Contenu du sommaire : Animaux dans la ville 2
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 4è, décembre 2016 |
Titre du numéro | Animaux dans la ville 2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Histoire des Animaux : Questions pour l'histoire des villes - Daniel Roche p. 5-12
- Les animaux dans les villes de l'Égypte lagide - François Gerardin p. 13-27 Prenant pour point de départ l'anecdote, relatée par Diodore, du meurtre d'un chat par un Romain à Alexandrie et du lynchage de celui-ci par la foule, cet article évalue la place de l'animal dans les villes de l'Egypte lagide (cités grecques, capitales des régions administratives appelés nomes et bourgs du Fayoum). Chaque catégorie animale – animaux sacrés, animaux voués à la production, animaux de prestige et d'agrément – occupe l'espace urbain à sa façon propre, en vertu de dynamiques religieuses, économiques, ou sociales. L'animal était omniprésent dans le milieu urbain égyptien pharaonique (c'est la « symbiose » entre le monde animal et égyptien propre à cette civilisation). Sa présence a été encore renforcée, et selon de modalités nouvelles, par l'implantation du régime monarchique lagide, qui fait de l'animal un élément d'affirmation symbolique de son pouvoir ainsi que d'accroissement de la richesse agricole de l'Egypte.Taking the anecdote, related by Diodorus, of a cat killed in Alexandria by a Roman, who is then lynched by the crowd, as its point of departure, this article assesses the role of animals in the cities of Ptolemaic Egypt (Greek cities, capitals of administrative districts known as nomes, new settlements in Faiyum). Each category of animals – sacred, productive, as well as animals linked to prestige or leisure – occupied urban space in its own way, following religious, economic and social dynamics. Animals were everywhere in the Pharaonic urban milieu (owing to the ‘symbiosis' between the Egyptian and animal worlds which is characteristic of that civilisation). Their presence was even reinforced by the establishment of the Ptolemaic monarchy, which employed animals to symbolically assert its power and increase the agricultural wealth of Egypt.
- Réglementer la présence des animaux en ville : Le cas des villes champenoises à la fin du Moyen Âge - Julien Briand p. 29-52 La ville de la fin du Moyen Âge offre un terrain d'étude particulièrement intéressant pour saisir la complexité des relations entre l'homme et l'animal et les enjeux de la présence de ces derniers en milieu urbain. Le croisement de sources à dimensions administrative, normative et judiciaire permet de pallier le caractère très épars et souvent très laconique des mentions documentaires. Nonobstant, il est possible d'étudier la genèse d'une politique de réglementation de l'élevage animal à partir de la mi-XIVe siècle, en lien avec des préoccupations sanitaires. La mise en œuvre de cette politique ne va pas sans mal, dans un contexte de menaces militaires récurrentes et du manque de sergents patrouillant dans les rues. Ces mesures contribuent malgré tout à distinguer des espaces où la présence des animaux d'élevage est licite et d'autres où elle l'est de moins en moins. Ce faisant, la question des animaux en ville s'inscrit dans une politique d'urbanisme plus globale et préfigure de profondes mutations spatiales.The city of the late Middle Ages offers a particularly interesting field study to understand the complexity of the relationship between humans and animals, and the stakes of the latter's presence in the urban environment. The crossing of administrative, normative and judicial sources overcomes the scattering of documentary mentions. However, it is possible to study the genesis of a regulatory policy for animal husbandry from the mid-fourteenth century, linked to health concerns. The implementation of this policy was difficult in a context of recurrent military threats and the lack of sergeants patrolling the streets. These measures nonetheless helped distinguish areas where the presence of animal husbandry was lawful and those where it was increasingly less so. In doing so, the issue of animals in the city is part of a more global urban policy and foreshadows deep spatial changes.
