Contenu du sommaire : La réduction des risques et des dommages

Revue Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions Mir@bel
Numéro vol. 23, 2017/2
Titre du numéro La réduction des risques et des dommages
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La réduction des risques et des dommages : Éditorial - Marc Valleur, Aurélie Wellenstein p. 5-6 accès libre
  • Hommage à Jean-Pierre Lhomme - p. 7-8 accès libre
  • La réduction des risques et des dommages

    • Qu'est-ce qu'être psychologue en CAARUD ? Éléments de réflexions théoriques à partir d'une expérience professionnelle au CAARUD de Saint-Denis - Emma Richaud p. 9-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les CAARUD sont des centres d'accueil de jour destinés à accueillir une population usagère de drogues. Hérités de la loi du 31 décembre 2005, ils font partie de la mise en place d'une politique de Réduction des Risques concernant l'usage de substances psychoactives. À travers une expérience professionnelle de psychologue clinicienne au CAARUD de Saint-Denis (93), l'auteur propose d'explorer les spécificités des prises en charge du public accueilli, public présentant des conduites ordaliques et mortifères importantes, ainsi que d'exposer quelques-uns des outils méthodologiques et des apports théoriques nécessaires à sa pratique professionnelle.
      What is a psychologist at a CAARUD? Elements of theoretical reflections based on professional experience at the CAARUD in Saint-DenisCAARUDs are day care centres welcoming a population of drug users. Originating from the law of 31st December 2005, they are part of the implementation of a harm reduction policy dealing with the use of psychoactive substances. Through the work experience of a clinical psychologist at the CAARUD Saint-Denis (93), the author proposes to explore the specifics of follow-up from this public with significant ordealic and mortiferous behaviours, as well as to describe some of the methodological tools and theoretical contributions necessary for her professional practice.
    • Consommations de substances psycho-actives en milieu carcéral : étude qualitative rétrospective - Patrice Fernandes Pereira, Catherine Simon p. 35-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La population carcérale est en moins bonne santé que la population générale et présente des comorbidités plus fréquentes, notamment addictives. L'enquête Drees de 2003 montrait que 33 % des entrants en prison déclaraient une utilisation prolongée et régulière de drogues illicites au cours des 12 mois précédant l'incarcération. Nous avons souhaité décrire la réalité des consommations de substances psycho-actives et pratiques à risques associées en détention. Nous avons ainsi mené 9 entretiens semi-dirigés qualitatifs auprès de personnes usagères de drogues ayant connu une incarcération à la maison d'arrêt de Brest. Nous avons mis en évidence la poursuite de consommations de substances licites (tabac, médicaments) et illicites (cannabis, héroïne, cocaïne) en détention avec des pratiques à risques associées (sniff, injection...). Il ressortait également en incarcération une omniprésence des sollicitations et du trafic avec des stratégies bien identifiées comme le troc ou l'échange. Les personnes interrogées ont aussi proposé plusieurs axes possibles d'amélioration de la prise en charge des usagers de drogues en prison, basés sur la diversification des soins, dont un meilleur accès à la réduction des risques, et l'autonomie des patients.
      Substance psychoactive use in prison: a retrospective qualitative study
      The prison population is less healthy than the general population and has more frequent co-morbidities, including addictions. The 2003 Drees survey showed that 33% of new prisoners declared a prolonged and regular use of illicit drugs in the 12 months prior to incarceration. We wanted to describe the use of psychoactive substances and the associated risk practices in prison. We conducted nine semi-directed qualitative interviews among drug users who have experienced incarceration in Brest prison. We have highlighted the continued use of licit (tobacco, medical treatments) and illicit (heroin, cocaine, cannabis) drugs in prison with risk-associated practices (sniffing, injection...). The ubiquitous solicitations and drug trafficking with well-known strategies such as barter and exchange were also found in the goal. The respondents also suggested several possible areas for improvement in the care of drug users in prison, based on the diversification of care, including better access to risk reduction, and patient autonomy.
