Contenu du sommaire : Politiques urbaines alternatives (2)

Revue Métropoles Mir@bel
Numéro no 17, 2015
Titre du numéro Politiques urbaines alternatives (2)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Alterpolitiques! 2 - Max Rousseau, Vincent Béal accès libre
    • Beyond the Alternative Complex. The London Urban Food Strategy and Neoliberal Governance - Agnese Cretella accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article introduit le concept de stratégies alimentaires urbaines et décrit le cas spécifique de la ville de la Londres, la première municipalité européenne à développer une expérience de gouvernance axée spécifiquement sur la nourriture. Par le biais d'une analyse de discours, nous discutons plus particulièrement le positionnement de la stratégie alimentaire londonienne (SAL) à l'intérieur des stratégies de développement urbain alternatives, et du modèle dominant, néolibéral et entrepreneurial. Cet article questionne la nature de la SAL en lien avec l'introduction du dogme du développement durable dans la gouvernance urbaine de Londres, du début des années 2000 jusqu'aux Jeux Olympiques de 2012 qualifiés de « Jeux les plus verts jamais organisés ». En guise de conclusion, nous soutenons que les projets alternatifs ne sont pas étanches aux influences néolibérales et, même s'ils l'étaient, ils feraient certainement l'objet d'une manipulation stratégique pour contrebalancer d'autres projets institutionnels ouvertement entrepreneuriaux.
      In this paper we will introduce the concept of Urban Food Strategies (UFSs) and describe the specific case of the city of London, the first European municipality to develop a governance experiment specifically on food. In particular, we will discuss the positioning of the London Food Strategy (LFS) within the alternative idea of urban development strategies and the mainstream, neoliberal entrepreneurial model by way of discourse analysis. This paper questions the nature of the LFS in relation to the introduction of the sustainable development dogma in London urban governance from the early 2000s to the recent 2012 Summer Olympics, declared as the “greenest games ever”. By way of conclusion, we will argue that alternative projects are not free of neoliberal influences, and even if they are, they will likely be the subject of strategic manipulation to counter balance other reckless institutional entrepreneurial projects.
    • Is street art institutionalizable? Challenges to an alternative urban policy in Lisbon - Pedro Costa, Ricardo Lopes accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis quelques années, la municipalité de Lisbonne a mis en place une politique de gestion des graffitis et de l'art de rue qui combat et contrôle drastiquement ce type de pratiques dans le centre-ville, tout en facilitant et institutionnalisant ces mêmes pratiques dans d'autres secteurs de la ville. En dépit de critiques quant à son caractère hybride et protéiforme, cette politique peut être considérée comme une politique alternative de développement urbain. En effet, elle se caractérise par une approche avant tout bottom-up qui cible les communautés locales et en particulier un segment marginalisé de la société urbaine. Elle cherche également à établir des régulations sociopolitiques (et culturelles) pour limiter les effets du développement inégal dans la ville. L'objectif de cet article est d'analyser les effets de l'intervention publique et de comprendre les contradictions de la production de politiques publiques dans ce domaine. Il cherche plus précisément à revenir sur les processus d'institutionnalisation du graffiti, ainsi que sur l'influence des politiques urbaines sur l'expression artistique.
      Lisbon City Council, in recent years, has promoted a new policy towards graffiti and street art. Not only has it fought to actively control these artistic practices in some central neighborhoods, but it has also, conversely, facilitated and institutionalized its practice in other specific areas of the city. In spite of its multifaceted and inorganic nature, combining a controversial set of public actions conducted by different City Council departments, this policy can be looked upon as an alternative urban development policy. It is characterized by a bottom-up approach to urban problems, which targets local communities, and more significantly, specifically a non-mainstream segment of urban society. In addition, it seeks to establish socio-political (and cultural) regulations in order to limit uneven urban development. The overall aim of this paper is to analyze the implications of this course of action and the challenges it brings forth to the design of public policies in this field. More specifically, it seeks to understand the changes that have come about by this process of “institutionalization” of graffiti, i.e. the immediate socio-economic and cultural impacts on the city, and the effect it has had on artistic expression.
    • Contre la métropole créative ... tout contre. Les politiques patrimoniales et touristiques de Plaine Commune, Seine-Saint-Denis - Saskia Cousin, Géraldine Djament-Tran, Maria Gravari-Barbas, Sébastien Jacquot accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article questionne l'élaboration de politiques alternatives à partir des usages politiques du tourisme et du patrimoine à Plaine Commune, un des derniers territoires de la banlieue rouge de Paris. Si les politiques touristiques et patrimoniales, historiquement liées à la construction d'une alternative communiste, sont marquées par un héritage militant, elles ont évolué depuis le tournant entrepreneurial engagé par les communistes réformateurs dans les années 1990 et sont aujourd'hui marquées par la diffusion du paradigme de la « créativité ». Les ambiguïtés de l'inscription de l'intercommunalité en tant que « Territoire de la Culture et de la Création » dans le Grand Paris sont analysées, entre dynamiques entrepreneuriales et valorisation d'un patrimoine de banlieue. Dans les interstices de la métropole « créative » est étudiée la fabrique d'une politique patrimoniale et touristique alternative, caractérisée par sa dimension participative, par son inscription dans l'alter-marchand et par sa construction à destination idéale de tous les habitants. En conclusion, la catégorisation des politiques comme alternatives achoppe sur des formes ambivalentes, tandis que la politique patrimoniale et touristique, qui était la conséquence d'une politique alternative, en est devenue un des principaux vecteurs.
