Contenu du sommaire : Paix, sociétés civiles et Parlements (fin XIXe-1939)

Revue Parlement[s] Mir@bel
Numéro no 26, 2017/2
Titre du numéro Paix, sociétés civiles et Parlements (fin XIXe-1939)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Alexandre Niess p. 11-16 accès libre
  • Recherche

    • La résolution pacifique de la question d'Orient devant le Parlement français (1897-1913) - Nicolas Pitsos p. 19-36 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Par l'analyse de débats parlementaires mais aussi d'archives diplomatiques, cet article essaie d'étudier les positions et réactions des députés de la Troisième République face à un règlement pacifique des situations de crise liées à la question d'Orient, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Plus concrètement, cette étude vise à comprendre le sens d'un pacifisme parlementaire à l'occasion des deux guerres qui ont agité les Balkans pendant cette période, à propos de la question crétoise en 1897 et au sujet de l'imbroglio macédonien en 1912-1913. La perspective d'une résolution pacifique de ces conflits au sein du Parlement français se décline en fonction des sensibilités idéologiques de ceux qui s'y sont exprimés, de leurs perceptions des enjeux géopolitiques, géo-économiques, géo-culturels, de leurs affinités avec les protagonistes et de leurs représentations du rôle de la France dans le cadre des relations internationales.
      Through the analysis of Parliamentary debates, as well as diplomatic archives, this paper studies the opinions and reactions of Third Republic's deputies, regarding the peaceful regulation of Eastern question-related crisis, at the end of the 19th and the beginning of the 20th century. More concretely, this study questions the meaning of parliamentary pacifism during two wars which stirred the Balkan Peninsula, in relation to the Cretan question in 1897, and around the Macedonian imbroglio in 1912-1913. The perspectives of a peaceful settlement of these conflicts within the French Parliament had been influenced by the ideological orientations of those having expressed themselves during the debates, their perceptions of the geopolitical, geo-economic, geo-cultural issues, their affinities with the conflicts' protagonists and their views of France's role within the field of international relationships.
    • Des parlementaires au service de la paix. Le Groupe parlementaire français de l'arbitrage international (1903-1914) - Jean-Michel Guieu p. 37-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En mars 1903, le député Paul d'Estournelles de Constant fonde le Groupe parlementaire français de l'arbitrage international dans le but de promouvoir le règlement pacifique des différends internationaux. Le succès de ce groupe, qui rassemble plus de la moitié des députés et sénateurs français à la veille de la Grande Guerre, témoigne d'une véritable préoccupation des milieux parlementaires français pour le maintien de la paix internationale. Dans cette perspective, le Groupe soutient l'œuvre des conférences internationales de la paix de La Haye et mène une habile « diplomatie parlementaire », établissant, grâce à des échanges de visites, des liens directs avec les parlements britannique, scandinaves, ottoman, russe et allemand et en prenant part régulièrement aux conférences de l'Union interparlementaire. Il s'emploie également à cultiver l'amitié américaine et célèbre en particulier l'action du président Theodore Roosevelt.
      In March 1903, French deputy Paul d'Estournelles de Constant founds the French parliamentary group for international arbitration designed for the promotion of the pacific settlement of international disputes. The success of this group, which involves more than half of the French deputies and senators on the eve of the Great War, testifies a real concern of the French parliamentary circles for the maintenance of international peace. In this perspective, the Group promotes the work of the Hague Peace Conferences and conducts a skillful “parliamentary diplomacy”, establishing direct links with British, Scandinavian, ottoman, russian and german Parliaments through exchange of visits and regularly participating in the meetings of the Interparliamentary Union. It also cultivates friendship with the United States of America and in particular it celebrates president Theodore Roosevelt's policy.
    • La gauche parlementaire française face à la loi de trois ans (1913) - Alexandre Niess p. 67-89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1913, un projet de loi prévoyant l'allongement de la durée du service militaire de deux à trois ans est présenté devant la Chambre des Députés. Les gauches parlementaires, très composites, mais toutes traversées par des courants pacifistes plus ou moins puissants et plus ou moins organisés, participent activement lors de la discussion générale portant sur ce projet de loi ; d'autant plus qu'une partie de celle-ci en est à l'origine. Malgré la longueur des débats sur ce texte – sans parler des fastidieuses discussions autour de l'élaboration précise de chaque article du texte de loi – il s'avère que la question de la guerre préoccupe bien plus ces députés de gauche que la défense de la paix. Les voix pacifistes sont très rares alors que le texte porte explicitement sur une question épineuse qui intéresse au premier chef ces courants pacifistes.
      In 1913, a bill for extending the length of military service from two to three years is presented to the French Chamber of Deputies. The very composite left-wing part of the Parliament, crossed by more or less pacifist conceptions, actively participates in the general debate on this bill, especially since some of the left-wing deputies has contributed to the initiate of this text. In spite of the length of the debates about this proposition of law – as well as the tedious discussions around the precise elaboration of each article of the law – it turns out that the question of war is more present into the speech of these left-wing deputies than the defense of peace. The pacifist voices are very rare, while the text deals explicitly with a thorny issue that primarily concerns these pacifist trends.
