Contenu du sommaire : Travail social

Le système social français s'est construit sur les grands principes de la modernité : individualisme, idéologie du progrès, matérialisme et productivisme, et État nation. Ce système aboutit à une contre-performance, la solidarité fondée sur le contrat social étant devenue abstraite et inefficace. De nouvelles formes de solidarité émergent plus en accord avec l'idéal communautaire contemporain.

L'objectif de cette contribution est de fournir des éléments d'analyse de l'imaginaire du travail social dans le contexte de la postmodernité. Prenant en compte l'histoire, l'arrière-plan théorique et la formation des travailleurs sociaux, cet article fait l'hypothèse que tout en revendiquant des notions typiquement modernes telles que l'analyse rationnelle, l'autonomie, le projet, les travailleurs sociaux peuvent être vus comme les héritiers de formes sociales prémodernes, en particulier les ordres et corporations religieux.

Les enjeux du théâtre au niveau des individus, groupes, sociétés, sont à comprendre à partir de la notion de bien-être et d'équilibre entre les quatre dimensions de la personne (physique, affective, mentale, spirituelle). Nous verrons comment le théâtre innerve de façon holiste ces dimensions conditionnant toute inscription sociale des personnes. Nous aborderons ensuite le concept de catharsis qui permet d'appréhender le théâtre comme vecteur éminemment social. Puis, nous établirons une liste de protocoles d'usages sociaux du théâtre, avant d'expliciter les limites socio-structurelles et psychosociales qu'ils rencontrent.

À partir d'une double enquête de terrain, l'auteur propose une réflexion sur le processus d'identification des usagers de substances psychoactives en situation de grande précarité. Entre itinérance et errance, entre temps quotidien et temps long, l'usager de drogue construit un discours autour de son parcours de vie. Ce discours, qui peut varier selon les récepteurs, est le point central pour appréhender cette population tant pour le travailleur social que pour le sociologue.

Le dispositif « Voisins Vigilants » permet la mise en place de réseaux de surveillance au sein de quartiers afin de lutter contre les cambriolages. Cet article entend interroger le rapport que ce dispositif devenu massif entretient au lien social. Nous faisons l'hypothèse qu'il y a une inversion du rapport entre lien social et contrôle social. Ainsi, l'organisation de la surveillance collective est censée recréer une communauté locale inexistante.

L'expérience de l'hôpital psychiatrique a sensibilisé l'auteur aux risques de chronicité et de résistance au changement. L'espace dédié à la thérapie y est minoritaire, noyé dans six espaces : habitat, surveillance, socialisation, marquage institutionnel, financier. L'esprit de l'asile persiste même au-delà de ses murs. L'auteur préconise un septième espace : celui de l'imaginaire et de la symbolisation, communément appelé art-thérapie. La résistance s'adresse cette fois à l'aliénation et à la résignation.

Cet article met en évidence les conclusions d'une étude réalisée de 2010 à 2015 concernant les musulmans et l'influence de leur religion sur l'intégration sociale. À travers plus d'une centaine d'entretiens, il s'agissait de mesurer l'impact de la deuxième religion de France sur les musulmans : l'islam favorise-t-il ou défavorise-t-il le lien social avec le reste de la société française ? À travers l'analyse des entretiens sur différentes thématiques (lien social, intégration, délinquance…), une typologie a été construite pour faire état de la diversité du lien à la société et au religieux.

La masse populaire est une entité qui se pense et agit, et en même temps elle est un phénomène ayant la particularité d'être mouvant et fluide. En ce sens, la « manifestation aux bougies » peut être interprétée comme un phénomène de « transfiguration politique » profonde. Pour comprendre les transformations politiques, il faut réfléchir sur les processus d'émergence des connaissances et des émotions susceptibles d'être construites et partagées par les publics populaires élargis, alors que ces connaissances fonctionnent éventuellement comme une boussole utile pour appréhender logiques sociales inscrites dans la vie politique en général. Ainsi cette étude se propose-t-elle d'examiner la signification et les caractéristiques de cette transfiguration politique à travers la politisation de la masse populaire.

Cet article s'intéresse au corps et à l'expérience esthétique dans le contexte de l'usage des réseaux sociaux, notamment Instagram et Facebook. Au centre des pratiques liées à la consommation, à l'apparence et au développement personnel de l'individu, le corps est prépondérant dans l'expérience esthétique, à travers différents moyens de communication, consommation et partage de contenu. Notre travail s'est ainsi orienté vers une présentation de certaines pratiques liées à la recherche d'esthétique corporelle et inscrites dans le contexte des réseaux sociaux. Après une partie théorique focalisée sur l'expérience, le corps et l'esthétique, l'étude de terrain expose certains aspects des relations entre construction d'une esthétique du corps et du quotidien, pratiques de communication sur les réseaux sociaux et expérience esthétique. La discussion propose des pistes de réflexion à partir des éléments issus du terrain, et les envisage sous l'angle des concepts théoriques évoqués dans la première partie.

Cet article explore la relation entre la consommation et la communication selon une perspective culturelle. S'appuyant sur « l'éthique du loisir » d'Edgar Morin, conçu comme une théorisation capable de photographier un changement social et culturel névralgique vécu par l'Occident après la Seconde Guerre mondiale, cet article se concentre sur les concepts de « répertoire » et de « consommation productive » de Michel de Certeau, dans un dialogue constant avec les réflexions de Thorstein Veblen, Georg Simmel, Walter Benjamin et Roland Barthes. On arrive ainsi à l'identification de deux effets de la consommation, l'un direct et immédiatement reconnaissable et l'autre indirect et diachronique. Dans les deux cas, une perspective culturologique de la consommation semble capable de déterminer certaines problématiques centrales dans l'étude des médias, au sein d'un paysage technologique reconfiguré, se posant comme base conceptuelle permettant d'interpréter certains phénomènes médiatiques à l'ère numérique.