Contenu du sommaire : Élites urbaines et constructions territoriales
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 40, août 2014 |
Titre du numéro | Élites urbaines et constructions territoriales |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Élites urbaines et constructions territoriales : Des appartenances plurielles ? - Vincent Demont, Vincent Meyzie p. 7-18
- Multiplicité et unité communautaire à Paris : Appartenances professionnelles et carrières civiques, XVIIe-XVIIIe siècles - Nicolas Lyon-Caen, Mathieu Marraud p. 19-35 L'espace politique que constitue la ville d'Ancien Régime est peu étudié comme globalité, et comme réseau institutionnel. Cet article veut démontrer que l'étude des parcours de notabilité dans Paris révèle encore aux XVIIe et XVIIIe siècles une unité d'action et de recrutement social. Bourgeoisie et communautés territoriales ou professionnelles sont articulées entre elles grâce à plusieurs lieux de pouvoir – corps marchands, juridiction consulaire, municipalité, paroisses – au sein desquels évoluent les mêmes individus. Cette circulation, qu'on peut décrire comme un système, construit ses propres hiérarchies en même temps qu'elle cherche à se qualifier publiquement dans la sphère monarchique elle-même.Multiplicity and unity in Paris. Professional communities and civic careers, 17th- 18th centuries While forming a political space in itself, the Ancien Régime city is rarely studied as a whole or as an institutional network. This article aims to show how leading citizens, in 17th and 18th century Paris, joined their social trajectories into a single unit of action and recruitment. Bourgeoisie and territorial or professional communities were connected through several places of power such as merchant guilds, the commercial court, the municipality, or parishes. The same people were constantly moving from one institution to another. This way of structuring the city, which can be seen as a system, built its own hierarchy and sought to describe itself as part of public law within the monarchy.
- « Les citoyens tant soit peu notables » : Appartenir à l'élite d'une capitale provinciale, Poitiers XVIIe siècle - Antoine Coutelle p. 37-55 Au XVIIe siècle, Poitiers est une capitale de province de taille moyenne, amoindrie par les exigences accrues de la monarchie centralisatrice. L'élite locale est composée majoritairement d'officiers de rang moyen, issus du Présidial. Ces magistrats cohabitent au Corps de ville avec les Trésoriers de France, les docteurs régents de l'université et les autres détenteurs d'offices inférieurs. Dans le territoire délimité de la cité, espace à la fois politique, social et symbolique, ces appartenances multiples dessinent une configuration instable. Si l'intérêt commun est la défense des franchises urbaines et le maintien de la prééminence sociale, les stratégies individuelles et familiales suscitent aussi des conflits. Cette tension entre la compagnie officière et l'individu révèle les multiples modalités de résolution des problèmes soulevés par les appartenances multiples.« Les citoyens tant soit peu notables »: belonging to the elite in a mid-sized city, Poitiers, 17th century In the 17th century, Poitiers was a mid-sized provincial capital. It had been weakened by the increased requirements of the royal central authorities. The local elite was mainly made up of what were called « officiers moyens » from the Présidial (the Poitiers Law Court). These magistrates shared municipal government with the so-called « Trésoriers de France » (the French paymasters), university professors, and others lower officers. These various professional identities and affiliations generated an unstable configuration in the political, social, and symbolic spatial definition of the city. The elite had a common interest in defending urban freedom, together with maintaining its social supremacy. However, private and family strategies were sometimes in opposition to this common interest. The study of archives reveals the many solutions that were found to resolve those conflicts.
- Coopérer pour compenser : Dynasties municipales de Halle lors du passage de la ville au Brandebourg-Prusse 1680-1740 - Holger Trauzettel, Vincent Demont p. 57-74 En application des traités de Westphalie, l'archevêché de Magdebourg, et la ville de résidence de Halle, échurent en 1680 à la dynastie des Hohenzollern comme fief héréditaire. L'intégration territoriale de Halle au nouvel ensemble est ici examinée tant au plan social qu'au plan politique. Le regard ne porte pas seulement sur les changements de la constitution urbaine au bénéfice de l'autorité territoriale, mais aussi sur les négociations entre les partis urbains et les commissions princières comme sur la démonstration des nouveaux rapports de pouvoir lors des cérémonies d'hommage. À travers une large saisie prosopographique des dynasties municipales de Halle se révèlent également des stratégies collectives de compensation : les personnes liées au conseil de Halle coopérèrent de diverses manières avec l'autorité territoriale, et servirent de plus en plus la ville et les princes si bien qu'en se plaçant au niveau des acteurs du politique, il devient peu plausible d'opposer l'État et la ville.Cooperating in order to compensate. Municipal dynasties of Halle during the Brandeburg-Prussia integration, 1680-1740 As a result of the Treaty of Westphalia, the Hohenzollern dynasty received the archbishopric of Magdeburg and its residential city Halle as a hereditary fief in 1680. This territorial integration of Halle is analysed on both the social and political levels. However, not only the changes in the city constitution in favour of the ruler are important. The negotiations between the urban parties and the royal commission and the communication of the new power relations in the context of homage also reveal the decreasing influence and prestige of the Council lineages. But based on a prosopography of Halle Council lineages, we can detect collective compensation strategies: the Halle Council members cooperated in many ways with the rulers and increasingly became involved in the service of the city and the prince. Therefore, the contrast between city and progressive state in early modern Europe loses plausibility at the level of political actors.
