Contenu du sommaire : S'instituer par l'écriture en ligne

Cet article vise à révéler la complexité d'un canular télévisuel mené par Rémi Gaillard, un trublion de l'Internet, contre TF1 à travers l'examen de sa structure et de son discours de démystification. Outre sa double nature médiatique, l'originalité de ce canular réside dans sa portée corrective qui consiste à dénoncer l'entreprise de falsification menée par TF1 dans ses émissions. Ce discrédit de TF1 provoqué par le canular participe d'une conquête de légitimité : son auteur, issu du monde de l'Internet, veut donner une leçon de sincérité à la télévision et faire vaciller les hiérarchies médiatiques en place : tel est son enjeu intermédial. Toutefois, cette activité canularesque contient de nombreuses ambiguïtés qui fragilisent en retour le bien-fondé de ce projet.

Cet article interroge la notion d'autorité scientifique à travers l'étude de l'évolution des formes de communications inhérentes à l'édition de la recherche et soulève, ce faisant, l'influence de ces dernières sur les changements d'autorité. La question de l'autorité est ainsi analysée dans sa complexité communicationnelle : qu'il s'agisse des origines étymologiques et historiques de la notion, des débats qu'elle suscite entre éditeurs, auteurs et militants, ou du rôle que les dispositifs d'« écrilecture » jouent dans l'organisation et publicisation des connaissances scientifiques contemporaines.

Les moteurs de recherche se sont imposés comme des médiations incontournables des pratiques informationnelles sur le web. Si la question de leurs pouvoirs sur la mise en visibilité des textes qu'ils médiatisent est régulièrement formulée, l'histoire des critères à partir desquels ils se proposent d'« organiser le web » est plus rarement interrogée. Cet article analyse quelques-unes des figures de l'autorité inscrites dans l'algorithme de classement qui a fait le succès de Google – le PageRank – pour en expliquer les rationalités implicites. À partir des conclusions de cette analyse, l'auteur esquisse une archéologie des pages de résultats du moteur de recherche afin d'examiner – dans une perspective sémiologique – la manière dont les conceptions de l'autorité supposées par ses architextes se donnent à lire à l'usager qui l'interroge.

Ce texte tend à étudier les pratiques d'autorisation dans le cadre de la prescription culturelle sur Internet. Il s'attache aux modalités de construction de figures d'autorité produites sur et par des sites web qui fondent leurs modèles éditorial et économique sur la recommandation culturelle musicale : Sens Critique et Soundsgood. À partir des modèles de l'« éclaireur » ou du « curateur », sera étudiée l'articulation des différents systèmes de signes de l'évaluation : critique, moyennes, notes, qui selon notre hypothèse concourent à construire une autorité de la contingence : une autorité conjoncturelle, éphémère et a-politique qui s'inscrit dans des logiques communicationnelles.

L'article étudie les rapports que la plate-forme de pétitionnement en ligne change.org entretient avec l'autorité. Il apparaît que différentes formes d'autorité cohabitent au sein de ce dispositif numérique : l'autorité traditionnelle des destinataires des pétitions, l'autorité fondée sur la popularité et la visibilité potentiellement acquises par les pétitions et l'autorité du dispositif lui-même par rapport à ses usagers. Les deux dernières formes d'autorité ont la particularité d'être dépendantes des interactions entre l'usager et la plate-forme. En effet, alors que cette dernière impose ou propose des actions aux pétitionnaires, ceux-ci ont la liberté de s'y conformer ou non. Il s'agit donc de formes d'autorité processuelles et co-construites entre un dispositif et les pratiques de ses usagers.

Alors que le Web est décrit aujourd'hui comme un laboratoire de créations littéraires, son utilisation par certains auteurs de poésie numérique ne va pas de soi. En effet, comment asseoir sa légitimité dans le champ littéraire français en brandissant l'étendard du « numérique », tout en revendiquant un positionnement d'avant-garde qui s'accorde mal avec le mass media que représente internet ? Dès lors, on se demandera comment certaines figures emblématiques de la poésie numérique en France se sont investies dans un travail de reconnaissance de leur identité collective sur le Web, au détriment de la visibilité de leurs œuvres.

Le projet d'une « science ouverte », fondé sur des outils de partage et des logiques collaboratives, s'appuie sur une volonté de transformation des outils de publication et de diffusion académiques de la science, tels qu'ils ont été conçus puis développés depuis le XVIIe siècle. De ce fait, il paraît utile d'analyser ce mouvement à partir des économies scripturaires et notamment des économies documentaires. Cependant, on se rend compte que la force des institutions publiques comme privées est telle qu'elles réussissent à absorber et désamorcer les tentatives de renouvellement, comme lorsque par exemple les éditeurs scientifiques s'emparent de la forme « blog » ou créent des data journals. Le changement des rapports de force dans la science ne peut pas se résumer à des innovations documentaires mais relève bel et bien d'un projet politique.

Des « Décodeurs » du Monde au « Désintox » de Libération, de « L'œil du 20 heures » de France 2 au « Vrai du Faux » de France Info, toutes les évocations actuelles du fact-checking – en France comme ailleurs dans le monde – sont fondées sur l'observation de pratiques journalistiques relativement récentes, qui consistent à vérifier la véracité de propos tenus par des responsables politiques ou d'autres personnalités publiques. Mais il ne s'agit là que de l'avatar « moderne » du fact-checking, né outre-Atlantique avec les PolitiFact.com et FactCheck.org, pour ne citer qu'eux. En France (comme aux États-Unis d'ailleurs), les médias n'envisagent plus vraiment de mettre en œuvre le fact-checking des origines, né à la création de Time en 1923, et fondé sur la vérification exhaustive et systématique des contenus journalistiques avant parution. Cette réinvention du fact-checking semble devoir s'expliquer par des raisons à la fois historiques, éditoriales et économiques.