Contenu du sommaire : Villes et hospitalités
Revue | Plein droit |
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Numéro | no 115, décembre 2017 |
Titre du numéro | Villes et hospitalités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
Villes et hospitalités
- Villes-refuge, villes rebelles et néo-municipalisme - Filippo Furri p. 3-6
- L'accueil allemand, un modèle pour la France ? - Elias Steinhilper, Sophie Hinger p. 7-10 Le système d'asile allemand, réputé plus efficace pour expulser les demandeurs d'asile déboutés, mais aussi pour accueillir, héberger et intégrer les nouveaux venus sur le marché du travail, serait-il un modèle ? La réponse ne va pas de soi. Basé sur une approche sélective et répressive qui vise à dissuader par l'inconfort, ce système ne manque pas de susciter de vives critiques en Allemagne. Impulsées par divers acteurs locaux, des modalités alternatives d'accueil et d'hébergement se développent montrant que d'autres voies sont possibles.
- Aux États-Unis, des villes sanctuaires - Mireille Paquet p. 11-14 Héritières des mobilisations des années 1980, les villes sanctuaires américaines se définissent dans leur refus de collaborer aux politiques nationales d'immigration. Refus de prendre en compte la situation administrative des personnes pour l'accès aux services municipaux, refus d'appliquer les lois sur l'immigration, mise en place de politiques locales favorisant la participation des résidents à la vie municipale et à l'économie. Cet activisme local peut-il suffir à infléchir la refonte annoncée des politiques migratoires ?
- Le lycée, les migrants, le quartier, les habitants - Isabelle Coutant p. 15-18 L'occupation d'un lycée désaffecté du Nord-Est parisien par des « migrants et réfugiés » à l'été 2015 va constituer un événement pour les habitant·e·s des immeubles voisins, avec des réactions diverses et évolutives qui vont de l'inquiétude à la colère, du sentiment d'abandon ou d'impuissance à l'empathie pour finalement aboutir à la solidarité. Dans ce quartier « prioritaire » que les habitant·e·s considèrent comme délaissé, cette mobilisation va laisser des traces.
- La Linière, l'impossible hospitalité en camp - Yasmine Bouagga p. 19-22 En mars 2016, s'ouvre à Grande-Synthe, près de Dunkerque, le « premier camp humanitaire aux normes internationales » en France, à l'initiative du maire de la commune et de Médecins sans frontières, avec pour objectif d'accueillir les migrants en transit vers la Grande-Bretagne qui croupissaient jusque-là dans un terrain marécageux. Mais comment et pourquoi ouvrir un tel camp dans un pays, censé être la 5e puissance mondiale ?
- La solidarité comme « commun » - Gaëlle Krikorian p. 23-26 Face à l'arbitraire des politiques d'« accueil » des populations exilées, à la répression dont elles sont victimes et au non-respect des droits humains les plus élémentaires, des citoyen·ne·s s'engagent dans des actions de solidarité. Peut-on penser cette solidarité comme un commun, au sens d'une ressource produite, utilisée et gérée collectivement ? La question mérite d'être posée dès lors que l'on considère cette production collective comme une modalité d'action politique et non comme un palliatif au désengagement des pouvoirs publics.
Hors thème
- À Paris, contrôle et expulsion en guise d'accueil - Morgane Macé p. 28-31 Novembre 2016 : un « centre humanitaire » ouvre ses portes dans le nord de Paris pour accueillir les exilé·e·s qui, faute de structures d'hébergement, dorment en nombre à la rue. Mais derrière la façade humanitaire, se cache un dispositif spécialement conçu par la préfecture de Paris pour éloigner au plus vite les exilé·e·s sans leur permettre de déposer une demande d'asile. Un piège administratif qui participe d'une politique d'expulsion ciblée facilitée par l'application du règlement « Dublin ».
- À Paris, contrôle et expulsion en guise d'accueil - Morgane Macé p. 28-31
Mémoire des luttes
- 1974. Migrants et syndicats se mobilisent en Belgique - Gregory Mauzé, Youri Lou Vertongen p. 32-36 La Belgique a connu trois campagnes de régularisation des sans-papiers dont la première, en 1974, au lendemain de la fermeture des frontières, sous la pression des migrant·e·s et de leurs soutiens. À cette date, la question migratoire en Belgique est liée au travail. Ce sont donc logiquement les syndicats qui apportent leur soutien à la main-d'œuvre immigrée, dans un double mouvement de défense des droits des travailleurs et de lutte contre une immigration illégale qui tire l'ensemble de la condition ouvrière vers le bas.
- 1974. Migrants et syndicats se mobilisent en Belgique - Gregory Mauzé, Youri Lou Vertongen p. 32-36
Le focus juridique
- Le focus juridique : « Délit de solidarité » : militant ou humanitaire, il faut choisir ! - Patrick Henriot p. 37-40 Les poursuites et les condamnations visant les personnes décidées à manifester en actes leur solidarité envers les migrants se succèdent à un rythme soutenu depuis de nombreux mois1. Parmi elles, les deux décisions rendues par la cour d'appel d'Aix-en-Provence les 8 août et 11 septembre derniers, à l'encontre de Cédric Herrou et de Pierre-Alain Mannoni2 ne se présentent pas seulement comme les énièmes manifestations de l'entêtement policier et judiciaire qui a fait se lever le vaste mouvement des « délinquants solidaires ». En se livrant à une interprétation inédite des dispositions « modifiant le délit d'aide au séjour irrégulier pour en exclure les actions humanitaires et désintéressées »3 afin de condamner les auteurs d'actes relevant de cette catégorie, les juges ont mis en évidence les ambiguïtés de ce texte. À leur insu sans doute, ils ont ainsi donné raison aux associations et aux défenseurs des libertés qui dénoncent depuis longtemps une législation ouvrant la voie à toutes les dérives répressives.
- Le focus juridique : « Délit de solidarité » : militant ou humanitaire, il faut choisir ! - Patrick Henriot p. 37-40