Contenu du sommaire : Au prisme de la consommation
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1320, janvier-février-mars 2018 |
Titre du numéro | Au prisme de la consommation |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Ce que consommer autrement veut dire - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- La migration au prisme de la consommation - Virginie Silhouette-Dercourt, Maren Möhring p. 6-11
- La « prairie thaï » dans le Preußenpark à Berlin : Une communauté de pique-nique en marge du règlement intérieur des parcs allemands - Noa K. Ha p. 13-19 Le Preußenpark, à l'ouest de Berlin, est devenu un rendez-vous incontournable des couples germano-thaïlandais où de nombreuses « épouses thaï » partagent en plein air leur savoir-faire en matière de cuisine asiatique. Le parc est devenu tout autant un espace de détente pour les couples mixtes qu'un lieu de rendez-vous exotisé où se croisent, non sans difficultés, les cultures thaï et allemande. Derrières les plats à même le sol, se jouent des enjeux de pouvoir au sein des couples mêmes et à l'égard de la société dominante. Dans les deux cas, il s'agit pour les femmes d'origine thaïlandaise de cultiver ce territoire de leur autonomie contre les discriminations qui les visent.
- Générations de femmes franco-maghrébines : La consommation comme marqueur des dynamiques intergénérationnelles - Ranam Alkayyali, Virginie Silhouette-Dercourt p. 21-28 Au sein d'une famille, les choix en matière d'alimentation, d'habillement ou de loisirs représentent autant de vecteurs de transmission ou de contrôle, de jeux de pouvoir et d'émancipation. C'est le cas des pratiques de consommation des jeunes françaises d'origine maghrébine et de leurs mères, qui contribuent à redéfinir les relations familiales. Une enquête fait apparaître les points de rencontre et de tensions entre des imaginaires concurrents au sein de ces familles : celui de la culture des parents et celui de la société dominante. Ainsi, en consommant, les filles et les mères révèlent les échelles de valeurs attachées à leurs pratiques respectives.
- La construction sociale de « l'en commun » par la consommation : Les sociétés réunionnaise et malaisienne - Laurence Ribère p. 31-39 Au sein de sociétés multiculturelles comme La Réunion ou la Malaisie, l'alimentation joue un rôle central dans la construction d'une identité collective fondée sur les migrations multiples. L'histoire de la cuisine créole réunionnaise, comme celle des repas entre communautés en Malaisie en sont deux exemples frappants. Le partage de mets, de plats, de recettes, la commensalité faisant de chacun un compagnon de tablée contribuent en effet, le temps d'un repas, au dialogue des cultures. Ainsi, la consommation alimentaire offre-t-elle un espace de construction de l'en commun tout en laissant s'exprimer les différences.
- L'inclusion par la consommation ? : Les salons de coiffure afro en Allemagne comme lieu de transformation socioculturelle - Caroline Schmitt p. 41-48 Par manque de salons spécialisés et de professionnels formés, les femmes noires allemandes ont des difficultés pour se faire coiffer. En pointant une offre de coiffure souvent inadaptée, ces clientes noires dénoncent une discrimination qui pèse sur leur chevelure. Une enquête révèle que leurs expériences d'exclusion, de marginalisation et d'exotisation sont aussi partagées par les gérants de salons afros. Ces derniers entendent sortir de leur niche commerciale, en ne visant plus uniquement une clientèle issue de l'immigration africaine ou aux cheveux afro. Cependant, ils continuent d'affronter les préjugés racialisés au sein de la société allemande.
- Aubervilliers sur Wenzhou, ou la transformation du Grand Paris par les entrepreneurs chinois - Ya-Han Chuang p. 51-58 Situé aux portes de Paris, le quartier de la Haie-Coq à Aubervilliers (93) est devenu en une vingtaine d'années une centre commercial international dédié au commerce de gros et de demi-gros, allant des habits aux chaussures, en passant par les petits accessoires comme les bijoux fantaisies. Créé par des Chinois de Wenzhou, ce véritable carrefour du textile en Europe, a permis de dresser des passerelles diplomatiques et économiques entre la Chine et la ville d'Aubervilliers. Le dialogue entre les associations de commerçants et la municipalité contribue à renouveler la vie au sein de ce quartier, tout en assurant sa position commerciale privilégiée à l'heure du Grand Paris.
- Multiculturelle et « postmigrante » : L'épicerie du coin - Jonathan Everts p. 61-67 Au croisement des études portant sur les parcours migratoires, les implantations commerciales et les processus de gentrification urbaine, les épiceries de quartier offrent un nouveau regard sur la ville. Une enquête portant sur le quotidien de ces commerces de proximité à Stuttgart permet de mieux appréhender leur rôle dans le tissu social. Principalement gérés par des migrants, ces épiceries constituent des espaces de négociations commerciales et culturelles où se confrontent quantité de représentations attachées aux migrants en Allemagne. Ce faisant, elles contribuent à dessiner le visage d'une société postmigratoire.
- La mise en scène de l'authenticité : Stratégies de distinction de restaurants arabe et vietnamien dans le processus de gentrification de la ville de Berlin - Miriam Stock, Antonie Schmiz p. 69-77 À Berlin, les expériences gastronomiques « authentiques » se multiplient dans les quartiers du centre-ville en cours de gentrification. Des falafels orientaux à la cuisine vietnamienne, l'aménagement et la carte de ces restaurants évoluent afin de répondre aux goûts des Berlinois. Jouant avec les représentations exotiques dont les commerces ethniques sont l'objet, cette offre culinaire s'adresse à une clientèle cosmopolite et urbaine, à la recherche d'une cuisine saine et ouverte sur le monde. Ainsi, de nouvelles formes de restauration voient le jour pour proposer une expérience culinaire qui tranche avec les traditionnelles mises en scène folkloriques.