- Les chiens dans la ville : Le cas de Toulouse à l'époque moderne - Jean-Luc Laffont p. 53-67 L'un des problèmes majeurs de la ville ancienne est certainement celui de l'omniprésence en ses murs d'animaux de toutes sortes. Si Toulouse ne fait pas exception, l'étude de ce vaste sujet y fait nettement ressortir un problème lié à une espèce d'animal en particulier : les chiens. Le fait est d'autant plus remarquable que les animaux de compagnie se dérobent d'ordinaire à l'investigation (ainsi, par exemple, il n'y aurait pas eu de chats à Toulouse...). Dans le domaine animalier, le XVIIIe siècle est marqué – entre autres choses – par une nette augmentation de la population canine, laquelle s'est produite à des époques et des rythmes différents selon les provinces, mais qui a été plus particulièrement marqué dans les grandes villes où l'on peut parler de pullulement des chiens notamment errants et abandonnés. Ce phénomène s'observe tardivement à Toulouse (et dans le Haut Languedoc) où il ne se fait sentir qu'à partir des années 1770 ; il ne tarde pas alors à s'imposer comme un problème majeur pour l'autorité municipale qui vit dans la hantise de la rage. La capitale du Languedoc, où la question canine fut longtemps inexistante (depuis au moins la fin du XVIe siècle), découvre alors un sérieux problème d'hygiène, de santé et de sécurité publique qui devait perdurer au moins jusqu'au milieu du XIXe siècle. Touchant ici un angle mort de l'historiographie tant de la France urbaine que de celle des animaux, et singulièrement des chiens, notre étude vise à restituer la respiration saccadée de ce phénomène, à saisir les entreprises des pouvoirs publics pour l'endiguer, et à tenter d'en discerner les ressorts en se tournant vers les strates populaires de la société toulousaine gagnées à la cause canine.One of the major problems of ancient cities was certainly the omnipresence of all kinds of animals within the city walls. While Toulouse was no exception to this rule, the study of this vast topic clearly reveals a problem related to one particular animal species: dogs. This fact is even more remarkable because pets generally were not a subject for investigation (thus, for example, there is no mention of cats living in Toulouse...). In the field of animal studies, the eighteenth century was marked – among other things – by a sharp increase in the dog population, a phenomenon that occurred at different periods and varying paces depending on the provinces, but which was particularly noticed in large cities, where one could speak of a veritable eruption of dogs, notably stray and abandoned ones. This phenomenon occurred rather late in Toulouse (and in the Haut Languedoc region in general), where it was only noticed beginning in the 1770s; it rapidly became a major problem for the city authorities, who were very afraid of rabies outbreaks. The Languedoc capital, where the issue of dogs had long been inexistent (since at least the end of the sixteenth century), then encountered a serious problem of hygiene, health and public safety that would last until at least the mid-nineteenth century. Our research – casting light on a ‘blind spot' in historiography, both of urban France and of animals, and especially dogs – aims to reconstruct this phenomenon in all its ‘panting' rhythm, to grasp the public authorities' efforts to halt it, and to attempt to discern its roots by focusing on the lower strata of Toulouse society, who were generally in favour of dogs.
- Le chien dans la rue aux XVIIe et XVIIIe siècles : Le cas des villes du sud de la Belgique - William Riguelle p. 69-86 Partie intégrante du paysage urbain de l'Ancien Régime, le chien voit sa présence et sa libre circulation réglementées aux XVIIe et XVIIIe siècles pour des motifs liés à la santé publique et à la sécurité. Cette législation s'accroit au Siècle des Lumières, où l'évolution des polices urbaines ainsi que les exigences grandissantes dans la perception de la sécurité en ville font de l'ordre social un impératif non négligeable. La volonté d'expulser les chiens des rues se conjugue également avec une distinction s'opérant entre ceux-ci en fonction de leur appartenance à un maître. En prenant pour cadre géographique plusieurs localités de la principauté de Liège et du sud des Pays-Bas, cet article propose d'aborder les causes de la présence canine en milieu urbain aux XVIIe-XVIIIe siècles, et d'analyser le discours des autorités face à la multitude de ces animaux déambulant dans les rues de la ville.The dog, an integral part of the Ancien Régime urban landscape, was subject to new regulations regarding its presence and free movement in the seventeenth and eighteenth centuries, for reasons related to public health and safety. This legislation grew during the Age of Enlightenment, when the evolution of city policing, as well as growing demands in the perception of urban safety, made social order a significant imperative. The desire to expel dogs from the streets also combined with a distinction between types of dogs based on their appearance and their owners. By focusing on a geographic area covering several towns in the Liège principality and the southern Netherlands, this paper will address the causes of the presence of dogs in towns in the seventeenth and eighteenth centuries, and analyse authorities' official declarations regarding the multitude of these animals wandering the streets of towns..
