Contenu du sommaire : Mondialisation, restructuration et gouvernance territoriale
Revue | géographie, économie, société |
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Numéro | Vol. 7, 2005/4 |
Titre du numéro | Mondialisation, restructuration et gouvernance territoriale |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial Mondialisation, restructuration et gouvernance territoriale - Bernard Pecqueur, Patrick Ternaux p. 315-320
Articles originaux
- La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination territoriale ? - Fabienne Leloup, Laurence Moyart, Bernard Pecqueur p. 321-332 Le texte se propose d'explorer la notion de gouvernance appliquée aux dynamiques territoriales. Dans un premier temps, il s'agit de montrer que la notion de territoire considéré comme une entité active, constitue un changement radical dans l'approche de l'espace dans le processus de production. Le territoire devient une émanation d'acteurs publics ou privés dont les actions de coordination ne peuvent être réduites à une politique publique au sens classique du terme mais à une action publique. Le second paragraphe explicite la notion de gouvernance territoriale qui se distingue de celle des économistes institutionnalistes comme O. E. Williamson par le fait qu'elle dépasse la seule dimension de la firme et montre les relations entre les différents acteurs qui concourent à la production dans un espace donné. Les troisième et quatrième paragraphes montrent d'abord pour le territoire puis pour la gouvernance comment on peut mettre ces notions en dynamique et dans une théorie de la globalisation qui génère cette dynamique. On précise à cette occasion l'importance de la proximité géogra-phique comme outil analytique du rapport entre local et global.This text focuses on the notion of governance applied to the territorial dynamics. It implies in a first part to try to define what we call a territorial dynamic and the notion itself of territory. In a few words, a territory results of a construction and coordination process by actors generally at a local level but intricated with others level (it is a multi-scale analysis) in order to explicit and try to solve a common problem inside a determined geographical area. The following parts propose to consider the consequence into the globalization process, of the presence og territorial governance in the public policies which become public action.
- Restructurations, grands groupes et territoires : De l'utilité de la construction d'espaces de coordination localisés - Marie Raveyre p. 333-346 Les restructurations actuelles posent de façon renouvelée la question des relations des grandes entreprises aux territoires. L'observation des politiques d'implication locale conduites par plusieurs groupes permet de conforter l'idée que l'investissement durable dans les territoires peut constituer un moyen efficient d'accompagnement du redéploiement des entreprises. Notre hypothèse est que ces politiques sont propres à assurer une meilleure articulation des groupes avec leur environnement. Dépassant les frontières de la firme, elles soutiennent une dynamique d'échange en réseau, fondée sur l'établissement de coopérations avec les acteurs locaux. Ainsi, les groupes pourraient renforcer leur réactivité tout en minimisant les risques de déstabilisation de leurs liens avec les territoires. Ces politiques se présenteraient comme des réponses adaptées aux enjeux du monde économique actuel. En effet, la mondialisation s'accompagne paradoxalement d'un renouveau du niveau local comme espace de nouvelles formes de coordination.The current restructuring poses the issue of corporate groups' relationships with the territories. The observation of local involvement policies conducted by several large firms reinforces the idea that sustainable investment in the territories can be an effective means of supporting corporate redeployment. Our hypothesis being that these policies can enssure a better articulation between corporate groups and their environment. Surpassing the boundaries of the company itself, they support dynamic network-based exchanges, based on the establishment of cooperative actions with local players. In such a way, groups may strengthen their reactivity, while minimizing the risks of destabilizing their relationships with the territories. These policies could be understood as an adapted answer to current issues of business world. Paradoxically, globalization goes along with a renewal of local levels, which are becoming locations for new forms of coordination.
