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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | vol. 42, no 1, mars 2011 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le système partisan en Russie, la dissymétrie à l'œuvre : Idéologies, organisations, stratégies d'acteurs - Lou Brenez, Aude Merlin p. 5-16 Plus de vingt ans après la réforme de l'Article 6 de la Constitution soviétique abolissant le rôle dirigeant du Parti communiste, où en est le pluralisme politique dans la Russie d'aujourd'hui ? Alors que le mandat présidentiel de Dmitri Medvedev touche à sa fin et après les deux mandats de Vladimir Poutine durant lesquels une série de réformes institutionnelles est venue réduire l'espace d'expressions plurielles, il nous semble instructif de dresser un bilan circonstancié du développement du système partisan en Russie.
- Conflit et compétition politiques dans la « démocratie souveraine » L'opposition vue par Russie unie - Clémentine Fauconnier p. 17-36 L'opposition russe est envisagée ici à travers la perception des dirigeants russes et les discours qu'ils formulent à son sujet. Nous examinons plus particulièrement la façon dont les membres de Russie unie légitiment la domination de leur parti à longue échéance. Pour cela nous nous pencherons sur le travail doctrinal effectué pour justifier la polarisation de la vie politique autour du parti du pouvoir. L'enjeu sera alors de voir comment – outre les violences et les difficultés auxquelles sont confrontés les partis d'opposition – cette conception unanimiste, « pragmatique » du politique contribue à la remise en cause des notions mêmes de conflit et de compétition entre différents projets politiques – fondements des systèmes pluralistes.
Abstract :
The Russian opposition is examined through Russian leaders' perceptions and their talk about it. How do the members of United Russia legitimate their long-term domination as a “conservative” party? What justifies the polarizing politics around the party in power? As “partisans of the state”, party members decry their opponents' “radical” opinions and claim that only a conservative approach can lead to political stability. Leaving aside the acts of violence and the difficulties with which opposition parties must cope, this “pragmatic” conception of politics based on unanimity casts doubt on the very ideas, fundamental to pluralistic systems, of conflict and competition between different political programs. - The Communist Party of the Russian Federation: not Communist per se - Katlijn Malfliet p. 37-63 Résumé : Le parti communiste de la Fédération de Russie est appréhendé comme une force d'opposition que nous analysons ici. Nous avons plus particulièrement concentré notre analyse sur la façon dont le PCFR a adopté une technique de caméléon pour faciliter l'adaptation politique du régime au cadre postcommuniste – et, pour cette raison, il n'est pas un parti d'opposition au sens premier du terme. L'utilité du parti a décliné une fois que le régime est devenu autocratique, son avenir dépend toutefois de l'évolution du système politique russe.
This analysis of the Communist Party of the Russian Federation as an opposition party focuses on how the CPRF has used a chameleon-like survival technique to facilitate the regime's political adaptation to the post-Communist framework. The usefulness of the party declined once the political regime became autocratic. The CPRF is not an opposition party in the real sense of this phrase, since it is more a facilitator of regime adaptation. Its future depends, therefore, on the evolution of the Russian political system. - Les partis « partenaires du Kremlin » à l'épreuve des dynamiques locales Formes et pratiques de « l'opposition constructive » - Lou Brenez p. 65-89 Tandis que nombre d'observateurs considèrent le Parti libéral démocrate de Russie (LDPR) et le parti Russie juste (RJ) comme des « partis d'opposition loyale » (Petrov, Lipman & Hale, 2010) destinés à neutraliser les votes protestataires, l'étude du fonctionnement des branches de ces partis à Tomsk en Sibérie occidentale conduit à nuancer cette interprétation. Dans le système politique russe, très contraignant à l'égard de l'opposition, la structure flexible du « système de franchise » (Carty, 2004) du LDPR et de RJ ainsi que leur politique d'opposition dite constructive donnent une marge de manoeuvre aux responsables régionaux pour pratiquer une opposition sélective au pouvoir local.
