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L'agglomération spatiale d'activités culturelles et créatives (art, architecture, etc.) dans d'anciens quartiers ouvriers transforme des espaces partiellement en friche en quartiers créatifs. Ces derniers sont le lieu d'ancrage de réseaux collaboratifs de travailleurs créatifs marqués par des dynamiques collectives de partage mais aussi par une forme d'entre-soi. Afin d'éclairer les dynamiques qui façonnent les quartiers créatifs, cet article vise à tester l'hypothèse de la constitution d'un club de travailleurs créatifs au sein de ces territoires. Défini comme un regroupement volontaire d'individus autour de la jouissance exclusive de biens et de services, le club est porteur à la fois d'une logique inclusive et exclusive. Questionner son existence dans les quartiers créatifs introduit une réflexion autour du rôle joué par les travailleurs créatifs dans les dynamiques urbaines actuelles. Sur la base d'enquêtes qualitatives (168 entretiens), l'analyse des quartiers créatifs du Panier (Marseille) et des Olivettes (Nantes) montre qu'un club tend à se mettre en place dans ces territoires. Les travailleurs créatifs s'y regroupent pour bénéficier de biens et de services spécifiques. Ils contrôlent l'accès à ces ressources par des processus de sélection et de cooptation. Ils définissent un groupe exclusif de partage accessible seulement aux ayants droit.

En France, la notion de filière forêt-bois s'est progressivement imposée pour désigner l'ensemble des acteurs et des activités d'exploitation forestière et de transformation du bois. Dans un contexte de mondialisation des marchés et de réorganisation politique, cette catégorie d'analyse monolithique semble remise en question à travers l'émergence de formes de développement et de gouvernance territorialisées. En interrogeant le concept de filière appliqué à la forêt et au bois, nous cherchons à mettre en évidence le caractère construit et multiscalaire de cette dernière. À travers deux cas d'étude pris dans le nord-est de la France – la multiplication des initiatives de valorisation des bois locaux et la contractualisation des ventes de bois en forêt publique – nous montrerons que le territoire est devenu un enjeu stratégique mais aussi que la coexistence de différentes visions des rapports filière-territoire peut être génératrice de tensions dans un secteur déjà fragmenté.

L'objectif de cet article est de déterminer dans quels mondes de production se situent les appellations d'origine protégée (AOP) de vin en Espagne et d'identifier leurs passages d'un monde à l'autre. Le cadre théorique des mondes de production a été jusqu'ici développé principalement à travers des méthodologies qualitatives, mais nous tenterons dans ce travail de présenter une méthodologie quantitative basée sur des données provenant de sources statistiques diverses. C'est ainsi que nous avons défini et testé des indicateurs des deux dimensions qui définissent les mondes de production (technologie et marché) et les indicateurs des mécanismes de la concurrence entre entreprises (qualité et prix). Il en résulte que les AOP viticoles se répartissent essentiellement entre les mondes de production industriel et interpersonnel, et sont peu présentes dans le monde de production marchand et celui de l'immatériel. De même, nous avons constaté un certain modèle de distribution spatiale ; ainsi certaines AOP sont passées d'un monde de production à un autre, et en particulier vers les marchands et interpersonnel, qui sont les mondes orientés aux marchés dédiés.

La présente proposition est une interrogation sur la façon dont la théorie du désir mimétique de René Girard pourrait utilement contribuer à compléter les modes d'analyse des dynamiques sociales, spatiales et territoriales en géographie. La mimesis – c'est-à-dire l'aptitude à imiter l'autre et ses désirs – est, selon René Girard (1961, 1973), au fondement des relations humaines et par là même, c'est notre hypothèse, au cœur des rapports sociaux dans les territoires. Approcher davantage cette question en en faisant un objet de recherche est inédit en géographie et pourrait apporter un éclairage potentiellement fécond sur les rapports des hommes à l'espace. Pour avancer dans cette direction, après un rappel des fondements théoriques de la mimésis, nous essaierons de l'illustrer de quelques exemples – tirés de recherches sur le paysage, où la mimésis est plus lisible – qu'à ce stade exploratoire de la réflexion, nous n'aurons pas la prétention de donner comme des éléments d'analyse systématique. Il s'agit ici de voir ce que pourrait apporter comme explication complémentaire à la connaissance des dynamiques territoriales l'application d'une telle grille de lecture.