Contenu du sommaire : Dynamiques urbaines en Asie du Sud-Est
Revue | Bulletin de l'Association de Géographes Français |
---|---|
Numéro | no 2014/4 |
Titre du numéro | Dynamiques urbaines en Asie du Sud-Est |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Dynamiques urbaines en Asie du Sud-Est - Yves Boquet p. 405-411
- Migration, pauvreté et environnement urbain à Hanoi et Hô Chi Minh Ville (Viêt‑nam) - Pierre Morand, Thi Thiêng Nguyên, Patrick Gubry p. 412-428 Pour étudier les interrelations entre migration, pauvreté et environnement urbain, une enquête par sondage aléatoire a été menée en 2007 auprès de 1 000 ménages à Hanoi et 1 500 ménages à Hô Chi Minh Ville. En mettant en œuvre des analyses par modèle linéaire (de type "régression sur variables qualitatives"), on montre un fort effet général du niveau d'éducation et des indicateurs de richesse/pauvreté sur la sensibilité à l'environnement, notamment vis-à-vis de la présence de nuisances de quartier apportées par les grandes voies de transport, les usines ou les dépôts d'ordures. Mais les analyses révèlent aussi que cette tendance n'a pas encore conduit à une véritable ségrégation résidentielle des classes sociales en fonction de la qualité environnementale des quartiers. Cette situation pourrait toutefois évoluer, puisqu'un mouvement d'évitement des mauvaises conditions environnementales semble se dessiner chez les ménages migrants jeunes et aisés, du moins à Hô Chi MinhVille.To study the interrelationships between migration, poverty and urban environment, a random sample survey was conducted in 2007 among 1,000 households in Hanoi and 1,500 households in Ho Chi Minh City. By carrying out a set of analyses through linear model (regression analysis), we show a strong overall effect of education level and wealth/poverty indicators on the sensitivity to environmental conditions, especially regarding the presence of neighbourhood nuisances produced by the major transportation routes, factories and rubbish dumps. But the results also reveal that this trend has not yet set up an actual segregation of social classes according to the environmental conditions of neighbourhoods. However, this situation could change since a movement of avoidance of bad environmental conditions seems to be emerging among young and affluent migrant households, at least in Ho Chi Minh City..
- Transition urbaine et recompositions des rapports sociaux de domination à Jakarta : étude à partir du traitement de la pauvreté - Judicaëlle Dietrich p. 429-444 Jakarta, métropole émergente, s'inscrit dans les dynamiques globales de transition urbaine en lien avec son processus d'internationalisation. Parmi les dix plus grandes villes du monde, elle manifeste aujourd'hui la réussite économique indonésienne. Pourtant, on y observe aussi les limites du développement marquées par une pauvreté persistante et l'accentuation des inégalités. Ce papier présente les résultats d'un travail de terrain réalisé à Jakarta dans plusieurs quartiers dits « pauvres » afin de faire apparaître les modalités et les conséquences socio-spatiales du traitement de la pauvreté par les acteurs. L'enjeu est ici de questionner l'usage du concept de pauvreté par les agents et ses implications dans la production et la recomposition des rapports sociaux de domination dans la ville. Enfin, dans une démarche plus méthodologique, le propos portera sur la pertinence de l'approche intersectionnelle pour identifier les modes d'actions du traitement de la pauvreté et les formes de co‑construction des dominations.As an emerging metropolis, Jakarta participates to global dynamics such as urban transition and internationalization. The Indonesian economic success takes place in Jakarta, one of the ten largest cities in the world. However, persistent poverty and growing inequality reveal the limits of development. This paper presents the results of my fieldwork in Jakarta in several neighborhoods considered as "poor". The aim is to highlight the terms and the socio-spatial consequences of the poverty treatment by the stakeholder. The challenge here is to question the use of the concept of poverty and its implications in the production and the restructuration of social relations of domination in the city. Finally, in a methodological approach, the article focuses on the relevance of the intersectional approach to identify the modes of action of poverty reduction programs and the forms of co-construction of dominations.
