Contenu du sommaire : Les deux Allemagnes dans la Guerre froide

Revue Guerres mondiales et conflits contemporains Mir@bel
Numéro no 210, 2003/2
Titre du numéro Les deux Allemagnes dans la Guerre froide
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Chantal Metzger p. 3-6 accès libre
  • L'Allemagne entre l'Est et l'Ouest : les relations germano-soviétiques au prisme de Rapallo : 1945-1991 - Cyril Buffet p. 7-18 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'allemagne entre l'est et l'ouest : les relations germano-soviétiques au prisme de Rapallo. Depuis 1922, toute esquisse de rapprochement soviéto-allemand est souvent perçue comme une résurgence de Rapallo. Rapallo est un puissant mythe international qui cristallise les représentations des Allemands, des Russes, des Français. Durant la guerre froide, l'Allemagne s'interroge sur la manière de rétablir son unité qui dépend en partie de l'URSS. De son côté, l'Union soviétique se sert de Rapallo comme modèle de « coexistence pacifique » entre systèmes opposés. La France redoute, elle, toute entente germano-soviétique perçue comme facteur de déstabilisation de l'ordre européen. Rapallo rejaillit tout particulièrement lors de la controverse sur le réarmement allemand et au moment de l'Ostpolitik. Le mythe imprègne fortement les consciences des diplomates et des politiques, ainsi que celles des journalistes et des historiens de part et d'autre du « rideau de fer ».
    Germany, between East and West: German-Soviet Relations in the Light of the Rapallo Issue Ever since 1922, any tentative German-Soviet rapprochement is often perceived as a new Rapallo. Rapallo is a potent international myth which took shape in German, Russian and French thinking. During the Cold War, Germany reflected on the way in which it could regain its unity, which to a crucial extent depended on the Soviet Union. The USSR used Rapallo as a model of « peaceful coexistence » between opposing systems. France, on the other hand, was suspicious of any German-Soviet understanding which she perceived as a destabilizing factor of the European order. Rapallo raised its head particularly during the debate about German rearmament and at the time of the Ostpolitik. The myth was firmly impressed upon the imagination of diplomats, politicians, journalists and historians, on both sides of the « Iron Curtain ».
  • Églises et retour au statu quo en Allemagne occidentale : (1945-1949) - Annie Lacroix-Riz p. 19-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Églises et retour au statu quo en Allemagne occidentale. Les Alliés occidentaux, soucieux de rétablir dans l'Allemagne vaincue le statu quo après la Seconde Guerre mondiale comme après la Première, s'appuyèrent dès les débuts de leur occupation, en vertu d'une politique fixée dès la guerre, sur les forces cléricales, qu'ils savaient profondément nazifiées. Directement en charge de la question, les Anglo-Saxons imposèrent aux protestants des déclarations de repentir dont le pasteur Niemöller fut chargé. Les catholiques, remis à la seule autorité du Vatican, furent dispensés de cette épreuve jugée humiliante. La France reprit sa politique « catholique » d'après 1918 qui avait fait fiasco. Les priorités antisoviétiques alléguées gommèrent les différences entre les deux confessions depuis l'été 1945 et épiscopats protestant et catholique surenchérirent dans la défense du peuple allemand victime de l'occupation et de la dénazification des Alliés.
    Églises et retour au statu quo en Allemagne occidentale
    The Western Allies wanted defeated Germany to return to normalcy after the Second World War in the same way as after the First. After planning this policy during the war, they supported clerical forces from the beginning of their Occupation, even though they knew full well how nazified they had been since 1933. Directly commissioned to manage Protestant affairs, the Anglo-Americans compelled German Protestants to express their remorse. Catholics, left under the authority of the Holy See, were not subject to this painful humiliation. France returned to its old Catholic policy, though it had proved a failure. Anti-Soviet priorities soon erased the differences between the two denominations. From summer 1945, Protestant and Catholic bishops vied in lamenting the fate of the German people, the alleged victim of Allied occupation and denazification.