    • Le Sénat français et la paix, d'une guerre à l'autre (1920-1940) - Gisèle Berstein p. 91-105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Sous la présidence de Léon Bourgeois, au début des années 1920, le Sénat dresse la ligne directrice de sa conception de la politique internationale et surtout de la nécessaire paix pour le relèvement de la France. Cette conception est celle d'une paix fondée sur la défense afin de contraindre l'Allemagne à respecter les clauses du traité de Versailles, au point d'aboutir à l'occupation française de la Ruhr ; au grand dam de ses alliés. Si le rapprochement franco-allemand amorcé en 1925 se concrétise en 1926, le Sénat n'en demeure pas moins prudent voire dubitatif et réclame la mise en œuvre d'une défense nationale efficace qui permettrait à la France d'assurer sa sécurité par ses propres moyens. Pourtant quand en 1938, le risque de guerre se précise, le Sénat français condamne l'incohérence de la politique étrangère menée par les gouvernements successifs mais cherche à tout prix à sauvegarder la paix.
      When Leon Bourgeois were president of the French Senate, at the begining of 1920s, the Senate draws up the guideline of its conception of foreign policy and the necessary peace. This conception is established on the military defense to force Germany to respect the clauses of the treaty of Versailles. That's why, in 1923, the French Senate approved the occupation of Ruhr ; even if its allies were against. From 1925 is made a French-German reconciliation. But the French Senate remains not less careful even sceptical there and demands the implementation of an effective national defence which would allow France to assure itself its security. Nevertheless when, in 1938, the war risk becomes clearer, The French Senate condemns the incoherences of the foreign policy of France but tries to protect the peace.
    • Les femmes pacifistes et les parlementaires français : l'exemple du projet de loi Paul-Boncour de 1927 - Marie-Michèle Doucet p. 107-123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le 7 mars 1927, la Chambre des députés française vote un projet de loi qui prévoit la mobilisation en temps de guerre « de tous les Français, sans distinction d'âge ni de sexe». Connue sous le nom de loi Paul-Boncour cette loi envisage pour la première fois en France une mobilisation féminine. Chez les pacifistes françaises, ce projet de loi provoque une vive opposition. À ce jour, peu d'historiens se sont intéressés aux réactions féminines face au projet de loi Paul-Boncour. Pourtant, il s'agit d'un moment fort intéressant du pacifisme féminin qui donne lieu à l'utilisation de méthodes de propagande à la fois novatrices et originales. Celles qui avaient jusqu'alors préféré travailler indépendamment les unes des autres reconnaissent dorénavant la force de l'action collective. Le projet de loi Paul-Boncour donne donc, pour la première fois depuis la fin de la Grande Guerre, l'occasion aux pacifistes de faire front commun devant le gouvernement français.
      On March 7 1927, the French Chamber of Deputies voted a bill that put in place the mobilization during wartime « of all Frenchmen, regardless of age or sex ». Known as the Paul-Boncour Bill, this bill was the first to propose a feminine mobilization in French. Among French pacifist women, the bill provoked strong opposition. To this date, few historians have look at women's reactions to the Paul-Boncour bill. Yet this is a very interesting moment for women's pacifism, which gives rise to the use of propaganda methods that are both innovative and original. If these women had previously preferred to work independently from one another, they now recognize the force of collective actions. For the first time since the end of the Great War, the Paul-Boncour bill gives them the opportunity to work together to oppose the French government.
    • La création d'un « pacifisme parlementaire » ? Mouvements de paix, parlements et politique électorale en Grande-Bretagne et en France pendant la Première Guerre mondiale - Gearóid Barry p. 125-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Tandis que les parlements britannique et français fonctionnèrent tous deux comme des outils de répression du pacifisme en temps de guerre, ils constituèrent en même temps des lieux où la critique était admissible par le biais du débat. Cela fait écho à l'interprétation paradoxale énoncée par William Mulligan, celle d'une « Grande Guerre pour la paix ». Dans les deux pays, le contrôle parlementaire des buts de guerre devint un enjeu de premier plan pour le centre-gauche. L'UDC (Union of Democratic Control), que présidaient certains parlementaires en Grande-Bretagne, ainsi que des députés socialistes et radicaux français renouèrent avec l'internationalisme juridique d'avant-guerre pour esquisser un certain « pacifisme parlementaire », acquis aux buts de guerre dits « démocratiques ». En France, le vote de la motion Dumont par la Chambre des Députés, en juin 1917, allait dans ce sens. En Grande-Bretagne, malgré le cadre légal des exemptions, prévues dans la loi sur la conscription promulguée en 1916, le parlement britannique dépouilla les objecteurs de conscience absolutistes de leur droit de vote, à la fin de la guerre. Le « pacifisme parlementaire » eut donc des limites évidentes.
