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Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 69, no 1, janvier 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Collusion et possibilité d'entrée en aval dans une industrie verticalement intégrée - Éric Avenel, Stéphane Caprice p. 5-28 L'article revisite la question de la soutenabilité d'une entente en présence d'une menace d'entrée dans un contexte où les firmes en place sont verticalement intégrées. Les entrants dépendent des firmes intégrées pour leurs approvisionnements. Alors que l'entrée laisse les profits de collusion inchangés, nous montrons que les profits de déviation sont également inchangés et que l'entrée abaisse les profits dans les périodes de punition. En ce sens, la possibilité d'entrée facilite la collusion entre les firmes intégrées.Classification JEL : D43, L13, L23, L40.Collusion and downstream entry in a vertically integrated industry
We analyze the sustainability of an agreement in the presence of a threat of entry in a context where incumbent firms are vertically integrated. Entrants depend on integrated firms for their supplies. While the entry leaves collusion profits unchanged, we show that deviation profits are also unchanged and that entry lowers profits in punishment periods. In this sense, the possibility of entry facilitates collusion between integrated firms. - Should the Host Economy Invest in a New Industry? - Thanh Tam Nguyen-Huu, Ngoc-Sang Pham p. 29-65 Nous considérons une petite économie ouverte avec deux secteurs (un ancien produisant un bien de consommation et un nouveau produisant un nouveau bien), deux facteurs de production (capital physique et travail spécifique) et deux firmes hétérogènes dans le nouveau secteur (une firme multinationale et une firme domestique). Tout d'abord, notre modèle montre que dans un pays pauvre caractérisé par un faible rendement de l'éducation et de faibles retombées de l'IDE, la firme domestique ne peut pas entrer dans une industrie demandant un coût fixe élevé. Ensuite, dès lors que le pays d'accueil dispose des conditions nécessaires pour créer la firme domestique, sa productivité est le facteur clé lui permettant d'entrer dans la nouvelle industrie et même d'éliminer la firme multinationale. Enfin, la contrainte de crédit et les élasticités du travail/capital jouent un rôle important dans la compétition entre les firmes.JEL Codes: F23, F4, F62, O3.We consider a small open economy with two sectors (an old sector producing a consumption good and a new sector producing a new good), two production factors (physical capital and specific labor), and two heterogeneous firms in the new sector (a multinational firm and a domestic firm). First, our framework highlights that in a poor country with low return of training and weak FDI spillovers, the domestic firm cannot exist in the new industry requiring a high fixed cost. Second, once the host country holds necessary conditions to create a domestic firm, its productivity is the key factor allowing it to enter the new industry, and even eliminate the multinational firm. Interestingly, credit constraint and labor/capital shares play important roles in the competition between firms.
- D'un siècle à l'autre : salaire minimum, science économique et débat public aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni (1890-2015) - Jérôme Gautié p. 67-109 Cet article retrace les débats économiques autour du salaire minimum depuis la fin du xixe siècle aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni (et son Commonwealth), dans leurs dimensions empiriques et théoriques, mais aussi méthodologiques et épistémologiques. L'analyse intègre aussi une approche de sociologie historique des sciences, visant à recontextualiser ces débats en fonction des modes d'articulation de la sphère académique à trois autres sphères : la sphère politique, la sphère administrative et la sphère de la société civile et du monde économique et social. Trois périodes sont distinguées : autour de la première guerre mondiale, des années 1940 aux années 1980, et depuis le début des années 1990.Classification JEL : J3, J5, N01, N32, N33, N34, N37.From one century to another: minimum wage, economic science and public debates in the United States, France and the United Kingdom (1890-2015)The article focuses on the history of minimum wage debates since the end of the 19th century in the United States, France and the United Kingdom (and its Commonwealth), focusing on their empirical and theoretical contents as well as on their methodological and epistemological stakes. The analysis also relies on an historical sociology of science, taking into account the relations and interactions of the academic sphere with three other spheres: the political sphere, the administrative sphere, and the sphere of the civil society and of the economic and social world. Three key periods are distinguished: around World War I, the period from the 1940s to the 1980s, and the current period starting in the mid-1990s.