  • L'insurrection du 17 juin 1953 à Berlin-est : un défi pour la politique allemande de la France - Ulrich Pfeil p. 47-63 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'insurrection du 17 juin 1953 à Berlin-est : un défi pour la politique allemande de la France. Comme un coup de tonnerre dans un ciel d'été », c'est ainsi que la nouvelle des événements des 16-17 juin 1953 fut reçue par le haut-commissaire André François-Poncet. Cet effet de surprise devait globalement déterminer les réactions françaises à ce soulèvement, lancé par les ouvriers de la « Stalin-Allee » et qui se répandit dans toute la RDA au cours des vingt-quatre heures suivantes. Replacer cet événement dans le contexte des relations internationales donne de nouvelles clés pour comprendre les processus internes et les modes de représentations en œuvre dans la politique extérieure, et en l'occurrence allemande, de la France au moment de la guerre froide, et met en lumière la relation entre la puissance d'occupation et la population de l'Allemagne, et plus particulièrement du Berlin divisé(e).
    L'insurrection du 17 juin 1953 à Berlin-est : un défi pour la politique allemande de la France
    The news of the events of 16-17 June reached the French High Commissioner, André François-Poncet, « like a thunderbolt in a summer sky ». This moment of surprise characterised French reactions to this uprising, which started among the workers on the Stalin-Allee and spread to the whole of the GDR within 24 hours. Situating the uprising in the context of international relations paves the way for new conclusions regarding the processes and objectives of French policy toward Germany in the context of the Cold War and sheds some light on the relationship between the occupying powers and the people of divided Germany and divided Berlin.
  • Des femmes dans les mouvements pacifistes en Allemagne fédérale (1979-1983) : Pour quelle paix ? Contre quelle guerre ? - Marianne Walle p. 65-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Des femmes dans les mouvements pacifistes en Allemagne fédérale (1979-1983) Entre 1979 et 1983, les deux Allemagnes ont vu sur leur territoire respectif le déploiement d'un arsenal considérable d'armes conventionnelles et d'armes nucléaires dans la course aux armements États-Unis/URSS. Le présent article est une brève analyse du contenu et de la portée des mouvements pacifistes en Allemagne fédérale, largement soutenus par un grand nombre d'intellectuels, par les Églises (notamment l'Église protestante), les Verts, des députés social-démocrates, des mouvements de femmes ; ces dernières protestèrent également contre un éventuel enrôlement dans la Bundeswehr. Les manifestations et les prières pour la paix furent importantes et nombreuses, mais très différentes des manifestations initiées et soutenues par le gouvernement de l'ex-RDA. Nous tenterons de voir de quels moyens spécifiques disposaient les femmes pour lutter contre le surarmement de leur pays, tels que des camps de résistance, des sit-in à proximité des bases de l'OTAN et des campagnes d'information.
    Des femmes dans les mouvements pacifistes en Allemagne fédérale (1979-1983) Between 1979 and 1983, during the US-Soviet arms race, the two German States had seen on their respective territory the deployment of a considerable arsenal of conventional and nuclear weapons. This article is a short analysis of the content and importance of the pacifist movements in the Federal Republic of Germany, widely supported by the intelligentsia, the Churches (particularly the Protestant Church), the Green Party, many Bundestag members of the Social-Democratic Party and women's movements which protested also against the possible enlistment of women in the Bundeswehr. The demonstrations and prayers for peace were important, numerous, but very different from those in the German Democratic Republic, which were organized and supported by the government. We try to see in what specific ways women could resist the overarming of their country, such as resistance camps, sit-ins near NATO air bases, and information campaigns.
  • La Guinée et les deux Allemagnes - André Lewin p. 77-99 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Guinée et les deux Allemagnes. La compétition pour leur statut diplomatique menée par les deux États allemands, République fédérale d'Allemagne et République démocratique allemande, pendant toutes les années de la guerre froide, est l'un des éléments-clé de cette période. Au nom de la doctrine Hallstein, Bonn voulait être le seul représentant du peuple allemand, jusqu'à ce que l'Ost-Politik de Willy Brandt y introduise un peu de souplesse et de réalisme ; l'Allemagne de l'Est au contraire luttait pour se faire reconnaître pleinement aux côtés de l'Allemagne occidentale. Après son indépendance en 1958, la Guinée de Sékou Touré fut l'un des terrains où cette rivalité fut la plus vive et la plus intéressante. La présente chronique présente les deux phases de cette double relation : quinze années de confrontations, avec des hauts et des bas pour les deux parties ; suivies de quinze années de coexistence plus ou moins pacifique.