      This article questions the development of alternative policies, from the perspective of the political uses of tourism and heritage in Plaine Commune - one of the last territories of the red (communist) suburbs of Paris. The tourist and heritage policies are historically linked to the construction of a communist alternative and are marked by a militant perspective. These policies have evolved since the entrepreneurial turn initiated by the communist reformers in the 1990s. Today they are marked by the disseminating paradigm of "creativity". The involvment of the intermunicipal structure as "Territory of Culture and Creation" within the Greater Paris reveals the ambiguities between entrepreneurial dynamics and the development of a typical suburban heritage. In the interstices of the "creative" metropolis, we study the construction of alternative tourism and heritage policies. These policies are characterized by their participatory dimension, their involvment within the social and solidarity economy and their construction for ideally all inhabitants. In conclusion, the categorization of policies as alternatives stumbles on ambivalent forms, while the heritage and tourism policy, firsta result of an alternative policy, has become one of its main vectors.
  • Débats

    • Habiter en construisant, construire en habitant : la « permanence architecturale », outil de développement urbain ? - Édith Hallauer accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge, au prisme des alterpolitiques urbaines, des démarches singulières voyant des architectes habiter sur le lieu même du projet urbain qu'ils ont en charge de réhabiliter. Ni tout à fait à l'initiative des municipalités, ni réellement issues d'une mobilisation sociétale, ces démarches se situent précisément dans l'interaction complexe entre refus de stratégies entrepreneuriales modélisées, soutien à des populations urbaines défavorisées, et ouverture des politiques urbaines à l'expérimentation. À l'opposé des médiatisées « résidences d'architectes », ces « architectes en résidence » transforment la figure démiurgique du concepteur en simple habitant de quartiers en rénovation. C'est principalement à travers l'étude de l'expérience récente de l'agence Construire à Boulogne-sur-Mer (2010-2013), concernant une rénovation en participation de soixante maisons de rue habitées, que l'auteur tente de relever les balises conceptuelles de ce que ces acteurs appellent la « permanence architecturale ». Après la contextualisation de cette démarche s'inscrivant à la fois dans l'histoire de la réhabilitation du logement en France et celle de la démocratisation culturelle, les sources, définitions et enjeux de cette notion sont étudiés à l'aune de démarches artistiques à l'histoire plus ancienne. Face à d'autres expériences comparables, l'enjeu d'une éventuelle institutionnalisation de ces pratiques émergentes est ensuite soulevé. Cependant, la fragilité de ces initiatives à très petites échelles témoigne de leur dépendance à l'égard des contextes et des acteurs ultralocaux, freinant leur normativité.
      This article examines through the prism of urban alterpolitiques some singular approaches, seeing architects living the place of the urban project that they have to rehabilitate. Neither entirely instigated by municipalities or actually derived from a social mobilization, these approaches are precisely situated in the complex interaction between refusal modeled entrepreneurial strategies, support for the urban poor, and opening experimentation in urban policies – including the symbolic aspects -. In contrast to the publicized "architect mansions", these "residential architects" are mutating the demiurgical designer feature into a simple invested inhabitant. It is mainly through the study of the recent experience of the Construire agency in Boulogne-sur-Mer (2010-2013), a renovation project of sixty inhabited houses, which the author attempts to identify key concepts of what his protagonists call "architectural permanence". After contextualizing this approach enrolling in both the history of the rehabilitation of housing in France and that of cultural democratization, the sources, definitions and stakes of this concept are studied in comparison of similar artistic approaches. Face to other comparable experiences, the issue of a possible institutionalization of these emerging practices is then lifted. However, the fragility of these initiatives at very small scales reflects their dependence on ultra-local contexts, slowing their normativity.
    • L'aménagement temporel territorial : repenser les territoires en conjuguant espace et rythmes - Chris Beyer, Dominique Royoux accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article propose d'effectuer une lecture critique des politiques novatrices qui trouvent leurs origines dans l'affaiblissement des rythmes fordistes des sociétés industrielles par l'avènement d'une société de services. De nouvelles formes d'action publique, appelées « politiques temporelles », nées en Italie dans les années 1990, considèrent que les inégalités territoriales ne viennent pas uniquement des dynamiques spatiales, sociales ou économiques mal distribuées, mais qu'elles sont dues également à des différences de « rythmes ». Ces politiques concentrent ainsi leurs actions sur une dimension souvent ignorée du développement territorial au profit de l'espace : le temps. Nous proposons de retracer la genèse, les enjeux et les défis de ces politiques, au travers d'expérimentations menées par des collectivités françaises et européennes. Nous insisterons sur le caractère participatif et le potentiel alternatif de ces politiques qui cherchent, face à une planification urbaine jugée rigide, à construire une ville plus fluide.
