Contenu du sommaire : Articles
Revue | Annales de géographie |
---|---|
Numéro | no 718, 2017/6 |
Titre du numéro | Articles |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les nouvelles politiques d'empowerment dans l'accès aux ressources halieutiques en Afrique du Sud. Comparaison entre Péninsule du Cap (Western Cape) et Wild Coast (Eastern Cape) - Emmanuelle Surmont, Sylvain Guyot p. 679-703 L'État Sud-africain a mis en place à partir de 2016 une nouvelle politique : la Small Scale Fisheries Policy. Cette dernière, décidée dès 2012, est l'aboutissement de plusieurs années d'actions de lobbying menées par des associations de pêcheurs et des universitaires. Elle renouvelle le statut des communautés de pêcheurs de subsistance et permet aux populations non blanches – spoliées de leurs droits de pêche pendant l'apartheid – de retrouver ces droits grâce à une légalisation de leurs pratiques. Dans cet article, nous décrivons les objectifs et la mise en application de cette nouvelle politique dans deux contextes territoriaux différents : la Péninsule du Cap, zone urbaine à dominante Coloured, et la Wild Coast, zone rurale essentiellement African. Nous analysons les problèmes soulevés par cette « politique d'empowerment », qui peut sembler contradictoire dans ses termes. Enfin, nous montrerons que « la prise de pouvoir » des populations non-blanches sur leur destinée s'est effectuée avec des temporalités et des spatialités très différentes entre les deux zones étudiées.Since 2016, the South African Government has implemented a new policy: the Small Scale Fisheries Policy. This policy, decided in 2012, results from an intensive lobbying led by fishermens' associations and academics. It renews the status of subsistence fishing communities and allows non-white populations – who were deprived of their rights during the apartheid era- to recover fishing rights by legalizing theirs practices. This article aims to present the goals of this new policy and explain how it has been implemented in two different territorial contexts: the urban and mostly Coloured Cape Peninsula and the rural and essentially African Wild Coast. The Authors address the question of this “empowerment policy,” two terms which could appear contradictory at first sight. The study shows that the non-white populations have taken up the reins of their own destiny, but with strong different temporalities and spatialities between the two areas.
- L'aménagement du territoire et la question de la différence culturelle au Canada. De l'invisibilité à la visibilisation des peuples autochtones - Irène Hirt, Caroline Desbiens p. 704-727 Au Canada, l'aménagement a contribué à la dépossession des sociétés autochtones par la création des « réserves » amérindiennes et autres modes de gestion du territoire et des ressources. Cet article propose une approche critique du concept d'aménagement en le considérant comme un dispositif central de contrôle social dans le cadre de l'entreprise coloniale européenne. Il suggère que ces fondements coloniaux de l'aménagement sont actuellement remis en cause au Canada par la mise en œuvre de modèles de gestion partagée du territoire entre Autochtones et non Autochtones. Il démontre toutefois le caractère inégal de ces transformations sociales, en comparant deux situations contrastées au Québec : celle des Cris de l'Est de la Baie James, bénéficiant depuis les années 1970 d'importantes prérogatives en matière d'aménagement sur leurs territoires ancestraux grâce à la signature d'un traité moderne ; et celle d'une partie des Innus, qui, dans l'attente de la ratification d'un tel traité, doivent composer avec les décisions prises par la société majoritaire, relatives à la gestion du territoire et des ressources hors réserve.State-based planning in Canada has contributed to the dispossession of Indigenous peoples through the creation of Indian reserves and other forms of territorial management. This paper offers a critical approach to the concept of land use planning defining it as a key mechanism of social control within the European colonial enterprise. It argues that the colonial roots of spatial planning are currently being challenged in Canada by the implementation of co-management structures shared by Indigenous and non-Indigenous actors. It highlights, however, the uneven character of these social transformations, comparing two distinct situations in the province of Quebec: the Cree First Nation on the east coast of James Bay who have, since the 1970s, benefited, from the legal recognition of their rights over their ancestral territories thanks to the signature of a modern treaty ; and part of the Innu First Nation who, as they are still awaiting the conclusion of such a treaty, have to contend with the decisions of mainstream society regarding the management of their ancestral territory “off reserve”.