    • De la recherche communautaire à la transformation sociale : l'exemple du projet ANRS-AERLI sur l'accompagnement et l'éducation aux risques liés à l'injection - Perrine Roux, Marie Debrus, Daniel Rojas Castro, Fred Bladou, Marie Suzan-Monti, Elisabeth Avril, P. Carrieri p. 57-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La situation épidémiologique des usagers de drogue (UD), et tout particulièrement des UD par voie intraveineuse (UDVI), vis-à-vis du virus de l'hépatite C et du VIH appelle aujourd'hui à de nouveaux moyens de prévention et de soins. L'intervention d'Accompagnement et d'Éducation aux Risques LIés à l'injection (AERLI) issue des pratiques des acteurs de terrain en direction des UDVI a fait l'objet d'une évaluation à travers le projet de recherche communautaire ANRS-AERLI mené en partenariat étroit avec l'Inserm, Médecins du Monde et AIDES. Cette intervention communautaire consiste en une session éducative en face à face, basée sur une observation des pratiques d'injection permettant une réponse individualisée. Cette étude longitudinale ayant comparé un groupe d'UDVI exposé à AERLI et un groupe contrôle non exposé a permis de mettre en évidence l'efficacité d'AERLI non seulement en termes de diminution des pratiques à risque de transmission du VHC et des complications cutanées, mais aussi à travers une amélioration de l'accès au dépistage VHC. L'intervention AERLI apparaît donc comme un outil supplémentaire à la politique de réduction des risques et un moyen d'inciter les UDVI au dépistage VHC à l'heure de l'accès universel aux traitements du VHC. C'est ainsi que deux changements majeurs ont été possibles grâce aux résultats de cette recherche communautaire, l'inclusion de cet outil pédagogique dans la loi de santé et sa visibilité dans le dernier rapport Dhumeaux sur les hépatites comme moyen d'améliorer l'accès au dépistage VHC.
      From community-based research to social transformation: the example of the ANRS-AERLI project on injecting risk education and supportIn the current context of hepatitis C (HCV) and HIV infection, the epidemiological situation of people who use drugs, and more particularly those who inject drugs (PWID), calls for innovative prevention and care interventions. The intervention known as AERLI (supervised educational intervention to reduce risks related to injection) was initiated as a response by community stakeholders to PWID needs and its effectiveness was evaluated in a community research project (ANRS-AERLI), which gathered researchers from the French National Institute for health and medical research, and stakeholders from two community associations (Médecin du Monde and Aides). This community-based intervention consists in doing face-to-face educational session, based on a standardized checklist of injecting practices, leading to a tailored response. This longitudinal intervention study, based on a comparison of PWID who received and did not receive the intervention, produced three main results: a reduction in HCV risk practices, a reduction in complications at the site of injection and an increase in the uptake of HCV testing. Due to its double effect on HCV prevention and care, the French health law was modified to scale up AERLI at community sites and AERLI was promoted in the last national guidelines (Dhumaux Report) for universal access to HCV treatment as a major tool to engage PWID in HCV care.
    • Évaluation multicentrique de programmes d'échange de seringues en pharmacie - Emilie Beauvillier, Nicolas Bonnet, Anne-Cécile Cornibert p. 73-85 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Introduction : En France, les contaminations par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), le virus de l'hépatite B (VHB) et le virus de l'hépatite C (VHC) sont particulièrement présents au sein de la population des usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI). Les programmes d'échange de seringues en pharmacie (PESP) ont été développés pour permettre d'améliorer l'offre de matériel d'injection stérile gratuit auprès des UDVI, limiter les risques infectieux (VIH, VHC) et favoriser l'orientation de UDVI vers le système de soin.Méthode : Différents questionnaires ont été mis à disposition des officines et des usagers de drogues afin de recueillir leurs pratiques, investissements, ressentis à l'égard des PESP. Des entretiens ont été réalisés avec les structures porteuses des PESP ainsi qu'avec des officinaux appartenant au programme.Résultats : Les pharmacies appartenant à un PESP sont plus enclines à orienter un usager de drogues vers une structure de soins. Les pratiques de partage du matériel d'injection sont quasi nulles et sont moins fréquentes que les pratiques de réutilisation. Plus de la moitié des injections sont réalisées dans des conditions plus sécurisées avec des seringues propres.Discussion-Conclusion : Le PESP constitue un vecteur de réduction des dommages liés aux injections et un vecteur d'entrée dans le parcours de soins tout en permettant l'amélioration des relations entre les usagers et les pharmaciens.
      Multi-centre evaluation of syringe exchange programmes in pharmacy
      Introduction: In France, infections with the human immunodeficiency virus, hepatitis B virus and hepatitis C virus are particularly present in the population of users of intravenous drugs. Syringe exchange programmes in pharmacy (SEPP) have been developed to improve the supply of free sterile injection equipment to drug users, to limit the infectious risks and to improve the care system.Method: Various questionnaires were made available to pharmacies and drug users in order to collect information about their practices, investments and feelings with regard to the SEPP. Interviews were conducted with the SEPP structures as well as with the officers belonging to the programme.Results: Pharmacies belonging to an SEPP are more likely to refer a drug user to a care facility. Injection equipment-sharing practices are virtually nil and are less frequent than reuse practices. More than half of the injections are performed under more secure conditions with clean syringes.Discussion/Conclusion: An SEPP is a vector of reduction of the damages linked to injections and a vector of entry in the course of care while enabling the improvement of the relations between the users and the pharmacists.
