Contenu du sommaire : Le Canada, la France et le monde

Revue Guerres mondiales et conflits contemporains Mir@bel
Numéro no 223, 2006/3
Titre du numéro Le Canada, la France et le monde
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Serge Bernier p. 3-4 accès libre
  • De l'alliance sans lendemain au « Vive le Québec libre ! ». : De Gaulle et le Canada, 1945-1967 - Frédéric Bastien p. 5-15 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    De l'alliance sans lendemain au « Vive le Québec libre ! ». Après le traité de Paris de 1763, pendant presque un siècle il y a peu d'échanges entre les deux communautés, même si les Canadiens n'oublient pas leur ancienne patrie. Suite à la défaite française de 1871 contre l'Allemagne, certains Français redécouvrent un peu le Canada français. C'est au cours de cette période que naît Charles de Gaulle. Issu d'une famille conservatrice dont le père enseigne l'histoire, le jeune de Gaulle est très tôt exposé à l'histoire du Canada. Dès 1940, il se tourne vers les Canadiens français pour leur lancer un appel à l'aide ; en vain. Ces derniers sont au départ favorables à Pétain, mais ils finissent par se ranger derrière le Général, celui-ci recevant tout au long de la guerre l'appui d'Ottawa et du Canada anglophone. En 1960, après son retour au pouvoir, de Gaulle effectue une troisième visite au Canada. Il en conclut que la France a peu de chose à attendre du Canada anglais. Elle doit désormais aider le Canada français dans son effort d'affranchissement, quelles qu'en soient les conséquences pour les relations avec Ottawa.
    De l'alliance sans lendemain au « Vive le Québec libre ! ». The Treaty of Paris in 1763 marked the end of French sovereignty over Canada. Relations between the two communities were scarce during the century that followed. But with the defeat by Germany in 1871, some people in France rediscovered something of their former colony. Charles de Gaulle was born during that period. His father was a professor of history and de Gaulle was soon taught Canadian history. Following the disaster that befell France in 1940, he appealed to French Canadians for help. They were favourable to Pétain at the beginning but they finally rallied behind the General for the rest of the war. Anglophone Canada and the Federal Government supported de Gaulle from the beginning. In 1960, after his return to power, the French President paid a third visit to Canada and came to the conclusion that there was little to expect from English Canada. France had to support Quebec in its bid for emancipation, whatever the consequences for Franco-Canadian relations.
  • Le Canada, les canadiens et la guerre d'Indochine : quelques intérêts communs ? - Magali Deleuze p. 17-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le Canada, les canadiens et la guerre d'Indochine : quelques intérêts communs ?La naissance de la politique étrangère canadienne dans l'après-Seconde Guerre mondiale arrive à point pour relancer l'intérêt des Canadiens pour la France dans les années 1950. Les soubresauts coloniaux de la IVe République inquiètent le Canada et la guerre d'Indochine constitue le premier conflit de l'après-guerre dans lequel la nouvelle équipe du ministère des Affaires étrangères canadien fera son apprentissage diplomatique. Le Canada rebâtit alors les bases de ses relations avec la France qui constituent un mélange de non-indifférence et de non-ingérence. La reconnaissance des nouveaux États associés d'Indochine, l'aide matérielle militaire à la France et le soutien de l'opinion publique canadienne à la lutte au communisme sont au cœur de la nouvelle politique franco-canadienne. Cette politique est cependant à double tranchant : d'une part, prétendre jouer le rôle d'une nouvelle moyenne puissance, mais, d'autre part, mettre les pieds dans le dangereux piège indochinois.
    Le Canada, les canadiens et la guerre d'Indochine : quelques intérêts communs ?
    The birth of Canadian foreign policy after the Second World War seemed to be the perfect moment for Canada in the 1950s to rekindle its interest in France. The colonial problems of the French Fourth Republic were a worry to Canada, and the First Indochina War provided the new Canadian External Affairs team with its first opportunity to involve itself in diplomacy. Canada was able to rebuild its relations with France upon a combination of two policies : « non-indifference » and « non-interference ». The basis for this foreign policy was Canada's recognition of the new Associated States of Indochina, its support of French military operations in South East Asia through the Mutual Aid Programme, and the help of a Canadian public that supported the fight against communism. However, this policy was a double-edged sword. On the one hand, Canada wanted to project itself as a new middle-sized power without great power responsibilities, and, on the other hand, the nation's leaders wanted to avoid any entanglements in Indochina.
