Contenu du sommaire : La formation d'une identité militaire : les Forces armées du Canada

Revue Guerres mondiales et conflits contemporains Mir@bel
Numéro no 250, 2013/2
Titre du numéro La formation d'une identité militaire : les Forces armées du Canada
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier  : La formation d'une identité militaire  : les Forces armées du Canada

    • Avant-propos - D.C. Hilton p. 3 accès libre
    • Introduction : le Canada et la guerre - Pierre Pahlavi p. 5-6 accès libre
    • La naissance de l'armée canadienne moderne : le corps canadien durant la Grande Guerre de 1914-1918 - Ian McCulloch p. 7-20 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au cours des vingt dernières années, de nombreuses études savantes ont traité du rôle joué par le Corps expéditionnaire canadien (CEC) durant la Première Guerre mondiale. À de rares exceptions près, leur attention a principalement porté sur deux éléments : le premier étant le haut commandement et les relations qu'il avait avec les politiciens et les généraux, le second étant la guerre dans les tranchées. En revanche, l'étude du commandement et du contrôle tactiques a souvent été laissée de côté, peut-être parce qu'elle ne présente pas la charge émotive associée aux deux précédents domaines. En tentant de réparer cette lacune, cette étude vise à démontrer que l'histoire du commandement permet de faire apparaître que les vrais catalyseurs qui ont favorisé l'efficacité tactique du Canada, et qui ont amené la fin des guerres de tranchées de la Grande Guerre, étaient les réorganisations novatrices. Ce faisant, cette étude fait apparaître que c'est dans ce processus évolutif qu'est née l'armée canadienne moderne et professionnelle.
      The lethal environment of the First World War, constantly sustained by emerging technologies as well as improved techniques for older existing technologies, demanded rapid evolutionary adaptation in order for Allied troops to survive. The Canadian way of waging war and its command and control process that subsequently evolved were driven by the innovative reorganisations that took place in the Canadian Corps command system between 1916 and 1918 and the development of command techniques and applications that recognised the limitations of technology and worked around them. This article argues that improvements in training, doctrine and organization were implemented successfully, not by the fighting men of the Canadian Corps, but by its commanders, who in turn were served admirably by their staff. The result was an elite and highly professional fighting formation of which all Canadians can be justifiably proud and which subsequently formed the foundation of the modern Canadian Army.
    • L'expérience canadienne de la Seconde Guerre mondiale - Richard Goette, LCol Paul Johnston p. 21-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La Seconde Guerre mondiale a été une expérience « totale » de façon infamante, le Canada n'y ayant pas fait exception. Bien qu'il ait été considéré comme un partenaire subalterne, le Canada a apporté une contribution substantielle à l'effort de guerre des Alliés proportionnellement à sa population. Cette contribution est l'élément le mieux connu au sujet du rôle du Canada dans la guerre. Ce qui est moins connu, c'est l'expérience canadienne de la guerre en elle-même. À vrai dire, le Canada est entré dans le conflit de manière typiquement canadienne, avec hésitation, tiraillé sur la question de sa propre identité, mais, en définitive, poussé vers l'avant par des événements plus importants et des partenaires plus puissants. Cette expérience a touché les points les plus sensibles de l'unité nationale canadienne. La guerre s'est avérée une expérience importante pour le Canada en tant qu'État, et ce, au-delà des événements qui sont habituellement retracés dans la littérature sur l'histoire militaire de ce pays.
      The Second World War was an infamously “total” experience that engulfed peoples around the world, and Canada was no exception. Though treated as a junior partner, Canada made a substantial contribution to the Allied war effort in proportion to its population, grew as a nation, and emerged from the Second World War as a changed country. That contribution is what is best known about Canada's role in the war. What is less known is how Canada experienced the war on her own terms. In truth, Canada entered the conflict in typically Canadian fashion – hesitantly, conflicted over its self-identity, pulled in different directions, but ultimately drawn forward by larger events and more powerful partners, and the experience ultimately touched upon some of the most sensitive nerves concerning Canadian national unity. In those ways, the war was a significant experience for Canada as a nation in a manner beyond that normally recounted in the wider literature.