    • Acceptabilité et techniques d'appropriation par les usagers des outils de réduction des risques liés à l'injection – évaluation du Steribox® - Marie Jauffret-Roustide p. 87-109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Afin de prévenir les contaminations par le VIH et l'hépatite C, le ministère de la Santé met à la disposition des usagers de drogues du matériel stérile d'injection dans le cadre de la politique de réduction des risques, et notamment le kit « Steribox® ». Afin d'évaluer le Steribox® ainsi que les outils qui le composent, un module « Kit d'injection » a été intégré à l'étude ANRS-Coquelicot. L'objectif principal de ce module était de mesurer l'adéquation du Steribox® aux besoins actuels des usagers de drogues, seize ans après sa mise en circulation. Cette évaluation a ainsi permis de mesurer le degré d'utilisation du Steribox® ainsi que les raisons de la satisfaction ou de l'insatisfaction des usagers, dans une perspective d'amélioration des outils de réduction des risques. Les commentaires libres recueillis auprès des usagers ont permis de révéler les enjeux de l'acceptabilité des outils de réduction des risques, et en particulier le décalage entre les normes sanitaires et les modalités d'appropriation profanes.
      Acceptability and techniques of appropriation employed by users of tools aimed at the reduction of the risks linked to injection – evaluation of the Steribox®In order to prevent contamination by HIV and hepatitis C, the Ministry of Health makes sterile injection equipment (Steribox kit) available to drug users as part of the harm reduction policy. In order to evaluate the Steribox® and its tools, an “injection kit” module was integrated into the ANRS-Coquelicot study. The main objective of this module was to measure the suitability of the Steribox® for the current needs of drug users, 16 years after its release. This evaluation made it possible to measure the degree of use of the Steribox®, as well as the reasons for the satisfaction or dissatisfaction of its users, with a view to improving risk reduction tools. The open comments gathered from the users made it possible to reveal the stakes of the acceptability of the tools of risk reduction.
  • Varia

    • La neurotoxicité du cannabis : analyse des données de neuro-imagerie structurelle - Daniele Zullino, Gerard Calzada, Julie Gaspoz, Sophia Achab, Gabriel Thorens p. 111-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les discussions récentes concernant la réglementation de la consommation de cannabis ont réactualisé la question des effets nocifs de ce produit. Un des arguments avancés contre une réglementation moins restrictive de l'usage du cannabis a régulièrement été son effet potentiellement toxique sur la structure du cerveau. Un nombre important d'études spécifiques de neuro-imagerie a été publié ces deux dernières décennies. Chez des sujets adultes, aucune des études publiées n'a pu trouver de différences entre les utilisateurs de cannabis et les sujets contrôles concernant le volume cérébral total, le volume de la matière grise ou encore le volume de la matière blanche. Concernant les analyses des parties du cortex, des résultats positifs ont régulièrement été contredits par d'autres études. Les mêmes constats que pour les adultes peuvent être faits pour les adolescents : les études disponibles ne montrent aucune différence de volumes totaux, et les différences régionales trouvées dans certaines études sont soit non répliquées, soit contredites par plusieurs autres études. À noter que toutes ces études étaient transversales et mesuraient a posteriori les volumes cérébraux, c'est-à-dire après le début d'une consommation de cannabis. Même si les résultats avaient été en majorité, et de façon consistante, positifs, aucune déduction d'un lien causal n'aurait pu être faite. Au vu des données disponibles, on ne peut donc pas retenir l'hypothèse d'un effet toxique du cannabis qui aurait comme conséquence des changements de volume du cerveau. Aucune mesure préventive ou répressive ne peut ainsi prendre appui sur la thèse d'un tel effet toxique.
      Cannabis neurotoxicity: analysis of structural neuroimaging data
      Due to the current discussions regarding the regulation of cannabis consumption, an update of the data on its harmful effects appears to be warranted. One regularly used argument against a less restrictive regulation of cannabis has been its potentially toxic effect on the structure of the brain. A substantial number of specific neuroimaging studies have been published during the last two decades. In adults, no published studies have been able to find significant differences between cannabis users and control subjects regarding total brain volume, and grey or white matter volume. Positive results of analyses of cortex sections have regularly been contradicted by subsequent studies. The same conclusions can be drawn for adolescents as for adults: available studies show no difference in total volumes, and regional differences found in some studies are either not replicated or even contradicted by several other studies. It is worth noting that all these studies were cross-sectional and measured “a posteriori” brain volumes, i.e. subsequent to the beginning of cannabis use. Even when the results were consistently positive, no deduction of a causal link could be made. Given the available data, one cannot therefore maintain the hypothesis of a toxic effect of cannabis, which would result in negative alterations of brain volume. No preventive or repressive action may thus be grounded on the thesis of such a toxic effect.