- Du marchand-bourgeois à l'élite commerçante : Statut social et fonction économique dans le milieu marchand rouennais au début du XVIIIe siècle - Jochen Hoock p. 75-91 L'émergence d'une nouvelle élite commerçante s'inscrit à la fin du 17e siècle et au début du 18e siècle dans un processus de différenciation économique et sociale qui touche aussi bien la société urbaine dans son ensemble que son environnement régional et interrégional. L'article décrit l'évolution du milieu marchand dans la ville de Rouen en s'appuyant pour l'essentiel sur la documentation notariale et municipale ainsi que sur les registres de la communauté des marchands. En affirmant sa position active sur les marchés mondiaux tout en s'assurant le contrôle du marché régional les marchands et négociants rouennais réussirent à renforcer en même temps leur position politique dans la société urbaine à côté de la noblesse locale et de la robe.From the bourgeois merchant to the commercial elite. Social status and economic function in the Rouen merchant class in the early 18th century At the end of the 17th and beginning of the 18th century, the emergence of a new commercial elite was part of a process of economic and social differentiation concerning both urban society as a whole and its regional and interregional environment. The article describes this evolution in the case of the merchants of Rouen, essentially referring to notarial and municipal documents, including the registers of the merchant community. In strengthening their active position on international markets and securing control over the regional one, these merchants were simultaneously able to strengthen their political position inside the urban society, alongside the local nobility.
- Passer de l'élite économique à l'élite politique grâce à l'action diplomatique : Le cas des Juifs « portugais » de Hambourg de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle - Indravati Félicité p. 93-108 Si le personnage du « juif de cour » et son importance pour le développement de l'administration des principautés allemandes au XVIIIe siècle a fait l'objet de nombreuses études, on connaît moins, en revanche, le rôle joué par les Juifs séfarades dans la diplomatie des États de l'Empire. Parmi eux, une communauté se distingue : celle des Juifs « portugais » venus s'installer au début du XVIIe siècle dans la ville de Hambourg. Les Judéoportugais devinrent les représentants diplomatiques des rois de Suède, de Danemark, de Pologne, et servirent occasionnellement la France. L'article étudie à travers le parcours deux membres de la communauté judéoportugaise de Hambourg, Jacob Abensur et Diego Teixeira, les possibilités d'accession à l'élite urbaine que leur offrait le service diplomatique ainsi que les résistances que cette ascension a pu susciter, dans le contexte d'une crise d'identité et d'une crise sociale des élites et du gouvernement de la ville hanséatique au tournant du XVIIIe siècle.Rising from economic elite to political elite thanks to diplomatic action. The case of “Portuguese” Jews in Hamburg from the late 17th century to the early 18th century While the careers of the “court Jews” and their importance for the building of an administration in the early modern German principalities have received extensive treatment in scholarly literature, the role played by Sephardic Jews in the diplomacy of the Holy Roman Empire has rarely attracted much historical interest. This paper deals with the group of “Portuguese Jews” that settled down in Hamburg at the beginning of the 17th century. Some of them became the diplomatic representatives of the kings of Sweden, Denmark, Poland, and even France. The career paths of two members of this community, Jacob Abensur and Diego Teixeira, allow us to see that the diplomatic service offered opportunities for social advancement. However, these opportunities also aroused strong opposition among the city's elite and “middle class”, which can be interpreted as the sign of an identity and of a social crisis of the Hanseatic town at the turn of the 18th century.
- L'aristocratie, une nouvelle élite urbaine ? : Le cas de la maison comtale Harrach à Vienne 1550-1750 - Éric Hassler p. 109-129 La Cour et la Ville paraissent deux mondes en grande partie opposés à l'époque moderne. La présence d'élites nobiliaires est pourtant une réalité dans les villes de résidence monarchique. L'analyse des modalités de l'implantation à Vienne d'un lignage, la maison comtale Harrach, entre 1550 et 1750 permet d'évaluer le degré d'urbanité d'un groupe aux appartenances plurielles, seigneuriales, provinciales autant qu'auliques : l'importance de la propriété nobiliaire urbaine et leur position socialement dominante, leur forte exposition paysagère et le développement de rapports particuliers à l'espace urbain posent la question de leur intégration parmi les élites urbaines.The aristocracy, a new urban elite? The case of the house of the Counts of Harrach in Vienna, 1550-1750 Court and City seem to be to very opposite worlds during the modern period. Nevertheless, the presence of the nobility was a reality in the monarchic residences. By studying the Viennese establishment of an aristocratic lineage, the Counts of Harrach, between 1550 and 1750, we can estimate how much a social group with several identities (local, provincial, or courtly) can integrate itself into the urban space. According to the importance of the urban noble property, their social leadership, their capacity to be visible in the urban landscape, and the development of unique relationships with the urban space, we may study how the Court nobility was actually integrated into the urban elites.
