Contenu du sommaire : La géographie humaine des régions montagneuses post-socialistes
Revue | Revue de Géographie Alpine |
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Numéro | vol. 105, no 1, 2017 |
Titre du numéro | La géographie humaine des régions montagneuses post-socialistes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Human Geography of Post-Socialist Mountain Regions - Matthias Schmidt
- Géographie humaine des régions montagneuses post-socialistes - Matthias Schmidt
- Land Reforms in Post-Socialist Mountain Regions and their Impact on Land Use Management: a Case Study from the Caucasus - Alexey Gunya Les réformes foncières des années 1990 dans les anciennes Républiques soviétiques ont conduit à la suppression du monopole étatique de la propriété foncière, à la mise à contribution des communautés locales et à l'apparition d'un marché. Les conséquences de ces réformes sont la disparition quasi complète des fermes collectives et l'émergence de la propriété foncière privée. Dans les années 1990 l'État a délégué le pouvoir politique aux autorités locales, y compris la gestion de l'utilisation des terres. Cependant ces changements en termes de pouvoirs politiques ont varié d'une région à l'autre. Cet article a pour but d'expliquer les différents environnements institutionnels qui ont émergé au niveau local en réaction aux réformes foncières. Nos recherches menées dans 18 villages-clés situés dans les Républiques Nord-Caucasiennes – Karatchaïévo-Tcherkessie, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie et Daghestan – montrent clairement que les réformes foncières ont stimulé l'apparition d'une multitude d'acteurs représentant l'État, les collectivités et les individus, tout comme d'institutions formelles et informelles régulant les relations entre ces acteurs. En parallèle de facteurs politiques comme le niveau de centralité et de libéralisation économique – qui sont à l'origine des divers rythmes auxquels progressent les réformes foncières – les conditions naturelles et culturelles ainsi que les communautés jouent un rôle important. Ces dernières sont caractérisées soit par un certain conservatisme soit par une disposition à la mise en place des réformes. Parmi les villages-clés, cinq types différents ont été identifiés : 1) les villages où la majeure partie du territoire a été redistribuée à des propriétaires privés (Karatchaïévo-Tcherkessie) ; 2) les villages qui ont préservé l'utilisation collective (quelques localités dans le Nord du Caucase avec une population en majorité russe) ; 3) les villages où l'accès aux terres est régulé par l'État (Tchétchénie) ; 4) les villages où l'accès aux terres est régulé par les autorités municipales des districts (plusieurs autres régions du Nord-Caucase) ; 5) les villages où le gouvernement, le marché et les communautés locales se disputent le droit d'accès aux terres (par ex. les villages des régions touristiques du Caucase du Nord.The land reforms of the 1990s in the former Soviet republics led to the elimination of the state's monopoly on the ownership of land, a revival in local communities and a rise in business activity. The consequences of these reforms include the almost total disappearance of collective farms and the emergence of the private ownership of land. In the 1990s, the state delegated political power, including the disposability of land, to local authorities. However, these changes in political power varied significantly from region to region. This article aims to explain the various institutional environments that have developed at the local level in reaction to land reforms. Our investigation of 18 key villages in the North Caucasus republics of Karachay-Cherkessia, Kabardino-Balkaria, North Ossetia, Ingushetia, Chechnya and Dagestan show that land reforms have galvanised multiple actors representing the state, as well as collectives, individuals and various formal and informal institutions that regulate relations between these actors. Along with the political factors – such as the level of centralisation and economic liberalisation – that have led to differences in the pace of land reforms, local natural and cultural conditions and communities play an important role. The latter are characterised either by conservatism or by readiness for reforms. Regarding the key villages, five different types were identified: 1) villages where most of the land has been redistributed among private owners (Karachay-Cherkessia); 2) villages that have preserved collective use (some settlements in the North Caucasus with mainly Russian population); 3) villages where access to land is regulated by the state (Chechnya); 4) villages where access to land is regulated by municipal bureaucracy at the district level (many other regions in the North Caucasus); and 5) villages where the right of access to land is in dispute between the government and the business and local communities (e.g. villages in the tourist areas of the North Caucasus).
