Contenu du sommaire : Les lumières de la ville – Circulations internationales et villes nouvelles

Revue Histoire urbaine Mir@bel
Numéro no 50, décembre 2017
Titre du numéro Les lumières de la ville – Circulations internationales et villes nouvelles
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier 1. Les lumières de la ville

    • Les lumières de la ville (XIXe-XXe siècle) - Sophie Reculin p. 5-12 accès libre
    • Une ville retardataire ? : Les débuts de l'éclairage des rues dans une ville provinciale finlandaise (1805-1827) - Panu Savolainen p. 13-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À première vue, Turku (Åbo en suédois), capitale provinciale du royaume de Suède puis du grand duché de Finlande, possède toutes les caractéristiques d'une ville retardataire par rapport aux grandes villes européennes qui disposent de l'éclairage public depuis le XVIIIe siècle : les premières lanternes n'y sont installées qu'en 1805. De plus, le modèle de gestion de l'éclairage urbain dont les habitants se partagent l'achat, l'entretien et l'allumage, n'a plus cours depuis près d'un siècle dans les villes d'Europe occidentale où l'éclairage est devenu un service public assuré par les autorités urbaines. Ce retard ne constitue pourtant en aucun cas un frein à la diffusion précoce d'innovations techniques peu après l'établissement de l'éclairage. Plus encore, par sa portée symbolique, la lumière des lanternes irradiant une ville nordique est perçue comme une marque d'urbanité européenne.
      At first glance, Turku (Åbo in Swedish) – the provincial capital of the Kingdom of Sweden then the capital of the Grand Duchy of Finland – has all the characteristics of a latecomer compared to the large European cities that had street lighting beginning in the eighteenth century: the first streetlamps were not installed in Turku until 1805. Moreover, the method for managing street lighting, with the inhabitants sharing the purchase, maintenance and lamp-lighting, had disappeared from Western European cities nearly a century earlier, as lighting became a public service provided by the municipal authorities. However, this lag was in no way an obstacle to the rapid spread of technical innovations soon after street lighting was established. Even more, thanks to its symbolic scope, the light from streetlamps illuminating a Nordic city was regarded as a sign of European urbanity.
    • Lighting the Underground: London, 1863-1914 - Richard Dennis p. 29-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Contrairement à la plupart des espaces publics et domestiques qui nécessitent une illumination artificielle seulement pendant la nuit, les espaces publics souterrains doivent être illuminés en permanence. Cet article explore l'éclairage des premières lignes ferroviaires souterraines de Londres à la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque l'éclairage au gaz et la locomotion à la vapeur soulèvent des problèmes particuliers. Nous analysons trois environnements différents : l'éclairage des quais de gare, des tunnels et des voitures. Dans les représentations artistiques, les rythmes des trajets en train s'entremêlent avec les rythmes du passage des stations éclairées vers les tunnels sombres ou, le jour, du passage des tunnels ombragés vers la lumière naturelle des voies ouvertes et des puits d'aération. Aussi bien éclairés que pouvaient être les trains et les stations, il restait encore des espaces - sombres aux abords de nombreuses stations qui continuaient de constituer un risque pour ceux qui traversaient la ville la nuit.
      Unlike most public and domestic spaces, which require artificial lighting only during hours of darkness, underground public spaces require constant illumination. This paper explores the lighting of London's earliest underground railways in the second half of the 19th century, when dependence on gas lighting combined with steam locomotion presented some unique problems. Three environments are considered: the lighting of station platforms, of tunnels, and of railway carriages. In artistic representations, rhythms of train travel intersected with rhythms of passing from lighted stations to darkened tunnels or, during daylight, from the shadows of tunnels to the sunlight of open cuttings and ventilation shafts; and, however well-lit the trains and stations, there were still unlit spaces in the vicinity of many stations which continued to threaten the safety of those who traversed the city at night.
    • La conquête du boulevard périphérique parisien par la publicité lumineuse - Stéphanie Le Gallic p. 49-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La publicité lumineuse avait vu le jour au cœur de la capitale, place de l'Opéra, à la fin du XIXe siècle. Elle est aujourd'hui prépondérante sur les abords du boulevard périphérique. Ce déplacement vers les marges de la ville peut être interprété comme le résultat d'un urbanisme de compromis, fruit d'un consensus officieux reconnaissant le déclassement du boulevard périphérique par rapport aux quartiers centraux. Considéré comme un « non-lieu », le boulevard est desservi par une architecture relativement pauvre et est dévalorisé par sa fonction exclusivement utilitaire. C'est pourquoi, il ne suscita guère d'attentions et de précautions de la part des pouvoirs publics et commence à recevoir ses premiers supports de publicité lumineuse au fur et à mesure de sa construction.