      The wartime roles of the British and French parliaments as both instrument for the repression of pacifism but also as forums for the expression of acceptable forms of dissent resonates with William Mulligan's paradoxical characterization of the First World War as the ‘Great War for Peace'. In both cases, parliamentary control of government war aims became a presiding concern of the centre-left. Britain's parliamentary-led Union of Democratic Control and French socialist and liberal deputies reconnected with pre-war liberal internationalism to create a moderate ‘parliamentary pacifism' committed to ‘democratic' war aims, as reflected in the French case by the Dumont motion passed by the Chamber of Deputies in June 1917. A system of exemptions accompanied the introduction of conscription for British men in 1916 yet at the war's end the British Parliament stripped the right to vote from absolutist conscientious objectors. ‘Parliamentary pacifism' had clear limits.
    • Féministe et pacifiste à l'époque de Weimar : la remise en question du pouvoir politique dans la nouvelle République - Rebecca R. Shriver p. 145-161 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La relation entre les femmes pacifistes et féministes et les hommes politiques allemands pendant la République de Weimar reflète des débats fréquents, dans cette jeune république, sur la nouvelle hiérarchie politique et légale établie en Allemagne après 1919. Une analyse de quatre-vingt pétitions, envoyées par la section allemande de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (Internationale Frauenliga für Frieden und Freiheit, ou IFFF en Allemagne) aux présidents, chanceliers, ministres et parlementaires, explicite leur position dans cette réévaluation de la loi et de l'État. Cet article soutient que l'IFFF pensait que l'autorité suprême revenait aux individus, par le biais des droits constitutionnels fondamentaux et des accords internationaux. Cette vision convient à une organisation consacrée à promouvoir les droits de l'homme (en l'occurrence des femmes), et la réconciliation internationale. Leur confiance dans les lois préexistantes, les règlements et les traités internationaux manifeste alors une approche pragmatique, loin des poncifs qui servent usuellement à le caractériser : à savoir sa radicalité et son idéalisme.
      The relationship between feminist pacifists and domestic politicians during the Weimar Era reflected the widespread debates in the young republic over the new political and legal hierarchy established in Germany after 1919. An analysis of eighty petitions sent by the German section of the Women's International League for Peace and Freedom (Internationale Frauenliga für Frieden und Freiheit, or IFFF) to presidents, chancellors, ministers, and parliamentary representatives illuminates their position in this revaluation of the law and the State. This article argues IFFF envisioned the highest authority belonging to individuals, through fundamental constitutional rights, and international agreements. Thus, demanding political power be diffused away from laws and bodies affiliated with the nation-state, and instead giving greater agency to the individual and international. While this befit an organization dedicated to promoting human (particularly women's) rights and international reconciliation, their reliance on pre-existing laws, regulations, and treaties brings attention to the practical approach employed by a group often characterized as radical and idealistic.
  • Sources

  • Varia

    • 10 août 1792. L'Assemblée Législative et la Commune de Paris, ou les conséquences politiques de la chute de la royauté - Anne de Mathan p. 187-204 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette enquête analyse les conséquences de la suspension du roi, le champ des forces politiques en contact et la répartition des bénéfices du 10 août. Face aux aspirations à la démocratie directe du mouvement populaire, désireux de monnayer son intervention, l'intensité de la production de la loi, libérée du royal veto, est un outil essentiel au service de la défense de la démocratie représentative et de la centralité législative jusqu'à la réunion de la Convention.
      This survey analyzes the consequences of the suspension of the King, the field of political forces in contact and the distribution of the profits of the tenth of August 1792. Face the aspirations for the direct democracy of the popular movement, eager to cash in its intervention, the intensity of the production of the law, released from the royal veto, is an essential tool in the service of the defence of representative democracy and the legislative centrality to the meeting of the Convention.
    • Du roi de France au roi des Français (30 juillet-9 août 1830). Usurpation et mutation de la royauté au cœur de l'essor démocratique - Éric Derennes p. 205-225 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La révolution de 1830 fut une crise politique et une rupture dynastique au cœur de l'essor démocratique. Les députés libéraux jouèrent un rôle décisif en favorisant l'avènement d'une monarchie constitutionnelle appuyée sur la représentation nationale avec un roi garant de la Charte. Concomitamment, le duc d'Orléans captait une couronne que le « parti » royaliste destinait au duc de Bordeaux. La question polémique d'une usurpation marquait ce temps de mutation de la royauté française.
      The Revolution of 1830 was a political crisis and a moment of dynastic rupture, amid the democratic surge. Liberal deputies played a decisive part by promoting a constitutional monarchy based on national representation, with a king guarantor of the charter. Concomitantly, the Duke of Orleans obtained the crown that the royalist “party” intended for the Duke of Bordeaux. The controversial question of usurpation marked this time of mutation of the French royalty.
  • Lectures