Contenu du sommaire : Politiques urbaines et (in)justice spatiale
Revue | Sociétés contemporaines |
---|---|
Numéro | no 107, 2017/3 |
Titre du numéro | Politiques urbaines et (in)justice spatiale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Politiques urbaines et (in)justice spatiale
- Introduction : Politiques urbaines et (in)justice spatiale - Gilles Pinson, Hélène Reigner p. 5-21
- La densité fait-elle la mixité ? : Politiques de densification et inégalités territoriales dans l'agglomération de Lyon - Max Rousseau p. 23-50 Par le biais d'une analyse des politiques de densification mises en œuvre au sein de la deuxième agglomération française (Lyon), l'objectif de cet article est de comprendre le semi-échec de la législation nationale française visant à substituer la ville dense à l'étalement urbain. En effet, si la densification des banlieues lyonnaises semble bien engagée depuis une décennie, l'un des objectifs de la loi Solidarité et renouvellement urbain était de doubler la mutation paysagère d'une mutation sociale ; la mixité sociale induite par la densification étant supposée briser les tendances ségrégatives constatées dans les grandes agglomérations françaises depuis l'échec de la première vague de suburbanisation post seconde guerre mondiale. Or, les politiques de densification mises en œuvre dans l'agglomération lyonnaise ne visent guère à infléchir la ségrégation historique entre la banlieue ouest, résidentielle et huppée, et la banlieue est, industrielle et populaire. Au contraire, le compromis politique noué entre les maires de l'ouest lyonnais et la communauté urbaine permet de transformer la densification en un vecteur de renforcement de la spécialisation résidentielle de l'Ouest. De même, celui noué entre les maires de l'Est et la communauté urbaine permet de transformer la densification en un vecteur de renforcement de la spécialisation de l'Est, tourné vers le développement économique. Cet article montre que la politisation de la densification ainsi que les règles du jeu intercommunal limitent dès lors les possibilités de répartir les fonctions et les populations à l'échelle de la métropole, en dépit d'un changement perceptible de la forme urbaine survenu au cours de la dernière décennie.Does Density Make Social Mix? Densification Policies and Territorial Inequalities in the Agglomeration of LyonThrough an analysis of the policies of urban compactness implemented in the second largest French conurbation (Lyon), the objective of this article is to understand the semi-failure of French national legislation to replace urban sprawl with the dense city. While the densification of Lyon suburbs seems well underway for a decade, one of the objectives of the Solidarity and Urban Renewal Act was to double the landscape change with social change; the social diversity induced by densification being supposed to break the segregative trends in the major French cities since the failure of the first wave of post-World War II suburbanization. But the intensification policies implemented in the Lyon area hardly seek to influence the historical segregation of the Western suburb, residential and upscale, and of the Eastern suburbs, industrial and popular. Instead, the political compromise forged between the Western Lyon mayors and the urban community can turn densification into a tool for the reinforcement of the residential specialization of the Western suburb. Similarly, the one established between the mayors of the East and the urban community can turn densification into a tool strengthening the specialization of the eastern suburb, turned to economic development. This article shows that the politicization of densification and the rules of the intercommunal game therefore limit the possibilities of redistributing functions and populations across the metropolis, despite a noticeable change of urban form occurred during the last decade.
- Neoliberalism French Style : marché et politique dans la gestion de l'environnement à Nantes - Vincent Béal p. 51-77 L'environnement constitue aujourd'hui un enjeu structurant pour l'action publique urbaine. Souvent présentées comme des freins au renforcement des logiques entrepreneuriales en ville, les politiques urbaines d'environnement ne sont pourtant pas extérieures au contexte néolibéral qui caractérise la gestion urbaine. En prenant appui sur une analyse des politiques environnementales de la ville de Nantes, l'article s'intéresse à l'intégration inachevée des mécanismes marchands et des enjeux de compétitivité dans la production des éco-quartiers et la lutte contre le changement climatique. Il montre ainsi que les villes françaises n'ont pas été épargnées par les processus de néolibéralisation. Ces processus restent toutefois hybrides et sélectifs. Ils se caractérisent par un renforcement des logiques marchandes et de compétition qui n'est pas exclusif du maintien de régulations politiques, lesquelles sont destinées, notamment, à entretenir des soutiens électoraux et à construire des coalitions de gouvernement.Neoliberalism French Style: Market and Political Regulations in the Management of the Environment in NantesThe environment is nowadays one of the key sectors in urban policies. Often depicted as an obstacle to the strengthening of entrepreneurial dynamics in cities, urban environmental policies operate within a neoliberal context. Based on an analysis of urban environmental policies in Nantes, this article examines the incomplete integration of market mechanisms and competiveness imperatives in the production of eco-districts and in the elaboration of a climate strategy. It shows that French cities have not been set aside dynamics of neoliberalisation. However, these processes of neoliberalisation are hybrid and selective. They are characterised by a strengthening of market dynamics which along with an upholding of political regulations aiming at preserving electoral supports and building government coalitions.