  • La relation Québec-Paris-Ottawa et la création de l'organisation internationale de la francophonie (1960-2005) - Stéphane Paquin p. 31-47 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La relation Québec-Paris-Ottawa et la création de l'organisation internationale de la francophonie (1960-2005)C'est en 1880 que le géographe français Onésime Reclus invente le terme « francophonie », mais il faudra attendre 1986, soit cent six ans plus tard, pour que se tienne le premier Sommet de la Francophonie. Ces rencontres de pays de la Francophonie avaient été souhaitées depuis les années 1960 par le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, par le président de la Tunisie, Habib Bourguiba, et le président du Niger, Hamani Diori. La création de l'Organisation internationale de la Francophonie sera une victime collatérale des relations politiques difficiles entre le gouvernement du Québec et d'Ottawa depuis la Révolution tranquille. Cet article retrace ici l'historique de la relation triangulaire Paris-Québec-Ottawa de la mise sur pied de l'Agence de coopération culturelle et technique à l'entente Mulroney-Johnson de 1985 qui permet au Québec de devenir un acteur décisionnel lors des sommets.
    La relation Québec-Paris-Ottawa et la création de l'organisation internationale de la francophonie (1960-2005)The French geographer Onésime Reclus invented the term « francophonie » in 1880, but it was only in 1986, a century later, that the first Francophone Summit was held. These gatherings of French-speaking countries had been desired since the 1960s by the President of Senegal, Léopold Sédar Senghor, by the President of Tunisia, Habib Bourguiba, and by the President of Niger, Hamani Diori. The founding of the Organisation internationale de la Francophonie fell victim during the Quiet Revolution to the strained political relations between the governments of Quebec and Ottawa. This article retraces the history of the Paris-Quebec-Ottawa triangular relationship from the establishment of the Agence de coopération culturelle et technique to the Mulroney-Johnson agreement of 1985 which allowed Quebec during the Summits to become a decision-making party.
  • L'aide au développement et les relations entre le Canada et la France dans les années 1960 et 1970 - Robin S. Gendron p. 49-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'aide au développement et les relations entre le Canada et la France dans les années 1960 et 1970Alors que l'état des relations franco-canadiennes se détériorait entre 1960 et 1965, l'aide au développement des pays francophones africains semblait offrir une occasion de démontrer que, au fond, les liens entre les deux pays étaient solides. Cependant, au fil des années 1960, les deux gouvernements se sont rendu compte qu'il leur était impossible de coopérer de façon constructive dans ce domaine. Une défiance mutuelle caractérisait leurs rapports, en particulier en ce qui touchait la nature de la Francophonie en émergence et de la place qu'y occuperait le Québec. Les difficultés de cette période renforcèrent la tendance des deux pays à subordonner leurs programmes d'aide à la poursuite de leurs propres intérêts, aux dépens, à long terme, de programmes d'aide plus efficients et efficaces pour les pays en développement.
    L'aide au développement et les relations entre le Canada et la France dans les années 1960 et 1970As relations between the Canadian and French Governments worsened in the early-to-mid 1960s, cooperating on aid for the French-speaking countries of Africa seemed to offer the two governments the opportunity to demonstrate that Franco-Canadian relations remained fundamentally sound. Yet as the 1960s progressed, the two governments found it impossible to cooperate meaningfully on aid for French Africa, a reflection of the mutual suspicions that characterised their relationship in this period, particularly over the question of the nature of the emerging francophonie and the inclusion therein of the province of Quebec. Overall, the experience of this period reinforced the tendency for both Canada and France to subordinate their aid policies to the pursuit of parochial national interests at the expense, in the long-term, of more efficient and effective programmes of aid for the world's developing countries.
