Contenu du sommaire : Vers un printemps iranien ?
Revue | Les Cahiers de l'Orient |
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Numéro | no 123, été 2016 |
Titre du numéro | Vers un printemps iranien ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Ouvertures et résistances - Antoine Sfeir p. 3-4
- Le dessin d'Avoine - Paul Avoine p. 8
Vers un printemps iranien ?
- L'Iran après les élections de février et d'avril 2016 : un tournant ? - Michel Makinsky p. 9-43 Les élections législatives du 26 février et du 29 avril 2016 montrent une percée de la coalition modérée-réformatrice et la cuisante défaite des ultras à Téhéran. Manquant de peu la majorité au Parlement, les modérés noueront des alliances avec les indépendants. À l'issue du second tour débutent au Majlis les transactions auprès des indépendants et des conservateurs pragmatiques pour constituer une « majorité d'idées » plus confortable pour Rohani, dont la survie politique dépend du retour des flux bancaires internationaux.The February 26 and April 29 elections brought a breakthrough for the moderate-reformist coalition and a crushing defeat for extremists in Tehran. Just missing a majority in Parliament, moderates will forge alliances with independents. After the second round, transactions began in the Majlis with independent and pragmatic conservatives to build a more comfortable «majority of ideas» for President Rohani's future at stake.
- La société civile : coopération avec l'État ou site de rébellion ? - Azadeh Kian-Thiébaut p. 45-61 L'émergence de la société civile organisée en début de la décennie 1990 et son renforcement sous les deux mandats du président Khatami (1997-2005) ont posé la question de remodelage des institutions politiques iraniennes. Les restrictions imposées sous Ahmadinejad (2005-2013) et la répression du Mouvement vert de 2009 ont cependant conduit la société civile à opter pour la modération tout en réitérant ses aspirations aux changements, d'où l'élection du président Hassan Rohani en juin 2013 et la victoire des modérés à l'occasion des législatives de février 2016.The emergence of organized civil society in the early 1990s and its reinforcement during President Khatami's two terms raised the question of remodelling the Iranian political institutions. Restrictions imposed under Ahmadinejad and repression of the 2009 Green Movement have however led civil society to opt for moderation while reiterating its yearning for change, hence the election of President Rouhani three years ago and the victory of the moderates in the last parliamentary ballot.
- Une évaluation de l'économie iranienne - Bijan Khajehpour, Marie-José Sfeir p. 63-80 L'analyse des derniers indicateurs économiques en Iran identifie l'inflation et le chômage comme les principales épines dans le pied d'une économie qui essaie de dépasser son récent passé de récession et de se développer sur la base d'un modèle de croissance tirée par les exportations. Malgré un potentiel important, l'évolution future dépendra aussi du succès du gouvernement à améliorer le climat des affaires et à promouvoir un véritable investissement du secteur privé dans le pays.A closer look at the latest economic indicators identifies inflation and unemployment as the key irritants in an economy that is trying to leave behind a recent recession and base its development on an export-led growth pattern. Despite significant potential, future trends will also depend on the government's success in improving the business climate and promoting genuine private sector investment in the country.
- L'Iran et la France après la visite de Rohani : enjeux, défis et obstacles - Guillaume de Nogara p. 81-97 Les relations entre la France et l'Iran se sont maintenues en dépit des tensions sur le dossier nucléaire. La France est donc l'un des pays étrangers les mieux placés sur le marché iranien, notamment dans le secteur de l'automobile et de l'aéronautique. La réussite des entreprises françaises repose néanmoins sur la coopération des banques internationales, elle-même conditionnée à la position des États-Unis.Relations between Paris and Tehran have continued despite tensions over the nuclear issue. France is therefore one of the best positioned foreign countries on the Iranian market, particularly in the automotive and aerospace trade. But the success of French companies still relies on the cooperation of international banks, which itself depends on the US position.
- Coup d'œil sur les relations franco-iraniennes et l'imaginaire des Iraniens - Ahmad Naguibzadeh p. 99-111 Observer les relations entre la France et l'Iran du point de vue des Iraniens permet de mettre en évidence une distinction importante entre la République islamique en tant que régime et le ressenti de la population iranienne. Cette dernière, en particulier la jeunesse, se sent proche de l'Europe dont elle attend le soutien dans la bataille qui oppose libéraux et réformateurs aux forces conservatrices.Observing the French-Iranian relations from the latter viewpoint highlights an important distinction between the Islamic Republic as a regime and the feeling of the Iranian population. The people, in particular the youth, feels close to Europe from which it expects support in the battle between liberal reformers and conservative forces of the regime.