- Métropolisation, intercommunalité et inégalités sociospatiales - Deborah Galimberti, Gilles Pinson, Jefferey Sellers p. 79-108 Cet article cherche à répondre à deux questions. Quelle est l'intensité des inégalités sociospatiales dans les agglomérations urbaines françaises ? Les politiques publiques contribuent-elles à contenir, à contrarier, ou, à l'inverse, à amplifier ces inégalités ? Concernant la première question, que l'on prenne les écarts entre revenus des ménages ou les écarts entre revenus des communes au sein des communautés urbaines, l'image globale qui ressort de notre analyse est celle de niveaux relativement modérés d'inégalités, si on les compare avec ceux des pays d'Amérique du Nord ou du monde émergent. Toutefois, ces niveaux d'inégalité sont en constante progression. Pour répondre à la seconde question, nous nous sommes intéressés d'une part, aux transferts de l'État puis de manière secondaire, des structures intercommunales vers les communes et d'autre part, à la capacité de dépense des communes. Il appert que les transferts, notamment ceux de l'État, sont fortement corrélés au dénuement de la population d'une commune mais qu'il n'y a pas de corrélation négative entre ce degré de dénuement et la capacité de dépense d'une commune. En revanche, les effets de transferts monétaires intercommunaux restent plus mitigés. On peut donc en conclure qu'en France, les transferts et la dépense publique ont encore un rôle relativement important d'égalisation des conditions de vie d'une commune à l'autre.Metropolitanization, Inter-Municipal Cooperation and the Socio-Spatial Inequalities
This article aims at answering two questions. The first is about the intensity of socio-spatial inequalities in French cities. The second concerns the ability of public policies at the state, municipal or intermunicipal level, to contain or counteract the reinforcement of socio-spatial inequalities or, conversely, their propensity to feed them. As far as the first question is concerned, whether we take the differences between income households or income differences between municipalities within urban regions, the overall picture that emerges is that of quite moderate levels of inequality, especially when compared with those of countries in North America or the emerging world. However, if inequality levels are low, they are in constant progression. To answer the second question, we focused on State and inter-municipal transfers to municipalities and on the spending capacity of municipalities. It appears that transfers, mostly those of the State, are strongly correlated with deprivation of the municipal population. Furthermore, there is no negative correlation between the degree of deprivation of a municipality and its spending capacity. We can therefore conclude that in France, transfers and government spending still have a relatively important role of equalizing conditions in metropolitan areas.
Varia
- Militantismes libertaire et féministe face aux violences sexuelles : Le cas de la gauche radicale de Göttingen - Émeline Fourment p. 109-130 Les violences sexuelles ont peu intéressé la sociologie des mouvements sociaux. Pourtant, il n'est pas rare qu'elles fassent l'objet d'âpres débats, en particulier dans les mouvements libertaires, où les féministes réclament un positionnement collectif en faveur des victimes. Cet article prend pour objet les dénonciations de viols qui ont eu lieu entre 1989 et 2007 dans la gauche radicale de Göttingen (Allemagne). Il s'intéresse à la façon dont les féministes politisent et publicisent ces violences, ainsi qu'aux résistances qu'elles rencontrent. Il met en évidence un tournant dans les stratégies féministes développées, et fait le lien avec un changement de cadre interprétatif : durant les années 1990, les féministes adoptent un cadre d'interprétation matérialiste et une stratégie d'offensive, tandis que durant les années 2000, leur cadre d'interprétation est influencé par la théorie queer, en même temps qu'elles optent pour la stratégie de la pédagogie.Leftist and Feminist Activism Facing Sexual Violence.The Case of Göttingen's Radical Left
Sexual assaults do not interest very much the sociology of social movements. Yet, particularly in radical-left-wing movements, they often spark heated debates between activists. This article focuses on the denunciations of rapes which happened between 1989 and 2007 amidst Göttingen's radical left activists (Germany). It deals with the way feminists publicize and politicize these rapes, and with the resistances feminists meet. It shows that the 2000s were a turning point for feminist strategies and that this goes with a change of their interpretative frame : in the 1990s feminists had a materialist interpretative frame and an offensive strategy, whereas since the 2000s their interpretative frame is influenced by the queer theory and their strategy focuses on pedagogy.
- Militantismes libertaire et féministe face aux violences sexuelles : Le cas de la gauche radicale de Göttingen - Émeline Fourment p. 109-130