      This article proposes to carry out a critical reading of the innovative policies which find their origins in the weakening of the rhythms fordists of the industrial societies by the advent of a services company. New forms of public action, called “temporal policies”, born in Italy in the years 1990, consider that the territorial inequalities do not come solely from dynamic space, social or economic evil distributed, but which they are due also to differences in “rhythms”. These policies thus concentrate their actions on an often ignored dimension of the territorial development to the profit of space: time. We propose to recall the genesis, the challenges and the challenges of these policies, through experiments carried out by French and European communities. We will insist on the participative character and the alternative potential of these policies who seek, vis-a-vis a city planning considered to be rigid, to build a more fluid city.
  • Varia

    • Savant et politique dans le renouvellement de l'action publique. Retour sur une expérience de production de connaissance scientifique au service d'un Schéma Régional d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire - Laure Casanova Enault, Jacques Garnier, Hélène Reigner accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      C'est une vieille question que celle du rapport entre le savant et le politique. Depuis l'ouvrage de Max Weber, cette question n'a cessé d'être renseignée et théorisée en cherchant à typer la nature de ce rapport (Habermas, 1973).S'appuyant sur ces travaux, cet article propose un retour réflexif sur une expérience de participation à un conseil scientifique auprès d'un Conseil Régional dans le cadre du processus de révision du Schéma Régional d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT). Analysant rétrospectivement cette expérience, les auteurs de cet article relatent les rapports évolutifs entre les instances administratives et politiques de la grande collectivité territoriale et le conseil « créé » par elle ; rapports alternativement empreints de connivences et de frustrations, de consensus et de déceptions, de défiance et de confiance ; rapports, enfin, qui témoignent de ce que la « créature » scientifique voulue par l'acteur public s'est affirmée et émancipée de manière en partie inattendue. Cet article vise donc à mettre en évidence et à objectiver les conditions de cette affirmation et de cette émancipation. La première partie présente le cadre institutionnel et les conditions de création du conseil scientifique. La deuxième partie analyse le processus singulier de production de connaissance opéré par ce conseil scientifique, notamment autour des enjeux liés à la métropolisation. La troisième partie analyse les conditions de mise en place d'une relation originale avec la collectivité territoriale dans laquelle la posture du savant et celle du politique se sont conjuguées sans déborder de leurs limites respectives.
      It is an old question that of the relationship between scientists and politics. Since the famous two articles of Max Weber, this question did not cease being commented and theorized while seeking to typify the nature of this relationship (Habermas, 1973).Being based on this theoretical background, this article proposes a reflexive return on the participation process experienced by a group of scientists in a Scientific Council created by a French regional Authority (Conseil Régional) in order to revise and improve a document of strategic spatial planning (Schéma Regional d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire) previously established in this French region. Analyzing retrospectively this collectively experienced process, the authors of this article report the evolutionary relationship between the regional Authority and the Scientific Council created by it. This relationship appears alternatively characterized by complicities and frustrations, consensus and disappointments, confidence and distrust. It testifies, in fact, that the Scientific Council “created” by the Regional authorities emancipated himself in a partly unexpected way. This article, thus, aims highlighting and objectifying the conditions of this emancipation. The first part presents the institutional framework and the conditions of creation of the Scientific Council. The second part analyzes the singular process of production of knowledge operated by this Scientific Council. The third part analyzes the conditions of setting up an unexpected relationship between the regional authority and the scientific council in which the requisite functions of both were combined without overflowing their respective limits.
    • L'urbanité singapourienne au défi de la globalisation : stratégies, formes et fonctions urbaines en transition - Denis Bocquet avec résumé avec résumé en anglais
      Singapour a connu, depuis une vingtaine d'années, une série de transformations urbaines, résultant en partie d'un choix politique de réorientation de l'économie de la ville-Etat en conséquence des crises de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Ces mutations, d'un développement plus grand du marché de l'immobilier privé haut de gamme à la construction d'immenses complexes de loisirs (resorts) et de casinos, ont eu d'importantes conséquences sur la conception même de l'urbanité locale, issue de cinquante années de domination culturelle et sociale du paradigme du logement étatique pour tous et d'une pratique d'un contrôle social strict. L'objet de cet article est de tenter d'analyser l'impact de ces évolutions sur l'urbanité singapourienne, entre menaces de dissolution et capacité de résilience.
      Singapore experienced, during the two last decades, a series of urban transformations, resulting from the political choice of rebranding the economy of the City-State following the crisis of the 1990's and early 2000's. Such changes in the urban identity of the city, that ranged from a major liberty given to the private sector to develop programmes of high-end housing to the construction of huge resorts and casinos have had a strong impact on the local conception of what urbanity is, in a country where the most common paradigms had been for 50 years that of collective public housing and of a strict, and sometimes intrusive, State supervision of urban virtues. The object of this paper is to analyse such developments, between the threat of a possible dissolution of the local values of urbanity and the capacity of resilience of local society.
  • Recensions