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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 719, 2018/1
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Ce que peut apporter la résilience à la prévention des désastres : exemples en Lavours et en Chautagne (Ain, Savoie) - Patrick Pigeon, Julien Rebotier, Bernard Guézo p. 5-28 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article justifie l'intérêt et les limites du recours à la notion de résilience, tant pour la recherche que pour la gestion, dans le domaine de la prévention des risques de désastres. Pour ce faire, il mobilise deux sites près du Rhône où l'aléa inondation est comparable (différencié, mais présentant des points communs), l'un à Culoz, près des marais de Lavours, et l'autre en Chautagne, sur la commune de Chanaz, mais où le risque d'inondation est géré de manière opposée. La compréhension du contraste de gestion et de peuplement observé révèle la recomposition de trois approches types de la prévention qui sont : aléa centré, approche territorialisée des risques, et résilience. L'intrication de ces approches successives permet de comprendre pourquoi il peut y avoir autant de définitions différentes de la résilience, leur caractère possiblement contradictoire, et les nombreuses contestations de la notion. Mais elle permet aussi de défendre pourquoi une approche intégrée de la résilience est utile à la compréhension des risques de désastres, tout autant qu'à la gestion. Ainsi envisagée, la résilience permet d'expliciter les apports, en même temps que les limites, des politiques de prévention des risques de désastres.
      This paper sheds light on how the notion of resilience, in spite of its limitations, may contribute to a better understanding and management of disaster risk. The method used draws on two sites close to the Rhône, where flood hazard is similar to some extent. The first one is located in the municipality of Culoz, close to Lavours Marshes. The other is situated in Chautagne, in the municipality of Chanaz. Yet, the two cases show opposing risk management strategies. Understanding the differences in both risk management and local development policies makes it possible to identify the reshaping of three major approaches to risk prevention. These are: hazard-centred, territory-based, and, today, a resilience-oriented approach. Considering those successive and intertwined risk approaches helps us to understand why the notion of resilience is so polysemic, why it potentially carries so many inherent contradictions and why it is so frequently questioned. Yet, drawing on the same elements, it is possible to defend why an integrated approach of resilience might be useful for understanding and managing risk. It could make both the benefits and shortcomings of disaster risk prevention policies more visible and explicit.
    • Le limnosystème est-il un concept géographique ? - Laurent Touchart, Pascal Bartout p. 29-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le limnosystème est un terme sous-utilisé, qui souffre d'un déficit de conceptualisation. Il est trop souvent réduit à la seule démarche écosystémique concernant un lac ou à une approche valorisant les liens entre un lac et son bassin. La richesse potentielle du concept est discutée à partir d'une épistémologie d'autres termes existants : l'écosystème lentique a comme but l'étude de la biocénose, le système fluvial celle du biotope ; le géosystème valorise la modélisation, l'hydrosystème a été créé pour le bassin fluvial. Cela conduit à revisiter les échelles spatio-temporelles à travers les réflexions d'écosystème fermé favorisant l'isolat lacustre et son endémisme, et celles d'hydrosystème ouvert, dans la pratique tournées jusqu'à présent vers les tributaires plus que vers l'émissaire. Une tentative est faite de cadrer les composantes classiques du géosystème, la structure, le fonctionnement et le comportement, dans les démarches de géographie limnologique différenciant les lacs des étangs et des mares, recherchant les discontinuités entre les masses d'eau, opposant les parts relatives des processus majeurs en eau stagnante (convection libre ou forcée) et les rythmes temporels de brassage. Enfin, la place de la société est débattue en soulignant la mécompréhension envers les plans d'eau artificiels dans les approches écosystémiques, voire hydrosystémiques. Le concept d'anthroposystème limnique serait sans doute apte à répondre à ce problème. Une nouvelle définition du limnosystème est finalement proposée.
      The term Limnosystem is underused term and it suffers from an insufficiently sound conceptual framework of conceptualization. It is too often reduced to the ecosystem approach concerning a lake or to an approach taking in the connections between a lake and its basin. The potential richness of the concept is discussed from the epistemology of other existing terms: the lentic ecosystem favouring biocenosis, the fluvial system favouring biotope, the geosystem inspiring modelling, the hydrosystem created for the river basin. This leads to reconsideration of the spatio-temporal scales in the light of thinking on the closed ecosystem, lake microcosm and endemism, and on the open hydrosystem, up to now looking at tributaries rather than outlets. An attempt is made to frame the classical components of the geosystem, its structure, functioning and behaviour, within the processes of limnological geography which differentiates lakes from ponds and rural pools, searches for discontinuities within water bodies, comparing the relative influences of major processes in stagnant water (forced convection in lakes and great reservoirs, free convection in ponds) and those of the temporal rhythms of mixing (oligo-, di- or mono-mixis in lakes, discontinuous polymixis in ponds, continuous polymixis in pools). Finally, the place of society is discussed, highlighting the mishandling of artificial water bodies in ecosystem- or even hydrosystem-based approaches. The concept of limnic anthroposystem would probably be suitable for resolving this problem. A new definition of the limnosystem is finally suggested.