- Trajectoires territoriales et « empreinte » de l'histoire : le cas de Grasse et de la Ciotat en région PACA - Ariel Mendez, Delphine Mercier p. 347-364 Ce papier présente les résultats d'une recherche menée sur les processus de transition ayant affecté dans les vingt-cinq dernières années quatre tissus productifs traditionnels de la région PACA. Sur ces zones, l'apparition et le développement de l'activité avaient été historiquement liés à la présence de ressources naturelles abondantes, spécifiques et intransférables car liées à la géographie du lieu. Dans le même temps, l'espace physique avait constitué la « matrice » d'un espace économique et social. Aujourd'hui, les ressources spécifiques ont changé de nature. Elles ne sont plus matérielles et liées au territoire physique, mais de plus en plus immatérielles et liées au territoire organisé. C'est cette transition que nous nous proposons d'analyser ici. La dématérialisation des ressources pertinentes entraîne un besoin de coopération accru des acteurs en présence (acteurs privés et publics), car leur création et leur mobilisation se déploient dans un espace collectif. Le fil qui a guidé notre réflexion a été celui de l'analyse des proximités, géographiques, organisationnelles, institutionnelles. Dans le même temps, l'histoire est une dimension essentielle de la compréhension des processus de transition à l'œuvre. L'histoire dépose sur les territoires des empreintes physiques, sociales et cognitives, qui peuvent opérer soit comme des catalyseurs, soit comme des barrières, rendant la coopération inopérante.This paper presents the results of research into the processes of transition that have been at work over the past 25 years in two French clusters in the South East region. In these areas, the emergence and development of long term economic activity was rooted in the presence of abundant physical resources which used to be specific and almost non transferable because they were linked with geographical characteristics. At the same time, the physical space constituted the “matrix" of the economic and social space. Today, the nature of the relevant resources has changed. They are no more material and associated with the physical space, but more and more immaterial and associated with the organised space. Our objective here is to analyse this transition, in particular, because this process of dematerialisation implies more cooperation between local, private or public, actors.The unifying thread guiding our investigation was the analysis of proximities, whether they be geographical, organisational or institutional. But at the same time, history is critical to understand the way the transition is operating. History leaves physical, social and cognitive imprints on territories. All these imprints are of crucial importance as they play as catalysts or as barriers for cooperation.
- Proximités lourdes, proximités légères : une trajectoire de l'appareil productif dans l'aire métropolitaine marseillaise - Jacques Garnier p. 365-380 Le processus de métropolisation en voie de généralisation fait apparaître un espace productif très segmenté dont les composantes paraissent évoluer indépendamment les unes des autres et selon des temporalités disjointes. Cette communication entend mettre en évidence que, par-delà le désordre apparent de ce processus, l'appareil productif — en l'occurrence celui de l'aire métropolitaine marseillaise/France — observé sur la moyenne période, épouse une trajectoire dont les paramètres peuvent être identifiés. Cette trajectoire « chemine » depuis des situations de forte spécialisation industrielle dans lesquelles la forte densité institutionnelle génère des rigidités et des irréversibilités très contraignantes jusque vers des situations peu spécialisées dans lesquelles des formes ouvertes de coordination en réseau génèrent, à l'inverse, une capacité collective des acteurs productifs à s'engager dans des démarches innovantes. Cette trajectoire se révèle être un parcours d'« apprentissage territorial ». En introduisant pour la circonstance les notions de « proximité lourde » et de « proximité légère », on met à profit et on valide en même temps les outils d'analyse de l'« économie de proximité », notamment sur le statut des institutions dans la coordination économique.The development of big cities (or wide megapolis) makes appearant very segmented “patch-works" of productive areas evolving separately, each one close to the others, without any clearly appearent order. This communication aims to highlight that, in spite of an appearant disorder, productive activities in such wide cities evolve according to an historical trajectory the determinants of which can be pointed out. This trajectory is progressing from very specialized clusters in which highly institutional density creates rigidities and irreversibilities unfavorable to the capacity of adapting toward weakly specialized clusters in which, reversely, very open social networks leads to a collective ability of local productive actors in adapting and in engaging themselves in innovative ways. This trajectory appears as a “territorial collective learning". By using the concepts proposed by the Economics of Proximity, we will point out the determinants of the trajectory and of the collective learning related to it. By proposing the terms of “heavy proximity" and “light proximity", we will try to produce a better understanding of the links between proximity, network, coordination and local economic development in some big cities of developed countries. We will use the empirical results of several research realized in Marseille area (south of France) since the middle 70's.