- Les réformes foncières dans les régions de montagnes post-socialistes et leur impact sur l'aménagement du territoire – une étude de cas dans le Caucase - Alexey Gunya Les réformes foncières des années 1990 dans les anciennes Républiques soviétiques ont conduit à la suppression du monopole étatique de la propriété foncière, à la mise à contribution des communautés locales et à l'apparition d'un marché. Les conséquences de ces réformes sont la disparition quasi complète des fermes collectives et l'émergence de la propriété foncière privée. Dans les années 1990 l'État a délégué le pouvoir politique aux autorités locales, y compris la gestion de l'utilisation des terres. Cependant ces changements en termes de pouvoirs politiques ont varié d'une région à l'autre. Cet article a pour but d'expliquer les différents environnements institutionnels qui ont émergé au niveau local en réaction aux réformes foncières. Nos recherches menées dans 18 villages-clés situés dans les Républiques Nord-Caucasiennes – Karatchaïévo-Tcherkessie, Kabardino-Balkarie, Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie et Daghestan – montrent clairement que les réformes foncières ont stimulé l'apparition d'une multitude d'acteurs représentant l'État, les collectivités et les individus, tout comme d'institutions formelles et informelles régulant les relations entre ces acteurs. En parallèle de facteurs politiques comme le niveau de centralité et de libéralisation économique – qui sont à l'origine des divers rythmes auxquels progressent les réformes foncières – les conditions naturelles et culturelles ainsi que les communautés jouent un rôle important. Ces dernières sont caractérisées soit par un certain conservatisme soit par une disposition à la mise en place des réformes. Parmi les villages-clés, cinq types différents ont été identifiés : 1) les villages où la majeure partie du territoire a été redistribuée à des propriétaires privés (Karatchaïévo-Tcherkessie) ; 2) les villages qui ont préservé l'utilisation collective (quelques localités dans le Nord du Caucase avec une population en majorité russe) ; 3) les villages où l'accès aux terres est régulé par l'État (Tchétchénie) ; 4) les villages où l'accès aux terres est régulé par les autorités municipales des districts (plusieurs autres régions du Nord-Caucase) ; 5) les villages où le gouvernement, le marché et les communautés locales se disputent le droit d'accès aux terres (par ex. les villages des régions touristiques du Caucase du Nord.The land reforms of the 1990s in the former Soviet republics led to the elimination of the state's monopoly on the ownership of land, a revival in local communities and a rise in business activity. The consequences of these reforms include the almost total disappearance of collective farms and the emergence of the private ownership of land. In the 1990s, the state delegated political power, including the disposability of land, to local authorities. However, these changes in political power varied significantly from region to region. This article aims to explain the various institutional environments that have developed at the local level in reaction to land reforms. Our investigation of 18 key villages in the North Caucasus republics of Karachay-Cherkessia, Kabardino-Balkaria, North Ossetia, Ingushetia, Chechnya and Dagestan show that land reforms have galvanised multiple actors representing the state, as well as collectives, individuals and various formal and informal institutions that regulate relations between these actors. Along with the political factors – such as the level of centralisation and economic liberalisation – that have led to differences in the pace of land reforms, local natural and cultural conditions and communities play an important role. The latter are characterised either by conservatism or by readiness for reforms. Regarding the key villages, five different types were identified: 1) villages where most of the land has been redistributed among private owners (Karachay-Cherkessia); 2) villages that have preserved collective use (some settlements in the North Caucasus with mainly Russian population); 3) villages where access to land is regulated by the state (Chechnya); 4) villages where access to land is regulated by municipal bureaucracy at the district level (many other regions in the North Caucasus); and 5) villages where the right of access to land is in dispute between the government and the business and local communities (e.g. villages in the tourist areas of the North Caucasus).