Études
- Culture politique et identité dans les villes cantabriques à la fin du Moyen Âge - José Ramón Díaz de Durana Ortiz de Urbina, Arsenio Dacosta Martínez, Denis Menjot p. 131-155 Les villes de la côte cantabrique connurent d'importants changements à la fin du Moyen Âge, entre l'avènement de la dynastie Trastamare et le tout début du XVIe siècle. En nous fondant sur les chartes de privilèges et une abondante documentation municipale, judiciaire et seigneuriale, nous analyserons leur évolution politique à partir de l'entrée dans la juridiction seigneuriale d'une partie d'entre elles et la répartition du pouvoir entre les différents lignages. Nous préciserons également les conséquences sur les gouvernements urbains ainsi que les conflits politiques qui eurent lieu pendant la période, objet de notre étude. Nous porterons une attention toute particulière à la culture et aux discours politiques des protagonistes des conflits, sans oublier les principaux éléments constitutifs des modèles d'identité politique urbaine dans cet espace.Political culture and identity in the towns of the Cantabrian coast, late Middle Ages The towns along the Cantabrian coast saw great changes in the late Middle Ages. Some of these towns were integrated into the seigneurial domains, and in many, power was shared among the lineages. Thanks to information gleaned from foral, municipal, judicial and seigneurial documents, we are able to analyse in depth the consequences of urban governments and political conflicts from the start of the Trastámara monarchs' rule until the early 1500s. Special attention is paid to the political culture and political discourses of the conflicts' protagonists, and we also examine the background of urban political identity in the region.
- Culture politique et identité dans les villes cantabriques à la fin du Moyen Âge - José Ramón Díaz de Durana Ortiz de Urbina, Arsenio Dacosta Martínez, Denis Menjot p. 131-155
Note critique
Lectures
- Patrick Gilli et Jean-Pierre Guilhembet (sous la direction de), Le châtiment des villes dans les espaces méditerranéens (Antiquité, Moyen Âge, Époque moderne), « Studies in European Urban History », Turnhout, Brepols, 2012, 408 p., 26 - Sylvain Parent p. 161-163
- J. C. Magalhães de Oliveira, Potestas populi. Participation populaire et action collective dans les villes de l'Afrique romaine tardive (vers 300-430 apr. J.-C.), Turnhout, Brepols, 2012, 378 p. - Cyril Courrier p. 163-165
- Bruno Sintic, Petites villes de Normandie. Pont-Audemer, Harfleur, Louviers, Neufchâtel, villes secondaires de la région de Rouen, 1450-1550, Caen, Presses universitaires de Caen, 2011 , 477 p. - Pierre-Henri Guittoneau p. 165-167
- Luca Gabbiani, Pékin à l'ombre du Mandat Céleste. Vie quotidienne et gouvernement urbain dans la capitale impériale chinoise sous la dynastie des Qing (1644- 1911), Paris, Editions de l'EHESS, 2011. - Xavier Paulès p. 167-169
- Quentin Deluermoz, Policiers dans la ville. La construction d'un ordre public à Paris (1854-1914), préf. de Dominique Kalifa, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, 408 p. - Jean Lorcin p. 169-170
- Nadia Dupont (avec la collaboration de Frédérique Grelot, Véronique Van Tilbeurgh, Janique Valy, René Favier, Anne-Marie Granet-Avisset, Jean-François Tangy et Erwan Quesseveur), Quand les cours d'eau débordent. Les inondations dans le bassin de la Vilaine du XVIIIe siècle à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 267 p. - Stéphane Frioux p. 170-172
- Pierre Pinon, Paris pour mémoire. Le livre noir des destructions haussmanniennes, Paris, Parigramme, 2012, VIII + 575 p. - Youri Carbonnier p. 172-174
- Anne Steiner, Le gout de l'émeute. Manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « belle époque », Montreuil, L'échappée, 2012, 206 p. - Thibault Tellier p. 174-175
- Jean-Pierre Bady, Marie Cornu, Jérôme Fromageau, Jean-Michel Leniaud, Vincent Négri (sous la direction de), 1913. Genèse d'une loi sur les monuments historiques. Comité d'histoire du ministère de la Culture et de la Communication, Travaux et Documents no 34, Paris, La Documentation française, 2013, 602 p. - Marie-Paule Arnauld p. 176-178
- Charlotte Vorms, Bâtisseurs de banlieue à Madrid. Le quartier de la Prosperidad (1860-1936), préf. de Gérard Chastagnaret, Paris, Creaphis, 2012, 367 p. - Jean Lorcin p. 178-179
- Danielle Tartakowsky et Joël Biard, La Grange-aux-Belles. Maison des Syndicats 1906-1989, préf. de Georges Séguy, Paris, Creaphis, 2012, 279 p. - Jean Lorcin p. 180-181
- Olivier Chatelan, L'Église et la ville. Le diocèse de Lyon à l'épreuve de l'urbanisation, Paris, L'Harmattan, 2012, 271 p. - Thibault Tellier p. 182-183