      Illuminated advertisements first appeared in Paris in the late nineteenth century, at place de l'Opéra. Today, such advertising is predominant along the Paris ring road, the Boulevard Périphérique. This shift to the margins of the city can be interpreted as the result of town planning marked by compromises, and as the product of an unofficial consensus acknowledging that the Boulevard Périphérique was downgraded compared to the central districts. Viewed as a ‘non-place', the ring road was served by relatively poor architecture and downgraded due to its solely utilitarian function. Hence it attracted little attention or precaution from policymakers, and illuminated advertisements began to be placed there as it was being built.
  • Dossier 2. Circulations internationales de modèles et d'expériences des villes nouvelles

    • Introduction - Loïc Vadelorge p. 67-72 accès libre
    • Retour vers l'utopie ? La ville neuve soviétique de Togliatti - Fabien Bellat p. 73-92 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dès 1930, en URSS les objectifs du Plan quinquennal nécessitèrent la création de grands centres industriels, et avec eux d'équipements urbains d'une échelle appropriée. En 1967, la construction de l'usine AvtoVAZ exige ainsi la construction d'un nouveau centre urbain à Togliatti. Ce projet fut mené sous la direction de Boris Roubanenko comme une véritable expérience-pilote. Malgré une normative préfabrication de masse et de lourdes coupes budgétaires, les architectes persévérèrent dans leur volonté d'un urbanisme presque idéal, non sans jouer au passage des attentes du régime brejnévien. De fait l'objectif fut bien de réaliser enfin la ville exemplaire d'une vision rénovée du socialisme. Cela aboutit à la production d'une schizophrénique cité Cheval de Troie, servant la propagande du régime et s'affirmant légataire des conceptions urbaines les plus utopiques de l'URSS.
      As early as 1930, the objectives of the Soviet Five-Year Plan required new industrial centres to be created, along with urban facilities on an appropriate scale. Thus, in 1967, the construction of the AvtoVAZ plant required the construction of a new urban centre in Togliatti. This project was carried out under the supervision of Boris Rubanenko as a genuine pilot experiment. Despite using prefabricated materials on a massive scale and heavy budget cuts, the architects persevered in their determination to create an almost ideal city, not without also working around the expectations of the Brezhnev regime. Hence the objective was indeed to finally create the exemplary city of a renewed vision of socialism. The result was the production of a schizophrenic Trojan Horse city that served both the regime's propaganda and claimed to be the rightful heir for the most utopic urban conceptions of the USSR.
    • The English New Towns since 1946 : What are the Lessons of their History for their Future? - Mark Clapson p. 93-111 avec résumé avec résumé en anglais
      Au XXe siècle, le Royaume-Uni a joué un rôle pionnier dans la planification de nouvelles communautés et a été en première ligne de la diffusion internationale de la cité-jardin et du nouvel urbanisme. Or les « villages-jardins » et les écovilles actuels du Royaume-Uni ignorent des enseignements précieux fournis par l'urbanisme britannique. Ce sont des aménagements urbains à petite échelle qui incarnent l'absence de vision nationale et internationale, et la disparition d'une culture d'urbanisme dynamique et intégré, qui ont caractérisé l'État britannique ces dernières années.
      During the twentieth century, Britain was a leading pioneer of planned new communities, and at the forefront of the international dissemination of garden city and new town planning. Yet valuable lessons from British town planning are being ignored by current small-scale ‘garden villages' and eco-towns in the United Kingdom. These are small-scale developments that reflect a lack of national and international vision, and the demise of a dynamic integrated planning culture, that has characterised the British state in recent years.
    • Regards d'une ville nouvelle socialiste sur ses consœurs - Jérôme Bazin p. 113-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nous nous intéressons ici aux relations entre les principales villes nouvelles des démocraties populaires, en prenant pour point d'observation les rapports qu'entretient la ville est-allemande d'Eisenhüttenstadt avec les trois autres principales « villes socialistes », Nowa Huta, Dimitrovgrad et Dunaújváros. Des voyages d'études d'architectes et urbanistes aux délégations ouvrières, jusqu'aux pratiques de jumelage qui ont concerné des groupes très divers, existait un large éventail de circulations. À partir du constat des différences effectives entre ces villes, nous chercherons à comprendre la portée de ces échanges qui présentent le bloc socialiste comme un espace de circulation, sinon clos, du moins centré sur lui-même.
      In this paper, we focus on the relations between the main new towns in people's democracies, taking as a vantage point the relations between the East German town of Eisenhüttenstadt with the other three main ‘socialist cities': Nowa Huta (Poland), Dimitrovgrad (Bulgaria) and Dunaújváros (Hungary). From study trips by architects and town planners, to workers' delegations, not to mention sister city practices that involved very diverse groups, there was a wide array of circulations among these cities. Based on observations of the actual differences between these cities, we endeavour to understand the scope of these exchanges that presented the Socialist bloc as an area of circulation that, if not necessarily closed, was centred on itself.