- Gatekhili Mountains, gatekhili State: Fractured Alpine Forest Governance and Post-Soviet Development in the Republic of Georgia - Jesse Quinn Si de nombreux États satellites de l'ancienne Union soviétique ont procédé à la décentralisation de quasiment tous leurs domaines de gouvernance, cette tendance est particulièrement flagrante dans le secteur des ressources naturelles et dans les effets sociétaux des réformes menées. Dans cette contribution, je vais examiner ces liens scalaires politiques, économiques et environnementaux à l'aune d'une étude qualitative de la gestion forestière des milieux alpins en Géorgie. En analysant une série de trente-cinq interviews semi-dirigées menées durant les étés 2012 et 2013, j'explorerai la manière dont le pouvoir public agit à travers la gestion des forêts alpines géorgiennes. Comme c'est le cas dans toute démocratie, le gouvernement géorgien oscille entre centralisation et décentralisation. Les pratiques du gouvernement géorgien, à l'image de sa gestion de la forêt alpine, produisent une forme de démocratie ostensiblement fracturée (gatekhili en géorgien). Analyser les dynamiques de l'État géorgien émergeant sous l'angle de la gestion forestière en milieu alpin peut être utile à la compréhension de la transition politique des pays de montagne post-soviétiques au fil du XIXe siècle et de la formation contemporaine des États en général.While many states at the periphery of the former Soviet Union have pursued decentralization in nearly all areas of governance, this trend is perhaps most notable in natural resource sectors and the effects these reforms have on society. I explore these scalar political, economic, and environmental connections through a qualitative case study of alpine forest governance in the mountains of Georgia. Analyzing a series of thirty-five semi-structured interviews conducted during the summers of 2012 and 2013, I investigate the ways in which state power operates through governance of Georgia's alpine forests. Like all democracies, the Georgian government oscillates between poles of centralization and decentralization. However, the practices of the Georgian government, as it currently exists through alpine forestry, produces a distinctly fractured (gatekhili in Georgian) form of democracy. The dynamics of the emerging Georgian state as seen through alpine forest governance are informative for understanding the political transition of mountainous post-Soviet states in the 21st century, and contemporary state formation more generally.
- Montagnes gatekhili, État gatekhili : gestion fracturée de la forêt alpine et développement post-soviétique en République de Géorgie - Jesse Quinn Si de nombreux États satellites de l'ancienne Union soviétique ont procédé à la décentralisation de quasiment tous leurs domaines de gouvernance, cette tendance est particulièrement flagrante dans le secteur des ressources naturelles et dans les effets sociétaux des réformes menées. Dans cette contribution, je vais examiner ces liens scalaires politiques, économiques et environnementaux à l'aune d'une étude qualitative de la gestion forestière des milieux alpins en Géorgie. En analysant une série de trente-cinq interviews semi-dirigées menées durant les étés 2012 et 2013, j'explorerai la manière dont le pouvoir public agit à travers la gestion des forêts alpines géorgiennes. Comme c'est le cas dans toute démocratie, le gouvernement géorgien oscille entre centralisation et décentralisation. Les pratiques du gouvernement géorgien, à l'image de sa gestion de la forêt alpine, produisent une forme de démocratie ostensiblement fracturée (gatekhili en géorgien). Analyser les dynamiques de l'État géorgien émergeant sous l'angle de la gestion forestière en milieu alpin peut être utile à la compréhension de la transition politique des pays de montagne post-soviétiques au fil du XIXe siècle et de la formation contemporaine des États en général.While many states at the periphery of the former Soviet Union have pursued decentralization in nearly all areas of governance, this trend is perhaps most notable in natural resource sectors and the effects these reforms have on society. I explore these scalar political, economic, and environmental connections through a qualitative case study of alpine forest governance in the mountains of Georgia. Analyzing a series of thirty-five semi-structured interviews conducted during the summers of 2012 and 2013, I investigate the ways in which state power operates through governance of Georgia's alpine forests. Like all democracies, the Georgian government oscillates between poles of centralization and decentralization. However, the practices of the Georgian government, as it currently exists through alpine forestry, produces a distinctly fractured (gatekhili in Georgian) form of democracy. The dynamics of the emerging Georgian state as seen through alpine forest governance are informative for understanding the political transition of mountainous post-Soviet states in the 21st century, and contemporary state formation more generally.
