Contenu du sommaire : Participer dans le monde chinois : une jeunesse connectée

Revue Participations Mir@bel
Numéro no 17, 2017/1
Titre du numéro Participer dans le monde chinois : une jeunesse connectée
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Participer dans le monde chinois : une jeunesse connectée

    • Les jeunes Chinois dans différents espaces nationaux : expressions et engagements politiques - Émilie Frenkiel, Simeng Wang p. 5-33 accès libre
    • L'opinion publique en ligne et la mise en ordre du régime chinois - Séverine Arsène p. 35-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article retrace les doctrines formulées par les autorités sur l'opinion publique en ligne de la fin des années 1990 à aujourd'hui. À travers elles, se dessine le pari, pris par l'administration Hu, que cette opinion publique, canalisée, puisse être mise au service d'un mode de gouvernement technocratique, et instrumentalisée dans la mise au pas d'un appareil politico-administratif difficile à maîtriser. Dans une période plus récente, le traitement de l'opinion publique s'inscrit dans un contexte de concentration des pouvoirs autour de la personne de Xi Jinping, où la censure est revendiquée par le pouvoir, avec un retour à une conception plus conservatrice du rapport aux médias.
      This article details the doctrines on online public opinion formulated by the Chinese authorities from the late 1990s to the present day. Through these doctrines, one can analyze the choice of the Hu administration to use a duly channeled online public opinion to set up a technocratic government, and to instrumentalize it to discipline the Chinese bureaucracy. More recently, censorship of online public opinion has been more openly justified, in line with the movement of concentration of power by President Xi Jinping, and with his more conservative policy regarding the media sector.
    • Les rumeurs et la téléphonie mobile : participation et résistance dans la Chine contemporaine - Jun Liu, David Rochefort p. 59-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article présente les caractéristiques et la nature des rumeurs diffusées par téléphone portable en Chine contemporaine. Cette enquête, portant sur six cas d'étude et basée sur une cinquantaine d'entretiens approfondis, étudie comment les rumeurs colportées par téléphone portable sont devenues une forme à part entière de résistance populaire. Le bas coût et la facilité d'accès aux téléphones ont considérablement réduit le seuil de protestation et offert aux gens, en particulier ceux sans grandes compétences technologiques, une opportunité inédite d'organisation, de coordination ou de résistance. La visibilité mutuelle permise par un réseau de téléphones portables ancré dans des relations interpersonnelles (guanxi) augmente la crédibilité de l'information ainsi que le sentiment de sécurité, et encourage ainsi la participation. De plus, la communication mobile synchronique permet l'accumulation des discours de la rumeur, qui devient alors très rapidement résistance. La diffusion de rumeurs par téléphone portable, en tant que nouvelle forme de politique conflictuelle, met en évidence l'opposition à la censure gouvernementale et au contrôle des communications, ainsi que la résistance à l'usage par les autorités des accusations de colporter des rumeurs pour faire taire toute voix divergente. En s'appuyant sur le cas des rumeurs, cette étude tente ainsi d'élargir la compréhension de la participation politique en Chine contemporaine.
      This study examines the characteristics and nature of rumors via mobile communication in contemporary China. By focusing on six case studies along with 50+ in-depth interviews, this study observes that mobile phone-mediated rumors have evolved into a special form of popular resistance at grassroots level. The low-cost and user-friendly mobile device lowers the average protest threshold, creating an unprecedented opportunity for people, especially those without good communication skills, to organize, coordinate, or participate in resistance. The mutual visibility through a guanxi-embedded mobile network greatly increases both the credibility of information and a sense of security for participation. Additionally, the synchronous mobile communication builds up rumor discourse and converts it into resistance in a very short amount of time. As a new kind of contentious politics, rumor dissemination via mobile phones shows opposition to government censorship and control of communications, and, most importantly, resistance against the use of the accusation of “rumor” by authorities to stifle any voices of dissent. By using the case of mobile rumors, this study also aims to broaden understanding of (political) participation in contemporary China.
    • Quelle place accordée à l'opinion publique dans la gouvernance chinoise ? La mobilisation autour des particules PM2.5 en 2011 - Nolwenn Salmon p. 91-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avec l'étude du déclenchement d'une des principales mobilisations sociales récentes en Chine, celle pour la qualité de l'air, cet article analyse comment s'instaure, sous l'équipe dirigeante Hu Jintao – Wen Jiabao, un modèle de gouvernance qui donne une certaine marge à la population chinoise pour prendre part au processus de décision politique. L'objet de cet article est donc de réfléchir à comment et dans quelle mesure la prise en compte de l'opinion publique par le gouvernement accroît le processus de pluralisation politique en l'ouvrant à la population. Les analyses sont basées sur des interviews, microblogs, journaux, sites d'associations et du gouvernement chinois.
      By examining the beginning of the PM2.5 air quality campaign of 2011-2012, one of the major recent social mobilizations in China, this article analyzes how a new model of governance is taking place in China under the leadership of Hu Jintao and Wen Jiabao. This model gives a certain political space to Chinese citizens, enabling them somehow to take part in the political decision-making process. This article aims to think about how and to what extent the consideration of public opinion by the government increases the pluralization of the political system. Analyses are based on interviews, microblogs, newspapers, associations and government websites.