    • Les Forces canadiennes et les défis institutionnels des années 1960-1970 - Éric Ouellet, Devin Conley p. 41-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les années 1960 et 1970 ont souvent été décrites comme l'âge d'or des opérations du maintien de la paix pour les Forces canadiennes. De Chypre au Congo en passant par Haïti, les Forces canadiennes ont gagné une réputation d'excellence dans les missions de casques bleus. Pourtant, ces années furent aussi marquées par un tumulte institutionnel, qui en dehors des milieux canadiens de la défense, est peu connu. Deux innovations institutionnelles majeures, à savoir l'unification des armées en une seule structure de commandement durant les années 1960 et la création d'un quartier général national entièrement imbriqué dans les structures administratives du ministère de la Défense au début des années 1970, auront des conséquences significatives sur les Forces canadiennes qui se font toujours sentir de nos jours. Cet article propose de jeter un regard sur ces changements profonds au sein des Forces canadiennes à la lumière de l'analyse institutionnelle, afin de mettre en lumière une dynamique institutionnelle particulière à la défense au Canada, à savoir l'oscillation entre efficience et efficacité.
      The 1960s and 1970s have often been described as the golden age of Peacekeeping Operations for the Canadian Forces. From Cyprus through Haiti to Congo, the Canadian Forces have earned a reputation for excellence during their peacekeeping missions. However, these years were also marked by an institutional turmoil, which outside the Canadian defense world, has gone mostly unnoticed. Two major institutional innovations, namely the unification of the armed forces in a single command structure during the 1960s and the creation of a national headquarters nested within the administrative structure of the Ministry of Defence in the early 1970s, had a significant impact on the Canadian Forces and are still being felt today. This article proposes to take a look at these profound changes in the Canadian Forces in the light of institutional analysis in order to highlight an institutional dynamics specific to the defense of Canada, namely the oscillation between efficiency and effectiveness.
    • Les années 1990 : émergence du soldat-diplomate - Éric Ouellet p. 55-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au Canada, les années 1990 sont souvent décrites comme la « sombre décennie » par les militaires. Ce fut une époque difficile pour l'institution militaire canadienne qui, assiégée de toutes parts, dû se résigner à s'adapter aux nouvelles réalités de l'après-Guerre froide, mais aussi à se rapprocher des normes et des valeurs de la société canadienne. La mission canadienne en Somalie, en 1992-1993, fut l'événement catalyseur de ces changements, où le manque d'éthique et les problèmes de disciplines firent scandale. L'éthos du « vrai » guerrier, issu de la Guerre froide, était en conflit avec les attentes de la société canadienne qui se représentait ses forces armées comme une force de casques bleus. C'est dans ce contexte que les Forces canadiennes se réformèrent par un compromis institutionnel où l'identité militaire fut reconstruite autour de la notion implicite du soldat-diplomate. Cet article retrace les dynamiques institutionnelles qui menèrent à ce compromis.
      In Canada, the 1990s were often described by the military as the “decade of darkness.” This was a difficult time for the Canadian military institution, which was socially under siege, and it had both to adapt to the new realities of the post-Cold War and to align its norms and values with those of Canadian society. The Canadian mission in Somalia, in 1992-1993, was a catalyst in those changes, as ethical lapses and discipline problems turned into a scandal. The “true warrior” ethos, a legacy of the Cold War, was in conflict with the expectations of Canadian society, which was construing its armed forces as a peacekeeping force. It is in this context that the Canadian Forces reformed themselves through an institutional compromise in which the military identity was reconstructed around the implicit notion of the soldier-diplomat. This article traces the institutional dynamics that led to this compromise.
    • Une stratégie à demi-mot et à demi-mesures : l'expérience du Canada dans le Sud de l'Afghanistan - Dean D. Tremblay, Pierre Pahlavi p. 67-80 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'engagement du Canada en Afghanistan s'est accompagné par une évolution progressive de la mission des forces canadiennes, par une adaptation de la doctrine militaire et par une amélioration de la coordination de l'activité des différentes agences gouvernementales. Mais, en dépit de ces ajustements, le rapport Manley devait conclure, dès 2008, que les efforts canadiens n'étaient ni entrepris à l'unisson ni soutenus par un objectif stratégique commun de réussir en Afghanistan. Cette étude vise à montrer à quel point ce type de lutte asymétrique doit, pour avoir une chance de réussir, être sous-tendue par une volonté politique indéfectible basée sur des objectifs stratégiques clairement établis et résolument poursuivis. La mission canadienne dans le Sud de l'Afghanistan constitue un exemple probant et récent d'une opération de contre-insurrection intégrée conduite dans un cadre pangouvernementale illustrant à quel point l'absence d'une orientation stratégique définie par le pouvoir politique peut hypothéquer les chances de réussite de l'ensemble de l'effort de guerre.