  • Regards officiels canadiens sur la politique étrangère de la France gaullienne, 1963-1969 - Samir Saul p. 69-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Regards officiels canadiens sur la politique étrangère de la France gaullienne, 1963-1969Les politiques étrangères du Canada et de la France ont peu de similitudes durant les années 1960. L'approche multilatérale, « intégrationniste » et supranationale canadienne et celle fondée sur la primauté des relations bilatérales, du fait national et de l'État-nation, que promeut de Gaulle, sont foncièrement discordantes. L'écart qui sépare les deux pays rend d'autant plus significatif le regard que le Canada officiel porte sur une politique étrangère aussi différente de la sienne. Les milieux officiels canadiens sont bien renseignés sur les fondements et la substance de la politique étrangère de la France gaullienne. Leur attitude est dépassionnée, souvent compréhensive, à son égard. Malgré les dissonances, le Canada doit avoir des rapports convenables avec la France car celle-ci est devenue un sujet de politique intérieure canadienne.
    Regards officiels canadiens sur la politique étrangère de la France gaullienne, 1963-1969The foreign policies of Canada and of France had few similarities during the 1960s. The multilateral, « integrationist » and supranational approach favoured by Canada and the approach based on the primacy of bilateral relations, the nation and the nation-state which de Gaulle promoted were basically at odds. Official Canadian views about a foreign policy so different from Canada's are therefore all the more significant. Canadian authorities were well informed about the basis and the substance of the foreign policy of Gaullist France. Their attitude was dispassionate, often understanding. Despite disagreements, Canada had to have correct relations with France because the latter became an issue in internal Canadian politics.
  • Les autorités françaises face aux prisonniers de guerre allemands SS (1944-1948) - Fabien Théofilakis p. 93-107 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les autorités françaises face aux prisonniers de guerre allemands SS (1944-1948)Parmi les 900 000 prisonniers de guerre allemands détenus comme main-d'œuvre, 30 000 - 40 000 d'entre eux sont traités différemment par les autorités. Au sortir de la guerre, les PG « SS et assimilés » incarnent la barbarie nazie et son rejet unanime. Leur captivité en France s'inscrit donc dans la politique française de répression des criminels de guerre. Cependant, les autorités vont être contraintes d'infléchir leur position dans la gestion de ces captifs. Le contexte judiciaire européen, la position du Comité international de la Croix-Rouge et le déficit en main-d'œuvre de la France obligent les autorités à assouplir la dénazification des prisonniers SS et à les mettre progressivement au travail comme une main-d'œuvre ordinaire.
    Les autorités françaises face aux prisonniers de guerre allemands SS (1944-1948)Among the 900,000 German POWs who were kept as labourers, 30-40,000 would be treated differently by the French authorities. At the end of the war, the « SS and related » prisoners were seen as the embodiment of Nazi barbarism. Holding them captive in France was part also of the French policy of prosecuting war criminals. Nevertheless, the French authorities would be forced to change their position in the handling of these special prisoners. The European judicial context, the policy of the International Committee of the Red Cross and the French labour deficit obliged the authorities to adopt a much less strict practice in the denazification of the SS POWS and they gradually came to use them as ordinary labourers.
  • Les indigènes nord-africains prisonniers de guerre (1940-1945) - Belkacem Recham p. 109-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les indigènes nord-africains prisonniers de guerre (1940-1945)Les indigènes nord-africains prisonniers chez les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale étaient détenus pour la majorité en France dans la partie occupée. Ils provenaient des divisions nord-africaines engagées dans la bataille de mai-juin 1940. D'abord détenus avec tous les prisonniers capturés après la débâcle, ils ne tardèrent pas à en être séparés, les Allemands ayant décidé de transférer outre-Rhin les prisonniers français de souche européenne. Estimés à quelque 80 000 au début de la détention, prisonniers coloniaux compris, leur nombre ne cessa de décroître pour n'être au moment de la Libération que quelque 40 000. Une partie fut libérée par les Allemands après accord avec le gouvernement de Vichy. Il y eut aussi de nombreuses évasions, mais une bonne partie d'entre eux périt dans les camps, suite aux maladies, notamment la tuberculose qui ravagea les camps Nord-Est. Bien que soumis à une intense propagande de la part des Allemands qui entendaient en faire des soldats ou des espions, ils subissaient un strict régime de détention.