    • Hacker la démocratie taïwanaise : Audrey Tang et la réinvention de la politique - Émilie Frenkiel p. 121-153 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article est consacré à Audrey Tang, appartenant au collectif de jeunes hackers citoyens g0v et devenue ministre du Numérique à Taïwan en octobre 2016. Il étudie comment les dispositifs numériques de participation sont fabriqués dans le contexte taïwanais, au croisement des influences occidentales et de l'influence de son voisin chinois, et engagé dans un processus de profond renouvellement politique depuis l'occupation du Parlement par des étudiants lors du mouvement des Tournesols de 2014. L'article enquête sur les raisons d'une rencontre originale entre savoir-faire technique, réflexion théorique et volonté politique.
      This article is devoted to Audrey Tang, who belongs to the young civic hacker group g0v and who became the minister in charge of digital affairs in Taiwan in October 2016. It investigates how digital participatory devices are designed in the Taiwanese context, which is at a crossroads of Western and Chinese influences and has been involved in a process of thorough political renewal since the student occupation of Parliament during the 2014 Sunflower Movement. The article examines the causes for this uncommon encounter between technical know-how, theoretical reflection, and political will.
    • La resocialisation politique de migrants internationaux et leurs prises de parole politiques : le cas de jeunes Chinois qualifiés à Paris - Simeng Wang p. 155-176 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En mettant la focale sur de jeunes migrants chinois de la première génération venus en France dans les années 2000, résidant en région parisienne et dotés de titres scolaires et de ressources économiques, sociales et culturelles, cet article analyse le processus de leur resocialisation politique et leurs prises de parole politiques. Chez ce groupe jeune et qualifié, la question de la resocialisation politique se pose de manière flagrante, puisqu'ils ont grandi en contexte autoritaire puis immigré dans un pays démocratique. Avec une approche ethnographique, l'auteure observe l'expression politique des enquêtés lors de leurs sociabilités au quotidien se déroulant sur la Toile comme hors ligne : commentaires d'actualités françaises et chinoises, discussions de groupe en ligne, manifestations, conférences publiques, entre autres. L'auteure constate d'abord l'impact du contexte politique dans lequel l'individu se situe sur sa participation politique. En changeant de régime politique comme environnement de vie, ces enquêtés apprennent la citoyenneté et s'approprient diverses formes d'expression de l'opinion politique. En même temps, l'auteure démontre une différenciation des rapports qu'entretiennent ces enquêtés avec la politique, due aux propriétés sociales de chacun. Les uns, souvent formés en sciences humaines et sociales, jouent un rôle d'intermédiaires des flux d'informations politiques transfrontalières et participent activement à la démocratisation de la société chinoise. Alors que les autres – souvent ceux travaillant dans le secteur économique – montrent un certain désintérêt pour les sujets démocratiques dans leur pays d'origine. Enfin, l'auteure défend l'idée que l'expression politique des enquêtés varie selon les conditions d'expression, les locuteurs en présence, la pluralité des investissements d'ordre intellectuel, professionnel, affectif et humanitaire.
      By focusing on young, first generation Chinese migrants, who came to France in the 2000s, live in the Paris region and hold school certificates and economic, social and cultural resources, this article analyzes the process of their political resocialization and their political talk. In this young and qualified group, the question of the process of political resocialization becomes obvious, since they grew up in an authoritarian context and then immigrated to a democratic country. Using an ethnographic approach, the author observes the political expression of the respondents during their everyday sociability, both online and offline. Comments on French and Chinese news, online group discussions, demonstrations, and public lectures—among others—are analyzed. The author first notes the impact of the political context in which the individual is placed on his or her political participation. When changing their living environment and political regime, these respondents learn citizenship and appropriate themselves various forms of expression of political opinion. At the same time, the author shows that the relationship between these respondents and politics differs, due to the social properties of each individual and his or her disposition toward politics. Some, often trained in human and social sciences, act as intermediaries in the flow of cross-border political information and in that way actively participate in the democratization of Chinese society. Conversely, others—often those working in the economic sector—show a certain lack of interest for democratic issues in Chinese society. Finally, the author defends the idea that the political expression of the respondents varies according to the conditions of expression, the audience and the plurality of their intellectual, professional, emotional, and humanitarian investments.
  • Varia

    • Une mise à distance du sexisme ? Les actions d'Osez le féminisme ! et de La Barbe dans la presse - Marion Dalibert p. 179-201 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article, qui porte sur la médiatisation d'Osez le féminisme ! et de La Barbe dans la presse nationale française (de leur naissance – juin 2009 pour le premier, printemps 2008 pour le second – à juin 2014), interroge la possibilité qu'ont les mouvements féministes socialement identifiés comme « blancs » à participer à la configuration du problème de société du sexisme dans la sphère publique. Il montre que cette médiatisation, analysée dans une perspective constructiviste d'analyse de discours, est significative, d'une part, d'une mise à distance du sexisme systémique à l'œuvre dans la société française et, d'autre part, d'une (re)production de rapports sociaux de genre et de race.
      This article focuses on the media coverage of Osez le féminisme! [Dare feminism!] and La Barbe [the Beard] in the French national press, from their creation until June 2014. It investigates the possibility for these movements that are both socially identified as “white” to participate in the framing of the societal problem of sexism in the public sphere. This paper shows that media coverage—which I analyze from a constructivist perspective on discourse analysis—is significant in at least two respects: not only is the systemic sexism that operates in French society put at a distance, but social relations of gender and race are (re-)produced.
  • Lecture critique