Contenu du sommaire : Syrie : à chacun sa part
Revue | Les Cahiers de l'Orient |
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Numéro | no 131, été 2018 |
Titre du numéro | Syrie : à chacun sa part |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Un échiquier sur des sables mouvants - Antoine Sfeir p. 3-4
Syrie : à chacun sa part
- Le conflit syrien, d'un ordre international à un autre - Frédéric Pichon p. 9-11
- La Syrie : construction et ruine d'un territoire national - Olivier Hanne p. 13-33 Le territoire syrien est le produit de compromis entre les communautés locales et les pressions des grandes puissances entre 1914 et 1939. Malgré l'autoritarisme et le jeu des pouvoirs, un sentiment patriotique s'est développé dans le pays et a traversé la guerre depuis 2011. Du chaos, une identité nationale et territoriale pourrait émerger.The Syrian territory is the result of compromises between local communities and European countries between 1914 and 1939. In spite of the authoritarianism and the game of political powers, patriotism has developed in Syria and has survived through the war since 2011. From chaos, a national and territorial identity could emerge.
- Syrie 2018 : une tragédie sans fin ? - Denis Bauchard p. 35-50 La crise syrienne nécessite une solution politique qui tienne compte des réalités et des rapports de force : elle passe par des négociations qui ne peuvent être qu'inclusives, c'est-à-dire qui rassemblent toutes les parties concernées. Mais elle ne pourra se régler sans une approche globale de l'ensemble des problèmes du Moyen-Orient, où s'affrontent ouvertement l'Arabie séoudite et l'Iran et où la menace terroriste demeure forte.The Syrian crisis requires a political solution that would take into account the realities and the balance of power : negotiations can only be inclusive, meaning that all parties together have to be involved. On the other hand, it cannot be solved without a comprehensive approach to all the problems of the Middle East, where Saudi Arabia and Iran are openly confronting each other and where the terrorist threat remains strong.
- Logiques et aboutissements des recompositions géopolitiques - Barah Mikaïl p. 51-69 Malgré sept ans de conflit qui ont détruit la Syrie, le pouvoir en place reste intact. Les équations géopolitiques régionales et internationales ont évolué, quant à elles, d'une façon qui s'avère plus favorable aux alliés traditionnels de la Syrie qu'aux ennemis du président Bachar Al Assad.Seven years into the Syrian conflict, the country is destroyed, but the power structure remains intact. At the same time, regional and international geopolitical equations have evolved in a way that ended up favoring Syria's traditional allies rather than the enemies of President Bashar Al Assad.
- L'échec des États-Unis dans le Nord-Est syrien : quand la géopolitique oublie le local - Fabrice Balanche p. 71-82 Si l'on tente de décrypter la stratégie encore floue des États-Unis au nord-est de la Syrie, il s'avère d'ores et déjà que la question d'un engagement limité (leading from behind) se heurte à une méconnaissance des dynamiques locales et des acteurs sur le terrain, notamment les Kurdes du PYD et les tribus arabes. Ce territoire stratégique, riche en ressources, sera au cœur des évolutions du conflit dans les prochains mois.In trying to decipher the United States' still indecisive strategy in the North East of Syria, it is already clear that the issue of a limited commitment (“leading from behind”) comes up against a lack of knowledge of local dynamics and actors in the field, in particular of the Kurdish PYD and the Arab tribes. This strategic territory, rich in resources, will be at the heart of the trends of the conflict in the coming months.
- La Turquie embourbée dans la crise syrienne - Tigrane Yégavian p. 83-103 Tendues depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les relations turco-syriennes ont connu un spectaculaire rapprochement entre 1998-2011. Mais l'aventure syrienne voulue par le président Erdoğan a ravivé les profondes lignes de fractures de la société turque. Enlisée dans le conflit, la Turquie s'est retrouvée affaiblie et en proie à des tensions lancinantes face à deux acteurs principaux : les forces jihadistes et les Kurdes du PYD soutenus par le PKK.Although tense ever since the end of World War I, Turkish-Syrian relations experienced a spectacular rapprochement between 1998 and 2011. But the Syrian adventure wanted by President Erdoğan has rekindled deep lines of fracture in Turkish society. Embarrassed in the conflict, Turkey found itself weakened and in the grip of nagging tensions with two main actors : the jihadist forces and the PKK-supported PYD Kurds.
- La Syrie dans la tête d'Ahmet Davutoğlu - Tancrède Josseran p. 105-114 Plus qu'un politique, Ahmet Davutoǧlu est d'abord un homme d'idées. Dans ses écrits, l'ancien Premier ministre turc développe la thèse d'un couple turco-syrien victime d'une même lobotomie : la chute de l'Empire ottoman aurait tracé des frontières aussi artificielles qu'injustes. Ces conceptions expliquent la politique d'Ankara en Syrie et son échec final.More than just a politician, Ahmet Davutoǧlu is first and foremost a man of ideas. In his writings, the former Turkish Prime Minister develops the thesis of a Turkish-Syrian couple victim of the same artificial and unjust borders drawn after the fall of the Ottoman Empire. These conceptions explain Ankara's policy in Syria and its ultimate failure.
- L'impasse syrienne du Qatar - Mehdi Lazar p. 115-125 Le Qatar est un acteur important du conflit syrien. Adversaire résolu de Damas dès les débuts, l'échec de sa stratégie, combiné aux rivalités qui l'opposent à l'Arabie séoudite, l'ont conduit à changer de politique et à se rapprocher de l'Iran. Le petit émirat pourrait revenir à un rôle plus traditionnel d'acteur neutre et de médiateur dans conflits régionaux.Qatar is a major player in the Syrian conflict. As a resolute opponent of Damascus from the beginning, the failure of its strategy, combined with rivalries with Saudi Arabia, led it to change its policies and move closer to Iran. The small emirate could return to a more traditional role of neutral actor and mediator in regional conflicts.
