client-fournisseurs : une tentative de synthèse - Paul Bouvier-Patron p. 33-43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les relations clients-fournisseurs sont stratégiques et le cahier des charges, bien qu'il en soit un dispositif central, est pourtant peu et mal étudié. L'emprunt fait aux sciences pour l'ingénieur (SPI) par le management sur la question du cahier des charges semble se focaliser sur une catégorie particulière (« Black Box Part »). Or, à partir des références pertinentes, une rationalisation est susceptible d'apporter un meilleur socle référentiel concernant la classification des relations clients-fournisseurs d'après le type de cahier des charges mobilisé. C'est là une étape absolument cruciale pour étudier les entreprises contemporaines recentrées sur leur métier et mobilisant fortement les relations contractuelles d'achats de différentes natures. La méthodologie relève d'une approche critique s'appuyant sur la littérature existante. Le résultat proposé est un tableau rigoureux de classement des relations clients-fournisseur.
      Specifications and Buyer-Seller Relationship: Towards a Fair Synthesis
      Buyer-Seller relationships are strategic one and specifications, however neglected, a key point of analysis. On the topic of Specifications, Management Science is borrowing to Engineering Sciences. It induces sometime an over-statement in terms of research interest focused on a single aspect (“Black Box Part”). However, a rationalisation is about to give a coherent and stable basis of buyer-seller relationships and specifications classification. A such tool is required to investigate modern firms based on their core business and contractual buyings of different types. The methodology used is a critical one based on academic literature and the result is a rigorous analytical table of buyer-seller relationships.
    • Crowdsourcing : la foule en question(s) - Sophie Renault p. 45-57 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors même qu'elle est au cœur du crowdsourcing, la définition de la foule fait l'objet de controverses. Dans son acception originelle, la foule réfère à une multitude d'individus réunis dans un même lieu. Or, dans le contexte du crowdsourcing, ce lieu est essentiellement virtuel (il est d'ailleurs question de foule numérique). Dès lors, bon nombre des aspérités de ce que l'on dénomme « la foule » questionnent : est-elle constituée d'un large nombre d'individus ? Est-elle réunie dans un même espace ? Produit-elle de la bonne qualité ? Afin de mieux comprendre la morphologie et les contours, cet article interroge sept idées reçues autour de la foule.
      Crowdsourcing: questioning and questions about the “crowd”Although at the heart of “crowdsourcing” the definition of the word “crowd” is prone to controversy. In its original meaning, the word “crowd” refers to a multitude of people gathered in one place. However, in the context of crowdsourcing this “place” is mostly virtual, we are here talking about the digital crowd. Therefore, many of the facets of what we call a crowd are called into question : does it consist of a large number of individuals ? Are they all in the same place ? Does this crowd produce good quality ? This article questions seven misconceptions surrounding the word “crowd” in order to better understand its morphology and contours.
    • La participation dans le monde du travail : une perspective d'autogouvernement - Benjamin Chapas, Xavier Hollandts p. 59-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le XIXe siècle, la question de faire participer les salariés se pose comme une problématique centrale dans la conduite de toute entreprise : grands groupes comme PME, entreprises publiques comme privées. Cette thématique est potentiellement polémique, certains y voyant une nouvelle façon déguisée d'exploiter les travailleurs au bénéfice des managers et des dirigeants. Cependant, arriver à faire participer les salariés au bien collectif que représente l'organisation est au moins autant un impératif de survie économique qu'une nécessité managériale. Face au risque d'une instrumentalisation potentielle de la participation des salariés à des fins partisanes, il est de plus en plus nécessaire de définir et de proposer un cadrage théorique qui permette d'appréhender ce que participer signifie réellement et ce que cela implique pour les salariés, pour les dirigeants et pour l'organisation. Après avoir précisément défini ce que nous entendons par participation, nous suggérons l'idée que, pour être pleinement réalisée, cette notion implique que soit mis en œuvre un idéal politique d'autogouvernement. C'est là en effet, selon nous, la condition essentielle pour envisager un véritable « pouvoir agir » des individus et des collectifs sur les processus de leur propre émancipation.
      Participation in the world of work: Self-government
      Since the 19th century, the question of how employees can participate arises as a central issue in business life as in the literature. This question is crucial for both small organizations and major groups, public and private. Nevertheless, this topic can appear as controversial or explosive, some seeing it as a new instrumentalization or even an extension of people's exploitation that primarily benefits the CEOs and managers. Given the risk of a potential instrumentalization of participation, it is increasingly necessary to suggest a theoretical framework to clearly understand what participate really means and implies for the employees, managers and the whole organization. After defined what we mean by participation, we suggest that this concept entails, to be fully realized, to implement a self-government framework. In this sense, our approach to work participation is an ideal of self-government that initiates a debate on the conditions of a real “empowerment”, meaning a real “power to act” for people and groups in the process of their own emancipation.
  • Mosaïque