Contenu du sommaire : Histoire et dynamique industrielle : faits, idées et théories

Revue Revue d'économie industrielle Mir@bel
Numéro no 160, 4ème trimestre 2017
Titre du numéro Histoire et dynamique industrielle : faits, idées et théories
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • ‪Histoire et dynamique industrielle : faits, idées et théories‪ - Richard Arena p. 11-22 accès libre
  • ‪Legal vs. economic explanations of the rise in bankruptcies in 19th century France‪ - Pierre-Cyrille Hautcoeur, Nadine Levratto p. 23-45 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Ce texte cherche à expliquer l'évolution du nombre de faillites au cours de la seconde partie du XIXe siècle et le début du XXe. Il propose une explication qui reprend les évolutions de la loi mais introduit également une dimension spatiale. On constate en effet que le tribunal de commerce de la Seine est moins « sévère » que les tribunaux de province et que ses pratiques se diffusent vers les autres régions jusqu'à la réforme de 1889 qui introduit la liquidation judiciaire. Au total, il apparaît que l'évolution des textes légaux est loin d'expliquer l'évolution des faillites. Les pratiques locales, les usages de la loi par les acteurs de la justice et les transformations des entreprises constituent également des déterminants importants.
    This paper aims at explaining the changes in the number of bankruptcies during the second part of the 19th century and the beginning of the 20th. We firstly study these changes in the perspective of the evolution of the French insolvency law; we then introduce a geographic dimension that we show to be very relevant. We indeed observe that the court of the Paris district is more tolerant than the others; however, this kind of use of the law will spread in the other courts until the reform in 1889 that creates the judicial liquidation. The spatial analysis permits us to show that the changes in the law do not explain the total variations of the total amount of bankruptcies. The local practices, the way judicial agents act and the changes in the firms' strategies are also essential in the explanation.
  • ‪La Bourse de Lyon et les autres. Une première évaluation de la géographie des marchés financiers français au XIXe siècle‪ - Jérémy Ducros, Angelo Riva p. 47-83 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article vise à jeter les bases d'une histoire comparée des places boursières françaises. Il montre que la géographie des marchés financiers demeure relativement stable entre 1871 et 1913 : si l'on se fonde sur le nombre d'entreprises domestiques cotées, le développement de Paris ne s'est en effet pas fait au détriment des bourses régionales, au sein desquelles Lyon acquiert un rôle prépondérant en doublant son poids à la fois sur les plans national et régional. La relative stabilité des relations entre Paris et la province et l'essor lyonnais sont le résultat d'une dynamique institutionnelle façonnée par les relations de concurrence entre places et les changements dans la régulation des bourses. Cette dynamique empêche la centralisation des émetteurs sur le marché dominant, la Bourse de Paris, comme prédit par la littérature théorique dominante.

    ‪This article aims to lay the foundations for a comparative history of French stock exchanges. It shows that the geography of the financial markets remained relatively stable between 1871 and 1913: based on the number of domestic listed companies, the development of Paris was not at the expense of regional stock markets, where Lyon acquired a leading role by doubling its weight both nationally and regionally. The relative stability of relations between Paris and the province and Lyon's boom were the result of an institutional dynamic shaped by the competitive relations between financial centers and changes in the regulation of stock exchanges. This dynamic prevented the centralization of issuers in the dominant market, the Paris Stock Exchange, as predicted by the main theoretical literature.‪
  • ‪Le financement des entreprises industrielles par leurs actionnaires : étude empirique d'un corpus de sociétés lyonnaises (1921-1953)‪ - Hervé Joly p. 85-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Qu'apportent les actionnaires au financement d'une entreprise ? Quel ratio s'établit entre les dividendes versés et les souscriptions d'actions en numéraires ? Que change le fait qu'une entreprise fasse appel au public, que ses actions soient cotées en bourse ? Une étude systématique des déclarations de souscription des sociétés par actions exploitant 150 entreprises industrielles ayant eu leur siège dans l'arrondissement de Lyon dans la période 1921-1953 apporte des réponses inédites. Les résultats présentent un fort caractère conjoncturel : ce n'est que dans les périodes de prospérité que les émissions publiques sont possibles, et peuvent alors, comme dans les années 1920, contribuer à la croissance spectaculaire de certaines entreprises. L'introduction en bourse qui suit sert souvent moins à apporter de nouveaux capitaux qu'à rendre le capital plus liquide pour les nouveaux actionnaires.