      Canada's engagement in Afghanistan has been accompanied by a gradual evolution of the Canadian Forces' mission, by the progressive adaptation of military doctrine and by a better coordination of various government agencies. Despite these adjustments, however, the Manley Report was to conclude in 2008 that Canadian efforts were not undertaken or supported by a common strategic objective that was necessary for the Afghan mission to succeed. This study aims to show that for this type of asymmetrical warfare to succeed, it needs absolutely to be underpinned by an unwavering political will based on clearly defined and resolutely pursued strategic objectives. The Canadian mission in southern Afghanistan shows how an integrated counter-insurgency operation, conducted within the a pan-governmental framework, can fail if it lacks a clerealy defined strategic and political direction.
  • Témoignage

    • Mon Afghanistan - Steve Jourdain p. 81-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 2009, la compagnie C (Cobra) du 2e bataillon du Royal 22e Régiment (Canada) a passé sept mois en mission de combat en Afghanistan, sous le commandement du major Steve Jourdain. Mon Afghanistan évoque le récit personnel d'un commandant de compagnie d'infanterie francophone en théâtre d'opération dans la région de Kandahar. Premier ouvrage où un officier francophone relate son expérience, Mon Afghanistan dresse à petites touches un tableau de la vie de la compagnie : la chaleur, l'attente, les patrouilles, les embuscades, la peur, la mort aussi. On y rencontre des professionnels conscients des dangers, qui tentent de remplir une mission difficile et souvent mal comprise tant au sein de la population afghane qu'auprès des Canadiens.
      In 2009, C Company (Cobra) of 2nd Battalion, Royal 22nd Regiment (Canada), spent seven months in combat mission in Afghanistan, under the command of Maj. Steve Jourdain. Mon Afghanistan tells the biographical story of the commander of a French-speaking infantry company in the Kandahar region theatre of operations. Pulled from the first published memoirs of a francophone officer recounting his Afghan experience, this excerpt from Mon Afghanistan portrays the day-to-day life of C Company: the heat, the waiting, the patrols, the ambushes, the fear, and death itself. It depicts professionals aware of the perils of war, trying to complete a difficult mission that was often misunderstood both by the Afghan people and by Canadians themselves.
  • Varia

    • L'ambassade de Belgique à Paris et la guerre d'Algérie. Marcel-Henri Jaspar, des Légionnaires belges et une Algérie française (août 1959-avril 1961) - Vincent Genin p. 91-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans un contexte de décolonisation généralisée, il s'avère utile d'étudier l'attitude des puissances coloniales les unes envers les autres. À ce titre, la Belgique, occupée par la crise congolaise, adoptera une attitude spécifique à l'égard de la Guerre d'Algérie, en particulier de 1959 à 1961. Deux questions majeures occupent alors l'actualité : les légionnaires belges engagés en Algérie et l'évolution de la politique étrangère belge à l'égard du sort de l'Algérie. C'est l'objet de notre contribution.
      In a context of general decolonization, it is useful to study the attitudes of the colonial Powers towards one another. In this respect, Belgium, absorbed in the Congolese crisis, was to adopt a specific attitude toward the Algerian War, in particular between 1959 and 1961. The situation of the time posed two main questions: the Belgian troops engaged in Algeria, and the evolution of Belgian foreign policy in regard to Algeria's fate.
    • Le réveil des peuples colonisés sous l'égide de la Turquie (1919-1923) - Sultane Aydin p. 111-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le résultat de l'engagement de l'Empire Ottoman, durant la Première Guerre mondiale, entraîne une défaite sanctionnée par de lourdes sanctions. La politique du Royaume-Uni et de la France entraîne le démembrement de l'Empire ottoman qui perd une partie importante de ses territoires au profit de ces deux États. Un homme, Mustafa Kemal et ses amis, des militaires, s'y opposent. Face aux victoires militaires et diplomatiques turques, on constate qu'un sentiment d'insoumission se lève dans les pays du Moyen-Orient placés sous mandat français et anglais. Ces mouvements sont réprimés dans le sang par les puissances mandataires. Ainsi, cette étude basée sur les archives du ministère des Affaires étrangères révèle chez les élites de ces pays des velléités de rassemblement.
      The entry of the Ottoman Empire into the First World War ended in a defeat that carried severe penalties. The colonization policies of Britain and France led to the dismemberment of the Ottoman Empire, which lost an important of its territories to the advantage of these two States. A certain Mustafa Kemal and his military friends stood in opposition. In the face of Turkish military and diplomatic triumphs, resistance movements developed in countries in the Middle East under French and British control. These movements were forcefully repressed. This study, based on sources in the archives of the French Ministry of Foreign Affairs, reveals certain vagaries in the responses of those in power.
  • Témoins pour l'Histoire