    La Guinée et les deux Allemagnes
    The competition over their diplomatic status waged by the two German States, the Federal Republic of Germany and the German Democratic Republic, throughout the entire Cold War is one of the key elements of this period. In the name of the Hallstein Doctrine, Bonn wanted to be the sole representative of the German people, until Willy Brandt's Ost-Politik introduced a little flexibility and realism ; East Germany, on the other hand, strove to win full recognition beside West Germany. After its independence in 1958, Sékou Touré's Guinea was one of the terrains where this revalry was strongest and of greatest interest. This article presents the two phases of this double relationship : fifteen years of confrontation, with ups and downs for the two sides, followed by fifteen years of more or less peaceful coexistence.
  • Les prévôtés vues par les Poilus - Yann Galera p. 101-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les prévôtés vues par les Poilus. L'image que les poilus renvoient des gendarmes prévôtaux participe de l'élaboration d'une identité de groupe. La satire de la gendarmerie, faite au travers des journaux de tranchées, est ainsi tolérée au front par un état-major soucieux de fédérer ses troupes. Cette presse spécifique et les témoignages littéraires diffusés dans l'après-guerre pérennisent l'image d'un gendarme volontiers embusqué, profiteur et tatillon. Ses missions contrariant le poilu dans son temps libre, la silhouette de « Pandore » devient fortement crainte et détestée à mesure que le conflit s'éternise. L'identification des prévôtés au camp ennemi, au peloton d'exécution et l'amertume des combattants, perceptibles jusque dans l'entre-deux-guerres, témoignent de l'impopularité de toute une institution.
    Les prévôtés vues par les Poilus
    During the First World War, the image of military police, as seen by the troops, forms part of the creation of a group identity. Thus, the satire of the « gendarmerie », produced in trench newspapers is tolerated at the front by a general staff which is anxious to federate its troops. This specific press and the literary testimonies spread during the postwar years perpetuate the picture of an opportunistic and finical military police force, happy to be absent from the front. As the assignments of the military police frustrate the combat soldier during his leisure time, they become strongly feared and hated as the conflict drags on. The identification of the military police with the enemy or with the firing squad, and the soldier's bitterness, which are perceptible into the interwar period, bear witness to the unpopularity of a whole institution.
  • Les dangers du sport et de l'éducation physique. : Une évaluation des forces allemandes par le Deuxième Bureau français (1919-1928) - Andrew Barros p. 113-123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les dangers du sport et de l'éducation physique.L'expérience de la Première Guerre mondiale se traduisit chez les Français notamment par leur souci d'étudier la puissance militaire allemande durant les années 1920. Après la guerre, le « potentiel de guerre » d'un pays incluait des facteurs aussi importants mais difficiles à évaluer que l'unité et la cohésion nationales. Dans ce nouveau contexte, les sports organisés furent considérés comme un indicateur supplémentaire des intentions militaires et du potentiel de guerre d'un pays. Le Deuxième Bureau français a commencé à prendre en compte les efforts de l'Allemagne visant à promouvoir les sports et l'éducation physique dans son analyse du revanchisme allemand et de son potentiel militaire. Les résultats de leur investigation s'avérèrent d'autant plus inquiétants que la comparaison avec la situation en France leur était défavorable.
    Les dangers du sport et de l'éducation physique.
    The French experience in the First World War can be seen in the « lessons » they applied to studying German military strength in the 1920s. After the First World War a country's « war potential » included important but hard-to-calculate factors such as national unity and cohesion. In this new context organized sports became an important indicator of a country's intentions and war potential. French intelligence began to include Germany's efforts to promote sports and physical education as part of its analysis of German revanchism and potential for war. Their disturbing results were made even worse by what was seen as the apathetic situation in France.
  • La présence militaire américaine au Maroc, 1945-1963 - El-Mostafa Azzou p. 125-132 accès libre
  • Comptes rendus - p. 133-142 accès libre