Abstract :
Several observers consider the Liberal Democratic Party of Russia and a Just Russia to be “loyal opposition parties” with the purpose of capturing and neutralizing protest votes. A study of how branches of these parties operate in Tomsk (western Siberia) qualifies this interpretation. In the Russian political system with its tight restrictions on the opposition, the flexible structure of the “franchise model” of organization in these two parties along with their strategy of so-called constructive opposition allows leeway for regional party officials to practice a selective opposition to local authorities. - L'opposition en Russie : l'exemple de la ville d'Omsk - Sergej Kostarev p. 91-112 Après un examen des définitions et des principes, passés et présents, de l'opposition politique en Russie, l'accent est mis sur la frontière qui dissocie l'opposition dite de système (officielle) et celle hors système (non officielle). Une courte partie historique est suivie de l'étude du rapport que le pouvoir entretient avec les opposants à l'époque postsoviétique. La réalité sociopolitique est observée à un niveau local, Omsk et sa région, à travers les activités de la section régionale du parti Iabloko et des militants issus de la société civile. L'action de l'opposition se fonde sur la législation – quel usage fait-elle des lois électorales en vigueur ? – et sur des outils politiques – organisation de manifestations, structuration d'un espace de débat, tentatives d'union des forces d'opposition. Les principaux événements ayant eu lieu en 2008-2010 à Omsk illustrent les formes et les méthodes qu'a pu prendre le militantisme de même que les moyens mis en oeuvre par la police politique pour y répondre, l'objectif étant de déterminer les conditions d'existence de l'opposition et d'en dessiner les perspectives.
This analysis of the political opposition in Russia compares its past and contemporary definitions and principles and focuses on the boundary between opposition from within and from outside the system.After a brief look at history, focus shifts to the post-Soviet period so as to shed light on the relations between power-holders and opponents. For this purpose, the social and political situation at the local level is observed in Omsk, where the activities of the regional branch of the Iabloko Party and of its activists have been studied. With respect to legislation, this analysis inquires into the way the opposition can use existing electoral laws. In the realm of politics, the opposition's various actions — the organization of demonstrations, debates and meetings with other opposition forces — are reviewed. To understand the forms of this activism and the methods used by its supporters, events in Omsk during the 2008-2010 period are discussed, as well as the response of the local political police, the aim being to determine the origins and conditions of existence of the opposition and to describe its prospects. - Can a genuine opposition party appear in Russia in line with Medvedev's proclaimed modernization? - Anatoly Kulik p. 115-148 Au lendemain de l'adoption de la nouvelle Constition de 1993,le Kremlin s'est efforcé d'élaborer un système partisan susceptible de favoriser son monopole. Ce processus, dont Eltsine fut l'instigateur, a été poursuivi par son successeur, Vladimir Poutine, qui a consacré ses deux mandats à réformer le système partisan afin de bloquer la compétition politique libre et d'éloigner l'opposition de son rôle institutionnel. L'objectif d'une telle modernisation du pays ne fut pas atteint avant la fin de la mandature de Poutine. Dmitri Medvedev a critiqué son prédécesseur pour la corruption et la dépendance économique des exportations ainsi que l'inefficacité du de l'État, affirmant que sa présidence conduirait à une profonde modernisation de la Russie, fondée, pour la première dois sur les valeurs et des institutions démocratiques, sans toutefois reconnaître que la modernisation politique était aussi une condition sine qua non à cette avancée. Les perspectives de l'émergence d'une opposition politique véritable sont étudiées à travers une analyse rétrospective du contexte insitutionnel.