- Les hommes face aux animaux à Rouen au XIXe siècle : Représentations, études zoologiques et perceptions - Bénédicte Percheron p. 87-105 Au début du XIXe siècle, les spectacles animaliers se multiplient à Rouen, plus spécifiquement à partir des années 1820. L'animal, auparavant simple denrée alimentaire, est désormais également apprécié pour sa fonction esthétique, ses capacités de dressage ou encore pour sa rareté. Parallèlement, les études zoologiques se développent dans la cité, ainsi que les collections d'histoire naturelle qui bénéficient de la présence des nombreuses ménageries de passage dans la ville. À partir des années 1870 et 1880 , le statut de l'animal évolue avec l'émergence d'une société protectrice des animaux (groupe rouennais), mais aussi avec la création des comités d'hygiène. Quant à la question de l'acclimatation des espèces, elle est abordée discrètement à la fin du siècle. Il faut cependant attendre le début du XXe siècle pour voir la création d'un parc zoologique dans la région de Rouen.In the early nineteenth century, animal shows grew in number in Rouen, especially beginning in the 1820s. The animal, previously seen simply as a food source, began to be appreciated also for its aesthetic role, its capacity to be trained, or its scarcity. In parallel, zoological studies were developing in Rouen, along with natural history collections, which benefited from the presence of many travelling menageries there. Beginning in the 1870s and 1880s, the animal's status evolved with the emergence of an animal protection society (Rouen chapter), as well as the creation of hygiene committees. As for the issue of species acclimatisation, it was addressed to a slight degree by the turn of the century. However, the first zoological park in the Rouen region was not created until the early twentieth century.
- Bestiaire des hospices Présences animales dans les établissements pour les vieillards : Bruxelles – XIXe siècle - Sophie Richelle p. 107-124 La disparition des animaux dans la ville au cours du 19e siècle a souvent été lue comme partie prenante du processus d'hygiénisation et de sanitarisation de l'espace urbain. La question se pose alors a priori avec d'autant plus d'acuité pour les établissements à vocation sanitaire et sociale, tels que les hospices. Différentes catégories d'animaux sont pourtant identifiées dans les hospices de Bruxelles entre ceux « productifs » (vache, cheval, porc), ceux « indésirables » (pigeon, vermine) et ceux dit « de compagnie » (chien, chat). Leur disparition n'est cependant pas toujours liée à des principes hygiénistes. Via ce bestiaire détaillé, animaux et hospices, au sein de la ville du 19e siècle, éclairent mutuellement leur histoire propre...The disappearance of animals from cities over the course of the nineteenth century has often been interpreted as an integral part of the process of hygienising and sanitising the urban space. This issue was therefore a priori even more acute for social and health establishments such as hospices. Yet different categories of animals have been identified in the hospices of Brussels, including animals that were deemed ‘productive' (cow, horse, pig) or ‘undesirable' (pigeon, vermin), as well as ‘pets' (dog, cat). However, the disappearance of these animals from these locations was not always related to hygienist principles. Via this detailed bestiary, animals and hospices – in the nineteenth century city – enlighten each other's history...
