Contenu du sommaire : Finance et inégalités
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 128, 4ème trimestre 2017 |
Titre du numéro | Finance et inégalités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Xavier Timbeau p. 9-18
Fondements analytiques du lien entre finance et inégalités
- Capitalisme et inégalités - Michel Aglietta, Xavier Timbeau p. 21-43 Sous l'effet de la globalisation financière, les inégalités se sont accrues dans la plupart des pays depuis les années 1980. Les inégalités moyennes de revenu entre pays ont toutefois diminué avec l'essor des pays émergents sous l'impulsion de la Chine. Cela a permis de faire reculer la pauvreté absolue.Parmi les pays avancés, les écarts sont énormes entre les États-Unis, où les inégalités se sont exacerbées à l'extrême, et les principaux pays d'Europe continentale, où les dispositifs de la protection sociale ont partiellement résisté.Les deux forces déterminantes de ces évolutions en longue période ont été les transformations de la gouvernance des entreprises, d'une part, l'énorme accroissement de population active à très bas coût dans la division internationale du travail, d'autre part, avec l'ouverture des grandes puissances asiatiques au commerce international. Il en a résulté une hausse structurelle du coût du capital par rapport au coût du travail au niveau mondial.Le principe général de la rentabilité dans le libéralisme économique qui s'est imposé a été celui de la valeur actionnariale. Il a produit des inégalités de richesse et donc de pouvoir bien plus grandes que celles des revenus. En outre, cette logique entraîne des cycles financiers, mus par l'expansion de l'endettement, qui provoquent une instabilité macroéconomique marquée par des crises financières.Ce régime de croissance déséquilibré va faire face aux défis qu'il ne peut maîtriser : le vieillissement démographique, le changement climatique, la détérioration de l'environnement, l'insuffisance de la production des biens publics. Cela fait apparaître que l'inclusivité et la soutenabilité du développement appellent une mutation profonde des sociétés.Classification JEL : E25, G01, G32, N10, Q54.Inequalities have spurred in most countries with financial globalization. Nonetheless average inequalities of income between countries have abated with the rise in emerging market countries boosted by China. Absolute poverty has declined under this impetus.Disparities are huge within advanced countries. Inequalities have been growing to the extreme in the US, while social security mechanisms have kept them moderate in most of Western Europe.Those evolutions are explained by two determining forces in the long run: drastic changes in corporate governance on the one hand, very large rise in low cost labor force with the trade opening of large Asian countries on the other hand. A structural increase in the cost of capital relative to the cost of labor has ensued.Ultra-liberalism has imposed the principle of shareholder value in corporate strategies. The latter has produced inequalities of wealth, hence of power much higher than inequalities of income. Furthermore it fosters leveraged financial cycles which generate macroeconomic instability sparking financial crises.This unbalanced growth regime is going to meet challenges it cannot handle: demographic ageing, climate change, environmental degradation, under provision of public goods. It is why inclusive and sustainable development calls for a profound mutation of societies.Classification JEL: E25, G01, G32, N10, Q54.
- Finance et néolibéralisme - Philippe Askenazy p. 45-58 Cet article explore les interactions entre le néolibéralisme et le développement de la finance – industrie financière, financiers – comme vecteur des inégalités de revenus primaires comme secondaires. Alors que la montée des inégalités devrait rendre politiquement insoutenables les politiques néolibérales qui les exacerbent, la Finance appréhendée au sens large – secteur financier et activités associées, financiarisation, financiers – vient en support du néolibéralisme. Jusqu'à la chute de Lehman Brothers, la finance a accompagné l'extension du néolibéralisme, par les emplois qu'elle concentrait chez les premiers pays convertis, puis par l'innovation financière permettant notamment l'accès à la propriété au plus grand nombre. Depuis 2008, elle endosse le rôle du coupable qui imposerait l'accentuation des réformes néolibérales, parce qu'elle l'exigerait soit en tant que créancier des États, soit en tant qu'intermédiaire de citoyens attachés à leur épargne retraite, soit, dans le cas de l'Europe continentale, comme opportunité industrielle post-brexit.Classification JEL : B22, G1, G2, H50.This article explores the interactions between neoliberalism and the development of the financial industry as drivers of primary and secondary income inequalities. While the rising inequalities should make neoliberal policies that exacerbate them, politically unsustainable, Finance in the broad sense - financial sector and associated activities, financialization, financial lobbies - comes in support of neoliberalism. Until the fall of Lehman, Finance accompanied the extension of neoliberalism, by the jobs it concentrated in the first converted countries, and by financial innovation, including allowing access to property for most. Since 2008, Finance has assumed the role of the culprit who would impose the prominence of neoliberal reforms, because it would require it either as a creditor of states, or as an intermediary of citizens attached to their pension savings, or, in the case of continental Europe, as a post-brexit industrial opportunity.Classification JEL: B22, G1,G2, H50.