- La pratique des indications prospectives des banques centrales dans le contexte de la borne du zéro sur les taux d'intérêt - Hamza Bennani p. 111-137 Cet article propose une méthode alternative pour évaluer l'utilité des indications prospectives des banques centrales depuis le début de la crise financière globale et l'apparition de la borne du zéro sur les taux d'intérêt. En utilisant la méthodologie de Wordscores, je mesure quantitativement le ton accommodant des indications prospectives de trois banques centrales : la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre. Les résultats démontrent que, depuis 2009, la stratégie de communication des banques centrales délivre des informations importantes aux marchés financiers – relatives à la persistance des mesures de politique monétaire non conventionnelle et aux stratégies de sorties de ces mesures – à travers les indications prospectives odysséennes.Classification JEL : E52, E58, D83.The art of central banks' forward guidance at the zero lower bound
This article proposes an alternative method to assess the usefulness of central banks' forward guidance since the start of the global financial crisis and the occurrence of the zero lower bound. Using the Wordscores methodology, I provide a quantitative analysis of the size of the expansionary monetary impulses, as expressed through the forward guidance of three central banks: the European Central Bank, the Federal Reserve and the Bank of England. The findings reveal that since 2009, central banks' communication delivers important insights to financial market participants on the persistence of their (un)conventional monetary measures, and in particular, on the future occurrence of an exit strategy through the so-called odyssean forward guidance. - Une critique de l'économie politique : Rousseau contre l'économie walrassienne ? - Claire Pignol p. 139-158 L'article examine l'actualité de la critique qu'adresse Rousseau à la pensée économique en la comparant à la théorie économique néowalrassienne. On s'interroge d'abord sur la lecture de son œuvre comme critique externe ou interne de l'économie politique. On montre d'une part que la critique externe, énoncée du point de vue de sa philosophie politique, ne suffit pas à contester l'équilibre concurrentiel Pareto-optimal comme objectif socialement désirable ; d'autre part que la critique interne ne rend pas compte de la radicalité de la critique rousseauiste de l'économie. On interprète alors cette critique comme la conséquence d'une anthropologie, dans laquelle l'agent est conduit par la société marchande à être aveugle à son propre intérêt.Classification JEL : B11, B31, D63.A criticism of political economy: Rousseau against walrasian economics
The article examines the relevance of Rousseau's criticism of economic thought by comparing it with the neo-walrasian economic theory. We wonder at first about the reading of his work as an external or internal criticism of political economy. We show on the one hand that the external criticism, expressed from the viewpoint of his political philosophy, is not enough to dispute the competitive equilibrium Pareto-efficient as a socially desirable objective; on the other hand, we show that the internal criticism does not take into account the radicality of Rousseau's criticism of economics. We interpret then this criticism as the consequence of an anthropology, in which the agent is led by the commercial society to be blind to his own interest. - John Kenneth Galbraith et l'évolution des structures économiques du capitalisme : d'une théorie de l'entrepreneur à une théorie de la grande entreprise ? - Bernard Baudry, Alexandre Chirat p. 159-187 Dans cet article nous revisitons le concept de technostructure forgé par John K. Galbraith dans Le nouvel État industriel, en le resituant dans son analyse de l'évolution des structures du capitalisme, et plus précisément du passage du capitalisme entrepreneurial au capitalisme de la grande entreprise. En distinguant d'une part la figure de l'entrepreneur et d'autre part les fonctions de l'entrepreneur, nous montrons que si la figure de l'entrepreneur disparaît progressivement, elle est supplantée par la technostructure qui est amenée à remplir les fonctions autrefois dévolues à l'entrepreneur. En confrontant le point de vue de Galbraith avec les théories de l'entrepreneur et les théories managériales de l'entreprise, nous mettons en lumière l'originalité et la spécificité de l'analyse de Galbraith qui, en retenant une conception « gestionnaire » de l'entrepreneur, propose une théorie de la grande entreprise qui « dérive » de sa théorie de l'entrepreneur.Classification JEL : B25, L21, L26.John Kenneth Galbraith and the evolution of economic structures of capitalism: from a theory of the entrepreneur to a theory of the corporationIn this article, the concept of technostructure produced by John K. Galbraith in The New Industrial State is revisited, by being replaced in the context of the passage from entrepreneurial capitalism to the planning system. Distinguishing the figure of the entrepreneur from his functions allows to show that the individual entrepreneur has certainly disappeared, but not his fonctions, which are now performed by the members of the technostructure. Then, to confront Galbraith's point of view with other theories of the entrepreneur and managerial theories of the firm leads one to highlight the specificity of his analysis. In fact, Galbraith proposes a theory of big corporation directly derived from his managerial conception of the entrepreunarial functions.