- La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination territoriale ? - Fabienne Leloup, Laurence Moyart, Bernard Pecqueur p. 321-332
Articles originaux — hors dossier
- La géographie économique à l'ère d'Internet - Edward E. Leamer, Michael Storper p. 381-404 Cet article conjugue le point de vue d'un spécialiste de l'économie internationale et celui d'un géographe, spécialiste de la géographie économique en une réflexion sur comment et jusqu'où Inter-net agira sur la localisation de l'activité économique. Malgré les améliorations considérables enre-gistrées dans les transports et les communications au cours du XXe siècle, la plupart des échanges de biens physiques s'effectuent toujours dans des « voisinages » géographiquement délimités. Au cours des phases passées d'amélioration des infrastructures, on a toujours observé un double effet : elle favorisait la dispersion de certaines activités routinières, tout en augmentant la complexité de l'activité productive et sa dépendance temporelle, induisant ainsi un renforcement du processus d'agglomération. Les AA affirment qu'Internet engendrera davantage de forces de désagglomération, contrariées, voire dépassées en intensité par des tendances plus fortes poussant à l'agglomération.L'économie dépend de plus en plus de la transmission de messages complexes que l'on ne peut pas codifier, requérant compréhension et confiance telles qu'elles ont émergé historiquement des contacts directs. Cette dimension de l'échange ne sera vraisemblablement guère modifiée sous l'effet d'Internet, qui, bien qu'encourageant la « conversation » entre des lieux très éloignés, ne permet pas d'échanger une « poignée de main ».This paper combines the perspective of an international economist with that of an economic geographer to reflect on how and to what extent the Internet will affect the location of economic activity. Even after the very substantial transportation and communication improvements during the 20th Century, most exchanges of physical goods continue to take place within geographically-limited "neighborhoods". Previous rounds of infrastructure improvement always have had a double effect, permetting dispersion of certain routine activities but also increasing the complexity and time-dependence of productive activity, and thus making agglomeration more important. We argue that the Internet will produce more of the same — forces for deagglomeration, but offsetting and possibly stronger tendencies toward agglomeration.Increasingly the economy is dependent on the transmission of complex uncodifiable messages, which require understanding and trust that historically have come from face-to-face contacts. This is not likely to be affected by the Internet, which allows long distance "conversations" but not "handshakes". © 2005 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.
- Potentiel scientifique, externalités territoriales et développement des biotechnologies : analyse à partir du cas de Rhône-Alpes - Améziane Ferguène, Hatem Trimeche p. 405-426 L'objet de cet article est d'examiner le rôle joué par les externalités territoriales dans le processus d'émergence de nouvelles structures productives dans le domaine des nouvelles technologies. Plus précisément, sur la base d'une recherche empirique réalisée dans des laboratoires de biotechnologies en Rhône-Alpes, la question abordée est celle de savoir dans quelle mesure les externalités territoriales — publiques et marchandes — constituent (ou non) un facteur crucial dans la construction d'un secteur fortement innovant : le secteur des biotechnologies. L'analyse menée dans le cadre conceptuel et méthodologique défini par les notions de « système territorial d'innovation », de « réseaux locaux d'innovation » et de « densité scientifique régionale », conduit à deux conclusions. Premièrement, l'émergence d'une activité biotechnologique performante est le résultat d'une dynamique d'acteurs (laboratoires, entreprises...) structurés en réseaux, fortement soutenue par les organismes de valorisation de la recherche et les institutions régionales de promotion et de soutien. Et, deuxièmement, Les mécanismes d'interaction qui jouent pleinement à l'échelle d'un territoire performant comme Rhône-Alpes favorisent la production d'externalités, de type à la fois public et marchand, qui constituent un atout déterminant pour l'ancrage territorial des acteurs et, partant, pour l'inscription dans la durée de la dynamique (bio) technologique une fois amorcée.The object of this article is to examine the part played by the territorial externalities in the process of emergence of new productive structures in the field of new technologies. More precisely, on the basis of empirical research carried out in laboratories of biotechnologies in Rhône-Alpes region, the main issue we deal with is whether territorial externalities — public and commercial ones — constitute (or not) a crucial factor in the construction of a highly innovative sector: the sector of biotechnologies. Carried out within the conceptual and methodological framework defined by the concepts of "territorial system of innovation", "local area networks of innovation" and "regional scientific density", the analysis leads to two conclusions: Firstly, the emergence of high-performance biotechnological activity is the result of a dynamics of actors (laboratories, firms...) structured in networks, and strongly supported by Organizations of research valorisation and regional Institutions of promotion and support. And, secondly, the mechanisms of interaction between actors, which play fully in a powerful territory like Rhône-Alpes, generate production of externalities — commercial externalities as well as public ones — which constitute a deciding asset for territorial implanting of economic actors and, therefore, for the durability of (bio) technological dynamics, once it is started.
- La géographie économique à l'ère d'Internet - Edward E. Leamer, Michael Storper p. 381-404
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 427-434