- La culture culinaire en Allemagne de l'Ouest s'est-elle « migrantisée » ? - Maren Möhring p. 79-87 Des années 1950 aux années 1990, les vagues migratoires qui se sont succédées en Allemagne de l'Ouest, en provenance de l'Est et, par la suite, du reste du monde, ont profondément modifié le paysage culinaire germanique. L'histoire de la restauration étrangère permet de documenter la diffusion de nouveaux produits et de nouvelles pratiques dans la société allemande. Les cuisines migrantes offrent accès à des cultures à coup de découvertes gustatives et modifient les regards et les goûts. Cependant, cette diversité de saveurs et de cultures ne cesse pas de déranger les tenants d'une identité et d'une culture à la fixité fantasmée.
- Black Beauty : Jeux de frontières, mises en scène de soi et cosmopolitisme par le bas à Paris et Berlin - Virginie Silhouette-Dercourt p. 89-95 S'intéresser à la consommation de cosmétiques des femmes noires et métissées à Paris et à Berlin, c'est plonger au cœur de deux sociétés et de deux histoires migratoires, coloniales et postcoloniales. C'est s'interroger sur la présence (ou non) de modèles de beauté « de couleur » dans les médias nationaux, sur la disponibilité (ou non) d'une offre commerciale dédiée à cette beauté qui aurait pignon sur rue. En contrepoint, l'étude des pratiques du quotidien des femmes concernées permet d'analyser leurs mises en récit de soi. Aussi, la black beauty n'en finit-elle pas de bousculer les marchés pour affirmer sa place dans la ville et pour lutter contre les catégorisations sociales dont elle fait l'objet.
- Vers de nouvelles formes d'institutionnalisation des cultures matérielles immigrées ? : Le cas de la Galerie des dons du Musée national de l'histoire de l'immigration (Paris) - Muriel Flicoteaux p. 97-103 Ouvert en 2007 au Palais de la Porte Dorée, le Musée national de l'histoire de l'immigration est doté d'un espace muséal symbolique de l'institution : la Galerie des dons. Destinée à exposer des objets donnés au Musée par des hommes et des femmes soucieux de transmettre la mémoire migratoire de leur famille, cette galerie questionne les modes d'institutionnalisation traditionnels du patrimoine de l'immigration. Fondé sur un système de convention participatif, ce dispositif singulier de médiation permet de renouveler les processus d'institutionnalisation et de patrimonialisation des cultures matérielles immigrées en les faisant passer de l'héritage familial au patrimoine national.
Chroniques
- Jérusalem, ville partagée ? : Entretien avec Vincent Lemire, historien, université Paris-Est/Marne-la-Vallée - Marie Poinsot, Nicolas Treiber p. 106-113
- Les migrations internationales et leurs effets - Amal Miftah p. 114-120
- Les étrangers et les Italiens en Seine-Saint-Denis : Un recueil de données par les archivistes du département sur le recensement de 1931 - Pierre-Jacques Derainne p. 122-125
- Le concours Miss et Mister Sénégal-Mali aux Docks de Paris : Entre fête culturelle et réinvention des canons de beauté - Ousseynou Saidou Sy, Virginie Silhouette-Dercourt p. 126-135
- Italiennes : un film documentaire sur l'immigration au féminin - Silvia Staderoli p. 136-138
- Vive le modèle allemand - Mustapha Harzoune p. 139-142
- « Je raconte mon histoire… et c'est l'histoire de tout le monde » : Entretien avec Matias Chebel de la Compagnie Zumbó - Marie Poinsot p. 143-147
- E-passeur.com, spectacle d'anticipation sur les migrations : Entretien avec Sedef Ecer, auteure et metteuse en scène de la pièce - Marie Poinsot p. 148-153
- Tatiana Lambolez, Altan Art - François Bensignor p. 154-158 Altan Art est l'une des rares agences de production et de diffusion de spectacles, qui se consacre en France à la scène musicale traditionnelle de Sibérie orientale, et particulièrement aux artistes de Bouriatie. Elle représente aussi des artistes de l'aire culturelle mongole : Touva, Mongolie et Mongolie intérieure. Depuis 2003, sa directrice Tatiana Lambolez, d'origine bouriate et installée en France en 1996, cultive avec constance et conviction cette spécificité. Passionnée de culture française, elle déploie tous ses efforts pour faire connaître et partager la richesse artistique et musicale de sa propre culture et celle des peuples autochtones de Sibérie, dont les traditions culturelles sont aujourd'hui menacées de disparition.
- Des figues en Avril : Film français, 2017, de Nadir Dendoune - Anaïs Vincent p. 159
- Yves promise : Film allemand, 2017, de Melanie Gärtner - Anaïs Vincent p. 160
- Littérature, exil et migration - Alexis Nous
- Slimane Zeghidour, Sors, la route t'attend. Mon village en Kabylie, 1954-1962 : Paris, Les Arènes, 2017, 290 p., 20 €. - Mustapha Harzoune p. 165-166
- Alice Zeniter, L'Art de perdre : Paris, Flammarion 2017, 506 p., 22 €. - Mustapha Harzoune p. 166-167
- Tassadit Imache, Des cœurs lents : Marseille, Agone 2017, 183 p., 16 €. - Mustapha Harzoune p. 168-169
- Victor Schœlcher, Journal de voyage en Égypte (1844) : Paris, Mercure de France, 2017, 442 p., 8,90 €. - Mustapha Harzoune p. 169-170