    Les indigènes nord-africains prisonniers de guerre (1940-1945)Native North Africans who were taken prisoner by the Germans in the Second World War were for the most part held in the Occupied Zone of France. They came from the North African divisions which were engaged in the battle of May-June 1940. At first held with all other prisoners captured after the debacle, they were soon separated from the rest once the Germans decided to transfer the metropolitan French prisoners across the Rhine. Estimated at some 80,000 at the beginning of their captivity, they steadily declined in number to the level of some 40,000 at the time of the Liberation. A proportion was liberated by the Germans in accordance with an agreement with the Vichy Government. There were also a number of escapes, but a large proportion perished in the camps as a result of sickness, especially tuberculosis, which spread through camps in the Northeast. Although subjected to an intense campaign by the Germans to enlist them into German ranks or to use them for espionage, they held to a strict code of POW behaviour.
  • La dissuasion nucléaire de la France et l'environnement international - Pascal Drouhaud p. 127-140 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La dissuasion nucléaire de la France et l'environnement internationalRéSUMé. — Les risques d'une prolifération nucléaire constituent la réalité internationale engagée depuis la disparition du système Est-Ouest. L'assurance d'une paix garantie par un système organisé de la terreur dont toute la crédibilité reposait sur l'idée d'une possibilité d'usage en extrême limite, n'est plus.Dans ce contexte, la France a précisé, en janvier 2006, les fondements de sa doctrine fondée sur le concept de la dissuasion nucléaire : prévention et garantie ultime contre toute menace mettant en cause les intérêts vitaux de la Nation. Désormais, l'adaptation d'une réponse graduée à la menace ou à une attaque terroriste s'applique aux États qui soutiendraient des organisations criminelles menaçant directement les intérêts nationaux. La dissuasion a également pour but d'empêcher un État ou des mouvements terroristes de procéder à une agression ou même de la préparer en lui démontrant qu'une telle option serait trop coûteuse en raison des représailles que leurs auteurs encourraient. Elle fait donc appel à la raison des responsables.En France, la dissuasion nucléaire a toujours eu un but unique : celui d'empêcher « la guerre totale comme un moyen politique », comme l'affirmait le Livre blanc de 1972. La dissuasion nucléaire française s'inscrivait, depuis les années 1960, dans la logique « du faible au fort » : les dégâts éventuellement causés à un agresseur seraient sans commune mesure avec l'enjeu. Depuis la chute du mur de Berlin puis de sa disparition, il apparaissait indispensable d'adapter une doctrine à la nouvelle réalité internationale. C'est chose faite depuis le discours du chef de l'État prononcé à L'Île-Longue en janvier 2006.
    La dissuasion nucléaire de la France et l'environnement international
    SUMMARY. — The most important international issue since the end of East-West tensions is the risk of nuclear proliferation. Accordingly, in January 2006, France announced that its nuclear dissuasion doctrine was based on the prevention of proliferation and a totally guaranteed response to any threat to its vital interests. Henceforth, France's response to a threat or an actual terrorist attack would apply to countries harbouring criminal organizations which directly threaten its national interests. The purpose of this doctrine is to dissuade a country or a terrorist organization intent on preparing or carrying out such an attack by showing that the consequent retaliation to such an action would be much too costly to its authors. It is meant to make the people intent on such actions to think twice.Nuclear dissuasion, as stated in the White Book of 1972, has always had a single aim : to prevent « total war as a political means ». Since the 1960s French nuclear dissuasion was based on the concept of « the weak responding to the strong ». The damage inflicted on the aggressor would always be immense. Since the fall of the Berlin Wall it had become imperative to adapt the doctrine to the new international realities. With the President's speech of January 2006 in L'Île-Longue this has now been achieved.
  • Comptes rendus - p. 141-146 accès libre