    ‪What do shareholders contribute to the financing of an enterprise? What is the ratio between the dividends distributed and the subscriptions of shares in cash? What do public offerings and flotations on the stock exchange change? A systematic study of the subscriptions of joint stock companies operating 150 industrial firms with registered offices in the district of Lyon during the period between 1921 and 1953 provides new answers to these questions. The results are strongly dependent on economic trends: public offerings are only possible in booming phases and are then, like in the 1920s, able to contribute to the spectacular growth of some enterprises. The ensuing flotation on the stock exchange is mostly dedicated more to increasing the liquidity of the capital for the new shareholders than it is to bringing in new capital.‪
  • ‪Beyond “austerity vs. expansion”: Elements for a structural theory of liquidity policy‪ - Ivano Cardinale, Roberto Scazzieri p. 107-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les dernières années ont été marquées par une discussion soutenue, souvent peu concluante, entre deux points de vue opposés de la politique économique. Les économistes principalement préoccupés par les fluctuations économiques associées aux pressions inflationnistes, aux bulles de crédit et aux faillites, se sont orientés vers des « politiques d'austérité », considérées comme des moyens de restaurer la confiance et de rendre les décisions d'investissement attractives. D'un autre côté, d'autres économistes préoccupés par les pressions déflationnistes, les pénuries de liquidité et le chômage se sont orientés vers des politiques expansionnistes vouées à susciter un cercle vertueux de confiance des consommateurs et des investisseurs, entraînant des dépenses globales plus élevées et une croissance auto-entretenue. Cet article soutient qu'un changement conceptuel est nécessaire pour fournir une explication adéquate des fluctuations dans une économie industrielle moderne et proposer des orientations efficaces pour la politique de stabilisation et de croissance à court et à moyen terme. L'article attire l'attention sur la théorie structurelle des fluctuations économiques et des crises formulées au tournant du XXe siècle et suggère que cette théorie fournit les éléments conceptuels nécessaires pour surmonter la dichotomie micro-macro et comprendre les modèles de réaction différenciés aux chocs caractérisant les économies industrielles. L'article jette les bases des discussions ultérieures en soulignant le rôle central des niveaux d'agrégation et des interdépendances sectorielles en tant que mécanisme générateur des relations macroéconomiques. Il examine ensuite les asymétries structurelles caractérisant la dynamique économique, ainsi que les opportunités et les contraintes de la politique économique qui en découlent. L'article se termine par la présentation des éléments d'une théorie structurelle de la politique de la liquidité et de ses implications pour la relation entre l'austérité et la stimulation en tant que moyens de stabilisation.

    ‪Recent years have witnessed a sustained, and often inconclusive, discussion between two opposing views of economic policy. Economists primarily concerned with the economic disruption associated with inflationary pressures, credit bubbles, and bankruptcies have leaned toward “austerity policies,” seen as ways to restore confidence and to make investment decisions attractive. On the other hand, economists concerned with deflationary pressures, liquidity shortages, and unemployment have leaned toward expansionary policies seen as ways to rescue the economy from the slump, and to trigger a virtuous circle of boosted consumer and investor confidence, higher aggregate expenditure, and self-sustained growth.
    This paper argues that a conceptual shift is necessary in order to provide an adequate explanation of the upswings and downswings of a modern industrial economy, and effective guidance to short- and medium-term stabilization and growth policy. It draws attention to the structural theory of economic fluctuations and crises formulated at the turn of the twentieth century and suggests that this theory provides the conceptual building blocks needed to overcome the micro-macro dichotomy and to understand the differentiated reaction patterns characterizing industrial economies facing shocks, be they externally or internally created. The paper lays the foundations for the subsequent discussion by outlining the central role of levels of aggregation and sectoral interdependencies as the generating mechanism of macroeconomic relationships. It then examines the structural asymmetries characterizing economic dynamics and the opportunities and constraints for economic policy that derive from those asymmetries. The paper closes by outlining a structural theory of liquidity policy and its implications for the relationship between austerity and expansion as means toward stabilization and growth.‪
  • ‪An initial step in the early stages of business cycle theories: The contribution of T. Veblen‪ - Véronique Dutraive p. 137-156 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le but de cet article est d'évaluer la conception des cycles économiques de T. Veblen et de déterminer les types de théories qui la fondent. La première section souligne la dimension institutionnelle sous-jacente à la théorie de Veblen. La deuxième section présente cette conception du cycle économique et des crises. La troisième section s'attache à déterminer si cette conception du cycle économique peut être classée comme exogène ou endogène, et si les fluctuations considérées sont monétaires ou réelles. La section finale proposera une interprétation mettant en évidence les mécanismes évolutifs et dynamiques en suggérant une comparaison avec certains modèles contemporains multi-agents simulant les crises financières.

    ‪The purpose of this paper is to evaluate Veblen's theory of business cycles and to examine the actual type of theory being put forward. The first section offers an understanding that emphasizes the institutional dimension underlying Veblen's theory. The second section presents the business cycle and crises according to Veblen. The third section focuses on determining whether his conception of the business cycle can be classified as exogenous or endogenous, and whether the fluctuations considered are monetary or real. The final section proposes an interpretation highlighting the evolutionary and dynamic mechanisms with connections with some contemporary multi-agent mode‪ls simulating financial crises.