- Le développement urbain actuel de Yangon (Myanmar) - Marion Sabrié p. 445-460 Yangon, centre économique du Myanmar, connaît un développement urbain sans précédent, concomitant à la démocratisation de son régime et à la libéralisation de son économie. Ce développement n'est pas encore maîtrisé par les autorités gouvernementales et municipales qui tentent aujourd'hui de légiférer avec l'appui d'experts internationaux et d'organisations birmanes afin de conserver le patrimoine historique de la ville ainsi que sa perspective urbaine. Les défis urbains demeurent importants dans le domaine foncier, dans la distribution en eau et en électricité, dans le développement du réseau routier et dans l'accès aux services et aux espaces verts. La multiplicité des acteurs, nationaux et internationaux, et des modèles rend peu évidente l'élaboration du schéma directeur de la ville, métropole régionale en devenir.Yangon, economic center of Burma, knows an unprecedented phase of urban development as concomitant with the democratization of its political regime and with the liberalization of its economy. This new development is not yet under control of the national and municipal governments which today try to legislate with the help of international experts and of Burmese non-governmental organizations to protect the town's cultural heritage and its historical urban perspective. Urban challenges remain important in real estate management, in water and electricity supplies, and in access to public services and open areas and parks. The plethora of national and international stakeholders and of urban models makes the elaboration of the city's master plan difficult. Nevertheless, Yangon is slowly becoming a regional metropolis.
- Les défis de la gouvernance urbaine à Manille - Yves Boquet p. 461-478 La région capitale des Philippines est une des plus grandes aires urbaines du monde en termes de population. Le périmètre officiel du Grand Manille (17 municipalités) abrite environ 12 millions d'habitants et l'expansion périmétropolitaine porte le chiffre réel de Manille à 15 ou 16 millions d'habitants.La rapide croissance de l'aire urbaine depuis les années 1960 a conduit à de gros problèmes de gestion du logement, de la circulation, des déchets et des risques d'inondation, entre autres. Les phénomènes sont interdépendants.Créée sous Ferdinand Marcos, la National Capital Region fut gérée par son épouse Imelda Marcos, gouverneure du Grand Manille. Après la chute de la dictature, une volonté d'autonomie des municipalités constituantes a conduit à donner des pouvoirs forts aux gouvernements locaux et à leurs maires. La MMDA, agence de développement de la métropole de Manille, qui est censée coordonner les politiques d'aménagement de la région capitale, apparaît comme faible et incapable d'assurer une croissance harmonieuse de l'agglomération.La présente communication évoque quelques‑unes des difficultés rencontrées, et s'interroge sur l'échelle la plus pertinente de gestion des problèmes du quotidien.The capital region of the Philippines is one of the largest urban areas in the world in terms of population. The official perimeter of Metro Manila (17 municipalities) is home to about 12 million people and périmetropolitan expansion brings the real figure Manila to 15 or 16 million. The rapid growth of the urban area since the 1960s has led to major management problems of housing, traffic, waste and flood risk, among others. These phenomena are interdependent. Created under Ferdinand Marcos, the National Capital Region was managed by his wife Imelda Marcos, Governor of Metro Manila. After the fall of the dictatorship, a desire for autonomy of the constituent municipalities has led to give strong powers to local governments and mayors. MMDA, the development agency of the city of Manila, which is supposed to coordinate policy development of the capital region, appears to be weak and unable to ensure harmonious growth of the city. This communication discusses some of the difficulties encountered, and examines the most relevant scale for the management of everyday life's problems.
- Des déplacements à la stratification des mobilités ? L'expérience du métro à Manille - Catherine Guéguen p. 479-499 La mise en service du métro aérien en 1984 dans l'agglomération capitale des Philippines parachevait le projet urbain « de modernité » de Ferdinand Marcos. Cette infrastructure littéralement apposée sur la ville amène un questionnement multiple relevant de sa capacité à générer du territoire, et ce, dans le contexte urbain de Manille et des communes alentours en proie à l'insularité urbaine. L'environnement économique récent et surtout l'augmentation du prix du carburant ont renforcé l'attractivité du métro dans les déplacements des Manillais. Le métro, par nécessité, est désormais intégré au mode de vie urbain et certaines stations attirent à elles de nombreux projets immobiliers. Par rétroaction, le métro influe désormais sur les mutations urbaines en terme de transformation du bâti mais aussi au niveau de la mobilité au sens large. Ce moyen de transport contribue à une stratification de la mobilité pour de jeunes actifs ayant délaissé le rêve d'accès à la propriété dans les grandes périphéries résidentielles de la capitale. Les études de terrain réalisées à grande échelle permettent une analyse fine des secteurs et de la territorialisation en cours dans laquelle le métro n'est qu'un élément participatif.The 1984 entry into service of elevated rail transit in the capital of the Philippines was finalizing the “modernity” urban project of Ferdinand Marcos. This infrastructure affixed to the city fabric brings about many questions about its ability to create new territories within the urban context of Manila and surrounding towns plagued by urban insularity. Recent economic trends, especially the rise in fuel prices, have increased the attractiveness of rail transit in Manilla. The LRT/MRT network is now integrated into the urban lifestyle and some stations have become magnets for real estate projects. In turn, metrorail now has an effect on urban changes, in terms of transformation of the built environment, but also for mobility at large. This mode of transportation contributes to a stratification of mobility for young urban professionals who have abandoned the dream of home ownership in large residential areas on the outskirts of the capital. Field studies carried at a fine scale allow a detailed analysis of sectors and the ongoing territorialization in which the metro takes part.