- Soviet Legacy in the Operation of Pasture Governance Institutions in Present-Day Kyrgyzstan - Aiganysh Isaeva, Jyldyz Shigaeva Cet article se penche sur l'héritage soviétique dans les systèmes de gestion des pâturages au Kirghizistan. L'héritage soviétique est encore présent dans les institutions de gestion des pâturages au Kirghizistan, qui en reproduisent en partie les pratiques, les valeurs et les hiérarchies. Cette étude se concentre sur les actions de ces institutions à l'échelle locale (les Associations d'Usagers des Pâturages et les Comités de Pâturages) et sur l'évolution du rôle des éleveurs, principaux usagers des pâturages, dans le nouvel environnement socio-économique. L'analyse est développée dans le cadre de la théorie de la dépendance au sentier qui postule que les anciennes institutions continuent de structurer les nouvelles politiques. Les données de terrain collectées à Naryn, une province du Kirghizistan, montrent comment les processus de prises de décision non-participatifs, les modèles de mises en place et les valeurs liées aux pâturages façonnés sous l'époque soviétique continuent d'influencer les institutions actuelles, de même que les configurations établies entre usagers de la ressource et entre usager de la ressource et leur environnement.The paper looks at the Soviet legacy in pasture governance systems of Kyrgyzstan that reproduce Soviet-era practices, meanings and power hierarchies. The study focuses on the current operation of local-level institutions (Pasture Users Associations and Pasture Committees) and the changing role of herders as a key pasture user category in the new socio-economic environment. Path dependence theory, which posits that old institutions continue to structure new policy arrangements, frames the analysis. Empirical data collected in Kyrgyzstan's Naryn Province show how non-participatory decision-making and implementation modes, as well as the meanings surrounding pasture use, that were shaped during the Soviet era, still influence institutions in the present day, along with established patterns amongst resource users and between resource users and their environment.
- L'héritage soviétique dans les actions des institutions de gestion des pâturages au Kirghizistan - Aiganysh Isaeva, Jyldyz Shigaeva Cet article se penche sur l'héritage soviétique dans les systèmes de gestion des pâturages au Kirghizistan. L'héritage soviétique est encore présent dans les institutions de gestion des pâturages au Kirghizistan, qui en reproduisent en partie les pratiques, les valeurs et les hiérarchies. Cette étude se concentre sur les actions de ces institutions à l'échelle locale (les Associations d'Usagers des Pâturages et les Comités de Pâturages) et sur l'évolution du rôle des éleveurs, principaux usagers des pâturages, dans le nouvel environnement socio-économique. L'analyse est développée dans le cadre de la théorie de la dépendance au sentier qui postule que les anciennes institutions continuent de structurer les nouvelles politiques. Les données de terrain collectées à Naryn, une province du Kirghizistan, montrent comment les processus de prises de décision non-participatifs, les modèles de mises en place et les valeurs liées aux pâturages façonnés sous l'époque soviétique continuent d'influencer les institutions actuelles, de même que les configurations établies entre usagers de la ressource et entre usager de la ressource et leur environnement.The paper looks at the Soviet legacy in pasture governance systems of Kyrgyzstan that reproduce Soviet-era practices, meanings and power hierarchies. The study focuses on the current operation of local-level institutions (Pasture Users Associations and Pasture Committees) and the changing role of herders as a key pasture user category in the new socio-economic environment. Path dependence theory, which posits that old institutions continue to structure new policy arrangements, frames the analysis. Empirical data collected in Kyrgyzstan's Naryn Province show how non-participatory decision-making and implementation modes, as well as the meanings surrounding pasture use, that were shaped during the Soviet era, still influence institutions in the present day, along with established patterns amongst resource users and between resource users and their environment.
- Quand les bergers creusent la montagne. Impact des activités minières artisanales sur les systèmes agropastoraux du Kirghizstan. Étude de cas dans la région de Naryn - Irène Mestre Le Kirghizistan a adopté en 2009 un mode de gestion communautaire des pâturages. Alors que l'agropastoralisme est l'activité de subsistance de 65 % de la population qui vit en zone rurale, les pâturages représentent également une ressource essentielle pour d'autres activités telles que les activités minières. À travers l'étude d'une municipalité rurale où mines et élevage coexistent, nous analysons les impacts des activités minières artisanales sur la gestion communautaire des pâturages et sur la résilience de ces territoires. Les principaux résultats mettent en avant une capitalisation des revenus miniers sous forme de bétail ce qui conduit à l'augmentation du confiage du bétail aux agropastoralistes non impliqués dans les activités minières vivant en périphéries du village. Ces agropastoralistes ont un accès limité aux processus formels de prise de décision, ce qui renforce le risque de marginalisation de ces acteurs. Par ailleurs, le manque de mécanisme de collecte et de traitement de données sur l'état des ressources naturelles nécessaires à l'agropastoralisme, eau et pâturages, s'avère être un risque pour la gestion communautaire. Enfin, les interactions internes et externes au système représentent un enjeu transversal pour la continuité de gestion communautaire. Ainsi, la coexistence d'une activité générant des hauts revenus avec une activité traditionnelle telle que l'agropastoralisme n'est pas un facteur limitatif d'une gestion communautaire des ressources naturelles et peut, à l'inverse, se révéler être un déclencheur pour dynamiser le processus d'élaboration de règles de gestion.In 2009, Kyrgyzstan adopted a community-based pasture management model. While agropastoralism is the main subsistence activity for 65% of the population living in rural areas, pastures are also an essential resource for other activities, such as mining. By analysing a rural municipality where agropastoralism and mining co-exist, we explore the impacts of artisanal mining activities on community-based pasture management and territorial resilience. Our key findings show that mining income is capitalised in the form of livestock, and that the mechanisms for animal herding by agropastoralists who are not involved in mining activities and who live on the periphery and have little access to formal decision-making processes are at risk of further marginalisation. Furthermore, the lack of mechanisms for collecting and analysing data on the state of the natural resources necessary for agropastoralism, such as water and pastures, poses a risk to community-based pasture management. Finally, interactions within the system and between the system and external components are a transversal issue for the maintenance of community-based management. Thus, the co-existence of high income–generating activities and traditional activities such as agropastoralism does not limit community-based management and can even be a lever for a dynamic process that helps to support the creation of management rules.