Just after the adoption of the new Russian constitution in 1993, the Kremlin set about engineering a party system for sustaining its monopoly on power. This process, initiated by Boris Yeltsin, was furthered by his successor: Vladimir Putin devoted his two terms as president to reforming the party system so as to block free political competition and keep the opposition from playing an institutional role. The goal of an authoritarian modernization of the country was not achieved by the end of Putin's second term; indeed, it is ever farther away. Once installed as president, Dmitry Medvedev sternly criticized the legacy bequeathed by his predecessor for its chronic backwardness and corruption, its primitive economy dependent on exporting raw materials and its ineffective system of governance. He declared that his presidency would conduct an in-depth modernization of Russia based, for the first time ever, on democratic values and institutions. He failed, however, to recognize that political modernization was a precondition for this. The prospects for the emergence of a genuine political opposition are analyzed through a retrospective analysis of the post-Soviet institutional context. - La relation énergétique Russie-Union européenne La libéralisation du marché de l'énergie en Europe : chance ou défi pour Gazprom ? - Aurélie Bros, Yann Richard p. 151-187 Nombre d'analystes font une interprétation géopolitique des relations énergétiques entre la Russie et l'Union européenne. Ces approches, fondées sur une vision réaliste des relations internationales, présentent volontiers Gazprom comme un instrument de pouvoir aux mains du Kremlin et comme une source de danger pour l'indépendance de l'UE. Dans cet article, nous entendons montrer que l'idée très géopolitique d'un rapport frontal entre l'UE et la Russie ne rend que partiellement compte du comportement des acteurs impliqués dans cette relation. Dans son déploiement international, Gazprom, en quête de rentabilité et de sécurisation de ses débouchés, répond aussi à des logiques industrielles et économiques. Par ailleurs, bien que son statut d'acteur des relations internationales soit désormais incontestable, l'Union européenne n'existe pas encore en tant qu'acteur énergétique. Elle est traversée par de nombreuses divisions internes qui rendent son discours peu lisible pour les partenaires extérieurs. La Commission européenne est porteuse d'un modèle d'intégration énergétique que certains pays membres, la Russie et de nombreuses entreprises énergétiques acceptent mal.
Abstract :
Several analysts interpret the dealings between Russia and the European Union in relation to energy in geopolitical terms. Such interpretations, grounded on a realistic view of international relations, present Gazprom as both a means of power in the Kremlin's hands and a source of danger to the EU's independence. This very geopolitical conception of a head-on collision between the EU and Russia but partly explains the behavior of the parties to this relationship. Given its international deployment as well as its quest for profits and for the security of its outlets, Gazprom is responding to industrial and economic rationales. Desipte its now undisputed status as a player in international relations, the European Union does not yet exist as a player in the energy field. Owing to its many internal divisions, outside parties have a hard time interpreting its declarations. The European Commission bears a model of “energy integration” that Russia, energy firms and some member states have trouble accepting. - Les clans d'affaires en Ukraine (1991-2007) - Viatcheslav Avioutskii p. 189-235 Les clans d'affaires ukrainiens exercent aujourd'hui une influence politique qui excède de loin le poids qu'ils devraient avoir dans la conduite des affaires de l'État. Ils se sont constitués autour d'hommes d'affaires qui combinent activités économiques et politiques. De puissants conglomérats financiers et industriels ont émergé après que plusieurs clans d'affaires, dont la réussite s'explique par leurs liens avec des réseaux du pouvoir, aient accumulé du capital. Divers types de réseaux, formels et informels, considérés comme stratégiques dans l'échange des ressources entre hommes d'affaires et hommes politiques ont été mobilisés pour faire le lien entre eux. La politique ukrainienne peut être comprise à la lumière des rivalités entre les différents clans qui financent les partis et sont engagés dans une permanente redistribution du pouvoir.
Abstract :
Business clans in the Ukraine have formed around businessmen who combine economic with political activities. They exercise a disproportionate influence over policy-making. Powerful financial and industrial conglomerates have arisen out of the capital accumulated by these clans, and gained strength owing to their insertion in networks of power. These networks,formal and informal, are strategic assets for transactions between businessmen and politicians. Ukrainian politics is to be interpreted in the light of rivalries between these clans, which fund political parties and are involved in an ongoing redistribution of power. - Alexandra Goujon, Révolution politiques et identitaires en Ukraine et Biélorussie, Bruxelles : Éditions de l'Université de Bruxelles, 2010, 226 pages. - Andrei Stsiapanau/Stépanov p. 237-254
- Georges Mink, Marc Lazar et Mariusz J. Sielski, dir., 1956, une date européenne, Lausanne et [Paris], Les éditions Noir sur Blanc et Société Historique et Littéraire Polonaise, 2010, [476] p. - Paul Gradvohl p. 242-248
- Maria Lissowska, Instytucje gospodarki rynkowej w Polsce. Institutions for Market Economy. The Case of Poland, Warsaw (Poland): Wydawnictwo C.H. Beck, 2008. - Nathalie Rodet-Kroichvili p. 249-253