- L'élaboration des politiques économiques à l'origine des inégalités et de la stagnation : le dénialisme conventionnel et ses conséquences politiques préoccupantes - Thomas I. Palley p. 59-76 Cet article soutient que la profession des économistes du courant dominant est menacée par certaines théories expliquant la crise financière et la stagnation qui s'en est suivie, lesquelles attribuent ces événements aux politiques recommandées et justifiées par cette profession. De telles théories menacent l'existence de l'opinion dominante. Par conséquent, les économistes de ce courant se refusent à les mobiliser, dans la mesure où cela les légitimerait. Cette résistance a contribué au blocage de la politique et des politiques nécessaires pour combattre la stagnation, favorisant de ce fait un vide politique comblé par des forces « odieuses ». Ces conséquences politiques sinistres sont involontaires, mais elles existent bel et bien et illustrent les effets dangereux de la mort du pluralisme dans la science économique. La critique adressée aux économistes dominants ne porte pas sur des « valeurs » ou sur un manque d'« évolution », mais plutôt sur une pratique universitaire qui réprime des idées mettant en péril son existence.Classification JEL : A0, A11, B50, E00, D63, E12.This paper argues that the mainstream economics profession is threatened by theories of the financial crisis and ensuing stagnation that attribute those events to the policies recommended and justified by the profession. Such theories are existentially threatening to the dominant point of view. Consequently, mainstream economists resist engaging them as doing so would legitimize those theories. That resistance has contributed to blocking the politics and policies needed to address stagnation, thereby contributing to a political vacuum which is being filled by odious forces. Those ugly political consequences are unintended, but they are still there and show the dangerous consequences of the death of pluralism in economics. The critique of mainstream economists is not about “values” or lack of “change”: it is about academic practice that suppresses ideas which are existentially threatening.Classification JEL: A0, A11, B50, E00, E12.
- Inégalité et compétitivité : quelques considérations - Jean-Paul Fitoussi, Francesco Saraceno p. 77-89 La montée des inégalités depuis les années soixante-dix s'est encore aggravée sous l'effet de la crise de 2008. S'il y a parmi les économistes consensus quant à la nécessité de contrarier cette tendance, peu d'entre eux perçoivent la contradiction qui existe entre une politique de réduction des inégalités et l'exigence de réformes structurelles, surtout sur le marché du travail, aux fins d'accroître la compétitivité. Cet article analyse cette contradiction, en soulignant que la simple observation des faits stylisés montre que plus d'inégalité n'a pas les effets que l'on suppose sur l'investissement, les coûts ou la compétitivité. Le cas allemand montre que la compétitivité ne se réduit pas à la compétitivité-prix. La lutte contre les inégalités devrait être préférée aux politiques de modération salariale et de réduction de la protection sociale.Classification JEL : E22, E52, E64.The increase of inequality since the 1990s further accelerated with the crisis of 2008. If this has finally triggered a consensus view that we should fight inequality, few see the contradiction between the contrast to combat inequality (the uneven distribution of income) and the emphasis, especially in Europe, on structural reforms, specially on the labour market. This article looks into this contradiction by noting that just looking at stylized facts one can show that increasing polarization of income does not lead to higher investment, nor to more competitiveness. In fact, the analysis of the German model shows that there is much more than price competitiveness at stake. Contrasting inequality should therefore be given priority with respect to wage moderation policies or even wage deflation.Classification JEL: E22, E52, E64.