- La levée des sanctions financières : illusions, désillusions, solutions ? - Christian Rivet de Sabatier p. 113-122 Les retombées économiques de la levée des sanctions sont étroitement liées à la coopération des banques ; or, ces dernières craignent les sanctions américaines. En l'absence de solution, la plupart des investisseurs refusent de se risquer sur le marché iranien, ce qui peut mettre en péril l'accord sur le nucléaire et le programme réformiste du président Rohani, conditionné à une amélioration de l'économie iranienne.The economic impact of the lifting is closely linked to the banks' cooperation; however, they fear specific US sanctions. With no solution on hand, most investors are unwilling to risk a finger in the Iranian market, which may jeopardize the nuclear deal and President Rohani's reformist agenda.
- Quel avenir pour les Gardiens de la révolution iranienne ? - William Scott Lucas, Marie-José Sfeir p. 123-143 Depuis l'élection de Hassan Rohani et la signature de l'accord nucléaire de juillet 2015, une lutte larvée oppose le président et ses alliés réformateurs au Conseil des Gardiens. Cette force reste l'une des institutions les plus puissantes de la République islamique mais, même soutenue par le Guide suprême, elle fait face à ses plus grands défis politiques et économiques depuis une génération.Since the election of Hassan Rouhani and the closing of the July 2015 nuclear deal, a latent struggle goes on between the President with his reformist allies, and the Guards Council. The force remains one of the most powerful institutions in the Islamic Republic, yet that power, even when supported by the Supreme Leader, faces its greatest political and economic challenges in a generation.
- L'accord nucléaire après le 16 janvier : perspectives et défis - Ariane M. Tabatabai p. 145-159 Le retour sur l'histoire du programme nucléaire iranien depuis son lancement par le Chah dans les années 1950 retrace l'évolution des objectifs stratégiques dont il a été porteur (indépendance énergétique, dissuasion nucléaire, diplomatie contestataire), parallèlement aux fluctuations des relations diplomatiques avec l'Occident. L'accord de juillet 2015, aboutissement de ce long processus, pèse à la fois sur l'avenir de l'Iran, où il constitue une victoire pour les réformistes, et sur la sécurité internationale.A review of the history of Iran's nuclear program since it was launched by the Shah in 1950 traces the evolution of its strategic goals while diplomatic relations with West kept changing. The outcome of this long process with the July 2015 deal, affects both the future of Iran, where it is a reformists victory, and international security.
- L'accord nucléaire et le retour de l'Iran sur le marché de l'énergie - Sara Vakhshouri, Marie-José Sfeir p. 161-168 La mise en œuvre de l'accord sur le nucléaire en janvier 2016 a ouvert la voie à une relance de la production de pétrole et de gaz naturel en Iran. L'industrie énergétique nécessite toutefois d'importantes réformes des infrastructures, qui ne pourront se faire qu'en partenariat avec des investisseurs étrangers. Leur association à la production est une concession inédite de la part de la République islamique.The implementation of the nuclear deal in January 2016 paved the way for a revival of oil and natural gas production in Iran. Significant infrastructure reforms are however required in the energy industry, and can only be done in partnership with foreign investors. Associating them with production is an unprecedented concession in the Islamic Republic.
- L'Iran après les élections de février et d'avril 2016 : un tournant ? - Michel Makinsky p. 9-43
Également dans ce numéro…
- Au carrefour de la géopolitique et de la fraternité - Alain Juillet p. 169-182 Les transformations politiques, économiques et technologiques qui s'accentuent depuis la fin de la Guerre froide ne doivent pas occulter la pensée philosophique et morale sur laquelle a toujours reposé l'avenir des civilisations. Dépositaire de ces valeurs spirituelles, la franc-maçonnerie s'est partiellement dévoyée dans la politique au détriment de la fraternité, sur laquelle repose pourtant le message humaniste maçonnique.The political, economic and technological advances since the end of the Cold War should not obscure the philosophical and moral thought on which the future of civilizations has always been relying. Freemasonry, though custodian of these spiritual values, has partially been led astray in politics at the expense of brotherhood, yet this is at the heart of the Masonic humanistic message.
- À la croisée des chemins - Samy Mabrouk p. 183-186 Dans la foulée de la « Révolution de Jasmin », la Tunisie est parvenue à mettre en place une Constitution, des élections et un dialogue national, en dépit des attaques terroristes et de la méfiance suscitée par le parti Ennahda. Il lui faut désormais poursuivre le processus de réconciliation entre les élites urbaines modernistes et une population à la fois plus traditionaliste et moins aisée : la réussite du modèle tunisien en dépend.In the aftermath of the «Jasmine Revolution» Tunisia has managed to draw a Constitution, organise political elections and establish a national dialogue, despite several terrorist attacks and suspicion aroused by the Ennahda party. It must now continue the reconciliation process between modernist urban elites and a traditional and less wealthy population: the success of the Tunisian model depends on it.
- Notes de lecture - p. 187-189
- Au carrefour de la géopolitique et de la fraternité - Alain Juillet p. 169-182