    • Image du globe/image de soi : la pratique du selfie comme s(t)imulation géographique - Nicolas Leresche p. 59-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Bien que conceptuellement et empiriquement la rotondité de la Terre ne fît plus aucun doute depuis longtemps, la photographie aérienne transforma fondamentalement les représentations du monde. Permettant pour la première fois de voir la Terre dans sa totalité, les prises de vues à la verticale contribuèrent à forger une nouvelle conscience environnementale globale. Ce que Denis Cosgrove qualifiait à ce propos de « nouvelles spatialités globales » représente également de nouvelles modalités de subjectivation. C'est ainsi qu'en 2014 à l'occasion de la journée de la Terre, la NASA, diffusa une image du globe composée de dizaines de milliers de selfies envoyés par les internautes. En combinant les deux pratiques paradigmatiques qui bornent le champ d'exploration proprement géographique (la représentation du globe terrestre et le selfie), la NASA illustre ainsi parfaitement l'idée d'une Terre universelle, partout habitable et habitée. À partir de ces éléments, cet article revient à la fois sur les liens historiques qui unissent la photographie à la géographie, et sur ce que je qualifierai de savoir-faire géographique vernaculaire : la pratique du selfie. Il s'agira alors de montrer comment l'image produite par la NASA s'inscrit dans le nouvel idéal de subjectivation qui fait de l'objet Terre une forme de souverain auquel chacun est appelé à s'identifier.
      Although conceptually and empirically the rounded form of the Earth's was no longer in doubt, aerial photography fundamentally transformed the representations of the world. The vertical shots produced for the first time allowed the Earth to be seen in its entirety and helped to forge a new global environmental consciousness. What Denis Cosgrove called "new global spatialities" also represents new modalities of subjectification. With this in mind and to celebrate the Earth Day in 2014, NASA broadcasted an image of the globe made up of tens of thousands of selfies sent by Internet users. By combining the two paradigmatic practices that delimit the field of geographical exploration (representation of the terrestrial globe and selfie), NASA perfectly illustrates the idea of ​​a universal Earth, everywhere habitable and inhabited. On the basis of these elements, this article revisits both the historical links between photography and geography and what I would call vernacular geographical knowledge: the practice of taking selfies. It will then be necessary to show how the image produced by NASA is part of the new ideal of subjectification which makes the Earth object a kind of sovereign everyone is called upon to identify with.
    • Des périphéries sous influence : l'attraction économique de l'agglomération parisienne, accélérateur du changement social ? - Didier Desponds, Laurent Gatineau p. 78-102 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'agglomération parisienne renforce son potentiel économique dans les emplois tertiaires à fortes valeurs ajoutées. Conjugué à l'insuffisance de l'offre de logements et au niveau élevé des prix de l'immobilier, ceci contribue à spécialiser socialement les populations résidentes. L'attention se portera ici sur les périphéries proches et lointaines de l'agglomération. Il s'agira à la fois de préciser l'évolution de son aire d'influence et d'évaluer les liens avec le profil social des populations résidentes. Les périphéries, souvent associées à des formes de marginalisation socio-spatiale, enregistrent pourtant des processus de gentrification conduisant à l'éloignement progressif des catégories les plus populaires. Ce mécanisme de tri social en fonction de la distance à l'agglomération a-t-il des conséquences en termes de fragilisation croissante des populations les moins favorisées, en particulier dans un contexte d'augmentation des coûts de l'énergie et de persistance d'un chômage élevé ?
      The Paris agglomeration is strengthening its economic attractiveness and becoming more and more specialized in the high status jobs in the service sector. At the same time, the housing prices are increasing and housing supply remains insufficient. In consequence, it is very difficult to reside in this agglomeration, not only for low-income households, but also for middle class ones. This paper aims to analyse the social dynamics outside the agglomeration and to evaluate the links between the places where households live and the places where they work. To live in the urban fringes remains associated, in the French context, to a default choice, even if ongoing gentrification processes appear in the outskirts close to the agglomeration. Using data of French censuses from 1990, this paper shows the social specialization of these outskirts according to the distance to the Paris agglomeration. By observing the trends since 1990, it is clear that the social profile of the urban fringes has deeply changed and that a new socio-spatial divide is appearing. This must also be analysed in terms of socio-spatial inequalities by taking into account the increasing prices of energy and the unequal proximity of the employment centres.
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