- Les inégalités, entre bonne et mauvaise finance - Patrice Baubeau p. 91-108 Malgré le lien persistant entre finance et inégalités, établi dans des contextes très différents au cours des quelques milliers d'années de civilisation urbaine et monétaire, la nature de ce lien demeure très problématique. En effet, s'agit-il d'une causalité, le développement des activités financières provoquant l'essor des inégalités, ou d'une simple corrélation, les deux phénomènes découlant fondamentalement de causes similaires ? On défend ici plutôt la seconde position, ce qui ne signifie pas que les outils financiers et le succès des professions financières ne puissent pas amplifier la hausse des inégalités, mais que cette dernière trouve plutôt son origine dans des processus sociaux à forte composante politique. Mieux, cela fait ressortir comment, au moins en certaines occasions, les techniques financières peuvent contribuer à la pacification sociale – elle-même à distinguer du progrès vers l'égalité. Ainsi, sans tomber dans le piège idéologique d'une neutralité axiologique ou instrumentale de la finance, il nous semble que c'est plus la captation de cette dernière par un groupe politiquement dominant que la nature de ses activités qui pose problème.Classification JEL : D5, D63, E25, G0, N3.Despite the persistent link between finance and inequality, established in very different contexts over the few thousand years of urban and monetary civilization, the nature of this link remains highly problematic. Is it a causality, the development of financial activities causing the rise of inequality? Or is it a simple correlation, the two phenomena basically arising from similar causes? We opt here for the second position, which does not mean that the financial tools and the rise of the financial professions cannot amplify the increase in inequalities, but rather that the latter finds its origin in social processes incorporating a strong political dimension. Better still, it highlights how, at least on certain occasions, financial techniques can contribute to social pacification - itself to be distinguished from progress towards equality. Thus, without falling into the ideological trap of an axiological or instrumental neutrality of finance, it seems to us that the capture of the latter by a dominant political group is more problematic than the nature of its activities.Classification JEL: D5, D63, E25, G0, N3.
- Hétérogénéité et économie : inégalité et imperfections financières - Xavier Ragot p. 109-124 Le paradigme central de la macroéconomie se déplace vers les modèles à agents hétérogènes. Ces derniers répondent à l'évolution du débat économique pour introduire la question des inégalités dans l'analyse économique. Ces modèles permettent aussi d'utiliser les nouvelles données individuelles pour rendre les modèles plus quantitativement rigoureux et donc plus scientifiques. Au sein de ces modèles, où les marchés financiers sont imparfaits, de nouveaux concepts apparaissent naturellement, comme celui de liquidité. Cet article présente les résultats récents dans cette littérature très dynamique, comme l'analyse des inégalités aux États-Unis, le besoin d'une liquidité mondiale, l'effet de la dette publique sur les prix d'actifs financiers ou encore les causes de la chute de la consommation des ménages américains lors de la crise de 2008.Classification JEL : E21, E44, D91, D31.The main paradigm in macroeconomics is shifting towards heterogeneous agents models, which are able to account for inequalities and financial imperfections. This evolution comes from new policy questions after the financial crisis, but also from the availability of individual data, which allows a better connection between theories and data. Within these models, financial markets are incomplete and a concept of liquidity naturally arises. This article presents the recent results in this dynamic literature, as the analysis of the inequalities in the United States, the need for a world liquidity, the effect of the public debt on asset prices, or the extent of precautionary saving of households.Classification JEL: E21, E44, D91, D31.