    • The Planning of a New Town : Une nouvelle manière de faire la ville au tournant des années 1960 - Anne Portnoï p. 127-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      The Planning of a New Town est un ouvrage publié par le London County Council (LCC) en 1960 décrivant le projet de Hook, une opération de ville nouvelle non réalisée. Cet ouvrage a exercé une influence significative sur la pratique urbanistique, au-delà même du Royaume-Uni. L'objectif principal de cet article est de montrer que son influence tient avant tout à la qualité et à l'originalité de la démarche intellectuelle de conception qui s'y déploie. L'ouvrage présente, en effet, de nouvelles manières de faire la ville et introduit de nouveaux paradigmes urbains.
      The Planning of a New Town is a book published by the London County Council (LCC) in 1960 in which it described the Hook project, a new town proposal that was never actually built. This book exerted a significant influence on town planning practices, well beyond the UK's borders. The main purpose of this article is to show that the book's influence is mainly attributable to the quality and originality of the intellectual design approach that is described therein. Indeed, this book presented new ways of making a town and introduced new urban paradigms.
    • Acteurs de la « politique française des villes nouvelles » et études à l'export : Le cas de l'action en Argentine - Clément Orillard p. 143-160 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Très tôt, les acteurs de la politique française dite des villes nouvelles ont été mobilisés à l'étranger dans le cadre de missions d'appuis technique auprès d'acteurs locaux : l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la Région parisienne dès la fin des années soixante et les Etablissements publics d'aménagement des villes nouvelles à travers un groupement d'intérêt économique spécifique constitué au début des années quatre-vingt. Dans la poursuite d'une longue tradition d'importation d'expertise urbanistique française, une des premières destinations des missions de ces organismes est l'agglomération de Buenos Aires. Or, le caractère paradoxal des deux principales missions en Argentine au regard des caractéristiques de la politique française des villes nouvelles interroge tout autant ce qui peut réellement en être exporté que cette politique elle-même.
      Very early on, the stakeholders in France's so-called ‘new town policy' travelled abroad on assignments to provide technical support to local stakeholders: the Paris Region's Institute for Urban Development and Planning, from the late 1960s, and the Public Establishments for New Town Development, through a special economic interest group formed in the early 1980s. Continuing a long tradition of importing French town planning expertise, the Buenos Aires region was one of the first destinations for these organisations' assignments abroad. However, the paradoxical nature of the two main assignments in Argentina, in light of the characteristics of France's new town policy, raises questions about what is actually exportable and about the new town policy per se.
    • Le tropisme international des villes nouvelles françaises dans les années 1970 : Pratiques, enjeux et contextes de trois voyages d'études : Québec, Arabie Saoudite, Chine - Loïc Vadelorge p. 161-178 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Conçues comme des opérations d'intérêt national, les villes nouvelles françaises n'en ont pas moins été associées très tôt à des échanges internationaux qui ont pris notamment le moyen des voyages d'études. Les archives du SGVN permettent de retracer l'histoire matérielle, culturelle et diplomatique de ces voyages. Ils font l'objet d'une organisation précise, associant les ministères de tutelle, les chargés de mission du SGVN – camp de base et chambre d'écho des villes nouvelles – mais aussi des aménageurs et des élus locaux voire des chercheurs. Leurs objectifs ne consistent pas simplement à collecter des informations mais aussi à conforter ou infirmer les projets français comme la télédistribution locale, en donnant à voir aux élus locaux le futur possible et incarné des villes nouvelles. Du voyage d'étude à la mission, la frontière est particulièrement floue et ce flou est entretenu par les responsables du SGVN qui assurent la publicité de l'expérimentation française. Une exportation de l'urbanisme à la française se dessine ainsi à la fin des années 1970, pour laquelle les voyages d'études du SGVN servent à la fois la diplomatie étrangère et les enjeux des grands groupes financiers qui se positionnent très tôt sur l'aménagement des pays émergents.
      While the French new towns were conceived as operations of national interest, they were nevertheless involved very early on with international exchanges, notably during study trips. The archives of the SGVN (the New Town General Secretariat) allow us to trace back the material, cultural and diplomatic history of these trips. They were carefully organised, involving the line ministries, the expert advisors of the SGVN – which served as a home base and an echo chamber for the new towns – as well as developers and local elected officials or even researchers. Their objectives were not only to collect information, but also to provide evidence for or against French projects such as local television distribution, while showing local elected officials the future possibilities of new towns. Study trip or assignment abroad, the boundaries were quite hazy, and the directors of the SGVN cultivated this ambiguity as a means to give publicity to French experiments. Thus, an exportation of French-style town planning took shape in the late 1970, with the SGVN's study trips serving both foreign diplomacy and the interests of the major financial groups which targeted the development of emerging countries from a very early stage.
  • Notes critiques

  • Recensions