- Putrajaya ou une utopie malaisienne. Projet urbain et défi politique - Frédéric Bouchon p. 500-522 La construction d'une nouvelle capitale s'annonce comme un élément majeur, voire fondateur d'une nation. Le projet de Putrajaya en Malaisie s'est inspiré de modèles postcoloniaux comme Brasilia ou Chandigarh, afin d'exprimer dans l'espace la vision du futur de la société malaisienne. Elle s'annonce ostensiblement en rupture avec la morphologie chaotique et l'essence multiple de Kuala Lumpur. Elle en est le satellite, mais c'est un projet urbain et de transformation technologique ambitieux. La capitale fédérale présente une morphologie au parti-pris moderniste monumental et à l'esthétique d'inspiration islamo-malaise. Vingt ans après le choix du site, entre Kuala Lumpur et son aéroport, la ville compte aujourd'hui plus de cent mille habitants. La construction de la ville et le transfert des ministères fédéraux ont été rapides, sans rencontrer de résistance, vu la localisation de la ville nouvelle. En revanche certains choix urbains ont été décrits comme contraires à l'esprit de la nation et l'utilisation de la rente pétrolière pour le financement du projet urbain reste sensible. Certains travaux ont insisté sur l'architecture et les choix urbanistiques de la ville. L'absence de synthèse sur cette ville nouvelle, ses ambitions, dynamiques et son rôle de capitale explique ce projet de recherche. Cette étude s'est faite à partir de l'analyse de données secondaires, d'observations et d'entretiens avec des acteurs urbains. Il apparait que Putrajaya est à la fois un projet de rupture, par sa taille, mais qu'il est aussi dans la continuation des politiques d'aménagement public depuis l'indépendance en Malaisie. Le projet de déconcentration administrative dans un cadre monumental s'inscrit donc dans une logique de continuité d'un modèle social en place.Building a new capital city is the founding basis or the expression of a major shift in a nation shaping. Putrajaya project in Malaysia was inspired after post-colonial urban models such as Brasilia and Chandigarh. It aimed to embody spatially the vision of the future Malaysian society. It was designed to be breaking with Kuala Lumpur's chaotic morphology and mixed essence. It is a satellite city with ambitious urban and technological transformation project. This Federal capital city presents a monumental modernist morphology with Muslim-Malay-inspired aesthetics. Twenty years after the site selection, more than hundred thousand people live in the city. Building and transfering Federal Government departments was fast and smooth due to the location of the new town in the metropolitan area of Kuala Lumpur. Yet, some urban planning decisions remain controversial; described as in opposition to the multicultural spirit of the nation, or a misuse of the national oil rent. Research on Putrajaya have focused on its architecture and town planning issues, with few studies on the urban space representation from users. The lack of synthesis on this new city, its ambitions, dynamics and its role as capital city explains this research project. This qualitative research is a case study, based on analysis of secondary data, observations and interviews with urban actors. It appears that Putrajaya is both a project of rupture, due to its sheer size, but it is also in continuation of public development policies in place since Malaysian independence. The project of administrative deconcentration in a monumental setting fits so as a continuum of a social model in place.
- Palangkaraya : le destin contrarié d'une capitale - Olivier Sevin p. 523-548 Depuis près d'un demi-siècle, l'idée de déplacer la capitale indonésienne de Jakarta dans l'île de Java, à Palangkaraya dans le centre de Bornéo, revient périodiquement dans le débat politique. L'objet du présent article est, non seulement de retracer le destin singulier de cette ville nouvelle créée à la fin des années 1950, mais aussi de s'interroger sur les motivations d'un tel choix et de ses implications.The resettlement of the Indonesian capital, from Jakarta in Java, to Palangkaraya in Central Borneo, regularly occurs as a main political project since almost half of a century. The purpose of this article is to draw back the story of this new town, founded at the end of the 1950's, and to question the object of such a decision.