- Capitalisme et inégalités - Michel Aglietta, Xavier Timbeau p. 21-43
Éléments empiriques des effets du système financier sur les inégalités
- La relation circulaire entre inégalités de revenu et finance : tour d'horizon de la littérature et résultats récents - Rémi Bazillier, Jérôme Héricourt, Samuel Ligonnière p. 127-152 Cet article propose un bref tour d'horizon de la littérature portant sur les liens entre inégalités de revenu et finance, afin de démêler les nombreux facteurs sous-jacents à la relation circulaire entre ces deux variables. D'un côté, les présomptions en faveur d'effets du développement financier, de la déréglementation financière et des crises financières sur la distribution des revenus sont nombreuses, mais le débat sur le sens de ces effets reste largement ouvert, le contexte institutionnel apparaissant déterminant. De l'autre, les preuves récemment accumulées d'un lien causal positif allant des inégalités vers le crédit (essentiellement aux ménages) sont solides. Cet accroissement du crédit suite à une augmentation des inégalités peut être justifié par différents mécanismes théoriques relevant de l'offre ou de la demande de crédit. À cet égard, le lien de causalité apparaît quantitativement plus fort lorsque les classes moyennes sont concernées. Les implications pour la politique économique sont importantes et les voies de recherches futures, prometteuses.Classification JEL : D31, E25, E44, G01.This article provides a synthetic survey of the recent literature addressing the links between income inequality and finance, in order to disentangle the various factors underlying the two-way relationship between these two variables. On the one hand, the literature does not provide decisive conclusions concerning the sign of the distributional impact of financial development, financial deregulation and financial crises, the institutional context appearing crucial. On the other hand, there has been recently strong and increasing evidence of a causal positive link running from inequality to (household) credit. Several theoretical mechanisms related to credit supply or demand may provide rationalizations for these results. In this regard, the causal impact seems stronger when middle-classes are concerned. Policy implications are substantial, and several avenues for future research are to be considered.Classification JEL: D31, E25, E44, G01.
- Financiarisation et creusement des inégalités - Boris Cournède, Oliver Denk p. 153-164 La financiarisation qui a transformé la structure des économies industrialisées au cours des cinquante dernières années s'est accompagnée, dans la plupart des pays de l'OCDE, d'une montée des inégalités de revenu. Les deux phénomènes ne sont pas seulement concomitants mais aussi liés entre eux. Des études économétriques suggèrent que la suraccumulation de crédit et l'expansion des marchés boursiers contribuent à l'accroissement des inégalités. L'analyse de microdonnées de rémunération montre que cet effet tient pour bonne part aux surprimes de salaire dont les employés du secteur financier bénéficient. Cette analyse montre aussi qu'en finance comme ailleurs, les hommes perçoivent des rémunérations plus élevées que leurs consœurs présentant des profils comparables. Des pistes existent pour traiter ces défis et faire en sorte que le secteur financier contribue à une croissance plus inclusive.Classification JEL : D14, D63, E51, G2, J16, J31.Financial sectors have massively expanded in advanced economies over the past fifty years, a period that has also been characterised by rising income inequality in most OECD countries. These two developments are not just simultaneous but linked. Econometric enquiries suggest that the overaccumulation of debt and the expansion of stock markets have contributed to increases in inequality. Analysis of micro-level pay data uncovers that this effect stems in part from the compensation premium that financial workers enjoy over their peers with similar profiles in other sectors. This analysis also shows that, in finance as elsewhere, men get higher pay than women with similar profiles. There are ways of economic reforms to tackle these challenges, so that the financial sector contributes to a more inclusive path for economic growth.Classification JEL: D14, D63, E51, G2, J16, J31.
- Les effets redistributifs des politiques monétaires de la BCE - Christophe Blot, Jérôme Creel, Paul Hubert, Fabien Labondance p. 165-180 Cette contribution s'intéresse aux effets redistributifs des politiques monétaires non conventionnelles. Les canaux par lesquels la politique monétaire influence les inégalités sont présentés et cette relation est testée au niveau de la zone euro. Les résultats suggèrent que les politiques monétaires non conventionnelles ont pu exacerber les inégalités en favorisant les ménages déjà détenteurs d'un emploi ou possédant un patrimoine financier.Classification JEL : D3, D63, E25, E5.The debate about wealth inequality has recently hit the sphere of monetary policymaking: some analysts argued that the unconventional monetary policy would benefit the rich at the expense of the poor. This contribution reviews the channels explaining the relationship between monetary policy and income inequality. An empirical test on the Euro area suggests that ECB unconventional monetary policy may have increased inequality in favour of households who are employed and hold a financial portfolio.Classification JEL: D3, D63, E25, E5.