Chantier de la recherche
- Les animaux et la ville : Une histoire sociale, politique et affective à poursuivre - Jean Estebanez p. 125-129
Études
- La sécurité alimentaire et sanitaire à Metz : À la fin du Moyen Âge - Laurent Litzenburger p. 131-148 La surveillance des métiers de l'alimentation est une préoccupation précoce des villes médiévales, qui se manifeste à Metz avec une intensité renouvelée dans le courant du XVe siècle, ce dont rendent compte les sources administratives (Archives Municipales de Metz, série CC) et narratives. Les autorités urbaines cherchent alors à exercer un contrôle de plus en plus strict sur la production et la distribution alimentaire. Cela trahit une double préoccupation : s'assurer de la sécurité alimentaire et sanitaire de la population, c'est-à-dire in fine de la stabilité politique de la ville. Cette volonté s'exprime au quotidien, mais avec une intensité sans pareil en temps de crises de subsistances. Les acteurs de l'alimentation se retrouvent alors au cœur de la politique de gestion de crise de la cité.Surveillance of food trades was an early concern of medieval towns, which appeared with renewed intensity in Metz in the course of the fifteenth century, as reflected in both administrative (Metz Municipal Archives, CC series) and narrative sources. Urban authorities tried to exercise a more and more strict control on food production and distribution. This betrays a dual concern : to ensure the food safety and sanitary protection of the population, and ultimately the political stability of the city. This preoccupation found expression daily, but with higher intensity during subsistence crises – when the food supply and its actors were at the heart of the city's crisis management policy.
- Le corps du condamné et le tissu urbain : Exécution, pouvoir et usages de l'espace à Paris aux XVe-XVIe siècles - Veronika Novák p. 149-166 Les XVe-XVIe siècles représentent une période où la justice royale entreprend de châtier avec acharnement les délinquances les plus diverses, ce qui veut dire qu'un nombre croissant d'exécutions doit être organisé et ordonné dans l'espace urbain. L'article s'efforce d'éclairer ce processus par l'exemple d'une ville, Paris, à travers le prisme des sources narratives offertes par les chroniques urbaines et journaux de ces deux siècles. En fait, l'ordre spatial des châtiments laisse une ample marge de manœuvre que les justiciers peuvent utiliser pour faire passer des messages par le choix des lieux d'exécution. Gibets, bûchers, corps en tourmente semblent envahir la ville et l'étude de leur disposition spatiale permet de scruter les stratégies du pouvoir royal, la rivalité des différents agents en jeu, mais aussi la perception de la criminalité et de sa punition exemplaire.The fifteenth and sixteenth centuries were a period in which royal justice endeavoured to punish as wide range of crimes relentlessly, resulting in a growing number of executions having to be organised and ordered in the urban space. This paper aims to cast light on this process by using Paris as an example, through the prism of narrative sources drawn from urban chronicles and diaries over these two centuries. In fact, the spatial order of punishment left substantial leeway to those meting out justice; this could be used to convey messages by choosing the places where executions were carried out. Gallows, stake, tortured bodies appeared to invade the city. By studying their spatial arrangement, we can examine the strategies of royal power, rivalries at work between different agents, as well as the perception of criminality and exemplary punishment.
- Bouchers et boucherie à Paris : Un monopole en sursis (1802-1858) - Christine Piette p. 167-184 Le commerce de la boucherie à Paris subit, au cours de la première moitié du XIXe siècle, une mutation majeure qui voit son statut passer de celui d'un monopole étroitement réglementé à celui d'un commerce libre, en accord avec le mouvement général de l'économie. Ce changement ne s'est pas fait sans douleur du côté des bouchers, ni dans sans débats du côté de leurs opposants. Cet article examine d'abord l'argumentation des bouchers ; il passe ensuite en revue les arguments des adversaires du monopole. Nous croyons, et c'est là l'objet de la dernière partie de l'article, qu'aucune de ces parties ne pose le véritable problème auquel le commerce de la boucherie était confronté. En effet, le problème majeur qui affecte ce commerce est celui de la transformation complète qui s'opère dans la pratique du métier de boucher et dans les tensions intrinsèques qui s'en suivent.The butchery trade of Paris was revolutionised during the first half of the nineteenth century. The tightly-regulated monopoly was shifted to that of a free trade, in line with the general trend of the economy at the time. The transition was not been pain-free for the butchers, nor did it go without debate from its opponents. This paper first examines the butcher's position, and then reviews the case of the challengers of the monopoly. We then argue that none of the parties involved presented the true problem faced by the butchery trade, but that the major issue of the craft lied in the complete transformation of the practice and the inherent tensions that ensued.
- La sécurité alimentaire et sanitaire à Metz : À la fin du Moyen Âge - Laurent Litzenburger p. 131-148
Note critique
- En finir avec les bidonvilles... - Janoé Vulbeau p. 185-188
Recensions