- When Shepherds Mine Mountains: The Impact of Artisanal Mining on Agropastoral Systems in Kyrgyzstan. Case Study of Naryn Province - Irène Mestre Le Kirghizistan a adopté en 2009 un mode de gestion communautaire des pâturages. Alors que l'agropastoralisme est l'activité de subsistance de 65 % de la population qui vit en zone rurale, les pâturages représentent également une ressource essentielle pour d'autres activités telles que les activités minières. À travers l'étude d'une municipalité rurale où mines et élevage coexistent, nous analysons les impacts des activités minières artisanales sur la gestion communautaire des pâturages et sur la résilience de ces territoires. Les principaux résultats mettent en avant une capitalisation des revenus miniers sous forme de bétail ce qui conduit à l'augmentation du confiage du bétail aux agropastoralistes non impliqués dans les activités minières vivant en périphéries du village. Ces agropastoralistes ont un accès limité aux processus formels de prise de décision, ce qui renforce le risque de marginalisation de ces acteurs. Par ailleurs, le manque de mécanisme de collecte et de traitement de données sur l'état des ressources naturelles nécessaires à l'agropastoralisme, eau et pâturages, s'avère être un risque pour la gestion communautaire. Enfin, les interactions internes et externes au système représentent un enjeu transversal pour la continuité de gestion communautaire. Ainsi, la coexistence d'une activité générant des hauts revenus avec une activité traditionnelle telle que l'agropastoralisme n'est pas un facteur limitatif d'une gestion communautaire des ressources naturelles et peut, à l'inverse, se révéler être un déclencheur pour dynamiser le processus d'élaboration de règles de gestion.In 2009, Kyrgyzstan adopted a community-based pasture management model. While agropastoralism is the main subsistence activity for 65% of the population living in rural areas, pastures are also an essential resource for other activities, such as mining. By analysing a rural municipality where agropastoralism and mining co-exist, we explore the impacts of artisanal mining activities on community-based pasture management and territorial resilience. Our key findings show that mining income is capitalised in the form of livestock, and that the mechanisms for animal herding by agropastoralists who are not involved in mining activities and who live on the periphery and have little access to formal decision-making processes are at risk of further marginalisation. Furthermore, the lack of mechanisms for collecting and analysing data on the state of the natural resources necessary for agropastoralism, such as water and pastures, poses a risk to community-based pasture management. Finally, interactions within the system and between the system and external components are a transversal issue for the maintenance of community-based management. Thus, the co-existence of high income–generating activities and traditional activities such as agropastoralism does not limit community-based management and can even be a lever for a dynamic process that helps to support the creation of management rules.