- Contribution du patrimoine à la formation des inégalités - Clément Carbonnier p. 181-195 Cet article documente les liens entre la constitution des patrimoines et plusieurs types d'inégalités. Les inégalités des patrimoines eux-mêmes, tout d'abord, sont très fortes et en croissance. Les différences d'opportunités de placements selon la taille des patrimoines génèrent des rendements globalement croissants avec la taille du patrimoine, ce qui accentue encore la dynamique des inégalités. Dans ce sens, l'augmentation rapide de la valeur du patrimoine immobilier et la baisse des rendements de ces types de placement sont un vecteur majeur de la croissance des inégalités de patrimoine, en sus des problèmes de logement qu'elles engendrent. Cela rejoint la question de la croissance des inégalités de revenus, dans lesquels les revenus du patrimoine, extrêmement concentrés, jouent un rôle très important. Apparaît également la question de la persistance des inégalités, avec la part croissante que prennent les héritages dans les revenus et la constitution des patrimoines.Classification JEL : D3, D31, D63, G2.This article documents the interaction between wealth accumulation and different types of inequalities. First, wealth inequalities are themselves substantial and increasing. Differences of saving opportunities in terms of vehicles lead to returns increasing with respect to the size of individual wealth, which accelerates inequality dynamics. In addition to the housing issue due to the sharp increase of real-estate prices, this inflation combined to the decrease of real-estate returns, contributes to the inequality increase due to returns differentials. This meets the issue of increasing income inequalities, driven by the extreme concentration of capital income. In addition, the increase share of bequest and inheritance in wealth accumulation impacts the issue of inter-generational mobility and the persistence of inequalities.Classification JEL: D3, D31, D63, G2.
- Sortir les banques des paradis fiscaux - Christian Chavagneux p. 197-206 Les scandales fiscaux à répétition (Panama et Paradise Papers, etc.), les informations qu'elles doivent publier ainsi que de récentes études académiques démontrent combien les banques entretiennent une relation étroite avec les paradis fiscaux. Elles les utilisent pour elles-mêmes et s'y inscrivent comme intermédiaires au service des utilisateurs de ces territoires. Au-delà des aspects fiscaux, les activités qu'elles y développent nourrissent l'instabilité financière internationale. Au service des acteurs les plus puissants (particuliers et entreprises), elles contribuent au renforcement des inégalités.Classification JEL : D3, G21, F65, H26.The repeated tax scandals (Panama and Paradise papers, etc.), the information they have to disclose as well as recent academic studies show how closely banks are tied to tax havens. They use them for themselves and play the role of intermediaries for the users of these territories. Beyond tax aspects, the activities they develop there feed international financial instability. Serving the most powerful players (individuals and companies), they contribute to the reinforcement of inequalities.Classification JEL: D3, G21, F65, H26.
- Le mutualisme du XXIe siècle réducteur des inégalités ? - Ouafa Ouyahia, Michel Roux p. 207-223 En partant d'un rappel historique de l'émergence des banques coopératives, cet article s'interroge sur leur capacité à réduire les inégalités et sous quelles conditions. Dans un environnement en constante évolution, notamment depuis la déréglementation des années 1980, les banques coopératives doivent affirmer leur capacité à s'adapter tout en préservant leurs valeurs, et répondre présentes aux besoins de l'économie réelle. Se fondant sur les informations communiquées dans leurs documents de référence, cet article montre que les banques coopératives obtiennent de meilleurs résultats en rapport à la réduction des inégalités que leurs consœurs capitalistiques.Classification JEL : G21, P13.Departing from a brief story about the emergence of cooperative banks, the article questions the capacity of these banks to reduce inequalities and the conditions under which they can do it. In a constant evolving environment, particularly since the deregulation of the 1980s, cooperative banks have to assert their ability to adapt while preserving their values and responding to the needs of the real economy. According to the information provided in their annual reports, cooperative banks are showing better results in terms of reducing inequalities compared to their counterparts.Classification JEL: G21, P13.