- Vivre dans un établissement médico-social d'hébergement pour adultes handicapés en France : quels choix résidentiels ? Le point de vue des usagers - Noémie Rapegno, Jean-François Ravaud p. 728-753 Cet article privilégie le point de vue des usagers et analyse la façon dont les adultes handicapés vivant en établissement médico-social ont choisi leur lieu de vie. Il se fonde sur 76 entretiens menés auprès d'adultes ayant des déficiences motrices sévères et vivant dans un établissement médico-social, dans deux régions françaises (Ile-de-France et Haute-Normandie). Face à de fortes disparités territoriales de l'offre en structures d'hébergement, les personnes handicapées vivant en établissement font face à des contraintes particulières, des formes d'inégalités imbriquées et cumulatives entre elles étant spécifiques à ce lieu de vie. L'entrée en établissement constitue un choix sous contraintes. Le capital social des personnes, constitué par les familles et les professionnels paramédicaux joue un rôle non négligeable dans le choix de l'établissement, cela pouvant aller jusqu'à une remise de soi, c'est-à-dire à une démission ou à une délégation totale, de la part des personnes handicapées. La proximité familiale et l'accessibilité de l'environnement sont primordiales dans le choix de l'établissement. Le projet d'établissement, ses caractéristiques architecturales et le profil des autres résidents entrent aussi en compte, à un degré moindre.This article emphasizes the perspective of users and analyses how adults with disabilities living in a residential care facility choose their home. It is based on interviews with 76 adults with motor impairments and who live in a residential care facility, in two French regions (Ile-de-France and Haute-Normandie). Faced with strong regional disparities in the supply of facilities, people with disabilities who live in institutions face particular constraints. Some interlinked and cumulative forms of inequalities are specific to this place. Entry into an institution is a choice made under constraints. People's social capital, consisting of families and health professionals, plays an important role in the choice of the residential care facility : people with disabilities can go as far as a delivery of oneself (that is to say resignation or total delegation). Family proximity and accessibility of the environment have a decisive impact on the choice of the residential care facility. The residential care facility's project, the architectural features and profile of other residents are also taken into account, but to a lesser degree.
- Trajectoires d'intégration des villes françaises dans les réseaux économiques et financiers des firmes transnationales étrangères - Olivier Finance p. 754-781 À l'échelle mondiale, les firmes transnationales sont à l'origine d'inégalités d'intégration substantielles. Il est bien connu qu'elles dirigent notamment leurs investissements avant tout depuis et à destination des pays du Nord. Peu observées à l'échelle des systèmes de villes, leurs stratégies de localisation placent pourtant les villes dans des positions très diverses : certaines se situent en tête de leurs réseaux, certaines se trouvent très intégrées en accueillant de nombreux investissements, d'autres encore en sont quasiment exclues. Nous observons l'inégale intégration des territoires aux réseaux des firmes étrangères en France, à une échelle plus fine que celle permise par la seule considération des statistiques conventionnelles, et ceci dans une perspective dynamique. Alors que les métropoles sont concernées en tout premier lieu par une mondialisation incluante, les villes plus petites sont engagées dans des trajectoires d'intégration très diverses : marginalité, rattrapage, renforcement et déclin. Ceci a pu être révélé par la décomposition des réseaux de filiation des firmes transnationales via une base inédite des établissements sous contrôle étranger dans les aires urbaines françaises et leur comparaison à un recensement des établissements nouvellement créés depuis 2003.At an international scale, transnational firms are at the core of major integration inequalities. They conduct their investments first of all from and to the Northern countries. Rarely observed on the urban scale, their investments nevertheless put territories in various positions : some cities are at the top of these networks, some are highly integrated by hosting numerous investments, while others are almost excluded from these networks. Most studies explore conventional data at a macro level. In this paper, territorial inequalities of integration into foreign transnational firms' networks are observed at a finer scale at a finer scale and in a dynamic perspective in the french system of cities. Metropoles are as expected highly integrated in these networks, but smaller cities are in highly diverse situations : marginality, catch-up, reinforcement and decline of their integration. This has been revealed by studying the breakdown of the transnational firms' affiliation networks through the building of a database of foreign-controlled establishments in French urban areas and comparing it with a census of new establishments recently opened.
- Comptes rendus - p. 782-785