- Dai contadini operai agli amenity migrants. L'eredità del socialismo e il futuro del ruralismo montano in Romania - Andrea Membretti, Bogdan Iancu Cet article examine l'héritage du système socialiste et son influence sur les transformations des Carpates roumaines post-socialistes, à partir de la littérature sociologique sur les nouveaux habitants des Alpes et des recherches anthropologiques sur le ruralisme en Roumanie. Après une période d'adaptation aux politiques socialistes agricoles et industrielles, plusieurs communautés rurales des Carpates font face aujourd'hui à l'arrivée par vagues de migrants d'agrément et de touristes urbains : afin d'étudier l'impact de ces dynamiques sur la résilience des habitants de la montagne, nous avons recueilli en 2015 des données qualitatives à travers des entretiens ethnographiques approfondis avec des universitaires roumains, de entrepreneurs touristiques, des résidents et des immigrants du village de montagne de Fundata (Transylvanie). Nous reconnaissons aux migrations d'agrément et au tourisme rural des rôles importants, mais aussi ambivalents, facteurs de changement, et en relation avec les variations socio-démographiques locales. Considérant que la population a considérablement diminué dans les Carpates après les années 90 et que la population restante est âgée, le tourisme rural a apporté de nouveaux habitants permanents et temporaires (souvent jeunes) et des ressources économiques significatives. Avec ses infrastructures d'hébergement, le tourisme a transformé le paysage physique et culturel de plusieurs villages de montagne. Les migrants de loisirs et les touristes – comme cultural brokers et détenteurs des ressources économique - représentent en même temps une menace et une opportunité pour les territoires post-socialistes, face à une crise socio-économique et démographique durable. Comme nous en discutons à la fin de cet article, et en gardant à l'esprit les transformations en cours dans les régions alpines, il semble tout de même que l'on ne peut ignorer l'apport de ces acteurs urbains (et la connexion urbaine-rurale renouvelée) dans la revitalisation des zones de montagne.This article investigates the legacy of state socialism and the post-socialist transformation inside the Romanian Carpathians by reviewing sociological literature on new inhabitants of the Alps and anthropological literature on ruralism in Romania. Today, after a period spent adapting to socialist agricultural and industrial policies, several rural communities of the Carpathians are facing growing waves of amenity migrants and urban tourists. In 2015, in order to investigate the potential role of these dynamics relative to the resilience of mountain dwellers, we collected qualitative data by means of in-depth ethnographic interviews with Romanian academics, tourist entrepreneurs, residents of and immigrants to the mountain village of Fundata in Transylvania. We recognise amenity migration and rural tourism as important but also ambivalent and as driving change with respect to the interrelated socio-demographic local change. Whereas the Carpathians have been losing population dramatically since the 1990s, and the remaining population has aged, rural tourism has brought new permanent and temporary inhabitants (often young people) and significant economic resources. Together with accommodation infrastructure, tourism has transformed several mountain villages' physical and cultural landscape. As cultural brokers and economic resource bearers, amenity migrants and tourists represent both a threat to and an opportunity for post-socialist territories, which are facing long-term socio-economic and demographic crises. As we will discuss in the conclusions of the paper, also with regard to ongoing transformations in the Alpine regions, it seems clear that one cannot ignore the relevance of these urban actors (nor of the renewed urban-rural connection) to the revitalisation of mountain areas.
- From Peasant Workers to Amenity Migrants. Socialist Heritage and the Future of Mountain Rurality in Romania - Andrea Membretti, Bogdan Iancu This article investigates the legacy of state socialism and the post-socialist transformation inside the Romanian Carpathians by reviewing sociological literature on new inhabitants of the Alps and anthropological literature on ruralism in Romania. Today, after a period spent adapting to socialist agricultural and industrial policies, several rural communities of the Carpathians are facing growing waves of amenity migrants and urban tourists. In 2015, in order to investigate the potential role of these dynamics relative to the resilience of mountain dwellers, we collected qualitative data by means of in-depth ethnographic interviews with Romanian academics, tourist entrepreneurs, residents of and immigrants to the mountain village of Fundata in Transylvania. We recognise amenity migration and rural tourism as important but also ambivalent and as driving change with respect to the interrelated socio-demographic local change. Whereas the Carpathians have been losing population dramatically since the 1990s, and the remaining population has aged, rural tourism has brought new permanent and temporary inhabitants (often young people) and significant economic resources. Together with accommodation infrastructure, tourism has transformed several mountain villages' physical and cultural landscape. As cultural brokers and economic resource bearers, amenity migrants and tourists represent both a threat to and an opportunity for post-socialist territories, which are facing long-term socio-economic and demographic crises. As we will discuss in the conclusions of the paper, also with regard to ongoing transformations in the Alpine regions, it seems clear that one cannot ignore the relevance of these urban actors (nor of the renewed urban-rural connection) to the revitalisation of mountain areas.