- Syrie : la France peut-elle revenir dans le jeu ? - Frédéric Pichon p. 127-134 Les récentes frappes effectuées en Syrie par la France, conjointement avec les États-Unis et e Royaume-Uni, ont été perçues de différentes façons. Pour le président Macron, il s'agit d'une nette volonté de revenir dans le jeu syrien. Au-delà des aspects techniques, il s'agit de s'interroger sur l'articulation du militaire et du politique pour la France. N'est-il pas trop tard ?The recent joint strikes carried out in Syria by France, jointly with the United States and the United Kingdom, have been perceived in different ways. For President Macron, it was a marked will to return to the Syrian game. Beyond the technical aspects, it's about the articulation of French politics and military. But isn't it too late?
- « La grande majorité des Syriens soutient Bachar » - Frédéric Pichon, Ayman Soussan p. 135-140 Le vice-ministre des Affaires étrangères syrien Ayman Sousan livre sa vision du conflit et les pistes d'une stabilisation politique et économique de la Syrie de demain. Le constat est sévère envers l'Occident : d'après lui, la Syrie a été victime d'un complot et il n'y aura d'autre solution politique – ni fédéralisme, ni dialogue avec des opposants payés par des puissances hostiles – que dans le cadre national.Syrian Deputy Foreign Minister Ayman Soussan delivers his vision of the conflict and the prospects for a political and economic stabilization of future Syria. The report is harsh towards the West : according to him, Syria has been the victim of a conspiracy and there will be no other political solution – neither federalism nor dialogue with opponents paid by hostile powers – than within the national framework.
- Syrie : la poudrière du nord - Wassim Nasr p. 141-152 Malgré le maintien de l'État central, le théâtre syrien témoigne de la pérennisation de l'influence d'acteurs non étatiques : un morcèlement sans fin des factions rebelles et jihadistes et une mosaïque de milices de plus en plus complexe, sans oublier le YPG kurde. Le journaliste tente ici de dresser un tableau non exhaustif des principaux groupes aujourd'hui actifs dans le nord syrien et des implications de leur présence à moyen et long termes.Despite the maintenance of the central state, the Syrian theatre of operations shows the perpetuation of the influence of non-State actors : an endless division of rebel and jihadist factions and an increasingly complex mosaic of militias, not to mention the Kurdish YPG. The journalist tries to draw a non-exhaustive picture of the main groups currently active in northern Syria and the implications of their presence in the medium and long term.
- Enjeux et acteurs de la reconstruction en Syrie - Frédéric Pichon p. 153-162 Financer la reconstruction du pays par un « plan Marshall » reviendrait à reconnaitre de facto la victoire de quasiment tous ceux qui s'opposent au camp occidental dans la région : Russie, Iran et même Chine. Comme souvent dans ce genre de situations post-guerre, le financement de la reconstruction, évalué à près de 300 milliards de dollars par la Banque mondiale, reste subordonné à des enjeux politiques.Financing the reconstruction of the country by a “Marshall Plan” would lead to de facto recognizing the victory of almost all those who oppose the Western camp in the region : Russia, Iran, and even China. As is often the case in post-war situations, reconstruction funding, estimated at nearly $ 300 billion by the World Bank, remains subject to political issues.
- Que font les Kurdes de Syrie à Raqqa ? - Fawaz Hussain p. 163-166 Pour l'écrivain kurde de langue française, les Kurdes de Syrie, malgré leur courage face à l'organisation État islamique, ont commis plusieurs erreurs politiques qui risquent de leur attacher pour longtemps la haine tenace des Arabes. Pris en étau entre la Turquie et Damas, ils n'ont rien à gagner et seront – encore – les grands perdants de ce conflit.For the French-speaking Kurdish writer, despite their courage in the face of the Islamic State group, Syrian Kurds have made many political mistakes that risk attracting the persistent hatred of the Arabs for a long time. Trapped by Turkey and Damascus, they have nothing to gain and will, once again, be the main losers of this conflict.
- Retrouver la mémoire effondrée - Jacques Seigne, Bruno Deslandes p. 167-174 Les dégâts subis par le patrimoine syrien ont paradoxalement révélé au monde son immense richesse. Parmi les priorités de l'aide internationale, quelle place pour le patrimoine culturel ? Une entreprise française, Art Graphique et Patrimoine, relève le défi depuis deux ans en Syrie en réalisant un état des lieux des destructions.Spectacular damages to Syrian heritage have paradoxically revealed to the world its immense wealth. Among the priorities of international aid, what place for this rich cultural heritage? Sponsored by Unesco, the French company Art Graphique et Patrimoine has been taking up the challenge for two years in Syria by realizing an inventory of the destructions.
Également dans ce numéro…
- L'ikhtilâf : l'éthique du désaccord en islam - Anne de Luca p. 175-196 Dès les premiers temps de la révélation, le message coranique a promu la tolérance comme valeur cardinale et, au-delà, a reconnu la diversité comme une richesse et non comme un incident avec lequel il faudrait composer. Une perspective historique montre que l'ikhtilâf (désaccord ou divergence) garde toute sa pertinence et pourrait constituer l'espace de créativité indispensable à une évolution des sociétés islamiques.From the earliest days of revelation, the Qur'anic message has promoted tolerance as a cardinal value and has recognized diversity a richness and not as an incident with which one would have to deal. A historical perspective shows that ikhtilaf (disagreement, or divergence) is still relevant and could constitute a space of creativity essential to the evolution of Islamic societies.
- Lectures - p. 197-199
- L'ikhtilâf : l'éthique du désaccord en islam - Anne de Luca p. 175-196