- La relation circulaire entre inégalités de revenu et finance : tour d'horizon de la littérature et résultats récents - Rémi Bazillier, Jérôme Héricourt, Samuel Ligonnière p. 127-152
Chronique d'histoire financière
- John Maynard Keynes : économiste et spéculateur en devises - Olivier Accominotti, David Chambers p. 225-230
- La revolving door dans les banques centrales - Emmanuel Carré, Élise Demange p. 233-254 Les régulateurs sont souvent recrutés par les entreprises qu'ils régulaient. Ce phénomène baptisé « revolving door » induirait, selon la littérature, un risque de conflit d'intérêt, voire de capture du régulateur. L'article examine si ce phénomène de revolving door existe dans les banques centrales. Les carrières des banquiers centraux à leurs entrées et sorties de la banque centrale sont étudiées afin d'établir un état des lieux. La base de données construite montre que le phénomène est significatif, notamment à la sortie de la banque centrale. Les résultats permettent d'établir un schéma type de revolving door dans lequel l'entrée dans la banque centrale fait suite à une carrière dans le secteur bancaire, et une sortie de la banque centrale est suivie d'un recrutement par un gestionnaire d'actifs sur un poste managérial après un délai médian d'environ un an. Un allongement du délai de carence à deux ans permettrait de limiter ce phénomène de revolving door.Classification JEL : E58, G01, G18, J62.Regulators frequently work for the firms they were formerly regulating. According to the literature, this so-called phenomenon of ‘revolving door' is supposed to generate a risk of conflict of interest, and even a risk of capture of the regulator. The article analyses the potential existence of a revolving door in central banks. We produce an overview of central bankers' careers before and after the central bank. Our database shows that revolving door is significant, especially at the exit of the central bank. Our results allow to provide a portrait of a typical revolving door: entry in a central bank follows a career in the banking sector and exit from a central bank is followed by an appointment to a managerial position in the asset management sector after a median period of one year. We propose to lengthen this delay to two years, to regulate the revolving door.Classification JEL: E58, G01, G18 , J62.
- La Section financière du Parquet de la Seine : comment protéger efficacement l'épargne publique ? - Oussama Ouriemmi, Marie-Claire Loison p. 255-270 Créée en 1912, la Section financière était à l'origine une simple division du Parquet de la Seine. Elle est devenue au début des années 1930 un organisme solidement constitué disposant de ses propres substituts, juges d'instruction, police judiciaire et experts ; tous spécialisés en matière financière. L'article s'intéresse à cet organisme plus que centenaire qui occupe un rôle important dans l'histoire financière et judiciaire de la France. À cet égard, il fait ressortir trois points essentiels : d'abord, les origines de la création de la Section au sein du Parquet de la Seine, ensuite le développement de son activité dans l'entre-deux-guerres et enfin, la mise en question de son fonctionnement en 1934, notamment au niveau de sa liaison avec les services financiers de la police.Classification JEL : N23, N24, K20, K29, K42.Created in 1912, the Financial Affairs Section is originally a mere division of the Public Prosecutor Office of the former Seine Department. In the early 1930s, it turned into a firmly established organization, provided with its own assistant prosecutors, investigating judges, judicial policemen and experts. All of them specialized in financial matters. The current article looks into this over 100 years old organization which plays an important role in the French financial and judicial history. In this respect, it highlights three major points: first the origin of the creation of this Section within the Seine Public Prosecutor Office, then the development of its activities during the interwar period, and finally how its functioning has been called into question in 1934, particularly its link with the police financial services.Classification JEL: N23, N24, K20, K29, K42.